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Au pied des croix
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Livre électronique226 pages3 heures

Au pied des croix

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À propos de ce livre électronique

Le corps d’un homme est retrouvé au pied de la croix de fer plantée sur le Rocher Panet, un ilot rocheux dans le fleuve Saint-Laurent, face à l’Islet-sur-Mer. Un masque couvre son visage et il tient dans ses mains un message qui semble destiné à l’enquêtrice. Dans les semaines qui suivront, trois autres victimes sont retrouvées, toujours au pied de croix, toujours dans une même mise en scène. L’enquête forcera Marie à revisiter ses souvenirs d’enfance pour retrouver l’auteur de ces crimes, une personne qu’elle aura baptisée l’Ombre Noire.
LangueFrançais
Date de sortie3 janv. 2022
ISBN9782898311680
Au pied des croix
Auteur

Gilles H. Boulet

Gilles H. Boulet est originaire de Montmagny. Il est détenteur d’une maîtrise en communication de l’Université du Québec à Montréal. Il a également obtenu un diplôme du London Film School de Grande-Bretagne. Il a œuvré comme réalisateur et producteur dans le domaine des médias éducatifs et comme spécialiste multimédia à Téléfilm Canada. Il a été directeur du Service de production et du service de l’audiovisuel de l’UQAM.

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    Aperçu du livre

    Au pied des croix - Gilles H. Boulet

    Chapitre 1

    —Tu sais qu’il existe une légende à propos de ce rocher ?

    François faisait défiler les pages sur l’écran du téléphone mobile. Marie l’écoutait à peine. Ils roulaient sur l’autoroute Jean-Lesage.

    Le téléphone avait sonné à 9 h 30 ce mercredi matin. Elle avait travaillé tard la veille sur un cas non résolu : un homme de soixante ans de Rimouski qui n’avait jamais été revu. Depuis le jour de sa disparition, aucune trace de lui, aucun signalement, aucune transaction sur ses cartes de débit ou de crédit, rien, aucun signe de vie. Le corps n’avait jamais été retrouvé. Elle détestait ces cas, ceux qu’elle n’avait jamais réussi à résoudre. Ils étaient des exceptions dans son portefeuille. Elle avait la réputation de ne jamais lâcher prise, de travailler avec pugnacité jusqu’à la résolution. Elle tenait à cette réputation.

    En rentrant chez elle à la fin de sa journée de travail du mardi, elle s’était demandé si elle se découvrirait, un jour, une passion autre que le travail. Depuis qu’elle avait abandonné la boxe, c’était ce qui occupait l’essentiel de sa vie. Elle avait pensé prendre un avant-midi de congé le lendemain, faire autre chose, s’occuper d’elle. L’appel avait contrecarré ses plans.

    C’était le lieutenant Couillard, son patron. Il lui avait résumé l’histoire d’un débit rapide, un concentré un peu brusque pour un matin qu’elle avait souhaité calme et détendu.

    Une personne avait aperçu un objet inhabituel gisant sur le socle d’une croix plantée sur le rocher Panet, à L’Islet-sur-Mer. Après avoir récupéré des jumelles, cette personne avait constaté qu’il s’agissait d’un corps humain, immobile, apparemment sans vie. Elle avait composé le 911, qui avait alerté le poste régional de L’Islet. Arrivés sur place, les agents avaient confirmé qu’il s’agissait bien d’un corps humain et ils avaient demandé l’aide des services spécialisés. Un poste de commandement et un véhicule tirant une remorque chargée d’un bateau pneumatique étaient en route.

    À 10 heures, elle avait appelé François Ouimet, son partenaire d’enquête. Il était déjà au travail. Elle avait convenu qu’elle le retrouverait au Q.G. Une heure plus tard, ils roulaient en direction est.

    Marie avait grandi à Saint-Pacôme, une cinquantaine de kilomètres plus à l’est. Elle connaissait le lieu. François poursuivit son compte-rendu de lecture.

