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Trois Semaines Au Printemps Dernier
Trois Semaines Au Printemps Dernier
Trois Semaines Au Printemps Dernier
Livre électronique312 pages3 heures

Trois Semaines Au Printemps Dernier

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À propos de ce livre électronique

Friday Harbor, un village pittoresque du Nord-ouest Pacifique, est le lieu de rendez-vous incontournable des pêcheurs et des plaisanciers. Pour Skye Dunbar, c’est l’endroit où elle peut surmonter la douleur de son cœur brisé et remettre sa vie sur les rails. Elle loue donc un bungalow sur la plage. Mais la dernière chose à laquelle elle s’attendait, c’était d’être accusée de piratage informatique.

Jedediah Walker enquête sur la mort d’animaux marins retrouvés échoués sur les plages de l’île. Il découvre que les poissons contiennent une forte concentration de produits chimiques et envisage la possibilité que quelqu'un les déverse délibérément dans Puget Sound. Hâtif dans ses conclusions, il soupçonne la femme aux cheveux auburn qui lui loue son bungalow d’y être mêlée de près ou de loin.

Skye tente de l’ignorer mais les circonstances les réunissent et, ensemble, ils feront tout pour découvrir les responsables de cette abomination écologique.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie16 avr. 2021
ISBN9781071593257
Trois Semaines Au Printemps Dernier
Auteur

Victoria Howard

Born and raised in the Pittsburgh area, Howard trained horses at The Meadows in the late ‘70s and Pompano Park in the early ‘80s. With her husband, Pennsylvania auto magnate John Howard, she not only owned and campaigned super stars like Efishnc and Neutrality (trained by Bruce Nickells), but at one time was a guest commentator on The Meadows Racing Network, besides appearing in numerous commercials with her longtime friend, legend Roger Huston. Later, in her second career as a published author, Victoria not only wrote The Voice: The Story of Roger Huston, but she also penned The Kentucky Horse Park: Paradise Found and Gunner: An Enchanting Tale Of A Racehorse---the inspiring story of a Standardbred rescued from obscurity who became a decorated police horse. Victoria also co-wrote Roosevelt Raceway: Where It All Began, Meadow Skipper: The Untold Story and several children’s books on Standardbred horses and horseracing. Howard knows what she writes about, having lived through and personally been acquainted with many of the horses, horsemen, and families you’ll be reading about in Harness Racing in the Keystone State. Today, Howard lives in Florida with her dog, Max, and is the proud “Mom” to many racehorses.

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    Aperçu du livre

    Trois Semaines Au Printemps Dernier - Victoria Howard

    REMERCIEMENTS

    À Daphne Rose, Lesley Dennison et Dorothy Roughley pour leurs encouragements, leur soutien et leur bienveillance à la lecture de chaque page fraîchement imprimée. Je n’aurais jamais pu écrire ce roman sans vous, et je suis honorée de pouvoir vous compter parmi mes amies.

    À George Bennett, auteur émérite, auquel j’adresse tous mes sincères remerciements pour ses conseils et la générosité dont il a fait preuve pour montrer le chemin à la ‘petite nouvelle’. Je n’aurais jamais achevé ce livre sans votre aide et vos précieux conseils.

    Enfin, je remercie Stephen pour sa patience et pour son soutien, et pour n'avoir jamais cessé de croire que je pouvais vraiment écrire ce roman.

    CHAPITRE UN

    Angleterre, Avril 1999

    Devant la fenêtre de sa cuisine, Skye Dunbar attendait que son appel aboutisse, de l’autre côté de l’Atlantique. Elle allait repartir. Elle tenterait alors de trouver un sens à la plus grande déception sentimentale de toute sa vie. C’était stupide, elle le savait, mais elle avait besoin de mettre un point final à tout ça.

    Elle regarda le pré qui s’étendait au loin. Il avait plu tout le week-end, et tout semblait gris, humide et froid, froid comme le cœur qui battait dans sa poitrine.

