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Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte: Un roman hilarant à mi-chemin entre l'absurde et le réalisme
Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte: Un roman hilarant à mi-chemin entre l'absurde et le réalisme
Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte: Un roman hilarant à mi-chemin entre l'absurde et le réalisme
Livre électronique164 pages3 heures

Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte: Un roman hilarant à mi-chemin entre l'absurde et le réalisme

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À propos de ce livre électronique

Naufragé sur une île déserte, Robert décide de tout recommencer à zéro

Un journaliste d’une petite ville de Nouvelle-Zélande fait naufrage et échoue sur une île déserte au milieu du Pacifique. Très vite, ce Robinson du XXIe siècle voit dans cette péripétie l’occasion rêvée de donner libre cours à ses aspirations profondes. Mû autant par l’obsession de la réussite que par une naïveté à toute épreuve, déterminé à atteindre à tout prix le bonheur et la reconnaissance, il décide d’édifier… un supermarché.

En transposant dans le temps et dans l’espace le Robinson de Daniel Defoe, Dimitris Sotakis revisite les valeurs idéologiques, sociales et esthétiques de Robinson Crusoé, proposant une version particulièrement subversive de ce mythe littéraire.

Une comédie désopilante sur les ambitions et les désirs au XXIe siècle. Un roman sur la solitude, la vanité, et surtout sur les illusions après lesquelles nous courons tous.

EXTRAIT

Je m’appelle Robert Lhomme et je suis propriétaire de supermarché. C’est ce qui me caractérise le mieux ou en fin de compte ce dont je veux que les générations futures se souviennent après ma mort. Je vis sur cette île depuis près de trois ans et, je tiens à ce que vous le sachiez, ce furent sans conteste les années les plus heureuses de ma vie. Je dis « sur cette île », dans la mesure où je ne sais pas où je me trouve exactement, mais selon mes calculs, il s’agit d’un îlot rocheux situé selon toute vraisemblance au sud des îles Gilbert de Micronésie. Je suis quasiment sûr que la plupart d’entre vous qui lisez aujourd’hui mon histoire n’avez aucune idée de cette mystérieuse région du monde, mais vous n’avez pas à en être gênés, puisque certains de mes collègues de Hamilton ne savaient même pas à combien s’élève la population australienne ou ignoraient que sur les îlots microscopiques de Moala poussent les noix de coco les plus savoureuses de la planète.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Dimitris Sotakis est né à Athènes en 1973. Il a étudié la musicologie à Londres et a publié son premier livre en 1997. Son œuvre a reçu de nombreux prix et ses livres connaissent un succès croissant en Grèce et plus largement en Europe. Après L’argent a été viré sur votre compte (prix Athènes de Littérature, 2010), Comment devenir propriétaire d’un supermarché sur une île déserte est le deuxième roman de Dimitris Sotakis publié aux éditions Intervalles.
LangueFrançais
ÉditeurIntervalles
Date de sortie9 juin 2017
ISBN9782369561552
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    Aperçu du livre

    Comment devenir propriétaire d'un supermarché sur une île déserte - Dimitris Sotakis

    PREMIER CHAPITRE

    Informations générales • Où suis-je ?

    Je m’appelle Robert Lhomme et je suis propriétaire de supermarché. C’est ce qui me caractérise le mieux ou en fin de compte ce dont je veux que les générations futures se souviennent après ma mort. Je vis sur cette île depuis près de trois ans et, je tiens à ce que vous le sachiez, ce furent sans conteste les années les plus heureuses de ma vie. Je dis « sur cette île », dans la mesure où je ne sais pas où je me trouve exactement, mais selon mes calculs, il s’agit d’un îlot rocheux situé selon toute vraisemblance au sud des îles Gilbert de Micronésie. Je suis quasiment sûr que la plupart d’entre vous qui lisez aujourd’hui mon histoire n’avez aucune idée de cette mystérieuse région du monde, mais vous n’avez pas à en être gênés, puisque certains de mes collègues de Hamilton ne savaient même pas à combien s’élève la population australienne ou ignoraient que sur les îlots microscopiques de Moala poussent les noix de coco les plus savoureuses de la planète.

