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Un Corps mort de trop à Buguélès: Polar breton
Un Corps mort de trop à Buguélès: Polar breton
Un Corps mort de trop à Buguélès: Polar breton
Livre électronique172 pages2 heures

Un Corps mort de trop à Buguélès: Polar breton

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À propos de ce livre électronique

À Buguélès, la marée ne semble pas être la seule à dicter sa loi.

Déjà secoué l’année précédente par un fait divers hors du commun, le petit port trégorrois de Buguélès découvre un matin de mai, au réveil, un cadavre enveloppé dans une voile et amarré à une lourde ancre, au beau milieu des bateaux à l’échouage.
Le corps est celui de Peter Mac Cready, un Jersiais, habitué du port et propriétaire d’un superbe voilier.
De nouveau, le major Anne-Marie Touraine et ses hommes, qui disposent vite d’un suspect mais pas d’un mobile, vont devoir faire preuve de perspicacité… et compter sur un coup de pouce de la chance.

Pour quelles raisons Peter Mac Cready a-t-il été tué ? Anne-Marie Touraine s'engage à le découvrir et à confondre le coupable.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Au terme d’une carrière d’enseignant dans le Trégor, Michel Ollivier, à l’heure de la retraite, a trouvé encore davantage de temps pour se consacrer à ses passions : correspondant local pour Ouest-France depuis de longues années, à Penvenan et Plougrescant, pigiste pour Paris-Turf, une autre manière de vivre sa passion des chevaux.
LangueFrançais
Date de sortie18 mai 2020
ISBN9782374690650
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    Aperçu du livre

    Un Corps mort de trop à Buguélès - Michel Ollivier

    hasard.

    Lundi

    I

    Jean-Pierre Le Scanff arrêta sa voiture à quelques centimètres du bord de la jetée. Cette fois, il était le premier, et même le seul sur le port de Buguélès, à moins d’un kilomètre de chez lui. En ce lundi matin de mai, premier jour de sa retraite, il avait programmé une sortie en mer et rien ne l’aurait fait changer d’avis. Il était cinq heures trente et le jour n’était pas levé, mais s’il voulait profiter de sa journée de pêche, il n’était pas question de perdre du temps : « La mer n’attend pas… » lui avait répété son père des années durant, alors qu’il était adolescent. Et il avait vérifié à maintes reprises que la marée dicte sa loi. Une demi-heure de retard et le Valgori, son pêche promenade de six mètres de long, équipé d’une cabine et d’un matériel électronique suffisant pour la pratique de la plaisance, se retrouverait au sec, planté sur ses béquilles et il lui faudrait changer ses plans. Pourtant, tout en déchargeant sa vieille Méhari, il s’octroya quelques instants pour contempler la formidable « skyline » qui s’étendait là-bas, vers l’est, noire sur un fond rouge orange de soleil levant. Il distinguait à peine les silhouettes des rochers qu’il connaissait par cœur : ceux du Gouffre, de Pors Scaff, les contours de l’île aux Pins, puis, plus au large, les deux blocs pointus de Toul Min –la Roche Percée-, en avant de la masse trapue de Kerlaben.

    Il ne s’en lassait pas ! Et pourtant, il en avait vu des skylines ! Celle de New York, du temps des tours jumelles, puis après, alors que les attentats du 11 septembre avaient laissé un vide béant. Puis encore après, quand l’orgueilleuse Liberty Tower avait redonné aux Etats-Unis meurtris un peu de leur fierté, sans pour autant leur faire oublier l’humiliation et le terrible traumatisme infligés par une organisation sans foi ni loi, qui les avait frappés en plein cœur, violemment et contre toute attente. Celle de Dubaï aussi, et, en arrière de sa magnifique marina, la Burj Khalifa, dressée vers le ciel comme un symbole de puissance et de prospérité. Celle de Singapour, sur Marina Bay, avec son lion cracheur d’eau, et, plus loin, le Marina Bay Sands Hôtel, comme un paquebot posé au sommet d’un immeuble, œuvre d’un architecte israélien et désormais symbole de la ville. Celle aussi de Shanghaï, avec sa tour Jin Mao, à quelques encablures du fleuve Huang Pu, grouillant d’activité. Celles de Hong-Kong, multiples, diverses, avec leurs perspectives sur la jungle inviolée, omniprésentes entre les gratte-ciel. Oui, il en avait vu des skylines, mais des comme celle qu’il découvrait depuis le port de Buguélès, jamais ! Elle avait dans son cœur une place toute particulière, parce que c’était elle, tout simplement !