    Le téléphone sonnait dans le vide. Était-il trop tôt pour téléphoner ? Elle jeta un œil à sa montre et calcula la différence de huit heures entre Londres et San Francisco. Elle espérait ne pas réveiller Debbie. Son amie allait être contrariée quand elle apprendrait que Skye prévoyait de partir pour Seattle plutôt que d’aller la voir.

    Quelques instants plus tard, une voix endormie, à l’accent américain, répondit.

    - Allô ?

    - Debbie ? Je te réveille ?

    - Non, pas tout à fait. J’étais couchée mais je me disais qu’il fallait que je me lève. Dis-moi, Skye. Tu me parais anxieuse.

    Skye prit une grande inspiration.

    - J’ai décidé de m’accorder un mois sabbatique. J’ai appelé British Airways, j’ai posé une option sur un vol, la semaine prochaine. Elle est valable vingt-quatre heures.

    - Eh, c’est génial ! Tu as besoin de prendre l’air, et tu adores San Francisco.

    - En fait, Debbie, c’est pour ça que je t’appelle. Je ne vais pas à San Francisco. Je vais à Seattle.

    - Skye, tu ne vas tout de même pas passer un mois là-bas, pas après tout ce qui s'est passé cette année ?

    - Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai besoin d’y retourner.

    Skye entortilla une mèche de cheveux autour de ses doigts en attendant que Debbie lui réponde.

    - Moi non plus, je ne comprends pas pourquoi. Allez, s’il te plaît, viens me rejoindre. On ira traîner nos guêtres dans nos quartiers préférés, Fisherman’s Wharf, Chinatown… On ira boire un verre au John Barleycorn en écoutant ce chanteur de folk que tu aimes tant. Si tu préfères, on peut louer une voiture et longer la côte. Tu n’as pas encore visité les Marin Headlands, ni même Monterey. Sinon, on peut se rejoindre ailleurs. Qu’est-ce que tu dirais du Vermont ? Si tu peux attendre jusqu’à ce que j’aie fini de bosser lundi, je vais essayer de poser des congés.

    - C’est vraiment adorable, Debbie, et j’ai envie de visiter le Vermont, mais en automne. Je t’en prie, garde tes congés. Je dois faire ça toute seule. Ça doit te paraître dingue, et je ne te demande pas de me comprendre. Souhaite-moi juste bonne chance et dis-moi simplement que, si j’ai besoin de toi, tu seras là pour moi. OK ?

    - Je me fais vraiment du souci pour toi, Skye. Il faut que tu laisses tout ce qui s’est passé derrière toi et que tu avances. Sinon, tu vas habiter où ?

    - J’ai loué un bungalow sur les Îles San Juan.

    - Tu as quoi ? Personne ne va là-bas en plein mois d’avril. Pour commencer, il fait trop froid, et ensuite, il n’y aura pas un chat à Friday Harbor. Qu’est-ce que tu vas faire dans ce bled pendant tout un mois ?

    - Je vais me détendre, lire de bons bouquins, marcher et profiter du paysage.

    - Pour moi, la dernière chose dont tu aies besoin, c’est de rester seule. Mais j’imagine que rien de ce que je pourrai te dire ne te fera changer d’avis. Fais-moi une promesse. Si tu te sens seule, tu sautes dans le premier avion pour San Francisco. Ça marche ?

    - Ça marche. Debbie, hésita Skye avant de poursuivre, merci de ta compréhension. Tu es la meilleure amie dont on puisse rêver. Je te tiens au courant dès que je me suis organisée.

    Skye raccrocha et se tourna à nouveau vers la fenêtre. Son projet de retourner dans le Nord-ouest Pacifique était-il stupide ? Qu’est-ce qu’elle en tirerait ? Son esprit en serait-il apaisé ? Autant de questions auxquelles elle n’avait pas de réponse, mais tout au fond de son cœur, elle savait qu’elle faisait le bon choix.

