« Leur audace et leur fureur étaient irrésistibles; ils s’avançaient, renversant tout par la force de leurs bras dans les batailles, avec l’impétuosité et la violence du feu; rien ne pouvait arrêter leur marche; tous ceux qu’ils trouvaient sur leur passage, ils en faisaient leur proie, les emmenaient, et les entraînaient avec eux. » De qui parle ainsi l’historien Plutarque? Des Cimbres, dont à vrai dire, nul ne sait, encore aujourd’hui, qui ils étaient vraiment. Mais en cette fin du IIe siècle av. J.-C., leur apparition dans les vallées alpines provoque un vent de panique à Rome. Et on comprend pourquoi: ils sont, nous assurent les Romains, entre 200 000 et 300 000, dont des dizaines de milliers de guerriers. Ce qui les a poussés à quitter les rivages du nord? Une élévation du niveau de la mer, apparemment. Ils seraient donc parmi les premiers réfugiés climatiques. Et comme beaucoup, ils cherchent une terre pour s’établir. Mais il n’y en a pas. Ou plutôt, si: les riches vallées du Rhône et du Pô, toutes deux sous domination romaine. Aussi, dès que la nouvelle de leur migration parvient à Rome, en 113 avant notre ère, le sénat dépêche-t-il Cnaeus Papirius Carbo avec 30000 hommes pour les arrêter au nord des Alpes.
Éparpillés comme à Cannes
À Noreia, l’armée consulaire est quasiment détruite, le consul échappant de peu à la mort. Les Romains subissent une nouvelle défaite en 109, en Gaule, et surtout en octobre 105, à Arausio (Orange) où une force de 70 000 soldats et peut-être 40000 valets d’armes est presque anéantie à cause de la rivalité entre ses chefs… Un désastre sans autre équivalent que celui de Cannes, 110 ans plus tôt, face à Hannibal. Ce qui sauve Rome? Inexplicablement, après chaque victoire, les Cimbres ont