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Mélasse
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Livre électronique130 pages1 heure

Mélasse

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À propos de ce livre électronique

Sur certaines côtes bretonnes, les algues vertes tuent des animaux et des humains. Comment en est-on arrivé là ? C’est ce que tente de découvrir Agnès, une journaliste. Elle rencontre donc tout un monde : agriculteurs, villageois, médecins, enseignants et élèves touchés de près ou de loin par la pollution. Son investigation dérange et sa vie se trouve menacée, car les intérêts des uns se heurtent à ceux des autres. Parviendra-t-elle à démêler l’écheveau de cette affaire ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Poussée par un trop-plein d’émotions, de colère, d’amour et de sentiments, Marjussiot Joëlle écrit Mélasse. Son récit, tiré de faits réels, se veut un porte-parole fictionnel de gens conscients du danger de l’immobilisme.
LangueFrançais
Date de sortie7 juil. 2023
ISBN9791037790712
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    Aperçu du livre

    Mélasse - Marjussiot Joëlle

    Marjussiot Joëlle

    Mélasse

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions – Marjussiot Joëlle

    ISBN : 979-10-377-9071-2

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Les algues vertes sont un fléau. Pourquoi ? Comment ?

    Tous les personnages de cette histoire ont quelque chose à défendre. Ils racontent, ils parlent, ils témoignent, ils dénoncent, ils soutiennent les victimes, ils se lancent dans la bataille.

    Tirés de faits réels, ces personnages de fiction se débattent dans une mélasse malodorante qui peut surprendre et tuer le promeneur en quête de nature.

    L’histoire est soutenue par ses différents acteurs comme sur les planches d’une pièce de théâtre ; ils sont présents, en face de nous, pour marquer l’urgence de la situation : il faut se réveiller pour sauver la nature à laquelle nous appartenons.

    Nina et Fidélio

    La mer est loin, au moins à un kilomètre, peut-être deux.

    Impossible de mesurer la distance, il n’y a pas de repères, juste une étendue de sable trempée par la marée qui était haute il y a six heures. Tout là-bas, on devine un liseré blanc, celui des vagues imperceptibles.

    Pour ma monture et moi, c’est l’appel du grand large, l’envie d’une course au galop dans un espace libre de tout obstacle. Je lance Fidélio à toute allure vers la mer en projetant dans l’espace des cris de sioux.

    Je voudrais une caméra pour éterniser ces quelques minutes d’euphorie. Spectacle classique, crinières au vent et là-bas, loin, le friselis des vagues. Le pur-sang anime la carte postale, signe son passage d’une empreinte profonde de ses sabots dans le sable puis ralentit son allure à l’approche de l’eau.

    Pas question de retourner sur nos pas. À cause du temps, souvent pluvieux pendant les grandes marées, Fidélio est resté enfermé dans son box pendant deux jours. La mer a trempé la plage jusqu’aux dunes. Le beau sable chaud et doré de l’été a été lessivé, plus aucune trace du passage des vacanciers des deux derniers mois. Je me sens propriétaire des lieux, de l’immensité du paysage et même du vent chargé d’odeurs fortes.

    Sortant de l’écume, on fonce vers l’extrémité inexplorée de la plage. La mer remonte et va bientôt atteindre les rochers qui nous font face et nous barrent l’horizon. Un étroit passage de sable s’y devine. On accélère l’allure pour devancer la mer qui remonte rapidement. Quelques gouttes de pluie me surprennent et me font frissonner.

    Le goulet une fois franchi, on se retrouve sur une plage bordée de dunes dans lesquelles se dessine un passage au centre. Le ciel s’est obscurci et les premières grosses gouttes commencent à nous tremper.

    Le sable est un peu mou et Fidélio se montre réticent à maintenir son allure. Je l’encourage de la voix pour parcourir sans traîner les trois cents mètres à franchir. Il secoue la tête de droite et de gauche en soufflant très fort par les naseaux et s’effondre brusquement. Ses quatre pattes se sont enfoncées profondément dans une sorte de vasière.

    Je saute à terre pour le libérer, mais je me retrouve prisonnière à mon tour d’une sorte de mélasse qui dégage une odeur pestilentielle d’œuf pourri. J’attrape les rênes, mais ils sont inutiles. Fidélio a les quatre pattes emprisonnées dans le marécage. Je vois son œil immense, fixe, où se lit la terreur. Dans mon effort pour le sortir de là, mon corps s’est enfoncé un peu plus. Avant de perdre conscience, je comprends que Fidélio est mort, le museau posé sur la vase.

    ***

    Nina à l’hôpital

    J’ai l’impression d’avoir un masque sur le visage, un tube dans la gorge, des engins dans les narines. J’entends des voix étouffées comme on voit flou. J’ai très envie de dormir. La somnolence l’emporte, je sombre sans résister et sans être renseignée sur ma situation.

