Le jour avait commencé comme une fête. Nanou, son mari Adrien, leur fille Lucie, et Clémence, la sœur aînée de Nanou, étaient venus passer le week-end dans leur petite maison de campagne, nichée en lisière du Bois-aux-Charmes. C’était une douce journée d’automne.
Clémence travaillait avec Nanou. Les deux sœurs tenaient une petite herboristerie où les bocaux alignés sur des étagères contenaient tout ce que la nature offrait depuis la nuit des temps comme remèdes naturels aux petits maux du quotidien, de la gueule de bois aux légers troubles digestifs. La première fois qu’Adrien y était entré, un effluve indescriptible de mélanges d’herbes lui avait donné l’impression de pénétrer dans l’antre d’une sorcière. La douce sorcière avait ensorcelé le citadin qu’il était et lui avait fait découvrir et aimer la campagne, ses chants, ses odeurs, sa beauté tranquille.
Ils avaient pris le petit déjeuner dehors en contemplant les rayons d’un soleil bas, dansant entre les branches des arbres. La forêt étincelait de mille nuances. Certains arbres encore verts aux deux tiers pointaient vers le ciel des sommets aux ramures flamboyantes ; d’autres hésitaient entre or et beige ; d’autres encore affichaient une couleur pourpre insolente. Quelques feuilles mortes commençaient à joncher le sol.
Lucie, du haut de ses 7 ans, souriait en buvant son chocolat. Tout à l’heure ils partiraient ramasser des champignons. Les deux sœurs s’y connaissaient : Nanou et Clémence avaient grandi dans cette campagne et avaient appris à distinguer les champignons comestibles avec leur grand-mère, une solide paysanne capable de reconnaître n’importe quelle plante ou arbre au premier coup d’œil.
Le Bois-aux-Charmes appartenait à leur famille. Autrefois, on y chassait. Le grand-père y organisait des battues aux sangliers. Mais depuis sa mort, la grand-mère avait interdit toute forme de chasse dans le bois, et malgré plusieurs sollicitations de chasseurs, elle avait refusé de vendre. Pour Lucie, aller aux champignons, c’était plutôt s’amuser à faire crisser les feuilles mortes sous ses