    Je suis né à Wellington en Nouvelle-Zélande, il y a trente-sept ans, et j’y ai fait toute ma scolarité, avant que mon père ne trouve un travail dans une agence immobilière sordide de Hamilton, une ville paisible au nord du pays. C’est là que j’ai vécu jusqu’à ce que je me mette en route pour la Nouvelle-Guinée, un voyage qui, de fait, s’est arrêté à mi-chemin et a changé définitivement le cours de ma vie. La Nouvelle-Zélande est un beau pays, mais elle est très isolée et complètement coupée du reste du monde. Déjà tout jeune, je rêvais de me tailler en Europe ou, à la rigueur, en Asie du Sud-Est, dans un pays en pleine croissance. Or au moment du naufrage ce projet n’avait toujours pas pu voir le jour. Je vivais dans un sympathique appartement du centre-ville et je travaillais avec d’autres journalistes comme rédacteur à Nexus, une revue étudiante réputée. Un travail plutôt intéressant, qui n’avait pourtant pas imposé le silence à mes rêves de décrocher une carrière différente avec des appointements plus élevés. Mon salaire me permettait tout juste de payer mon loyer et de boire d’affilée autant de bières que je voulais au pub des Quarante-huit Lions, entouré de gens qui avaient accepté leur sort ; ils se sentaient même en sécurité et satisfaits de ce qui scandait leur vie, à savoir un travail, de l’alcool à volonté et du football le week-end.

    Toutefois, même si je désirais ardemment m’évader dans un autre coin du monde, cette mission n’aurait pas pu prendre forme d’elle-même s’il n’était pas arrivé ce qui est arrivé, et cet événement qui sera perçu par la plupart comme une catastrophe représenta pour moi une indéniable bénédiction.

    N’allons pas trop vite cependant, une aventure qu’on expose aux lecteurs avec une hâte superflue perd tout son sel, elle se vide de sa substance et je ne voudrais en aucun cas que ma propre histoire subisse un tel sort. C’est pourquoi j’aimerais au préalable aborder un autre sujet et parler plus précisément d’un arbre, le ponga mamaku, cette espèce de fougère géante qui a littéralement envahi tout l’arrière de l’île et dont la présence atteste en outre que je ne suis pas si éloigné qu’on pourrait le croire des mers de Nouvelle-Zélande, car c’est précisément sous de telles latitudes qu’on rencontre ces arbres ainsi appelés dans la langue maori. Lorsque je suis arrivé ici, je me souviens avoir poussé un soupir de soulagement quand je les aperçus : au moins, j’aurais de la fraîcheur et une végétation dense autour de moi ; mais par la suite – et encore maintenant –, tous ces pongas m’ont mis les nerfs à rude épreuve, d’autant plus qu’ils me bouchent la vue en direction de l’ouest, ce qui est inadmissible, voire impardonnable. Pour être plus clair, les mamakus atteignent jusqu’à vingt mètres de haut, surtout les noirs, et je ne vous cache pas que ces très vieux arbres, dont on estime que la vie remonte à quelques centaines de millions d’années, ont constitué mon unique nourriture durant les deux à trois mois qui ont suivi mon naufrage. Paradoxalement, sur l’autre moitié de l’île, c’est-à-dire au sud, là où se trouve désormais ma maison, il ne pousse aucun mamaku. Je ne peux pas m’expliquer ce phénomène qui me paraît trop suspect pour n’être qu’une simple coïncidence.

