DANS LES COULISSES DU RÊVE
Haute couture
Les arcanes de la
beauté, une collection inspirée par la cartomancie, univers cher à Monsieur Dior. Privée de podium, Maria Grazia Chiuri a demandé au cinéaste Matteo Garrone de mettre en scène ce précieux jeu de cartes dans un film, « Le château du tarot ». De quoi révéler des trésors de patience et d’excellence. Les métiers d’art préservés par les grandes maisons n’en finissent pas de créer l’enchantement. En exclusivité, Dior, Chanel et Alexandre Vauthier nous ont ouvert les portes de leurs ateliers.
Naissance en direct d’un chef-d’œuvre chez Vermont
Pour sa robe aux 200 000 sequins, Chanel réinvente l’insoutenable légèreté du geste
Penchée sur son ouvrage comme un peintre sur sa toile, elle pique à l’aveugle et tire sur l’aiguille, une main au-dessus du métier, une autre sous la soie flammée grise. Des heures durant, la jeune Manon égrène, sur le tissu orné de fil d’or et d’argent vieilli, les finitions d’une broderie d’exception des ateliers Vermont. Seul le claquement de siècle, 26000échantillons de broderies aux noms fantasques – bouillonnés ajourés, paillettes bourrées ou tubes à orgues – déposés dans les innombrables tiroirs à secrets de l’appartement de la rue du Faubourg-Poissonnière, au cœur de ce qui fut avant-guerre le triangle d’or des fournisseurs de la haute couture. En 1946, dans la seule rue du Faubourg-Saint-Denis, officiaient cinquante plumassiers. Entre le Faubourg-Montmartre et les Halles, fourreurs, chapeliers, fournisseurs de fils rares, paruriers, passementiers et brodeurs avaient, par centaines, pignon sur rue. Tous, ou presque, ont disparu. Il ne reste aucune maison de passementerie d’art. Raymonde Pouzieux, célèbre pour les cordons de tweed des vestes Chanel, fut la dernière. Lemarié, fondé il y a plus d’un siècle, est le seul à manier encore les plumes, dans la pure tradition des savoir-faire d’excellence. Le prêt-à-porter, les années 1970 avec leur débauche de jeans et leur refus du luxe, le minimalisme, la non-reconnaissance de ce travail de l’ombre mal payé, le manque de temps et celui qu’il faut pour maîtriser le geste parfait ont eu raison d’eux. On a tout laissé… filer.
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