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Survivras-tu aux ombres du souterrain?
Survivras-tu aux ombres du souterrain?
Survivras-tu aux ombres du souterrain?
Livre électronique203 pages2 heures

Survivras-tu aux ombres du souterrain?

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À propos de ce livre électronique

Survivras-tu, c'est une série de romans d'horreur avec des choix narratifs. C'est toi qui prends les plus grandes décisions... et c'est toi qui en subiras les conséquences!

Mikael est contraint de suivre son père lorsque ce dernier se fait transférer dans une base militaire au milieu de nulle part. Les frères Dumoulin, les trois brutes qui terrorisent les jeunes de sa nouvelle école, finiront par lui tomber dessus. Après tout, il est le petit nouveau. Un jour après l’entraînement, Mikael subit une crise d’hallucination intense, qui changera la dynamique avec son père. Que se passe-t-il donc avec lui? Mikael découvre une vieille base abandonnée, délabrée, mais qui recèle des secrets qui risquent de le bouleverser à tout jamais.

Dans les décombres, prisonnier de l’esprit tordu des Ombres du sous-terrain, Mikael devra surmonter la peur. S’il ne revoyait jamais le soleil, et s’il ne sortait pas vivant de cette base? Les secrets de sa famille viendront ébranler l’adolescent.

Survivras-tu aux Ombres du souterrain?
LangueFrançais
Date de sortie1 avr. 2022
ISBN9782897658281
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    Aperçu du livre

    Survivras-tu aux ombres du souterrain? - Sylvain Jonhson

    1

    Base militaire de Longpré

    Longpré, Québec

    Des ténèbres opaques qui entourent l’adolescent alité émerge une voix d’homme grave. « This is the way ». Les paroles crèvent la bulle de quiétude dans la chambre pour être aussitôt suivies par une musique envoûtante. L’intensité sonore du thème de la série The Mandolarian grimpe graduellement pour bientôt atteindre son pinacle, un paroxysme toutefois limité par la capacité réduite du téléphone cellulaire à produire des décibels. Brusquement réveillé, Mikael se met à grogner de mécontentement. Pas déjà le matin ? La nuit a été trop courte. Maladroit, il tend le bras pour attraper son iPhone sur la table de chevet. Il remue ainsi divers objets qui se retrouvent au sol, avant d’agripper l’appareil convoité. Il met fin à l’alarme d’une pression du doigt.

    Le garçon s’enroule ensuite dans les couvertures et refuse d’ouvrir à nouveau les yeux. Il ne veut pas mettre un terme à ce moment de grand confort. Il ne désire plus qu’une chose : retourner dans le pays des rêves. En fait, il sombre dans le sommeil l’espace de quelques secondes. Un repos très bref, puisque sa conscience lui envoie bientôt un signal de détresse. Mikael se redresse subitement dans son lit et repousse les draps sur ses jambes. La panique est comme une véritable gifle. Le haut de son corps dénudé affronte la fraîcheur ambiante de l’air climatisé. Il grelotte.

    Assis sur le matelas, les yeux mi-clos et la bouche pâteuse, Mikael se sent malade. L’horloge murale au-dessus de sa commode indique sept heures trois. Il ne dispose donc que de deux minutes pour se lever et se doucher. Il bâille tout en s’étirant. Au prix d’un effort surhumain, il se retrouve debout. Son état pitoyable ce matin est entièrement sa faute, il a passé presque toute la nuit devant son écran d’ordinateur.

    Avec de véritables gestes d’automate, Mikael fait le lit au carré. Il s’active avec une précision militaire inébranlable, comme son père l’exige. Ce dernier a l’habitude d’effectuer des visites éclair pour inspecter la chambre. Mikael doit être prêt à toute éventualité. Il a rapidement réalisé qu’il est préférable d’obéir et d’ainsi éviter les réprimandes. Philipe Legault est un militaire de carrière et il impose à son fils un mode de vie qui reflète bien son métier. La journée promet d’être très longue, l’adolescent le pressent. Son œil droit refuse de rester complètement ouvert, il a mal à la tête. Ce jour-ci marque la rentrée scolaire, sa première présence dans cette nouvelle école située dans un trou perdu. Mikael se retrouve sans le moindre ami et se sent déjà comme un intrus.

