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Une mère quelque part: Roman jeunesse
Une mère quelque part: Roman jeunesse
Une mère quelque part: Roman jeunesse
Livre électronique151 pages2 heures

Une mère quelque part: Roman jeunesse

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À propos de ce livre électronique

Mika cherche des réponses face à la question qui le hante : pourquoi sa mère l'a-t-elle abandonné ?

C’est en frappant ses camarades que Mika combat ses démons : sa mère, qui l’a abandonné et dont il n’a plus de nouvelles. Un jour Mika contraint Cathy, une surveillante de son lycée, à l’emmener en Belgique où il espère trouver la pièce manquante, la raison de l’absence de sa mère. Mais c’est tout le puzzle qui vole en éclat lorsque Mika comprend pourquoi cette dernière a disparu.
Mêlant l’exubérance de l’adolescence au poids des secrets familiaux, l’auteur aborde des thèmes très durs avec une justesse remarquable. Sans verser dans le pathos, elle offre une vision pertinente de questions de société taboues.

Découvrez un roman jeunesse qui, sans verser dans le pathos, aborde des thèmes très durs avec une justesse remarquable et offre une vision pertinente de questions de sociétés taboues.

EXTRAIT

Elle passe directement la troisième et accélère comme une pilote de rallye. Quatrième vitesse, la voiture se retrouve à 110 km/h sur une nationale en pleine ville. Le moteur de la voiture supplie de passer la cinquième. Evan implore de ralentir. Nina prie. Mika est serein, mourir sur la route ou découvrir une mère agonisant dans un hôpital pour les fous : il attend que le destin tranche pour lui.
Cathy bifurque sur une placette dans le village. Elle pile devant une friterie.
— J’ai faim, décrète-t-elle.
Elle descend en claquant la porte si fort que la vieille R5 manque de s’écrouler. Le reste de la bande, perplexe, la suit docilement, eux aussi ont faim. Pause-repas.
Une fois rassasié, le quatuor finit le trajet qui le conduit à l’hôpital psychiatrique. L’énorme bâtiment est triste, il ressemble à une école. La voiture parcourt les différentes allées en slalomant entre des constructions mastoc. Ils repèrent ce qui semble être le secrétariat, passent anonymement devant plusieurs fois. Une bande de cuisiniers qui prennent leur pause devant le réfectoire s’amusent à voir passer cette drôle de petite R5 qui tourne en rond. Finalement, la voiture stationne sur le parking. Choix assez classique mais raisonnable. Toute cette histoire excite Nina qui s’imagine dans un film d’espionnage. C’est donc la déception pour elle lorsque Mika choisit d’entrer uniquement avec Cathy. Il compte bien répéter la comédie qu’ils ont jouée à la maison de repos. Le plan est simple, ils vont se faire passer pour des frère et sœur qui cherchent à rendre visite à leur tante internée ici : Nathalie Mounier. Très simple.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Beaucoup de choses sont traitées dans ce petit livre. Beaucoup d'opposition aussi. Mika s'oppose aux adultes qui ne veulent pas voir son mal-être. On trouve une opposition entre Evan, submergé d'amour maternel, et Mika, en manque d'amour maternel. Cathy trop sérieuse s'oppose à Nina, qui ne prend que le côté frivole de la vie. On y traite de la maladie d'Alzheimer, de la peur de la maternité, de la maltraitance, de la souffrance psychologique. Tellement de thèmes dans un si petit livre et tous très bien abordés, avec légèreté, mais sans indifférence. - La petite souris du web

À PROPOS DE L'AUTEUR

Blandine Gérard a suivi des études d'éducatrice spécialisée, elle travaile aujourd'hui auprès de personnes handicapées. Elle est passionnée par l'études des gens et de leur caractère, ce qui l'aide à dessiner le monde qui l'entoure.
LangueFrançais
ÉditeurJasmin
Date de sortie2 août 2018
ISBN9782352845492
Une mère quelque part: Roman jeunesse

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    Aperçu du livre

    Une mère quelque part - Blandine Gérard

    respectifs.

