Montcalm est généralement tenu pour principal responsable de la défaite des troupes françaises aux plaines d’Abraham, devant Québec, le 13 septembre 1759. Bien que la Nouvelle-France ait survécu pendant un an à la chute de sa capitale et métropole, c’est cette bataille qui, dans la mémoire collective, incarne la conquête britannique du Canada. Produit de l’art militaire européen de l’Ancien régime et adepte de la guerre linéaire caractérisée par les batailles rangées, Montcalm aurait commis toutes les fautes. Incapable d’apprécier les réalités du théâtre d’opérations d’Amérique du Nord (sur lequel il n’a servi que trois ans, de 1756 à 1759), il n’aurait d’abord pas compris la nécessité d’abandonner ses grands principes de tactique et d’honneur au profit de la « petite guerre » de terreur et de coups tordus défendue par Vaudreuil, le gouverneur-général natif de la colonie, grand avocat des traditions guerrières autochtones. Après avoir commis une série de choix opérationnels discutables, Montcalm aurait finalement choisi de livrer une hasardeuse bataille rangée aux portes de Québec – avec le résultat que l’Histoire n’a jamais pardonné… mais que les historiens actuels regardent aujourd’hui d’un œil moins critique, sinon plus indulgent.
Natif de Québec, Pierre de Rigaud de Vaudreuil (1698-1778), officier de marine, est l’un des grands administrateurs coloniaux de Louis XV, successivement gouverneur de Trois-Rivières (1733-1742), de Louisiane (1742-1753) et de la Nouvelle-France (1754-1760). En désaccord avec Montcalm sur la conduite des opérations, c’est lui