    —On raconte qu’après qu’une belle jeune femme du village ait, un jour, vendu son âme au diable, celui-ci n’était pas entièrement satisfait du marché ; l’âme ne lui suffisait pas, il en voulait davantage, il voulait aussi posséder son corps. Dans sa grande malice, il la projeta sur un îlet face au village pour venir la rejoindre et prendre possession de cette chair qu’il voulait sienne. Dès qu’il mit le pied sur l’île verdoyante, celle-ci se pétrifia. Toute trace d’une végétation pourtant auparavant luxuriante disparut d’un coup ; l’île était devenue un rocher gris, un lieu mat, austère et aride. Pendant plusieurs semaines, lorsque la belle essayait de s’enfuir, les flots la rabattaient violemment sur la roche. Elle était là, cheveux épars, jambes et bras meurtris, gémissant, prisonnière de Satan et du rocher maudit. Les paroissiens affolés par cette scène lugubre implorèrent le bon curé Panet de leur venir en aide. D’abord réticent, il se laissa finalement convaincre, emprunta l’embarcation d’un paroissien et se dirigea vers l’île damnée. Lorsqu’il mit pied à terre, il se retrouva face à l’envoutée. D’un geste ample et solennel, il traça, dans l’air, du bras droit, un grand signe de croix et entama les formules d’exorcisme. Le ciel devint sombre, la jeune femme se tordit et se révulsa. De sa gorge sortirent d’horribles sons, une écume blanchâtre exsuda de sa bouche. Puis tout le roc devint mou, l’argile remplaça le roc, le pied droit du curé s’y enfonça en y laissant une marque. Dans cet environnement hostile au sol tiède, ne lâchant pas un instant la jeune femme des yeux, le curé poursuivit courageusement la récitation des formules de désenvoûtement, traçant maintenant index et majeur tendus, de petits signes de croix. Au bout d’un moment, le ciel s’éclaircit, les nuages disparurent, le soleil brilla, le sol se refroidit, une source d’eau limpide jaillit du centre de l’empreinte laissée par le pied du prêtre, la belle fut libérée, des larmes de gratitude coulèrent sur sa joue.

    Marie s’engagea dans la sortie 400, L’Islet, Saint-Cyrille, Saint-Marcel. Elle tourna à gauche sur le boulevard Nilus-Leclerc. Tout en roulant, elle revoyait l’image du rocher et de la croix le surmontant, un peu au large du village. Elle se demandait comment et surtout pourquoi le corps d’une personne avait pu s’y retrouver.

    —Marie, tu m’écoutes ? lui demanda François.

    —Oui, oui, répondit-elle. J’ai un cerveau qui me permet de conduire, penser et écouter en même temps. Des histoires de marins ayant picolé un peu trop fort. Dans le coin, il y a aussi des histoires de sirènes qui auraient tenté d’attirer les pêcheurs sur les îles d’en face. Un cheval noir qu’on aurait débridé malgré les recommandations contraires alors que l’on construisait l’église, qui se cabra en hennissant, qui s’enfuit au galop, et fonça sur un mur de roche qui se fendit. Les flammes de l’enfer s’en échappèrent, il s’y engouffra pour rejoindre les profondeurs. Le Malin lui-même serait venu, tout de noir vêtu, un soir, danser dans une des maisons. J’imagine qu’au cours des longs hivers, les histoires à faire peur pouvaient devenir un divertissement prisé.

    Arrivée à la route 132, Marie tourna à droite. Après un court instant, elle aperçut, au loin, dominant le paysage, les deux flèches de l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours. Elle pensa un court instant que ces clochers se dressant vers le ciel avaient été une marque de la puissance de la sainte Église, celle-là même qui contrôlait le corps des femmes condamnées à enfanter leur vie durant, tout en protégeant les hommes dans leurs pires travers ou perversions. Mais, pensa-t-elle, ils avaient tout de même trouvé fonction utile et efficace : ils étaient devenus des points de repère appréciés par les navigateurs, par les capitaines et les équipages du grand fleuve à l’époque du cabotage, celle des goélettes, les voitures d’eau du Saint-Laurent.

    En découvrant le bâtiment religieux, elle vit que les collègues avaient déjà installé un ruban de signalisation qui interdisait l’accès au stationnement. Des véhicules de la Sûreté s’y trouvaient déjà : une auto-patrouille, les véhicules annoncés par le lieutenant et celui de l’identité judiciaire. Elle gara sa voiture en bordure de la rue. Quelques badauds y étaient rassemblés.

    En descendant, elle sentit la brise fraîche venue du large puis jeta un coup d’œil à l’édifice religieux. Il était bordé d’un côté par le rivage, et de l’autre par ce qui avait été le Chemin du Roy. Sa façade était flanquée de deux tours au centre desquelles trônait une statue monumentale de Notre-Dame-de-Bonsecours. L’église avait été érigée entre 1770 et 1771, ce qui lui conférait le titre de dixième bâtiment d’église le plus ancien du Québec.

    Marie en avait déjà visité l’intérieur. Le retable de Baillargé qui couvrait toute la surface du chœur était une pièce unique et renommée. À une époque, elle s’était amusée à visiter l’intérieur des églises de la côte. Non qu’elle fût dévote ou croyante ; elle se disait athée convaincue. Mais ces pièces somptueusement travaillées et généreusement parées de dorures lui rappelaient le faste d’une Église dont les croyants, à l’époque, peinaient pour simplement se nourrir ou nourrir leur famille ; une Église prélevant une dîme aux pauvres, une Église les faisant rêver d’un ciel au bout de leur peine, une Église comme opium d’un peuple. Elle avait, dans ses jeunes années, été profondément révoltée par l’institution. Elle était, aujourd’hui, totalement indifférente.