    1

    L’agression

    Mika saisit la chaise par les pieds et Evan l’attrape par le dossier. C’est ainsi que le combat s’engage.

    Premier round : chacun tire le plus fort qu’il peut, gagnant quelques centimètres qu’il perd l’instant d’après.

    — Vous êtes stupides les garçons, glousse Amélie, la pionne va arriver.

    Second round : Evan, rouge et suant comme un buffle, réussit à traîner Mika sur les trois mètres qui le séparent de l’endroit où il souhaite s’asseoir, sur SA chaise. La surveillante entre, s’accorde quelques secondes pour comprendre ce qu’il se passe.

    Round final : Mika inverse la vapeur, fonce sur son adversaire, l’envoie au sol, lui assène un coup de chaise dans les côtes, fait voler le meuble dans la foule d’élèves qui l’entoure. Il achève son rival à coups de pied et de poing.

    La frêle surveillante se fraie un chemin parmi les spectateurs, avec assurance et délicatesse, elle saisit la manche du sweat-shirt de Mika. Étonnamment, celui-ci se laisse entraîner. Telle une marionnette vidée de toute énergie, le grand adolescent se laisse asseoir par terre, dans le couloir. Cathy, car la pionne a également un prénom, retourne au chevet d’Evan. Il a du sang dans la bouche, il gémit à peine et son souffle est ralenti.

    — Il faut appeler les pompiers, que le délégué aille prévenir le principal ! Reculez !

    L’assurance de Cathy vacille. Ce garçon va vraiment mal. Et s’il mourait ? Là. Sur le carrelage de la salle de permanence. Les paroles fusent, les élèves s’agitent, expliquent, certains s’approchent, d’autres s’éloignent. Amélie pleure. Lolita pousse des cris rythmés, comme une alarme de voiture.

    — Sortez, sortez tous ! Laissez-lui de l’air !

    Les professeurs des salles les plus proches arrivent. Ils font évacuer la pièce. Les élèves de la classe de seconde C se retrouvent sous le préau. Comme Lolita crie toujours, le professeur d’espagnol, madame Gommez, l’a prise dans ses bras. Scène étrange. Il y a ceux qui racontent et ceux qui viennent se renseigner. Amélie ne pleure plus.

    Evan sort du lycée Belgrand sur une civière. Le principal et le CPE montent dans l’ambulance à ses côtés.

    Mika est toujours assis sur le sol. Dans le couloir, sous la garde de Julien, un autre pion, il n’a pas parlé.

    2

    Cathy, la surveillante

    1 027 euros par mois. Voilà la seule raison pour laquelle Cathy a souhaité devenir surveillante. Les minettes en larmes à éponger, les intellos complexés à booster, les excités à calmer et les bagarreurs à séparer : ça, c’est un bonus. 1 027 euros nets par mois sur son compte bancaire auraient pourtant été suffisants. Elle ne se souvient pas avoir un jour demandé de supplément.

    Rentrer le soir dans un appartement rangé, ça, c’est un bonus qu’elle apprécierait. Sa colocataire est serveuse à mi-temps et bordélique chevronnée l’autre moitié du temps. Cathy enjambe le tas de vêtements qui gît au pied de l’unique lit. Elle se rend à la fenêtre qu’elle ouvre en grand. Une légère brise emplit le studio. Un magnifique soleil chatouille les murs ocre de la cour. Cet immeuble des pentes de la Croix-Rousse, on y entre par la rue Leynaud, délabrée. Pourtant, de l’autre côté, il y a un bijou : une cour intérieure du XVIIIe, un véritable puits de lumière et de magie.