    Jean-Pierre Le Scanff saisit ses rames, ses dames de nage, son panier contenant son pique-nique et détacha du rack des plates celle qui lui appartenait. Il la tira sur la jetée, d’autant plus facilement qu’il avait installé une petite roue à l’arrière. La mer baissait et il lui fallut descendre tout au bout de la cale pour prendre place à bord de l’annexe et s’éloigner vers le fond du port où se balançait sans doute le Valgori, dont il ne devinait même pas la silhouette dans l’obscurité. Mais il connaissait le chemin par cœur et se repérait sur les silhouettes des autres bateaux, alignés le long du chenal et qu’il dépassait à coups de rames réguliers, sans forcer.

    Son bateau était installé sur l’un des derniers corps-morts du port, tout près des corps-morts visiteurs, réservés aux navigateurs de passage dont beaucoup jetaient d’ailleurs l’ancre en baie de Gouermel, un peu plus loin, afin d’éviter de payer la redevance. Il devina plus qu’il ne vit le Valgori, presque immobile sur une mer d’huile et passa l’amarre dans le rouleau du lève-casiers, comme il le faisait habituellement, afin d’éviter que sa plate ne s’écarte et ne lui rende la tâche difficile, lorsqu’il se hissait à bord. D’une main, il balança à l’intérieur de son bateau son panier fermé par un couvercle de plastique et dans lequel il n’y avait rien de fragile, et enjamba le bordage. Tous les gestes qu’il accomplit ensuite, il les répétait à chaque fois qu’il montait à bord, dans l’ordre, sans même y penser. Il amarra d’abord sa plate à la bouée du corps-mort, libéra les bouts qui fixaient ses béquilles à l’avant et dévissa les papillons qui les maintenaient en place, puis il les hissa l’une après l’autre à bord du bateau, bien alignées sur le sol, le long du bord, là où elles ne pouvaient le gêner. Il enfonça franchement la manette des gaz, tourna ensuite à tâtons le commutateur de batterie et, avant même que le signal sonore ne se fasse entendre, appuya sur le bouton du démarreur. Instantanément, le 22 CV Volvo in-board claqua et le sifflement de la courroie accompagna quelques secondes le bruit du moteur qui prit rapidement son régime, alors que Jean-Pierre Le Scanff ramenait la manette des gaz en position de ralenti. Le plaisancier ouvrit les cadenas des deux coffres, la porte de la cabine et y glissa son panier. Là-bas, sur le port, il venait d’apercevoir des phares qui s’éteignirent presque aussitôt. François Le Bail sans doute, dont le bateau se balançait près du sien et qui lui avait confié son intention de passer lui aussi la journée en mer. Jean-Pierre désamarra le Valgori, qui, libéré, dériva de sa bouée d’un bon mètre avant que le pêcheur, frissonnant dans la fraîcheur matinale, n’enclenche franchement la marche avant et n’empoigne la barre pour faire virer son bateau en direction de la balise que le jour naissant permettait à présent de distinguer. Mais au lieu de tracer sa route vers la sortie du port, le Valgori s’arrêta net, moteur stoppé et le silence retomba, impressionnant.

    – Ah non ! Ah non ! Pas ça ! Pas maintenant !

    Jean-Pierre Le Scanff avait compris, même s’il se refusait à l’admettre. Si son moteur avait brutalement calé, c’est qu’un bout s’était pris dans l’hélice. Que pareille mésaventure arrive en mer, c’était chose presque normale, sinon courante. Passer sur un orin flottant dans un moment d’inattention, tous les pêcheurs avaient connu ça et, par beau temps et mer calme, le remède était simple. Il suffisait de se mettre à l’eau, de plonger la tête sous la surface, parfois à plusieurs reprises, et de libérer l’hélice à l’aide d’un bon couteau ! Le Buguélèsien l’avait fait plusieurs fois, mais là, à six heures du matin, au milieu du port, dans la fraîcheur du mois de mai, sans visibilité, l’exercice était franchement désagréable.

    – Bon ! Là, je n’ai pas le choix. Et il faut faire vite, sinon, pour la journée en mer, c’est cuit !