    Elle avait rencontré Michael lorsqu’elle était allée voie Debbie, l’an dernier. Elles faisaient du patin à roulettes dans Golden Gate Park quand, soudain, elle s’était affalée par terre. Il l’avait aidée à se relever et avait insisté pour lui offrir un café. Le café s’était prolongé en déjeuner et, avant même qu’ils s’en soient rendu compte, ils avaient passé tout l’après-midi ensemble. Skye devait rentrer chez elle le lendemain, et Michael lui avait demandé son adresse. Elle la lui avait donnée, sans grand espoir qu’il reprenne contact avec elle. Six semaines plus tard, au retour d’une journée de travail particulièrement éprouvante, elle avait trouvé sa lettre sur le paillasson.

    La première lettre de Michael, ainsi que les suivantes, elle les avait lues et relues, les mots restaient gravés dans son cœur. Et puis, en janvier, il lui avait écrit pour l’inviter à le rejoindre.

    Skye chassa se souvenir de son esprit. Elle avait beaucoup à faire, et elle ne pouvait pas rester à rêvasser toute la soirée. Elle avait confirmé son vol et le bungalow était réservé. Elle s’employa à boucler son programme. Il ne lui restait plus qu’à faire sa valise et à monter dans l’avion.

    Elle ne vit pas passer la semaine suivante. Elle était arrivée très tôt au bureau pour mettre à jour les dossiers dont elle confierait la charge à John, son associé, pendant son absence.

    Ils s’étaient rencontrés à l’université, peu après le décès de sa mère. John était assistant d’enseignement et Skye entamait son cursus de licence. À trente-neuf ans, il était de cinq ans son aîné. Un mètre quatre-vingt, les yeux bruns et des cheveux singulièrement frisés, il avait un sourire capable de faire fondre le plus glacé des cœurs.

    Dès que Skye avait obtenu son diplôme, ils avaient créé leur société. Toutes ces années à ne pas compter leurs heures et à oublier de prendre le moindre congé avaient finalement payé et, partout dans le monde, les grandes entreprises s'arrachaient leurs services. Malgré le succès rencontré, jamais leurs relations n’étaient allées plus loin que l’amitié.

    Les amis de Skye savaient qu’elle occupait un poste à responsabilité mais, comme elle ne parlait jamais de son travail, personne ne savait en quoi il consistait. D'ici quelques mois, John et elle allaient rencontrer des représentants du gouvernement pour tenter de décrocher un contrat d’exclusivité. Un contrat top secret et certainement le plus exigeant de toute leur carrière.

    La veille de son départ, Skye avait organisé une réunion en tête à tête avec lui.

    - Qu’est-ce que tu vas faire pendant un mois ? Au bout d’une semaine, tu vas t’ennuyer, et tu sais à quel point nous sommes débordés ici. On a encore pas mal de tests à faire.

    - Oui, je sais, mais tu as dit que tu pourrais gérer. Le code est complet, tu n’as vraiment pas besoin de moi.

    - Ça a un rapport avec ce qui s’est passé entre toi et ce type de la Navy, l’an dernier ? J’aurais bien voulu savoir ce qui t’a poussée à rentrer dare dare deux semaines plus tôt que prévu. Je t’avais bien recommandé de ne pas faire confiance à un type en uniforme, et surtout un marin, mais tu n’as rien voulu entendre. Ce qu’il te faut, c’est un vrai mec, pas un de ces militaires qui jouent encore aux petits soldats.

    - Et tu penses à qui en particulier ? À toi ?

    John ignora la remarque.

    - Tu as l’air d’un lapin dans les phares d’une voiture depuis ton retour. Tu t’es repliée sur toi-même. Tu ne sors jamais, tu passes tout ton temps au bureau. C’est à cause de Michael ?

    - Je ne vais pas te raconter ma vie amoureuse, ou plutôt, mon absence de vie amoureuse. Qu’est-ce que ça peut faire que je passe tout mon temps ici ? Au moins, le boulot est fait, et nous sommes en avance sur un ou deux projets.

