1 L’AR1RIÈRE-PLAN
Rome connaît très tôt la position géographique et la taille de l’île de Bretagne grâce aux expéditions de marins grecs comme Pythéas. Né à Massalia (Marseille), ce contemporain d’Alexandre le Grand a été le plus actif des explorateurs de l’Europe du Nord. Il a navigué jusqu’à la mystérieuse Ultima Thule, à six jours de mer du nord de l’extrémité septentrionale de la Bretagne. Les marchands prennent ensuite le relais, en exploitant notamment les ressources en étain de l’île. La Bretagne est peuplée par des peuples gaulois, arrivés en plusieurs vagues depuis l’âge du bronze. Les derniers à s’être installés, dans le Sud-Est de l’île, sont des Belges, parents de ceux du continent.
L’idée d’une expédition militaire romaine en Bretagne naît au cours de la guerre des Gaules, quand Jules César, après avoir vaincu Helvètes, Germains, Belges et Armoricains, projette son regard au-delà de la Manche. Le proconsul pense en effet que les Bretons, comme les Germains d’outre-Rhin, soutiennent, directement et indirectement, les peuples gaulois lorsqu’ils entrent en rébellion contre Rome. Une pacification définitive de la Gaule passe donc par leur mise au pas. Et une expédition aux limites du monde connu ne fera pas de mal à la réputation d’un général-politicien avide de prestige.
L’année 55 av. J.-C. est celle du passage à l’acte. César commence en juillet par construire un pont sur le Rhin pour aller ravager pendant dix jours le territoire des Sicambres et y obtenir des otages. Il se rend ensuite dans le pays des Morins, le plus favorable à ses projets. Après avoir envoyé un officier en reconnaissance, César traverse la Manche avec 80 vaisseaux transportant les VII et X légions, soit environ 12000 d’hommes, et 50 navires de guerre. Il établit son camp non loin des plages où il a pu débarquer, très probablement sur l’île de Thanet (), à la pointe est du Kent, comme l’ont montré des fouilles récentes ( G&H ). Mais les ennuis s’amoncellent: les 18 navires transportant la cavalerie ne parviennent pas à le rejoindre et, quatre jours plus tard, une tempête provoque d’importants dégâts dans la flotte. Les Bretons, qui voient les Romains affairés aux réparations, se lancent à l’attaque avec leurs fameux chars de guerre. César réagit avec vigueur et obtient une nette victoire devant son camp. Conscient de la précarité de sa situation, il repasse cependant la Manche avant la fin du mois de septembre. Seuls deux peuples de Bretagne lui envoient des otages dans ses quartiers d’hiver chez les Belges,
