Le FARDEAU DE KIERRA: Chute fatale
Par Érianne Tremblay
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Aperçu du livre
Le FARDEAU DE KIERRA - Érianne Tremblay
Le fardeau de Kierra
Chute fatale
Érianne Tremblay
Conception de la page couverture : © Essor-Livres Éditeur
Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur.
Distributeur : Distribulivre
www.distribulivre.com
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© Essor-Livres Éditeur
Lanoraie (Québec) J0K 1E0
Canada
distribulivre@bell.net
www.essor-livresediteur.com
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2022
ISBN : 978-2-925250-17-3
EPUB : 978-2-925250-38-8
Imprimé au Canada
À Charles, l’amour de ma vie, ma rédemption, et à ma famille qui continue de m’aimer malgré mes erreurs.
Prologue
— Papa je t’en supplie, arrête ! Lâche ce couteau, je t’en prie !
Ma mère, complètement figée par la peur, était prisonnière de mon père, le regard aussi aiguisé que le couteau qu’il appuyait contre sa gorge. Que devais-je faire ? Je n’en avais pas la moindre idée. J’avais peur qu’au moindre geste, je cause des conséquences dommageables sur ma vie et sur celle de ma mère. Puis, du haut de mes neuf ans, je ne possédais pas la force ni la vitesse pour intervenir dans cette effroyable altercation.
Je tenais alors mon mouton en peluche que j’avais baptisé Kleenex (en l’honneur de la boîte de mouchoirs) contre ma poitrine dans laquelle mon cœur tambourinait.
Je pleurais silencieusement, de peur d’attirer l’attention de mon père sur moi et de perdre ma mère pour toujours. Je voyais l’évidente terreur dans ses yeux qui me regardaient avec un soupçon de tendresse, redoutant sa fin venue.
Mon père crachait de violentes insultes au visage de ma mère. Une veine battait dans son cou, généré par sa colère.
Quand soudain, une fenêtre se cassa.
Deux policiers armés étaient entrés par la porte patio de l’appartement miteux aux désagréables effluves de cigarette et de cannabis. Mon père se retourna vivement, prenant ma mère dans ses bras robustes, toujours une lame à sa gorge.
— Si vous vous approchez ! Vous allez le regretter ! cria-t-il, rouge de colère. Son visage déformé par la haine et la peur.
Les policiers pointaient leurs armes sur l’homme menaçant ma mère.
— Lâchez votre arme et tout ira bien ! répliqua un policier à l’adresse de mon géniteur.
J’assistais à la scène, recroquevillée sur le vieux divan du salon, serrant Kleenex contre moi en pleurant à chaudes larmes. Mon cœur battait fort. Trop fort pour une petite fille de neuf ans. Ma peluche se gorgeait lentement de l’eau salée qui débordait de mes paupières.
Le policier qui n’avait encore rien dit tourna sa tête vers moi et un regard désolé s’installa dans ses yeux.
Au même moment, je vis la lame miroitante du couteau trancher aisément la peau blanche de ma mère.
Une cascade de liquide rouge se déversa, s’égoutta sur le plancher immaculé sur lequel ma mère tomba, face contre terre.
Un coup retentit, mon père s’effondra à son tour, aux côtés de ma mère inerte.
Les policiers m’embarquèrent dans leur voiture et je vis, au loin, s’effacer peu à peu mon ancienne demeure qui s’estompait.
Et c’est ainsi que je devins orpheline.
Chapitre 1
Je me nomme Kierra. Kierra Lachance. Même si mon nom de famille est un horrible antonyme. Mon nom de famille devrait plutôt être Malchance, car depuis que je suis née sur cette planète infestée de cruauté, je n’ai jamais pu apercevoir une once de chance dans mon cas. Sauf une fois. Il faut croire que mon dossier est un cas désespéré depuis toujours. Mon destin semble être de souffrir sans cesse, puis de devenir une criminelle tout autant que mes parents.
Depuis la mort de ma mère et l'emprisonnement de mon père, la DPJ avait confié ma garde à ma grande sœur, Alix.
À l’époque de mon arrivée à son appartement, elle avait tout juste dix-huit ans. J’y étais arrivée avec, pour seul bagage, Kleenex entre mes bras. Je me souviens d’avoir été mal à l’aise, car je n’avais jamais réellement côtoyé ma sœur auparavant.