    Jean-Pierre Le Scanff savait que faire. Il coupa l’alimentation électrique, jeta son ancre pardessus bord, libérant une dizaine de mètres de chaîne, et entreprit de quitter ses vêtements. Il posa son long couteau sur le plat bord à l’arrière du bateau, amarra une corde à sa taille, au cas où, et enjamba le tableau arrière pour se glisser dans l’eau en descendant les quatre barreaux de sa petite échelle chromée.

    – Eh ben Jean-Pierre ! Tu vas te faire coffrer pour attentat à la pudeur ! Par les temps qui courent, çà coûte cher !

    François n’en ratait pas une, évidemment !

    – Pas moyen de faire autrement mon vieux ! J’ai un bout engagé dans l’hélice ! A six heures du matin et le premier jour de ma retraite ! Bon sang, ça commence bien !

    – Tu veux un coup de main ? Je t’attends ?

    – Vas-y. J’ai l’habitude. Et il faut que je fasse vite, sinon, je vais me retrouver au sec. Toi aussi d’ailleurs !

    Jean-Pierre descendit les degrés de l’échelle doucement, son corps s’habituant peu à peu au froid, à tel point qu’en quelques secondes, il se sentit plutôt bien, ragaillardi, heureux aussi de constater qu’il avait presque pied. D’une main, il tâta l’arbre d’hélice et constata qu’il était entouré d’un joli chignon de corde. Il sortit la tête de l’eau, remonta d’un cran pour saisir son couteau puis replongea, après avoir pris une longue inspiration. Au jugé, il coupa ce qu’il pouvait, jusqu’à ce que l’oxygène lui manque et l’oblige à refaire surface. Il recommença l’opération une bonne dizaine de fois jusqu’à ce que le sac de nœuds se détende puis se désagrège en plusieurs petits morceaux de corde, libérant totalement l’hélice.

    Jean-Pierre remonta à bord et, sans prendre le temps de s’habiller, entreprit d’amarrer le bout ainsi libéré à une petite défense de pare-battage, sur laquelle était inscrit le nom de son bateau : « Bon, je suis sympa ! Le gars va retrouver son bien ! »

    Sans plus tarder, il leva l’ancre et remit son moteur en route. Le sondeur indiquait un mètre dix. Il était plus que temps ! Cette fois, la marche avant propulsa le Valgori vers la passe du port de Buguélès. Le pêche-promenade laissa sur sa droite l’Eastern Star, l’étrange bateau propriété de Peter Mac Cready, un Jersiais qui avait presque élu domicile à Buguélès, franchit les deux balises et vira à gauche. Là, dans la baie de l’île Ozac’h, Jean-Pierre jeta de nouveau l’ancre et entreprit de se sécher avec la serviette de bain qu’il gardait toujours dans sa cabine. Le jour s’était levé, largement, mais l’atmosphère était toujours fraîche et le plaisancier enfila ses habits avec un plaisir certain, heureux de retrouver une chaleur confortable. Avant d’entamer véritablement sa journée de pêche, il dévissa son thermos de café, s’en servit une rasade généreuse et brûlante, agrémentée d’un croissant. Le paradis !

    II

    La mer était calme. Un véritable lac, et Jean-Pierre Le Scanff relança son moteur puis mit le cap sur Terrobraz, un groupe de rochers à l’ouest de la passe du port et scruta la surface de l’eau pour localiser son premier casier : une bouée rouge, suivie d’une petite bouée jaune, puis trois petites bouées jaunes à se suivre. La mer baissait vite mais le courant ne pouvait avoir couché toutes les bouées. Rapidement, il repéra la bouée rouge et mit le cap dessus, franchement, saisissant sa gaffe, prêt à attirer à lui la boule qui portait les numéros de son bateau. Un virage impeccable amena la bouée juste le long du bord et Jean-Pierre l’attira à lui, passa l’orin dans le lève-casier et commença à hisser son casier, sans hâte, main sur main, dosant son effort. Les premiers mètres de corde étaient glissants, à cause des petites algues qui profitaient de la lumière pour prospérer lorsque l’orin était en surface, mais bien vite il retrouva la corde lisse et rude et le poids s’accentua lorsque le casier quitta le fond pour remonter inexorablement vers le Valgori. Il fallut consentir un effort plus violent pour le hisser à bord mais le pêcheur avait déjà repéré le reflet bleuté d’un homard pris au piège. Et le homard n’était pas seul. Bien bloqué au fond du casier, contre le lest en béton, un autre pensionnaire était blotti. Deux d’un coup ! En ce début de saison, c’était plutôt bien et les deux « bleus » trouvèrent place dans la caisse

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