A la recherche de l’Anneau d’Or

Dans sa petite voiture, Félicie roulait à une vitesse déraisonnablement lente tant elle était épuisée. Un cycliste tranquille l’aurait dépassée sans forcer. Avec ses épaisses lunettes sur le nez, la jeune femme scrutait le bas-côté de la départementale, ne prêtant qu’une attention relative à la route et corrigeant périodiquement ses divagations sur la chaussée d’un vigoureux coup de volant. Il n’y avait pas de gendarmes sur cet axe de circulation peu fréquenté. C’était heureux, car la maréchaussée se serait fait un plaisir d’arrêter le véhicule et de soumettre sa conductrice à un test d’alcoolémie.

Ce test aurait été négatif. Félicie n’était pas sous l’emprise d’une quelconque drogue. Aucun alcool, aucune substance hallucinogène. Ce qui provoquait l’état second dans lequel se trouvait Félicie n’était qu’une forte excitation intellectuelle. L’impression de toucher au but après des années de recherche. L’objet de sa quête devait se trouver quelque part au cœur de cette forêt de Sologne, dans un parc. Et ce parc devait être indiqué par un panonceau, sur le bord de la départementale. Félicie le recherchait avec obstination.

Des bois, des fourrés, des chemins forestiers… elle était tout près, assurément. A moins qu’un malveillant ait eu la mauvaise idée d’arracher la pancarte. Un acte d’incivilité ? Un concurrent déloyal dans cette chasse au trésor ? Félicie fut prise d’une angoisse qui lui serra le cœur. Elle ne pouvait pas échouer si près du but. Impossible. Elle ratisserait les bords de cette départementale à pied s’il le fallait. Elle fouillerait chaque buisson, elle soulèverait toutes les pierres. Elle n’avait pas fait tout cela pour rien. Elle ne repartirait pas d’ici sans l’Anneau d’Or.

Il y a quatre ans, dans un vide-greniers où elle s’était rendue avec Daniel, son compagnon, elle avait été intriguée par un livre à la couverture mystérieuse : Il s’agissait d’une chasse au trésor lancée dans les années 1980 par un professionnel