Une vie, un conte de fées
Par Jacques Calafat
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jacques Calafat a écouté attentivement le récit de cette grande dame et vous livre désormais cette biographie empreinte de la tendresse qu’il éprouve pour cette chère « Mamy ».
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Aperçu du livre
Une vie, un conte de fées - Jacques Calafat
Jacques Calafat
Une vie, un conte de fées
Roman
ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g© Lys Bleu Éditions – Jacques Calafat
ISBN : 979-10-422-3048-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Prologue
Voici le récit tiré d’une histoire vraie, d’une grande dame ayant eu une vie bien remplie, avec tous les tourments, la misère, la faim, la pauvreté, la barbarie des hommes, la guerre, la peur, l’angoisse et enfin la richesse si bien méritée. Elle connaîtra enfin le bonheur, la joie de vivre, le mariage, entourée de princes, de princesses, de rois, de reines à sa table.
Il a fallu romancer un peu, car à son âge, Liên n’a pas toute sa mémoire. Certains souvenirs sont diffus. J’ai essayé de reconstruire son histoire, mais le maximum de ce récit est basé sur des souvenirs solides, que je lui ai fait répéter pour être sûr.
Même à son âge, je vois dans ses yeux une flamme, une étincelle qui apparaît lorsqu’elle raconte certains de ses souvenirs. Parfois, son regard s’assombrit quand elle raconte la guerre, le début de sa vie où elle a tant souffert, mais cela est effacé dès qu’elle raconte sa vie avec Philippe.
Quand son regard s’illumine, je comprends alors que l’amour est éternel. Ce sentiment inonde son regard, même si Philippe s’en est allé dans l’autre monde, pour elle il est là, bien présent encore dans sa mémoire.
Liên, qui veut dire Lotus, naît au Vietnam à Cholon à côté de Saigon, aujourd’hui Ho Chi Min Ville. Elle arrive dans cette vie en 1927, c’est l’été dans son pays. Ses parents sont si pauvres qu’ils la donnent à adopter, mais son adoption ne durera que très peu de temps.
Liên naît juste avant le lancement de la fondation anticolonialiste du 25 décembre 1927. Créé à Hanoï, le parti s’appelait Parti national du Vietnam. Il avait pour but de chasser les colons, de retrouver l’indépendance du Vietnam et de créer une démocratie pour le peuple vietnamien.
Cette date avait été choisie car les colons fêtaient Noël, mais leur plan fut déjoué à deux heures du matin pour reprendre plus tard. Le mouvement s’agrandira par la suite.
Les grands-parents de Liên viennent la rechercher et s’occupent d’elle dès l’âge de 1 an. Liên n’ira pas à l’école car sa grand-mère ne veut pas.
Pour aller à l’école, il fallait passer un bac sur le fleuve et cela était très dangereux, beaucoup d’enfants se sont noyés en le traversant.
Un peu jalouse, elle faisait semblant d’aller à l’école. Elle suivait les enfants avec ses livres et ses cahiers jusqu’au fleuve. Là, elle s’en retournait chez ses grands-parents, très triste de ne pas pouvoir apprendre comme les autres enfants.
Sa grand-mère lui disait : « je préfère que tu sois ici illettrée que morte noyée en traversant le fleuve, c’est pour cela que je ne veux pas que tu ailles à l’école ! c’est pour te protéger, tu sais le fleuve est très dangereux. »
Liên ne va que très rarement à Saigon, aujourd’hui Ho Chi min Ville. Elle s’y rend avec son grand-père pour aller à la Pagode voir Bouddha. Pour elle, cette ville est très grande, énorme, la circulation y est infernale. Il n’y a pas beaucoup de voitures, mais une masse immense de vélos.
Les tricycles, les Pousse-Pousse sont en très grand nombre et les piétons grouillent comme des fourmis. La vie dans cette ville est impossible si l’on n’y est pas né.
Ce qui choque le plus dans cette ville, c’est la densité de la population. Les rues sont remplies de marchands sur les trottoirs, qui vendent des épices aux couleurs et parfums enivrants. La cuisine vietnamienne est agrémentée d’épices aux saveurs surprenantes. La combinaison comme le sucré salé est courante et la nourriture est surtout très pimentée.