    Hamilton n’est pas une ville affreuse, et pour quiconque s’accommode de l’idée que le but de la vie consiste à jouer au billard et à descendre des bières jusqu’à tomber ivre mort, elle représente certainement le paradis. En tout cas, on y mène une vie relativement respectable. Il y a le fleuve, des milliers d’étudiants qui entretiennent une joyeuse turbulence, de grandes places et le stade Waïkato, un véritable emblème pour tout le pays. Je dois dire toutefois qu’on croise aussi à Hamilton toute une panoplie de cinglés – il me faut préciser cela pour que vous ayez une image plus complète de la ville – la palme revenant à un énergumène qui déambule nuit et jour en serrant dans ses bras une botte d’oignons crus et en chantant l’hymne national polynésien.

    On comprend donc aisément que j’aurais eu du mal à supporter longtemps cette situation, j’avais besoin de reprendre ma vie en main, car je l’avais négligée au profit de ce curieux mélange de distractions et de léthargie citadines, qui m’hypnotisait et me tenait cloué là. Plus les années passaient, plus le besoin de partir montait en moi, je me sentais comme ces jeunes campagnards immatures qui brûlent de désirs et étouffent sous le poids de ce qu’ils refoulent ; dès que l’occasion se présente, ils se précipitent loin de leur village pour adopter le rythme effréné d’une ville où ils finissent par trouver le bonheur, même s’ils n’arrivent jamais à se débarrasser de leur accent paysan, qui sonne encore pire à l’oreille que lorsqu’on se frotte la tête contre un vieux mamaku.

    Et pourtant il s’en fallut de peu que mon voyage en Nouvelle-Guinée n’ait jamais lieu. Le directeur de la revue avait proposé à trois d’entre nous d’aller couvrir une affaire très sérieuse, la rébellion d’un groupe d’étudiants papouasiens, sur l’île de Motorina. Tel était du moins le projet initial, mais en définitive les deux collègues qui devaient voyager avec moi tombèrent malades et, au lieu d’annuler la mission, le directeur décida in extremis de m’envoyer seul sur place, parce qu’un reportage détaillé devait paraître coûte que coûte à ce sujet dans Nexus. Les choses se passèrent donc ainsi. D’une manière plutôt louche, à vrai dire, car au lieu d’emprunter l’un des nombreux avions qui desservent cette ligne, je me rendis d’abord en Australie où j’embarquai sur un cargo amarré à Bamaga, un port situé à l’extrême nord du pays. Je ne voudrais pas m’aventurer maintenant dans des explications a posteriori à propos de cette étrange décision du directeur de me faire gagner la Nouvelle-Guinée en cargo, d’autant plus que je ne sais pas pourquoi les choses se sont passées ainsi ; d’ailleurs, cela n’a aucune espèce d’importance, parce que seul compte ce qui a suivi, à savoir que le bateau en question commença à gîter fortement alors que nous nous trouvions déjà au milieu de l’océan et qu’il sombra peu après. Une chose dont je me souviendrai toute ma vie, c’est qu’au moment de cet événement tragique, je ne pus réfréner un fou rire, autant à cause du caractère hallucinant de ce qui m’arrivait qu’à cause de la tête épouvantée des marins du cargo, quand ils prirent conscience qu’ils seraient bientôt au menu des énormes poissons du Pacifique. Je ne me rappelle rien de précis, à part que le bateau commença à trembler comme si nous avions été surpris par un séisme au sommet d’un immeuble ; la mer était parfaitement calme, quelque chose clochait du côté des machines.

