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Reine d’essaim
Reine d’essaim
Reine d’essaim
Livre électronique201 pages2 heures

Reine d’essaim

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À propos de ce livre électronique

Une jeune et brillante électronicienne est sollicitée pour piloter, à Paris, le projet militaire d’essaim de drones. Son passé, la pression jalouse de sa famille, la surveillance permanente à laquelle elle est soumise, les traumatismes qu’elle subit et les rencontres qu’elle fait s’opposent constamment à la résilience dont elle fait preuve. L’équipe qu’elle réunit, la motivation et les liens qu’elle crée, l’amour qu’elle éprouve pour ce bel américain lui permettront-ils de mener à bien ce projet fou ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Ingénieur de formation, Gilles Revillon produit ici son sixième roman. Après avoir couvert les sujets de l’intelligence artificielle, de la robotique, de la conquête spatiale, de l’écologie et du transhumanisme, il écrit des thrillers. Reine d’essaim traite des drones, de l’espionnage et des enjeux des forces en présence, sur un fond de relations amoureuses.
LangueFrançais
Date de sortie28 févr. 2022
ISBN9791037742674
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    Aperçu du livre

    Reine d’essaim - Gilles Révillon

    Du même auteur

    Les abeilles butineuses sont des auxiliaires indispensables pour la pollinisation de certaines plantes. Elles produisent aussi des substances grandement appréciées pour leur goût et/ou leurs vertus : le miel, le pollen, la gelée royale, la propolis et la cire…

    Dans la ruche, la colonie d’abeilles se développe uniquement grâce à la ponte de la reine « mère de la colonie ».

    www.ecoconso.be

    1

    Humiliation

    D’un pas rapide, il franchit la grille du parc qui s’ouvrait sur la pièce d’eau. La température était idéale pour sa longue marche d’aujourd’hui.

    Il passa devant la statue d’Appolon puis celle de Flore avant d’adresser un salut à celle de Vénus. Il s’arrêta devant L’Orangerie ; il avait soif derrière son masque qui lui couvrait la moitié du visage et commanda au barman une bouteille d’eau à emporter. Les plats étaient excellents ici, s’il avait faim, au retour, peut-être ferait-il une entorse à son régime.

    Faisant le tour du bassin, il admira la vue sur Paris et la magnifique perspective, après il s’engagea entre les deux grands bustes en pierre de Jupiter et de Neptune pour marcher dans cette herbe qu’il affectionnait.

    Il n’y avait quasiment personne ce jour de semaine, à part quelques écoliers guidés par un professeur qui expliquait l’histoire du château de Saint-Cloud et de son parc.

    Il aimait cet endroit, petit il y venait sur la moto de son père. Puis il avait eu cette bicyclette rouge qu’il avait débarrassée de ses petites roues pour filer dans toutes les directions sous l’œil attentif des parents.

    Aujourd’hui, il était en congé, son emploi depuis le début de la crise sanitaire était en dent de scie, chômage partiel, surcroît de travail lorsqu’il y avait des commandes des producteurs TV, en ce moment le cinéma était en berne. Il essayait tant bien que mal à s’adapter aux demandes de l’entreprise qui l’employait aux studios de Saint-Denis.

    Ce virus était une plaie pour les autres, leurs envies de liberté, leurs joies. Lui ça ne le gênait pas, tout au plus il se protégeait et respectait les gestes barrière, car le mal qu’il abritait était bien plus rongeant et contaminant.

    Sa vie aurait pu être différente, chaque jour il y songeait. Au fond de lui, il était blessé, et portait le poids de ses humiliations et de ses rancœurs comme un leitmotiv toujours répété, de plus en plus douloureux. Et puis il y avait eu l’argent et ses espoirs déçus, pourquoi pas lui ou l’autre ?

    Il lui en voulait : l’amour qui lui avait toujours porté et le rabaissement qu’elle lui avait manifesté ; il avait essayé de la conquérir, l’autre aussi, de lui montrer ce dont ils étaient capables. Rien n’était assez beau, assez bon pour elle, ils étaient comme les faux bourdons de la ruche, une sorte de mâle inutile.

    Elle passait à travers leurs êtres comme s’ils étaient transparents, ils se rencontraient depuis toujours et à chaque fois sa supériorité les écrasait.

    Pourtant ils étaient issus des mêmes gènes, mais les larves n’avaient pas été nourries de la même façon : elle avait reçu la gelée royale, eux s’étaient contentés du pollen et de miel. Plus tard, c’était pareil, les adultes étaient attentifs à ses multiples talents tandis qu’ils étaient au rang des spectateurs envieux.