Toutes ces variétés d’épices sont dans des sacs tressés, en toile, comme de très grands cabas. Il y en a de toutes les couleurs et ce mélange harmonieux remplit les regards de joie. On dirait des tableaux vivants.
La vie de Liên se passe sans encombre. Elle est comme toutes les petites filles de son âge, elle donne parfois un coup de main à sa grand-mère et aide du mieux qu’elle le peut. Elle participe aux tâches ménagères, fait un peu de cuisine. Comme il n’y a pas l’eau courante, elle va chercher l’eau dans les grandes jarres stockées dans un cabanon à côté de la maison, elle amène le bois pour le feu. Elle est pleine de bonne volonté et ses grands-parents en sont très fiers et heureux.
Elle apprend la couture, le crochet, le tissage, le tricotage, tout ce qu’une femme doit savoir faire.
Sa grand-mère lui transmet beaucoup de son savoir-faire et Liên en est très heureuse. C’est une petite fille très curieuse qui est avide de connaissances.
La cuisine se fait sur le feu de bois, il n’y a pas d’électricité, ni l’eau courante, il faut aller la chercher chez un marchand qui vient vendre des jarres. On récupère l’eau de pluie que l’on fait bouillir. Il n’y a pas de radio, etc., les meubles sont rudimentaires. Il y a juste l’essentiel pour survivre.
Son grand-père lui apprend un peu le bricolage, afin qu’elle puisse se débrouiller seule au cas où. Il l’emmène dans la campagne, lui montre des plantes médicinales, lui apprend les différents chants des oiseaux, où passe tel ou tel animal. Liên est heureuse avec son grand-père si gentil.
Comme jouets, elle n’a que quelques objets en bois et une poupée en chiffon froissé, mais Liên ne se plaint jamais. Elle vit comme toutes les petites filles de son âge dans son pays.
Son grand-père la prend souvent sur ses genoux, il est très aimant et lui donne beaucoup de courage. Cette famille très pieuse vit avec un autel bouddhiste dans la maison et prie souvent, afin que Bouddha leur vienne en aide dans cette vie si difficile.
De temps en temps, Liên et ses grands-parents partent en ville et vont prier à la Pagode. Ce magnifique édifice est un bâtiment rond, parfois carré, mais bien reconnaissable à son toit formé en escalier et avec les rebords relevés vers le ciel.
À l’intérieur, il y a des objets de culte et beaucoup de décorations, qui rendent l’atmosphère très apaisante, très calme. Bouddha y est présent et on s’adresse à lui pour trouver la sagesse et la paix.
Liên a des petites copines dans son village, mais il n’est pas vraiment permis de traîner dans les ruelles. La vie et l’éducation au Vietnam sont tout à fait différentes de chez nous. On prône surtout l’honneur, la fierté, la discipline et le respect des anciens, qui sont les enseignements fondamentaux que l’on apprend aux enfants.
On lui apprend la noblesse d’esprit et elle respectera ces traditions toute sa vie.
Moi qui la connais aujourd’hui, je peux dire que cette grande Dame, car c’en est une, n’a jamais failli. Elle détient un charisme à toute épreuve. À l’aube de ses 93 printemps, elle est aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur. Elle a une prestance de reine. Elle ne se plaint jamais et me prodigue des conseils que je respecte scrupuleusement, car ils sont d’une sagesse que je ne soupçonnais pas.
La vie s’écoule paisiblement entre le travail pour le riz qui est l’aliment principal, sans riz, la vie serait impossible, les tâches à la maison, Liên fait tout pour aider du mieux possible, et un peu, très peu, prendre le temps de s’amuser ; il faut bien se vider l’esprit, sinon la vie serait trop difficile.
Le pire est pendant les périodes de mousson, car tout est mouillé. Il est difficile de conserver son lit au sec, alors on plie au mieux la couverture et on la place dans une bassine en émail avec un couvercle, afin que l’humidité ne s’imprègne pas trop. Le plastique n’existant pas, il faut trouver des solutions pour dormir bien au sec.
Jusqu’à ses 9 ans, Liên a connu une vie paisible, aimée par ses grands-parents. Quand le grand-père s’éteint, la grand-mère seule est prise au dépourvu. Elle fait son possible