Le 14 juin 1830 à l’aube, devant la plage de Sidi-Ferruch, trente kilomètres à l’ouest d’Alger, la Méditerranée se couvre de centaines de chaloupes remorquées par des canots de douze rameurs. À bord, deux mille hommes coiffés d’énormes shakos, munis de six paquets de cartouches et de cinq jours de vivres: la première vague d’un corps expéditionnaire de 37000 hommes, 500 chasseurs à cheval, 83 canons de siège et une centaine de pièces légères. À quelques encablures mouillent les 175 bâtiments de la flotte commandée par le vice-amiral Duperré. Les premiers débarqués installent une tête de pont sans opposition. Seul incident notable, le 16, l’arrivée d’une tempête qui oblige la flotte à s’éloigner, non sans avoir au préalable jeté par-dessus bord 78000 tonneaux, barils et sacs imperméables, qui contiennent vivres et munitions, et que le ressac ramènera en bon état.
Louis-Auguste Victor de Ghaisne, comte de Bourmont (1773-1846), se rallie à l’Empire en 1808. Lors des Cent-Jours, il se déclare pour l’Empereur puis se ravise. En 1823, il participe à l’expédition en Espagne. Ministre de la Guerre en 1829, commandant en chef de l’expédition d’Alger, il suit Charles X en émigration et reste fidèle aux Bourbons jusqu’à sa mort.
Le commandant du corps expéditionnaire français, également ministre de la Guerre, le comte Louis-Auguste de Bourmont demeurant inactif, c’est son adversaire, l’agha Ibrahim, commandant l’armée du régent d’Alger, le dey Hussein, qui prend l’initiative d’attaquer, le 19 juin. Il a avec lui 6000 janissaires turcs, plus 20000 guerriers envoyés par les beys de Constantine, d’Oran et du Titteri (région de Médéa), et enfin 18000 hommes provenant des tribus kabyles. La bataille dure une demi-journée, et tourne à la déroute de l’agha dès que les Kabyles lâchent pied. Les Français ont 53 morts et 473 blessés, leur adversaire dix fois plus. Bourmont n’entame la marche).