Elle avait été enlevée par la DPJ bien avant ma naissance. Elle m’avait dit qu’elle ne voulait pas vivre avec papa et maman, c’est pourquoi elle avait fugué et s’était retrouvée dans une famille d’accueil, mais il semblait bien que celle-ci n’ait pas fait assez bien son travail pour me sauver à temps de mon père…
Alix construisait sa vie miette par miette. Tentant de surmonter son passé et de l’accepter. Ma sœur travaillait et moi, j’allais à l’école. Je n’avais pas d’amis, car je crois que mes excentricités faisaient fuir les gens. J’apportais toujours Kleenex avec moi, car il était le seul ami que j’avais. Chaque jour, je plongeais dans mes aventures imaginaires avec mon mouton. Parfois, nous étions des héros angéliques voulant débarrasser les méchants démons de la Terre et d’autres fois, j’étais une princesse qui attendait que son prince la sauve. Une attente interminable ayant conscience que mon prince Kleenex n’était qu’une peluche.
Je craignais les gens. Je les considérais comme une menace et lorsque j’étais en désaccord, je mordais. Je me souviens d’une fois où une petite fille avait pris le dessin de sirène que je voulais. La pauvre, je l’avais mordue aussitôt qu’elle s’était emparée d’un crayon bleu avec l’intention de colorier la nageoire de la sirène. Je crois que la marque de mes dents sur sa main soit encore visible aujourd'hui.
J'aurai bientôt seize ans. Ma sœur, elle, en a vingt-quatre. Depuis que son copain, Maxime Ouellet, est entré dans sa vie, nous avons déménagé dans une grande maison luxueuse. En fin de compte, je n’ai plus dormi sur un sofa depuis que nous avons quitté l’appartement. J’avais fini par croire que je passerais ma vie à dormir dans un salon. J’avais ma propre chambre et même ma propre salle de bain ! J’avais beau questionner sans cesse Maxime pour me révéler le secret de sa fortune, il ne crachait pas le morceau. Au lieu de ça, il me gratifiait d’un sourire et me répondait : « Les magiciens ne dévoilent pas leurs stratagèmes ! » Je n’ai jamais compris ce qu’il voulait dire par là.
En parlant du loup, le voici qui descendait les larges escaliers de marbre aux rampes dorées, vêtu d’un complet bleu marin et d’une montre au prix exorbitant. Ses cheveux noirs élégamment peignés étaient tirés vers l’arrière et ses chaussures fraîchement cirées résonnaient dans l’immense manoir. J’étais assise au salon, somptueusement vêtue d’une robe blanche. Mes cheveux bruns avaient été montés en toque ornée de petits joyaux que ma coiffeuse avait placés. Ma maquilleuse avait tracé de subtils traits noirs sur mes paupières pour mettre en valeur mes beaux yeux bruns. Je portais déjà des talons aiguilles à mon âge. Alix insistait pour que j’assiste ainsi vêtue aux rencontres d’affaires de son mari, car selon elle, nous étions désormais des « ladies ». Je crois que la richesse lui est un peu montée à la tête.
— Kierra, va rejoindre Alix dans la voiture ! me demanda Maxime d’un ton neutre.
— Laquelle ?
— La Tesla Roadster noire.
Ce quarantenaire avait tellement de voitures que je ne pouvais les compter. Pas étonnant que ma sœur se soit intéressée à ce type. Elle trouvait, depuis toujours, les hommes plus vieux séduisants et virils. D'autant plus qu’Alix aimait l’argent par-dessus tout. Même si parfois cela me dégoûtait de les voir s’embrasser, je n'allais pas cracher sur cette chance de vie. Sinon, où irais-je ?
Je me dirigeai alors vers le garage, faisant claquer mes talons scintillants au plancher.
Max m’ouvrit la porte et s'installa dans la première voiture à sa droite. Bien que le stationnement souterrain fut aussi gros que celui d’un grand centre commercial, j’aimais bien y marcher et admirer les voitures de sport en me disant que peu de gens avaient ce privilège. Je m’entassai sur l’étroite banquette arrière du véhicule. Max tourna la clé dans le contact qui provoqua un puissant rugissement.
Je ne m'étais jamais vraiment considérée comme une riche traditionnelle. Je ne souhaitais en aucun cas devenir une snob trop sophistiquée pour être avec la populace. Je voulais être une fille normale, qui a des amis et qui fréquente l’école secondaire de la ville. Je préférais partager mes biens avec les autres. Je ne voulais pas être trop avare. Cependant, il semblait qu’encore une fois, je ne sois pas maître de mon destin. Ah, si seulement j’étais normale ! Contre mon gré, j'allais au collège Saint-Sacrement à Terrebonne. Une école privée où la plupart des gens sont dépourvus d’authenticité.
Je vis, à l’avant, ma sœur qui appliquait une couche de rouge à lèvres écarlate. Elle envoya un baiser au miroir comme si elle faisait la cour à son reflet. Son geste me fit lever les yeux au ciel. Je n’arrivais pas à croire que nous ayons les mêmes gènes.
La voiture s’arrêta. Puis,