    Un jour, sa meilleure amie s’est pointée chez elle. Le lendemain, elle était devenue sa colocataire. N’ayant ni argent ni l’envie de vivre seule, le duo s’était scellé. 1 027 euros devraient suffire pour se séparer d’une colocataire qui… NON ! Ce n’est pas vrai ! Elle a osé peindre sur les casseroles ! Pourtant, rien n’a jamais pu résoudre Cathy à renoncer à leurs fous rires, leur complicité, ni même leurs disputes. Elle pousse du pied le tas de fringues sous le lit. Il est maintenant temps de travailler sur sa thèse de physique appliquée. Elle dégage SON bureau qui sert d’atelier à son artiste de coloc. Elle prend son porte-documents sur le vieillissement de l’aluminium en aéronautique. Ouvre l’ordinateur, le branche, l’allume. Soudain, elle y repense.

    Et si Evan était mort.

    3

    Helena, la belle-mère

    L’exubérance d’Helena. Toujours ce même tableau affligeant. Son bébé dans les bras et Adrian sur ses talons. Elle traverse le préau au pas de course, se frayant énergiquement un passage parmi les élèves attroupés. Sans doute, Mika préférerait-il revoir le visage ensanglanté d’Evan plutôt que celui-ci.

    L’élève stagne, consigné sur une chaise dans le couloir. Ça fait plus propre. Le surveillant a ramassé Mika et l’a posé sur un siège. En silence toujours, que dire de toute façon ? Le surveillant n’a rien à dire, n’est-il pas qu’un pion ? Le principal du lycée est auprès du blessé. Helena sait déjà tout, le principal lui a expliqué par téléphone. Mika a encore frappé. Elle connaît même ce qu’il n’a pas dit, le pourquoi. C’est parce que Mika est un enfant méchant.

    Couffin à bout de bras, petit garçon pendu à sa jupe et poussant le diable devant elle, la madone fait son deuxième passage : elle traverse de nouveau le préau pour sortir du lycée avec Mika. Crevant la foule qui s’écarte, ses longs cheveux blonds dans le vent dévoilent les lourdes créoles à ses oreilles. Arrivés au parking, l’installation dans la voiture commence : tout un cinéma. Le Cosy de bébé est véritablement amarré au siège. Les sangles passent dans toute une série d’encoches. Adrian du haut de ses quatre ans attend qu’on lui ouvre, qu’on le porte et qu’on l’installe.

    — Ça va faire beaucoup de peine à ton père, lâche enfin la belle-mère.

    Helena s’était tue plus de dix minutes, c’était trop beau. La tête de Mika repose sur la vitre fraîche de la voiture.

    — Il va crier papa ? interroge Adrian.

    — Ta gueule, marmonne Mika entre ses dents.

    4

    Nina, la colocataire

    Nina travaille dans un petit bouchon lyonnais. Grand, cependant, par sa notoriété. Renault tient à son titre de sommelier, il passe pourtant la plupart de son temps de travail à son labeur de barman. La trentaine bien sonnée, il est trop vieux pour Nina qui n’en a que vingt-sept. N’est-ce pas ? En revanche, il plairait beaucoup à son ami Toune qui collectionne les amants serveurs. Un sommelier, c’est classe. Et puis ça change un peu de serveur.

    — Mais tu rêves ou quoi ? Qu’est-ce que t’attends ? Que le plat soit froid et que le connard de la table 4 nous le renvoie comme la dernière fois ?

    Le cuistot arrache la serveuse distraite de ses rêveries. Dure réalité.

    — T’énerve pas comme ça Tony, ça fait monter ta tension et tu deviens tout rouge, t’es plus cramoisi que tes tomates.

    Nina saisit l’assiette que le cuisinier lui tend, elle en ajoute deux autres posées sur le passe-plat et franchit la porte battante en la poussant avec le dos. Au passage, son regard croise celui du plongeur. Un charmant jeune homme, tatouage discret à la base de la nuque, regard pétillant et grande capacité à supporter Tony. Petit clin d’œil de Nina. Il l’a bien mérité. Juste pour le remercier d’être là.

    Dans la salle, Nina a le plaisir de constater que son client du jeudi est présent. Agréable surprise, c’est son client préféré. Que fait-il là un lundi ? Il a dû bousculer son emploi du temps. Nina retrouve instantanément sa bonne humeur qui ne s’éloigne jamais tellement.