    - Ecoute, ma belle, je sais qu’il s’est passé quelque chose, et que ce quelque chose doit être sacrément grave pour t'avoir autant chamboulée. Tu dois reprendre une vie sociale. Tu ne peux pas t'enfermer dans le travail, tu vas y laisser ta santé. Tu rencontreras quelqu’un d’autre, et je t’assure que s’il t’aime vraiment, il ne te fera jamais de mal. Et si tu as peur qu’on te laisse sur la touche, tu peux toujours m’épouser.

    - J’apprécie ta proposition, John, mais tu n’es pas du genre à te caser. Allez, restons-en là avant que l'un de nous dise quelque chose qu'il va regretter. Bien, à propos du compte Jones

    - Avant de parler boulot, écoute ce que j’ai à te dire. Professionnellement parlant, tu es l’une des personnes les plus logiques que je connaisse. Tu as une mémoire phénoménale et tu sais d’instinct qu'un projet va foirer. Tu es une femme d’affaires perspicace et impitoyable. Tu as un caractère assorti à la couleur de tes cheveux, mais là-dessus, personne n’est parfait. Ceci dit, tu as un cœur d’artichaut.

    Skye sourit. Seule sa voix trahissait une certaine gêne.

    - Merci pour cette analyse. Rappelle-moi de te rendre la pareille un de ces jours.

    John se pencha au-dessus de la table et lui pressa la main d’un geste rassurant.

    - Je ne comprendrai jamais comment tu n’as pas su que ce type ne t’apporterait que des ennuis. Si tu persistes à vouloir faire ce voyage stupide, tu me permets au moins de t’accompagner à l’aéroport dimanche ?

    - Tu sais, je sais prendre un taxi toute seule, mais si tu en as envie, j’accepte ton offre. L’enregistrement est à midi.

    - Dans ce cas, je passe te prendre à neuf heures et demie.

    Ce dimanche là, l’aube était déjà chaude et ensoleillée, et même si on n’était que début avril, les jonquilles étaient déjà en fleurs. Tandis qu’elle se douchait puis s’habillait, Skye se demandait si elle prenait le nouveau départ qu’elle espérait tant ou si elle était tout bonnement stupide.

    Peu après, elle entendit John se garer dans l’allée. Elle fit un dernier tour de la maison, attrapa sa valise et ouvrit la porte.

    - Prête ? demanda John. Tu as tes billets, ton passeport et tout ce qu'il te faut ?

    - Je crois, oui.

    Skye ramassa son sac sur la console de l’entrée.

    - Tu peux encore changer d’avis. Debbie pense que tu es dingue de prendre ces vacances, dit John.

    Skye s’arrêta net.

    - Tu as parlé à Debbie dans mon dos ?

    - En fait, c’est elle qui m’a appelé. Ne sois pas fâchée après elle, elle s’inquiète pour toi. En plus, Seattle n’est pas forcément l’endroit le plus sympa pour toi, non ?

    - J’aurais aimé que vous acceptiez le fait que c’est quelque chose que je dois faire plutôt que de me harceler pour que je change d’avis. Je ne vous demande pas de me comprendre. Vous êtes de chouettes amis tous les deux, et je sais que vous vous en faites pour moi, mais, s’il vous plaît, laissez-moi faire ce voyage et ne me dites pas que vous m’aviez prévenue si jamais je rentrais en larmes.

    John entoura ses bras autour de sa frêle silhouette et l’étreignit. Skye semblait si fragile, si vulnérable, et pourtant, derrière son apparence résolument féminine se cachaient une force et une résistance à toute épreuve.

    - Je ne veux pas qu’on te fasse du mal encore une fois, c’est tout.

    - Je sais. Mais si tu ne ranges pas ma valise dans ton coffre, je vais louper mon avion.

