Trois défaites traumatiques ont ponctué l’irrésistible élan de la république romaine: la prise de Rome par le Gaulois Brennos (-390), le désastre infligé par Hannibal à Cannes (-216) mais aussi et surtout celle infligée par les Samnites (-321), qui forcent les vaincus à défiler, comme du bétail, sous le joug des « Fourches Caudines ». Aussi, lorsqu’à l’hiver -110, Jugurtha réédite l’humiliation en faisant à nouveau courber l’échine à 40000 légionnaires, son geste est réfléchi: il a combattu dans les rangs romains, connaît leurs mœurs et compte des amis jusque sur les bancs du sénat. C’est un défi mortel: le relever va plonger l’Afrique du Nord dans un interminable enfer que l’armée romaine ne s’attendait pas à vivre.
Quand s’achève en -146 la troisième guerre punique, Rome paraît en effet toute-puissante. Elle a fait de la Grèce et de la Macédoine des provinces, annexé une grande partie de l’Asie Mineure, solidement établi sa domination sur l’Espagne et ses mines d’or, et fondé en Gaule les colonies d’Aix et de Narbonne. Mais les guerriers n’ont pas le temps de se reposer, car les menaces surgissent tous azimuts. Du nord déferlent des tribus qui ravagent les provinces alpines. Au sud, les esclaves siciliens se soulèvent en -140, amorçant huit ans de guerre. À l’est, Pergame se révolte en -130. Mais c’est des territoires côtiers de l’actuelle Algérie que vient en -112 le coup le plus inattendu: la Numidie s’embrase!
La Numidie, créature romaine
Pour les Romains, l’affaire sonne comme une trahison. En vérité, ils l’ont bien cherché. Allié jusqu’à présent indéfectible, le . »