Les Anglais, que Bonaparte se faisait fort d’évincer de la Méditerranée, ont le sens de la formule qui tue. Never judge a book by its cover, dit un de leurs adages, lequel colle parfaitement à l’expédition d’Égypte. De fait, si les quelque trente-huit mois qu’a duré celle-ci se sont soldés par une exceptionnelle moisson scientifique, l’opération, militairement parlant, a viré au fiasco. Ambition immense, débuts faciles, mais conclusion humiliante, entreprise « folle et absurde puisqu’on a envahi un pays auquel on n’avait pas déclaré la guerre, pour apporter la liberté à des fellahs qui ne l’avaient pas demandé et avec l’arrière-pensée de faire de leur contrée une colonie », résume Jean Tulard dans Le 18 brumaire ou Comment terminer une révolution. « On a annoncé qu’on voulait restaurer l’autorité sur l’Égypte du sultan de Constantinople, mais Talleyrand a négligé de le prévenir. On a traversé la Méditerranée au risque de voir couler ou capturer, à la faveur d’un combat naval, nos meilleures troupes et nos meilleurs généraux ».
SOLDATS ET CIVILS FRANÇAIS RESCAPÉS