    Ils échangèrent à peine quelques mots pendant les quarante minutes de route vers l’aéroport. John sortit son bagage du coffre, fit le tour de la voiture et lui ouvrit la portière. Une fois dans le terminal, Skye enregistra sa valise sur son vol direct pour Seattle. John l’accompagna jusqu’au contrôle des passeports. Il la prit dans ses bras et déposa un baiser sur le haut de sa tête.

    - Fais bon voyage, mon pois de senteur. Repose-toi et oublie tes démons. Prends des forces, à ton retour, tu auras du pain sur la planche, dit-il en souriant.

    Skye sourit en entendant son surnom. Il l’appelait ainsi car elle lui faisait penser à cette fleur délicate.

    - Je ferai de mon mieux.

    Sans se retourner, elle présenta son passeport au contrôleur et se dirigea vers la salle d’embarquement.

    Elle choisit de s’installer près de la porte et sortit son livre, mais elle avait beaucoup de mal à se concentrer sur sa lecture. Elle se mit donc à observer les gens qui déambulaient dans le terminal et se demandait où ils pouvaient bien se rendre et pour quelles raisons.

    Le temps passa vite et son vol fut bientôt annoncé. Elle se dirigea vers son fauteuil en classe affaires et s’y installa pour passer au mieux ces longues heures de vol, espérant que le siège voisin demeurerait vide. Elle n’avait aucune envie de passer douze heures à côté de quelqu’un qui voudrait discuter jusqu’à ce qu’ils arrivent à Seattle. Par chance, son vœu fut exaucé. Quinze minutes après l’embarquement, l'hôtesse ferma la porte et l’appareil se mit en mouvement. Tandis que l’avion rejoignait la piste, elle eut un dernier moment de doute, mais elle savait qu’il était trop tard pour faire marche arrière. Quelques secondes plus tard, elle sentit le Boeing 747 prendre de la vitesse sur le tarmac. Au bout de ce qui lui parut une éternité, l’énorme avion prit gracieusement son envol.

    Skye passa la plupart du voyage à lire et à regarder des films. L’avion atterrit à Seattle en fin d’après-midi. Les bâtiments de l’aéroport étaient aussi gris et ternes qu’un an plus tôt. Après avoir passé l’immigration, le passage sous douane ne fut qu’une formalité. Elle loua une voiture et quitta le parking pour s’engager sur l’Interstate.

    Elle décida de prendre une chambre dans un hôtel proche de l’aéroport plutôt que de partir directement vers Anacortes. Installée au troisième étage, sa chambre donnait sur un atrium généreusement orné de plantes tropicales aux couleurs chatoyantes. Le voyage l’avait fatiguée, et elle commanda un hamburger au service d’étage et se prépara du café. Après avoir avalé son dîner, elle prit une douche et se glissa sous les draps.

    Le lendemain matin, tout en prenant son petit-déjeuner, Skye consulta la carte routière et repéra son itinéraire vers le nord. Le réceptionniste lui dit qu‘il lui faudrait à peu près deux heures, en fonction de la circulation, pour parcourir les quelques soixante-dix kilomètres qui la séparaient d’Anacortes.

    Comme elle avait du temps devant elle, elle décida de passer la matinée à visiter les environs. Elle trouva une place de stationnement près de la gare maritime, sur Alaskan Way. Elle admira quelques instants la fontaine avant de suivre la First Avenue jusqu’au marché de Pike Place. La plupart des boutiques étaient vides, et elle navigua à vue. Arrivée au Westlake Centre, elle monta dans la navette pour se rendre à la Space Needle. Il faisait beau, à la différence de sa visite précédente où le ciel était chargé de nuages. Aujourd’hui, on n’en voyait pas le début d’un seul, même s'il faisait un peu frais.

    Depuis la terrasse panoramique, la vue était époustouflante, elle valait bien la montée chaotique en funiculaire. En contrebas, un ferry faisait route vers l’une des îles de Puget Sound. Quelques petits voiliers étaient de sortie dans Elliot Bay pour profiter du beau temps. Elle regardait au loin, en pensant à Michael, quand le cri d’une mouette vint la tirer de ses pensées.