    L’argent avait tout gâché, ils auraient pu s’en sortir s’ils en avaient eu autant qu’elle, mais elle était la Reine nourrie aux meilleurs fruits de son entourage. Elle avait éliminé un à un ses concurrents pour devenir royale, les mâles de la famille, tels des abeilles ouvrières s’étaient mis à son service pour son rayonnement et sa gloire.

    Il avait cherché longtemps comment faire. Tout ce qui concernait l’âme était l’objet de ses investigations et de ses objectifs. Il s’était initié au Vaudou et au Chamanisme. Le premier, lui permettait de récupérer une âme errante après la mort, le second était plus complexe, mais semblait aussi efficace.

    Il s’était fait admettre dans un cercle d’initiés pour assister à un rite vaudou, il en était ressorti bouleversé. Cette folie incantatoire qui sacrifiait des animaux et s’emparait des corps et des âmes l’avait fait entrer en transe. Ils avaient crié des mots, joué du tambour, le sorcier l’avait aspergé pendant sa folle danse de mélange de sang, lui avait fait boire des décoctions hallucinogènes. Il avait terminé en se roulant par terre, vaincu par la force des esprits. Pendant ce voyage hors du temps il avait eu l’impression que son âme se détachait de son corps et s’élevait au-dessus du groupe et regardait calmement ces initiés officier.

    Plus tard, il avait rejoint sur un site archéologique situé dans le Berry un Chaman qui lui avait enseigné le rituel. L’endroit ressemblait à une petite grotte Chauvet. Sur les parois, des dessins de chasse au mammouth, au bison, au lion des savanes avaient été reproduits. À la lumière de la flamme des torches, les animaux semblaient vivre sur la roche, des mains avaient été imprimées çà et là avec la technique du soufflage de liquide teinté de rouge ou d’ocre.

    La vision de l’officiant enveloppé dans sa couverture, coiffé de ce massacre de buffle à cornes, dansant autour du feu en brandissant son bâton magique était hallucinante. Il chantait des formules dans une langue inconnue au milieu de cette caverne qui semblait sortir de la préhistoire et résonnait de mille échos. Là aussi, il avait eu cette sensation de la séparation entre son corps et son esprit qui lui avait permis de communiquer avec de lointains ancêtres.

    C’était sûrement le meilleur moyen : recueillir son âme au dernier souffle de sa vie, la capter et l’absorber comme breuvage de jouvence et de libération. Il récupérerait aussi ses ondes, son savoir et sa puissance. Les anciens Égyptiens l’avaient bien compris et protégeaient leur voyage dans l’au-delà par des offrandes et séparaient les parties vitales.

    Il faisait de grandes enjambées rapides, les centaines de mètres défilaient, il avait décidé d’aller jusqu’à la ferme du Piqueur pour voir les chèvres et les moutons. Ce contact bienfaisant avec les animaux lui montrait qu’il était accepté par eux, ils venaient très vite vers lui comme aimantés. Sentaient-ils la profondeur de sa détresse et le plaignaient-ils ? Comme eux, il n’était pas libre et enfermé dans un carcan.

    Il y passa la matinée, ivre de grand air, de contact avec les arbres et les animaux. Il se sentait mieux, plus en harmonie avec ses pulsions. Au retour, il s’arrêta à l’Orangerie et commanda un burger au sympathique restaurateur. Il le consomma sur place, assis sur un banc face au bassin de Neptune.

    Il était déjà venu là voir le festival des Grandes Eaux, avait assisté aussi à un concert « Rock en Seine ».

    Ces grandes manifestations lui manquaient, même s’il s’y rendait seul, il se laissait aller dans ces mouvements de foule, inconnu parmi des inconnus.

    Il commença à échafauder : comment, quand et où ? Il devait exécuter un rite complet et ne pas faire d’erreur. La Reine pouvait quitter la ruche, partir avec l’essaim, la reconstruire ailleurs et lui échapper.

    Elle était encore à sa portée, bientôt ils se réuniraient tous et elle serait là.

    Il réfléchit au passage à l’acte, ça devait avoir l’air naturel, il devait être seul avec elle, il connaissait bien les lieux, il imaginait ce qui pourrait se passer.

    Il examina les moindres détails, les avantages et les inconvénients, pensa à ce qu’il devait faire et comment elle réagirait. Continuant à réfléchir il se remit en route pour aller récupérer son deux-roues, garé avant le péage du parc.

    2

    Hong Kong

    Li Na et Chan dormaient enlacés sur le lit étroit de leur chambre. Il était encore tôt et ils récupéraient, épuisés du travail effectué jusque tard dans la nuit.

    On frappa violemment à la porte, Chan enfila son survêtement, demanda qui c’était :

    « Contrôle d’identité et des papiers du logement », lui répondit une voix autoritaire qui ne laissait pas de place à la discussion.

    Bon entrez qui êtes-vous ?

