G&H : Vous avez étudié la conquête de l’Algérie et le fait colonial dans le monde au XIXe siècle. Vous pouvez donc vous livrer à une comparaison. Diriez-vous que la conquête de l’Algérie a été exceptionnellement violente?
Toutes les conquêtes coloniales sont violentes. Celle de l’Algérie l’est incontestablement. D’abord, elle dure longtemps, bien plus que la majorité des expéditions coloniales. Le gros des combats s’étend de 1830 à 1847, avec des retours jusqu’en 1857. Les effectifs engagés par la France ont tourné autour de 80000 hommes et ont même atteint les 100000, ce qui est considérable. Une guerre de conquête contre des populations qui pratiquent la guérilla engendre des violences de toutes sortes: les Français le savent bien depuis la Vendée et l’Espagne. Pour l’Algérie, on connaît l’épisode des enfumades, dont on a trois exemples