    Contrariée d’avoir laissé Michael s’insinuer à nouveau dans son esprit, elle reprit le funiculaire pour redescendre. D’un pas rapide, elle suivit Broad Street jusqu’à Alaskan Way puis, après avoir dépassé l’Aquarium et l’Omnidome, elle rejoignit le restaurant Ivar’s sur le front de mer. Elle trouva une table qui donnait sur la baie et commanda une soupe de palourdes et un café.

    Après déjeuner, elle reprit sa voiture et quitta la ville. D’après son guide de voyage, le port d’Anacortes, qui débordait d’activité, avait été construit en 1877. Son panorama exceptionnel, son immobilier de luxe, ses locations de bateau et autres services attiraient les gens du coin comme les touristes. À en juger par le nombre de voitures hors de prix qu’elle avait vues à travers la ville, Skye était certaine que son guide ne se trompait pas.

    Le ferry pour Friday Harbor levait l’ancre à huit heures le lendemain matin, et son agent de voyages lui avait conseillé de prendre une chambre dans l'hôtel proche de l’aéroport. Fatiguée par son voyage, elle dîna seule dans le restaurant de l’hôtel avant de monter dans sa chambre.

    Elle se glissa ensuite sous les draps frais du lit queen size et s’emmitoufla dans l’édredon. Elle était totalement épuisée. Elle soupira profondément et s’essuya une larme furtive au coin de l’œil.

    Qu’est-ce qui nous est arrivé, Michael ? Pourquoi ne m’as-tu pas parlé ? Pourquoi a-t-il fallu que tu me blesses autant ?

    CHAPITRE DEUX

    La journée du lendemain s’était levée dans le froid et la grisaille ; les nuages étaient si bas que les somptueuses montagnes du Nord-ouest Pacifique étaient totalement invisibles. Seules quelques voitures attendaient le ferry, certainement celles des locaux et autres hommes d'affaires. Les touristes arriveraient plus tard, quand le mauvais temps se serait levé.

    Skye verrouilla sa voiture et grimpa les marches qui menaient vers le pont. L’arôme du café l’attira vers le petit comptoir. Elle en commanda une tasse et l’emporta sur le pont d’observation.

    À mesure que le ferry avançait vers les îles, les nuages s'élevaient peu à peu, laissant le soleil s’infiltrer ici et là. Emerveillée par le panorama, elle se demandait pourquoi les gens se languissaient de s'étendre toute la journée sous la chaleur des plages alors qu'ils pouvaient profiter de ces paysages.

    Elle aperçut bientôt Friday Harbor. L’île était bien plus petite que Skye l’avait imaginé, et elle fut surprise par le nombre de voiliers aux mâts interminables qui occupaient chaque mouillage de la marina. Les Iles San Juan étaient la Mecque des touristes, qu’ils débarquent des ferries en provenance d’Anacortes ou du Canada, ou de leurs propres yachts, qui investissaient les ports pittoresques qui bordaient les îles.

    Skye se rendit à l’agence immobilière située sur une rue toute proche du terminal du ferry. Les formalités accomplies, la clé du bungalow et une carte détaillée dans la main, elle remonta en voiture.

    Les routes étaient désertes et les seuls véhicules qu’elle dépassait, c'était les camions qui transportaient du poisson du nord de l’île vers la gare maritime. Skye se dit qu’il était beaucoup plus facile de circuler sur cette route perdue qu’à Seattle ou sur l’Interstate. Elle aperçut sa sortie. Elle quitta la nationale et mit son clignotant pour indiquer qu'elle allait emprunter la voie privée.