    Elle regarda le rocher au loin. La marée était haute, l’eau recouvrait la batture. Elle se demanda à nouveau ce qui avait pu pousser quelqu’un à aller déposer un corps sur un rocher perdu à plus de 500 mètres de la rive. Pourquoi se donner tant de mal ? pensa-t-elle.

    François l’avait rejointe et ils passèrent sous le ruban jaune tendu. Depuis le fond du stationnement, un homme s’approchait. Plutôt rond, crâne dégarni, chemise blanche, cravate, cardigan à col châle de couleur marine, pantalon de lainage gris, souliers bon marché, abimés. On juge un homme à ses chaussures, avait toujours dit son père.

    Elle le regarda venir vers eux tout en jetant un coup d’œil vers l’arrière, étonnée qu’on ait permis à un civil d’accéder au site. Puis elle se ravisa, le stationnement n’était en effet pas la scène de crime, inutile d’en protéger la contamination.

    —Bonjour, je suis Jean-Charles Bernier, je suis le maire de la municipalité, dit-il en arrivant près d’eux et en leur tendant la main.

    Elle lui serra la main distraitement en regardant derrière lui. Elle vit une autre personne se diriger vers elle. C’était Louis Gaudreau. Elle le connaissait.

    François s’occuperait du maire. C’était leur entente. Elle avait en horreur les échanges de banalités. Ils n’étaient, pour elle, d’aucun intérêt, une pure perte de temps. François était plus débonnaire, il s’intéressait à tout, la palette de sujets de discussion avec lesquels il se sentait à l’aise était impressionnante. Ils étaient des contraires, des personnalités opposées, mais ils se complétaient ; elle impatiente et un peu asociale, lui flegmatique et mondain.

    Elle laissa son partenaire en compagnie du maire et se dirigea vers Gaudreau.

    —On se retrouve souvent en bordure de fleuve, sergente, lui dit-il en souriant.

    Marie lui sourit. Il faisait référence à une scène de crime où ils s’étaient croisés, un peu plus à l’ouest, sur la rive du Saint-Laurent.

    Il lui expliqua qu’ils avaient mis le pneumatique à l’eau et que l’équipe d’identité judiciaire se préparait à se rendre sur le rocher pour récupérer le corps, le photographier et analyser la scène.

    —Avec tout l’équipement, le bateau sera trop chargé pour vous prendre à bord, mais nous avons récupéré une chaloupe. Si vous le voulez, je vous offre une croisière ! Il ne faut pas tarder toutefois. Le rocher se retrouvera bientôt à marée basse et, à ce moment, la croisière que je vous offre se transformera en aventure bouette et batture.

    Marie connaissait les rives du grand fleuve en fin de printemps. Même si le soleil brillait le plus souvent, le fond de l’air était souvent frais. On était début juin, elle avait prévu le coup, elle avait pris son North Face rose et noir.

    Pendant ce temps, François et le maire s’étaient approchés d’eux.

    —Monsieur le Maire m’a informé qu’il avait mis son embarcation de pêche à notre disposition, dit François en s’adressant à Marie.

    —Oui, je sais, répondit-elle.

    Puis elle se tourna vers l’élu municipal.

    —Merci, Monsieur le Maire, lui dit-elle. Nous vous en sommes reconnaissants, poursuivit-elle en s’efforçant pour paraître aimable.

    Elle se tourna vers Gaudreau.

    —J’accepte votre offre avec joie, sergent Gaudreau. Je récupère mon coupe-vent et je vous rejoins.

    Elle se tourna enfin vers son partenaire.

    —François, pendant que je serai sur le rocher, peux-tu procéder à une inspection rapide des lieux et vérifier les caméras de surveillance actives aux alentours ? Questionne aussi les badauds. Peut-être quelqu’un a-t-il vu quelque chose qui pourrait nous mettre sur une piste.

    Le maire Bernier en profita pour s’introduire dans la conversation.

    —Il y a une caméra de surveillance au Musée Bernier, dit-il à l’intention de Marie.

    —Mon partenaire va s’occuper de tout vérifier, lui répondit-elle en lui tournant le dos pour se diriger vers leur voiture.

    Tout en marchant, elle s’adressa à voix haute au sergent Gaudreau.

    —Je vous rejoins à la chaloupe. J’enfilerai aussi des bottes. Pas question que j’abime une nouvelle paire de chaussures.

    Chapitre 2

    Lorsque l’embarcation dans laquelle elle était montée accosta sur le rocher Panet, Marie regarda sa montre. Elle avait calculé le temps qu’il fallait pour atteindre le lieu depuis la rive.

    En descendant de l’embarcation et en posant le pied sur le roc, elle aperçut le corps, en position assise, le bas du dos appuyé sur un petit socle de ciment dans lequel était plantée la croix, au sommet du rocher.