    Quelle idée de déménager dans un bled aussi pourri, d’ailleurs ! Montréal lui manque tant. La simple pensée de ce qui l’attend est presque suffisante pour le convaincre de retourner dans son lit. Ne pas céder à l’appel de son oreiller et des couvertures douillettes exige le déploiement d’efforts surhumains. Mikael se rend à la salle de bain pour faire couler l’eau de la baignoire. Il s’asperge généreusement le visage, se mouille les cheveux pour donner l’impression de s’être nettoyé. Il règle le minuteur de son cellulaire pour huit minutes, ce qui représente pour son père la durée idéale d’une douche. Pas une seconde de plus ne sera tolérée.

    « C’est pas toi qui payes l’électricité, on voit bien ».

    Mikael dispose maintenant de quelques minutes. Il sort de la salle de bain et en profite pour revenir près de son lit. Son regard croise la photographie d’une jeune femme blonde sur sa table de nuit. Il s’agit d’un cliché de sa mère pris quelques années avant sa naissance. Dans sa tentative récente pour éteindre son alarme, le garçon a décalé le cadre en bois de quelques centimètres sur la gauche. Il remet donc l’objet en place et en profite pour ramasser ce qui est tombé au sol. Il recule la chaise à roulettes laissée contre son bureau pour s’y asseoir et porter attention à son cellulaire. Mikael consulte ensuite ses différentes boîtes de messageries. Il trouve rapidement ce qu’il cherche ; un texto de « WizardGirl2006 ». Son visage s’illumine d’un rare sourire et ses yeux marron scintillent pendant sa lecture.

    « Bonne journée à ta nouvelle école. On se fait une partie ce soir ? »

    Il répond avec un émoticône de pouce levé. L’unique fenêtre de la chambre révèle un ciel nuageux, on prévoit d’ailleurs des averses en fin d’après-midi. Il repose son cellulaire sur sa table de chevet. Mikael apprécie l’attention matinale de son amie, qui a pris le temps de lui envoyer un tel message. Il ferme les yeux et revoit son beau et souriant visage ainsi que ses longs cheveux blonds. Elle a un air coquin qui lui plaît. Elle et lui ne se sont jamais rencontrés, mais ils ont troqué leurs photographies sur Discord¹ quelques mois plus tôt. Mikael a été agréablement surpris après cet échange. Bien entendu, il ne connaît pas le véritable nom de « WizardGirl2006 », il ignore même dans quelle ville l’adolescente réside. Cela ne les empêche pas de se parler quotidiennement, de se rejoindre virtuellement pour des parties en ligne ou tout simplement pour discuter.

    S’extirpant de sa rêverie, Mikael constate qu’il ne lui reste que quatre minutes. Il se rend au placard et récupère les vêtements du lundi – parce qu’il sait déjà ce qu’il doit porter chaque jour de la semaine. Son linge est repassé et disposé sur les supports métalliques avec le souci de préserver un ordre régimentaire. Cet agencement fait partie de ses corvées du weekend. Il enfile donc le jean et le chandail à manches courtes gris prévus pour ce jour-ci. Mikael en profite aussi pour prendre ses shorts de jogging propres. Une serviette se trouve déjà dans son sac de sport avec ses souliers et une bouteille d’eau. Les lundis, mercredis, vendredis et dimanches, il s’entraîne à la course. Dix kilomètres par jour. Les autres soirs de la semaine, il se rend à la piscine de la base pour faire des longueurs. Ses performances sont chronométrées et scrupuleusement notées dans un cahier. « C’est pour te garder en forme », lui rappelle constamment son père. « Tu veux pas être paresseux comme tes amis », « J’vas faire un homme de toi ».

    Mikael déteste toute activité qui provoque la moindre goutte de sueur ; il préfère largement les jeux vidéo et la télévision. Il n’a rien d’un athlète, ne possède aucun talent physique notoire. En fait, il hait le sport en général, ne regarde même pas le hockey. C’est tout juste s’il fait du vélo à l’occasion, lorsqu’il y est contraint.