    Bonjour, mon cœur, tu es à l’hôpital, tout va bien ne t’inquiète pas. Ne force pas ta voix, elle va revenir tout doucement. Tu peux chuchoter si tu veux. Est-ce que tu as envie que je te raconte ce qui s’est passé ? Voilà, tu faisais la côte avec Fidélio, tu te souviens ? Il y a plus d’une semaine maintenant. Oui, une semaine ! Les pompiers t’ont retrouvée dans une vasière, immergée jusqu’à la taille. Hélas, Fidélio a succombé.

    Oui, il est mort d’un arrêt cardiaque, certainement dû à la panique. Mais le médecin qui t’a accueillie aux urgences n’est pas aussi catégorique. Veux-tu que je m’arrête ? Je vois bien que tu es triste… Bon alors je continue.

    Ce médecin m’a dit qu’en arrivant tu étais cyanosée et que tu convulsais. Il était très inquiet. Pour avoir vu des cas semblables de patients pris de malaises à l’issue de footing sur une plage, il m’a confié qu’il pensait à une asphyxie due à de l’hydrogène sulfuré. Tu étais imprégnée de cette odeur quand tu es arrivée à l’hôpital m’a-t-il dit. Ce sont les algues vertes les responsables a-t-il ajouté. Les pompiers lui ont dit que tu étais dans une vasière et qu’un hélicoptère a été nécessaire pour te dégager ainsi que Fidélio.

    Non, tu ne pouvais pas t’en apercevoir. Je suis allé m’en rendre compte il y a quelques jours. J’ai grimpé sur les rochers qui dominent cette espèce de plage. Le temps était clair et la plage miroitait au soleil. Mais peut-on appeler plage ce terrain recouvert d’une couche sèche, lisse et blanche ? Rien ne peut mettre nos sens en alerte. La plage s’étale comme si la marée venait de la lessiver. Mais c’est une croûte nue, juste une apparence de sable sans danger. Et pourtant à quelques centimètres de la surface, des algues en décomposition se multiplient, se régénèrent, croissent pouvant atteindre 1,50 m de profondeur.

    Non, je n’ai vu aucun panneau avertissant du danger. L’accès n’y est possible par le rivage qu’au moment des grandes marées quand la mer se retire très loin, à des kilomètres. Et apparemment, d’après les cartes IGN, aucun chemin n’y conduit. Seul un ruisseau se déversant sur la plage est mentionné.

    Tu veux vraiment savoir ce qui s’est passé ? Quand vous vous êtes enfoncés dans le marécage Fidélio et toi, vous avez libéré brusquement une grande quantité de gaz, de l’hydrogène sulfuré. C’est lui qui vous a asphyxiés. Le médecin, dont je t’ai parlé, a demandé à suivre l’autopsie du cheval le plus vite possible pour en tirer des conclusions fiables.

    Sachant que Fidélio se trouvait à la caserne des pompiers, je m’y suis rendu dès le lendemain de votre accident. Je suis d’abord tombé sur M. Hugues, le maire qui s’est lamenté à propos de cette triste et regrettable histoire, dit-il. Ensuite il t’a mise en accusation pour inconscience et imprudence. Très vite, j’ai pris la mouche et lui ai fait remarquer que rien ne signale le danger de cette plage. Il m’a rétorqué que des panneaux ont été emportés par la marée. Je lui ai répondu que ce devait être insuffisant comme installation s’il suffisait d’un coup de vent ou d’une vague pour disparaître. Il me coupe pratiquement la parole pour déclarer qu’on ne laisse pas sa femme faire du cheval toute seule dans un lieu inconnu. Sur ce, il a tourné les talons et s’est éloigné.

    J’ai serré les poings me retenant de lui en mettre un dans la figure. À ce moment-là est arrivé un tracteur tirant une remorque et j’ai entendu le maire dire que le canasson partait à l’équarrissage. Ce sont ses termes.

    J’ai réagi tout de suite en hurlant qu’un médecin allait venir pour pratiquer une autopsie et faire des prélèvements. Vous n’avez rien à dire, me répondit-il, ce sont les autorités qui décident dans ce genre de situation et il s’est dirigé vers le tracteur. Un pompier qui suivait en voiture est sorti de son véhicule et est venu vers lui. Il y a eu un échange de deux minutes entre eux, à la suite de quoi le maire est remonté dans sa voiture et le tracteur, suivi du pompier, est retourné dans le hangar dont le rideau métallique s’est abaissé rapidement. Je me suis retrouvé tout seul, j’ai tambouriné sur une porte, mais au bout d’un quart d’heure j’ai abdiqué.

    Voilà, je pense que grâce à mon intervention, le moment de l’équarrissage aura été retardé pour permettre au médecin et au vétérinaire de faire leur travail d’investigation.

    Quand tu sortiras de l’hôpital, tu devrais aller te reposer chez Delphine, à la campagne. Par ailleurs, elle a toujours des tas de choses à faire avec tous ses animaux, et ses clients pourraient t’aider aussi à te changer les idées.

    Après les cours, je te rejoindrai chez elle. Cela nous rappellera le temps des vacances, celui de notre première rencontre.

    ***

    La mort du ramasseur d’algues

    À quatre kilomètres de la côte bretonne, rochers roses et plage de sable doré, la vie s’anime dans la maison en terre de Roger et Marie-Louise. Roger verse un seau de charbon

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