Dramatique Les mots refoulés
Des trombes d’eau s’abattirent tout d’un coup, masquant l’horizon et cinglant la nature de gouttes furieuses.
Marc poussa un juron contre les essuie-glaces trop usés pour balayer la pluie sur le pare-brise.
A l’arrière, Lily suçait son pouce frénétiquement, les yeux rivés sur le ballet inefficace des essuie-glaces. Un éclair plus fulgurant que les autres déchira le ciel.
– Ce n’est rien ma puce, dit Marc en tournant, quelques secondes, la tête vers sa fille.
– Marc, attention ! hurla Marie.
Ce furent les derniers mots que Lily entendit de ses parents. Le choc d’une barrière qu’on percute. La voiture planant une seconde au-dessus de la pente avant de plonger vers le sol. Des tonneaux en enfilade. Des cris. Un arbre. Des têtes cognant contre la tôle. La pluie, le tonnerre, les éclairs. Le silence. La voiture qui stoppe sa course. Les parents silencieux, tellement silencieux, tant de cris incapables de franchir les lèvres… Le silence, la nuit. Et puis plus rien.
Malgré les secours appelés par les passagers d’une voiture qui les suivait, il n’y avait rien eu à faire pour Marie et Marc : tués sur le coup. Seule la petite Lily, 7 ans, avait pu être désincarcérée, brisée mais vivante. A l’hôpital, Lily flottait dans le coma, entre la vie et la mort.
Sa tante Juliette avait suivi les cercueils de Marc et Marie jusqu’à leur dernière demeure et s’était occupée de l’administratif.
Après deux semaines d’hésitation, le corps de Lily avait opté pour la vie.
A son réveil, le sourire de Juliette l’avait accueillie. Elle avait serré sa petite nièce contre son cœur, un cœur qui battait très fort, trop, malgré la voix apaisante. Lily s’était laissé embrasser sans réagir. Elle avait juste plongé son regard dans celui de sa tante, un peu trop brillant de larmes. Le plus doucement possible, avec amour, Juliette avait annoncé à Lily que ses parents ne la prendraient jamais plus dans leurs
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