NOUVELLE VAGUE
UN GAMIN MARCHE PIEDS NUS sur les graviers. Il est bronzé comme un surfeur, c’est-à-dire le visage noirci par la réverbération et le dos tanné à force de ramer. Il s’appelle Kauli. Il habite Tahiti. Il y était encore il y a trois jours, avant les trente heures de vol, l’escale à Vancouver et les douze heures de décalage horaire. Il n’a pas l’air crevé. Il se dirige vers la plage, et ce qui l’inquiète ce n’est ni la fatigue ni ce soleil d’hiver qui le fait frissonner, mais qu’on lui fasse tenir sa planche comme s’il allait se mettre à l’eau alors qu’il sait pertinemment qu’il n’y a pas de vagues ce matin. Hier encore c’était surfable, mais la nuit est passée et le large n’envoie plus rien, pas de houle, pas une ondée, rien que le ressac qui se brise avec régularité sur le sable.
« Essaye cette pose », lui propose le photographe, en anglais. Kauli s’exécute. « Et si tu te mets là et que tu me fais quelques tractions? » Kauli pose sa planche et enchaîne les tractions. C’est encore un adolescent à la voix timide. « Il est un peu impressionné par le dispositif, confie le communicant de Quiksilver, le sponsor qui l’accompagne depuis ses treize ans. La styliste, la maquilleuse, le photographe, l’assistant photographe, il n’a pas l’habitude. » Kauli se
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