    L’équipe d’identité judiciaire était déjà à pied d’œuvre. Ils préparaient la scène pour la séance photos. Le rocher était d’une longueur respectable, mais il était étroit et en pente. L’équipe peinait pour ne pas se marcher sur les pieds. Elle se faufila en essayant de ne pas nuire à leur travail. Elle réussit à s’approcher du corps. Elle regarda Gaudreau qui l’avait suivie et elle fronça les sourcils. Son visage marquait la surprise et l’étonnement. Elle enfila ses gants de latex et s’approcha davantage.

    Pour maintenir le corps en place, un collier de serrage noir reliait le pied de la croix au bras droit de la victime, tout juste sous l’aisselle. La personne portait des vêtements d’hommes, pantalons noirs, chemise bleue à manches longues, veste de coton marine, chaussures de cuir, des Méphisto, remarqua-t-elle. Les cheveux, poivre et sel, étaient coupés court. Impossible toutefois de voir le visage, un masque le recouvrait. C’était ce qui avait causé sa surprise. Elle l’examina.

    C’était un masque blanc, un moulage de plastique, un objet qui lui rappela le théâtre. Il était retenu au visage par un cordon élastique faisant le tour de la tête.

    Gaudreau s’était approché.

    —Curieuse mise en scène, lui dit-il. Le masque me fait penser à celui d’Anonymus, celui que l’on a vu dans les manifestations récemment.

    —Pas tout à fait, répondit Marie. Sur le masque dont tu parles, le masque de Fawkes, les sourcils sont droits, une moustache retroussée est peinte sous le nez, une barbichette rectiligne l’est sous la lèvre inférieure et la bouche est fermée et souriante. Ici, les sourcils sont anguleux et froncés, ils pointent vers le bas, rejoignant le haut du nez. Pas de moustache, pas de barbichette. La bouche est grande ouverte, chacun des coins descend drastiquement, la lèvre inférieure remonte en son centre. Pour moi, le masque évoque la menace, la colère même.

    Elle s’approcha davantage et, délicatement, elle le souleva. Elle découvrit le visage d’un homme, probablement dans la quarantaine. La joue droite portait des traces d’ecchymose ou un hématome, comme si on l’avait frappé. Elle remit le masque en place, s’éloigna légèrement et fit le tour du socle.

    Pour autant qu’elle puisse en juger, outre la marque au visage, le corps ne portait pas de trace de violence. Pas de sang sur les vêtements, pas de trace de tir d’arme à feu. Étrange mise en scène en effet, pensa-t-elle. Elle se retourna et regarda au large.

    Il était probable que la victime ait été transportée à l’endroit où elle gisait maintenant par bateau. Était-elle déjà décédée au moment du transport ou avait-elle été tuée sur le rocher ? Si elle était encore vivante, la victime se serait sans doute débattue, à moins qu’elle n’ait été droguée.

    Compte tenu de la configuration du lieu, seule une embarcation de dimension réduite, peut-être une barque à fond plat, ou alors un pneumatique, pouvaient accoster sur le rocher. Peu plausible donc qu’elle provienne de l’autre côté du fleuve. À cette hauteur, plus de 20 kilomètres séparaient les deux rives.

    Elle apercevait, devant elle, la pointe de L’Isle-aux-Grues. Il y avait là, au centre du fleuve, un archipel de 21 îles aux noms évocateurs ou parfois amusants : l’Île à Deux-Têtes, l’Île Patience, l’Île Corneille, l’Île à Durand, l’Île du Cheval, l’Île à l’Oignon, les Deux Îles aux Frères. Certaines n’étaient, en fait, rien d’autre qu’un pic rocheux émergeant des eaux.

    Dans l’archipel, seule L’Isle-aux-Grues était habitée. Un peu plus d’une centaine de personnes y vivaient, une communauté tricotée serrée. Aucune disparition n’y avait été signalée, aucun crime n’y était rapporté. Peu envisageable que la victime en provienne ou que son corps y ait transité. Elle se tourna vers la rive.

    Devant elle l’église, le musée maritime et le camping du Rocher Panet. Plus à l’ouest L’Anse-à-Gilles, et à l’est Saint-Jean-Port-Joli. Elle connaissait la côte. Elle l’avait souvent visitée.

    L’eau avait déjà commencé à se retirer. L’équipe d’identité judiciaire se pressait. Elle était maintenant convaincue que le corps de la victime avait été transporté par mer. Et il fallait que l’opération ait été réalisée à marée haute. À marée basse, le rocher était séparé de la rive par une batture boueuse. Qu’on y ait marché jambes enfoncées jusqu’aux mollets dans le sédiment vaseux en portant un corps inerte était peu plausible. Qu’on l’y ait fait glisser en tirant une luge ou un traîneau ne lui semblait pas davantage possible, non plus

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