    — Bonjour monsieur Antony, je dépose mon chargement et je viens prendre votre commande.

    — Merci Nina, mais faites à votre aise, répond le client, qui arbore un sympathique sourire.

    5

    Pierre, le père

    Depuis que Pierre est passé directeur, c’est logiquement à la direction générale de Paris qu’il exerce ses fonctions. La famille est installée au dernier étage du plus chic des immeubles rue Tête-d’Or, à Lyon. Le toit est leur jardin personnel, baigné de soleil la majeure partie de la journée. Au sous-sol, piscine collective, enfin, commune aux locataires de l’immeuble. Helena ne nage jamais dans les eaux sales des piscines municipales. De sa terrasse, Pierre a une vue panoramique sur le majestueux parc de la Tête-d’Or. M. le directeur n’est jamais sur sa terrasse. Il passe ses semaines à Paris. Ses week-ends au salon.

    Pierre est rentré tard dans la nuit de vendredi. Ce samedi matin, bébé, réglé comme un bon réveil, annonce l’heure de se lever : 7 h. Helena s’extirpe du lit pour accomplir son devoir de mère. Adrian ne tarde pas à la rejoindre, il veut un cacao. « Non, c’est trop chaud ! » Helena place le bol sur le rebord de la fenêtre. « Non, dans le frigo ! » Très bien, allons-y pour le frigo, tant pis pour le givre.

    — Je n’ai pas beaucoup de cacao dans mon bol.

    Helena argumente faiblement, une histoire de trop de chocolat et de mal de ventre, mais Adrian gagne toujours. Il rajoute, lui-même, la quantité qu’il juge nécessaire et finit par décréter que son cacao n’est pas bon. Bébé achève son biberon. Toutes les portes sont toujours ouvertes dans l’appartement. Helena fait claquer les couverts, grincer les chaises et parle aussi fort qu’elle peut. Elle aimerait tant que Pierre vienne prendre le petit-déjeuner en famille avec ses enfants à elle. Pierre entend tout ce micmac mais se garde bien de sortir de son lit. Il donne toute son énergie à son travail, et Mika lui prend toute celle qu’il n’a pas. « Mika », les pensées de Pierre glissent vers lui, comme toujours. Son fils, le premier de ses trois fils. Celui qu’Helena dit méchant, que le lycée juge violent et que la psychologue scolaire qualifie d’instable. Son garçon de quinze ans. Celui qui a les mêmes yeux gris que lui, la même rage de vivre. Tant de force et si peu d’assurance pour savoir qu’en faire. Il va falloir lui passer un savon pour cette histoire de bagarre. Pourquoi l’école a-t-elle appelé Helena ? À quoi sert un institut à 10 000 euros par an, s’ils ne savent pas gérer les conflits entre élèves ?

    Mika n’est pas l’enfant d’Helena. Il n’a pas de mère. Il n’a que Pierre, qui s’absente souvent. Mika est seul.

    6

    Evan, le pas-mort

    Deux côtes fêlées et un grand sourire. Enfin, Evan a su tenir tête à Mika. Pour une chaise, c’est peu de choses, mais si on vous prenait votre siège, comme ça sans un mot ! Juste parce qu’Evan n’a pas vraiment d’importance. Ce n’est pas quelqu’un avec qui il faut compter. Eh bien, Evan n’avait plus de place pour s’asseoir, dans la classe et dans la vie, s’il se taisait, comme il l’avait toujours fait. Mais aujourd’hui, il s’est accroché de toutes ses forces, à sa chaise comme à sa place. Se battre pour sa place, comme pour sa vie. Ça fait mal aux côtes, surtout quand il respire à fond. Même s’il respire doucement ça fait mal aussi. Mais quel bien ça fait au cœur de savoir qu’on peut compter sur ses tripes. Évidemment, Evan a perdu, Rome ne s’est pas construite en un jour. Il a aussi la pommette ouverte et un œil poché.

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