    Mikael stoppe le minuteur de son téléphone dix secondes avant qu’il ne déclenche une alarme. Il se rend à la salle de bain pour fermer les robinets de la douche. Il récupère ensuite ses deux sacs, celui avec ses cahiers pour l’école, et l’autre avec ses articles pour la course. Chargé comme une mule, il quitte sa chambre d’un pas lent. Il manque de motivation.

    Mikael devine tout de suite que son père se trouve toujours à la maison. En temps normal, Philipe Legault aurait déjà dû être à la base. L’adulte se lève chaque jour à cinq heures pile pour aller faire son jogging, peu importe la température. Il passe ensuite une heure dans un gymnase équipé de poids et haltères. Durant l’année scolaire, le garçon ne voit que rarement son père le matin. En fait, même à Noël, Philipe quitte son lit de bonne heure pour aller s’entraîner. Son obsession est malsaine.

    Le métier de Philipe Legault consiste à former les recrues de l’armée de l’air canadienne. Comme la grande majorité des soldats assignés à Longpré, les Legault vivent dans le petit village à un jet de pierre de la base. Une communauté créée de toutes pièces pour héberger les militaires, mais qui ressemble à un quartier résidentiel paisible de Laval. Un endroit qui convient mieux aux personnes âgées qu’à un adolescent timide et morose.

    L’odeur du café au rez-de-chaussée et la voix sourde de son père l’accueillent à l’étage. L’homme parle toujours fort et avec autorité, même lorsqu’il s’adresse à son fils ou pour commander de la nourriture au restaurant. Les seules fois où il baisse le ton, c’est pour murmurer des menaces. Il faut éviter d’en arriver là. Mikael dépose ses sacs tout près de la porte d’entrée pour ensuite se rendre à la cuisine.

    — Quoi ?

    Son père beugle dans le combiné téléphonique avec colère et se retourne vers son fils dès qu’il note sa présence. L’adulte jette un rapide coup d’œil à sa montre. Le geste ne passe pas inaperçu. Philipe s’assure que le garçon respecte scrupuleusement l’horaire calculé à la seconde près. Un emploi du temps établi sans son consentement. Mikael vit dans un régime militaire plus strict, croit-il, que celui qui sévit sur la base. Lors de leurs disputes, il reproche souvent à son père que les prisonniers de guerre profitent d’une plus grande liberté et de meilleurs traitements que lui. La rigidité de son père le rend malade. Tout est évalué, mesuré, consigné. Chaque activité devient une compétition avec lui-même où il doit constamment se dépasser. « Il faut atteindre de nouveaux sommets, mon gars, faut se démarquer de la masse. » Pourtant, Mikael désire simplement se fondre dans de la foule et devenir anonyme. Il veut exister, paresser, découvrir la joie de l’inertie prolongée. Il ne craint aucunement la médiocrité, ne rêve pas de podiums ou de médailles. Il n’a pas les ambitions de Philipe dont la carrière sportive aura été écourtée en raison d’une blessure au genou.

    Mikael se rend au placard pour y prendre une boîte de céréales. Son père poursuit sa discussion, mais récupère un bol vide dans l’armoire et un litre de lait dans le réfrigérateur pour les déposer sur la table. Le fils prépare son déjeuner, attentif aux paroles de l’homme en colère.

    — C’est la troisième fois ce mois-ci ! C’est inacceptable. Je veux des patrouilles dans les entrepôts. Faut trouver les coupables. Vous m’entendez, soldat ?

    Philipe Legault, celui qui préfère se faire appeler adjudant Legault, raccroche bruyamment la ligne fixe. Il émet une série de jurons avant de se verser un café fumant. Il le boit noir, sans sucre ni lait. Il porte ce matin son uniforme d’instructeur ; son sifflet pend sur sa poitrine, retenu à son cou par une corde rouge. Même en congé, il endosse des pantalons kaki et des chandails au logo de l’armée de l’air. Son père ne semble heureux qu’au travail, en servant son pays contre des ennemis imaginaires. Mikael ne comprend pas l’utilité des forces militaires canadiennes, en particulier avec des voisins et alliés comme les États-Unis. Quelle menace doit-on craindre ? Pourquoi dépenser tout cet argent pour l’entretien d’une flotte de véhicules désuète ? Pour conserver un système de défense incapable de rivaliser avec les autres nations ? Bien entendu, le sujet doit être évité avec son père.