    Le bungalow allait au-delà de ses espérances. Entièrement en bois, il était installé à deux cents mètres du rivage et à un kilomètre de la nationale. Un petit chemin reliait le bungalow à un petit ponton en bois. Impatiente de découvrir les lieux, Skye abandonna son sac de provisions sur la table de la cuisine et se prépara rapidement un café. Le reste de ses bagages pouvait attendre. Elle ne désirait rien de plus que de respirer l’air frais et se délecter de la vue avant de déballer ses affaires et de s’installer de ce qui allait être chez elle pendant tout un mois.

    Elle pendit sa veste au dos d’une chaise et emporta son café fumant sur le ponton. Elle s’y assit. Elle ôta ses chaussures et s’apprêtait à plonger ses orteils dans les eaux bleu marine quand une voix d’homme l’interpella.

    - Je ne ferais pas ça à votre place. L’eau est carrément glaciale à cette période de l’année.

    Interloquée, elle se retourna en direction des arbres. La voix semblait provenir des profondeurs de la pinède. Elle plissa les yeux et, à travers le soleil du début d’après-midi, elle aperçut un homme sortir de la végétation. Il était grand, au moins un mètre quatre-vingt, et il avait les cheveux noir corbeau et une barbe de trois jours. Elle ne parvenait pas à voir ses yeux, mais ils étaient certainement bleus et froids, comme de la glace.

    Un frisson lui parcourut le dos. Le bungalow était loin de tout. Tandis que la silhouette avançait vers elle, elle envisagea les possibilités. Si les choses tournaient mal, elle pourrait toujours le pousser dans la mer et courir jusqu’au bungalow pour se mettre en sécurité.

    L’inconnu s’arrêta à quelques centimètres d’elle, l’obligeant à lever les yeux.

    Il sourit.

    - Pardon de vous avoir effrayée, m’dame, mais je ne savais pas si vous prévoyiez d’ôter autre chose que vos chaussures.

    Skye ouvrit la bouche mais ne parvint pas à prononcer le moindre mot.

    - Parce que, dans ce cas, vous seriez tombée en hypothermie en moins d’une demi-heure. Et comme je suis un gentleman, je n’aurais pas eu d’autre choix que de vous porter secours. Et c’aurait été dommage parce que j’allais rentrer chez moi préparer ce poisson pour mon déjeuner.

    Toussant et postillonnant, Skye s’étrangla avec son café. Un poisson était plus important qu’une vie sauvée. Elle pencha la tête pour l’étudier de plus près et constata qu’elle ne s’était pas trompée à propos de son regard. Cet homme ne semblait pas supporter qu’on sorte des sentiers battus. Eh bien, il n’avait qu’à repartir d’où il venait et emmener son copain le poisson avec lui !

    - Je n’ai pas l’intention d’ôter autre chose que mes chaussures. Je n’avais pas songé à piquer une tête, mais maintenant que vous en parlez, ce n’est pas une mauvaise idée. Quant à votre sauvetage, je vais y réfléchir. Mais, si je peux me permettre, ce que je vais ne vous regarde absolument pas. Vous êtes sur une propriété privée. Je peux vous demander ce que vous faites à fureter dans le coin et à foutre la trouille aux gens ?

    - Eh bien, vous êtes rudement méfiante. Qu’est-ce qui se passe ? Vous vous êtes levée du pied gauche ?

    Ses yeux bleus étincelèrent. Sa voix avait un ton moqueur.

    Se sentant dominée, Skye se leva agilement d’un bond. Son mètre cinquante-cinq ne lui donna pas plus de confiance en elle. Elle arrivait à peine au torse de l’homme, un torse contre lequel toute femme normalement constituée se plairait à se blottir. De près, il ne semblait pas très intimidant, impressionnant était le mot qui convenait. À vrai dire, des tas d’adjectifs lui passaient par la tête pour le décrire, parmi lesquels, mignon, costaud, mais aussi désobligeant et arrogant. Ce type ferait tourner toutes les têtes à Londres, mais cette ville n'était pas faite pour lui. Ici, au beau milieu des montagnes escarpées du Nord-ouest Pacifique, il était

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