    Soit dit en passant, les marins qui composaient l’équipage ressemblaient à une bande de loups de mer mafieux, avec le front couvert de points de suture et une haleine qui empestait l’alcool bon marché ; et tant que dura notre voyage, ils ne cessèrent d’aboyer contre l’armateur qui ne les avait pas payés depuis des mois et ils évoquaient sans arrêt quelques prostituées bien sous tout rapport originaires des Philippines. On nous rassembla sur le pont supérieur, le bateau penchait de plus en plus à tribord, jusqu’à se coucher au niveau de la mer, si bien que nous touchions l’eau ; nous n’étions pas nombreux, une quinzaine environ, on nous répartit dans trois canots et, avant d’être engloutis avec les tonnes de marchandises entassées sur le cargo, nous nous retrouvâmes éparpillés comme s’il s’agissait d’un jeu sur la mer d’Arafura, fourbus et désespérés, victimes de cet accident inexplicable dont je ne me rappelle rien, en dehors des grandes lignes que je suis en train de vous retracer. Je dus perdre connaissance à un moment donné. C’était comme si j’étais mort, en ce sens que lorsque je me réveillai sur les côtes de l’île, ma vie antérieure n’était qu’un lointain souvenir et le naufrage m’apparaissait alors comme une expérience qu’aurait vécue un autre homme, des années auparavant. Quand j’ouvris les yeux, j’éprouvai un extraordinaire sentiment d’euphorie, ce qui de toute évidence était lié à la température agréable, car l’air frais, accompagné juste ce qu’il fallait d’un petit souffle de chaleur, me caressait le visage et me confirmait que j’étais bien en vie. Des algues s’étaient collées sur mon corps, sur mon visage et même sur mes lèvres, mais cela ne me dérangeait pas : elles étaient douces et chaudes, qui plus est elles étaient délicieuses comme je le vérifierais par la suite.

    J’avais été rejeté sur un rivage. Oui, sur un rivage, il n’y avait pas d’erreur possible, et n’importe quel poivrot attablé nuit et jour aux Quarante-huit Lions comprendrait cela : derrière moi l’océan, devant moi une plage et dans le fond, aussi loin que mes yeux pouvaient voir, une végétation très dense, des broussailles et des arbres géants. J’étais naufragé. Si dur que cela soit à admettre, jamais je ne me demandai ce qu’était devenu l’équipage ni même les passagers qui se trouvaient dans le canot avec moi, mais une chose était sûre, j’étais arrivé seul sur cette île. Après m’être traîné sur les genoux pour m’installer plus confortablement dans un coin où le sable était plus doux (sans m’être encore mis debout, car j’avais d’abord besoin de me ressaisir physiquement), ma première pensée alla à l’article pour le Nexus. De là où je me trouvais désormais, il me semblait impossible d’entrer en contact avec les étudiants papouasiens, du moins dans l’état de confusion mentale que j’éprouvais alors. Le directeur prendrait mal la nouvelle parce que la revue avait investi beaucoup d’argent pour m’envoyer en Nouvelle-Guinée ; et dans des conditions normales, j’aurais été tenu d’honorer mon engagement d’une manière ou d’une autre.

    Je me levai et jetai un coup d’œil autour de moi. En dehors d’une impression plaisante de tournis, ni mon corps ni mon cerveau ne présentaient de symptômes inquiétants. Je vérifiai si j’étais blessé quelque part, non, j’étais sain et sauf, seuls mes vêtements étaient déchirés, mais cela ne me tracassa pas sur le moment. Je me remis debout en prenant fortement appui dans le sable et fis mon premier pas. Ce fut une sensation agréable. Il n’y avait rien d’effrayant, tout respirait la paix et la sérénité sous mes yeux, et ce tableau me rassura. Je fis un deuxième pas, puis un troisième, je me retrouvai finalement dans une zone où le sable était moins abondant, et j’avançai à tâtons sur le sol ferme, n’ayant plus sous les pieds les monticules dorés et humides du rivage. À première vue, l’île ne paraissait pas très étendue, sans être microscopique. Paradoxalement, dès le début, la sensation d’être encerclé par les eaux de l’océan ne me causa aucun effroi, ce qui, même plus tard, me fut d’un précieux soutien psychologique au cours de mes déplacements. J’étais épuisé. Le soleil était brûlant au-dessus de ma tête – on était en plein midi. J’allai un peu plus loin me mettre à l’ombre d’un arbre assez bas, dans une rangée clairsemée, orientée très exactement au nord-ouest, d’après ce que put déduire mon regard encore inexpérimenté. Je m’assis, la tête appuyée contre un tronc qui se révéla plus doux que je ne m’y

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