    L’homme qui terrorise les recrues en leur faisant vivre un enfer quotidien s’approche de la table. Il faut au moins admettre que l’adjudant a fière allure. Le port droit, grand, le visage frais rasé et en très bonne forme physique, il plaît aux femmes. Son attitude frise souvent l’arrogance. En fait, Mikael perd ses moyens en sa présence, son père l’intimide vraiment. Son autorité inébranlable rend impossible toute opposition à sa volonté, toute mutinerie serait un suicide.

    La bouche à moitié pleine de céréales sucrées, l’adolescent pose une question.

    — Encore des vols ?

    Son père l’observe un moment en silence. Il désapprouve certainement les choix alimentaires de son fils. Mikael a essayé les concoctions matinales préparées par le soldat de carrière. Il est incapable d’ingurgiter les mixtures de fruits, de poudres nutritionnelles et les œufs crus mélangés avec du lait d’amande. Il préfère ses céréales, et au moins là-dessus, Philipe a fait une concession.

    Mikael a encore les cheveux mouillés et porte des vêtements propres. Il est surtout à l’heure. Satisfait, Philipe parait se détendre un peu avant d’annoncer :

    — Il te reste cinq minutes.

    Mikael hoche la tête et continue à manger. Son père s’active sur son téléphone d’un air sérieux. Depuis quelque temps, des boîtes d’aliments destinées à la cafétéria disparaissent des « convois de ravitaillement ». Du moins, c’est ainsi que l’adjudant nomme les arrivages de provisions sur la base. Philipe suspecte qu’un ou plusieurs soldats subtilisent les denrées pour les revendre. Malgré une surveillance accrue, les coupables demeurent au large. La police militaire tente de prendre les malfrats la main dans le sac. Les hommes et femmes de l’armée ne pratiquent pas la délation, une loi non écrite prohibe ce genre de conduite. Voilà qui complique le travail d’enquête.

    Ce matin, la présence de Philipe à la maison ne signifie qu’une seule chose : il redoute que son fils manque délibérément sa première journée de classe. Cela fait trois mois qu’ils ont emménagé dans le petit village de Longpré. Son père a été choisi pour former la prochaine génération de soldats. Il est craint et respecté de tous. Mikael ne doute pas de son succès en tant qu’instructeur. Il souffre lui-même du régime insoutenable de règles, d’ordres et de consignes précises qu’on lui impose. Les exigences de Philipe à son égard sont irréalistes. Il traite son fils de quatorze ans comme une recrue adulte de l’armée de l’air.

    Mikael n’a pas digéré le déménagement. Il aimait son école, sa ville, ses nombreux amis à Montréal. Il était alors tellement heureux. Depuis leur arrivée dans ce bled, ils se disputent souvent. Philipe devient de plus en plus sévère avec lui : « T’es plus un enfant », « Réveille-toi, Mikael », « Arrête de rêver » ou encore « C’est le temps de grandir, de devenir plus mature ».

    Pour Mikael, le cauchemar dure depuis trois mois. Le jour, il reste enfermé avec ses jeux vidéo. À la fin de l’après-midi, lorsque les quarts de travail de son père se terminent, les choses changent drastiquement. Le garçon doit s’entraîner. Il y a le jogging et la natation, parfois même la levée de poids dans le gymnase. Philipe le rejoint quotidiennement sur la piste, à la piscine ou dans la salle de musculation pour superviser ses progrès – ou plutôt pour lui mettre sous le nez son manque flagrant de progrès. Mikael ne possède ni l’ambition ni la motivation pour s’améliorer. Une situation qui ne fait qu’empirer leur dynamique déjà complexe. Philipe s’installe alors pour observer son fils en criant, chronomètre à la

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