    Li Na qui s’était faufilée dans la salle de bain, ressortit habillée et leur tendit sa pièce d’identité.

    Il composa le numéro de son collègue et lui dit brièvement

    Le message était passé, ils allaient se mobiliser c’était pour eux la meilleure protection : leur réseau de chercheurs et leur avocat.

    Disparaître à Hong Kong était monnaie courante, ils n’avaient plus de nouvelle de plusieurs de leurs camarades. Ils étaient certainement dans une de ces prisons politiques du Nord. C’est la raison qui leur avait fait mettre au point ce système d’alerte.

    La pression sur les instigateurs était importante depuis les manifestations contre l’extradition.

    Les services de police et le MSS, service secret chinois, avaient fait un travail de fourmi pour identifier les manifestants avec les logiciels de reconnaissance faciale de plus en plus sophistiqués. Ils avaient dû se méfier et modifier leur apparence. Les concordances étaient utilisées et s’ils réapparaissaient dans la moindre manifestation, ils étaient repérés.

    Cette fois-ci, c’était une petite manifestation sur la liberté de choix de leurs thèses de recherche qui les avaient mis dans la rue, ils étaient tout au plus un millier à avoir protesté contre ce qui leur était imposé par l’université.

    Le prétexte avait été trouvé pour les arrêter, il fallait qu’ils se sortent de là et mettent en œuvre leur projet. C’était un peu précipité, mais les contacts qu’ils avaient devaient leur permettre de partir et d’emmener avec eux le fruit de leur travail.

    L’objectif était d’arriver jusqu’en Suisse, là ils auraient une protection, l’université de Zurich leur avait promis. Ils pourraient tous les deux poursuivre leurs avancées sur les micros-drones.

    Ils s’étaient connus en première année quand ils avaient commencé leur maîtrise en micromécanique, étaient passionnés par le sujet et avaient obtenu de très bons résultats. Leur thèse de doctorat leur avait été imposée et ils la préparaient chacun de son côté.

    Issus de milieux modestes : son père et sa mère à elle étaient commerçants et vendaient des plats préparés sur le marché de Kowloon. Sa famille avait longtemps habité sur un sampan dans le port, les autorités ayant obligé ces habitants flottants à se reloger, ils s’étaient retrouvés dans un petit deux pièces dans les faubourgs, incompatible avec le métier des parents qui demandait une plus grande cuisine. Ils avaient cherché et avaient trouvé une vieille maison délabrée, pas très loin du marché, sur le point d’être réquisitionné qui appartenait à une grand-mère. Ils avaient gardé l’aïeule et s’étaient inventé un lien familial pour justifier leur présence et arrêter l’expropriation. La vieille dame était ravie de leur compagnie et les aidait à éplucher les légumes en racontant les vieilles légendes chinoises en anglais qu’elle avait appris à l’école.

    Depuis son enfance, Li Na avait regardé comment tout fonctionnait. Elle était passionnée par le mécano et les montages mécaniques qu’elle faisait et défaisait sans cesse, elle découvrait à l’intérieur des carcasses de jouets, les mécanismes. Cette passion ajoutée à un engouement pour les mathématiques l’avait conduit à l’université où elle avait été assidue tout en travaillant le soir à aider ses parents pour faire les plats cuisinés.

    Le père de Chan, mécanicien, travaillait dans un garage à Sai Kung spécialisé dans la réparation des automobiles des expatriés il y avait là toutes les marques prestigieuses européennes. Petit, il l’accompagnait quand il faisait des heures supplémentaires le week-end dans l’atelier. Il était ébloui par les moteurs, les boîtes de vitesse. Plus tard, ce fut comme un trésor de récupérer des pièces usagées ou cassées, il en faisait collection dans la cave de l’immeuble immense où ils habitaient sur le port et s’acharnait à les démonter. Il avait été bon à l’école et était allé à l’université à la grande fierté de ses parents.

    L’université était partiellement payante, vu l’éloignement ils devaient loger sur place, c’est ce qui avait en première année conduit Li Na et Chan à rechercher un colocataire du même sexe, n’en ayant pas trouvé, ils s’étaient résolus à partager leur chambre d’étudiant : elle travaillait le soir tard pendant qu’il dormait, il se levait au milieu de la nuit pour aller au travail et elle dormait dans ce lit étroit. Ils avaient fini par le partager ainsi que leurs émotions, ils en étaient très heureux et s’étaient finalement bien plu. Ils étaient dans la même classe et progressivement obtinrent leur diplôme et faisaient des projets communs.

    En cachette, ils avaient monté dans la cave un petit atelier pour développer leurs inventions. Tous les plans avaient été soigneusement dissimulés et mis dans des logiciels cryptés sur le Cloud. Ils utilisaient les moyens de l’université pour fabriquer les divers éléments et achetaient sur

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