Le Chant de la Pluie
Par RJ Scott
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À propos de ce livre électronique
Robbie MacIntyre gère un bureau de poste à Barton Hartshorn, petit village endormi du nord-ouest de Londres. À la mort de sa propriétaire et amie, Maggie Simmons, il apprend avec stupeur qu’il hérite non seulement de son commerce, mais aussi du bâtiment qui l’abrite, l’ancienne gare du village.
Un neveu de Maggie se présente au village, Jason Young, jeune auteur américain. Robbie s’inquiète de son attirance pour un homme qui risque de contester ses droits sur sa maison. Mais alors, il reçoit une boîte pleine de secrets émanant du passé.
Avec l’aide de Jason, Robbie tentera de découvrir la recette du bonheur.
RJ Scott
RJ Scott is the author of the best selling Male/Male romances The Christmas Throwaway, The Heart Of Texas and the Sanctuary Series of books.She writes romances between two strong men and always gives them the happy ever after they deserve.
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Aperçu du livre
Le Chant de la Pluie - RJ Scott
Chapter Un
— AU MOINS, tu as essayé, Robbie.
Doris me tapota la main gentiment, comme elle le faisait toujours, de façon rassurante. Mais je n’avais pas besoin de réconfort. Ce que je voulais, c’était réussir ce foutu gâteau aux pommes. Franchement, comment pouvait-on rater aussi superbement une recette qui paraissait évidente ?
Je plantai ma fourchette dans la masse informe qu’était devenue ma préparation. Avec un gargouillis immonde, elle s’écroula sur elle-même autour de l’énorme cratère central apparu durant la cuisson.
— J’ai pourtant suivi la recette !
Et c’était vrai, j’avais suivi à la lettre chacune des étapes. J’avais pesé la farine, le beurre, les noix de muscade, et même déterminé avec une précision mathématique le poids des œufs par rapport au reste de l’appareil.
Une fois de plus, Doris me tapota la main. D’un hochement de tête, elle marqua aussi son empathie.
— Maggie a fait ce gâteau pendant près de quatre-vingt-dix ans. Si tu ne réussis pas du premier coup, ce n’est pas grave.
Un élan de douleur me traversa, surtout au niveau du cœur, et ma poitrine se contracta. C’était pour Maggie Simmons que j’étais resté au village quand tous mes amis s’étaient égayés, certains visant Londres, d’autres les bourgs voisins. Moi, j’étais revenu au village une fois mon diplôme d’art en poche – sans trop savoir quoi faire. Et j’étais resté. Après trois années à l’université, plus une pour ma spécialisation, j’étais plutôt paumé.
Un lundi matin, la vieille Maggie Simmons m’avait acculé près de la cabine téléphonique pour me parler de son cairn terrier ¹. Ledit terrier s’était si bien frotté à moi, d’un côté et de l’autre, qu’il avait fini par entortiller sa laisse autour de mes jambes.
Je n’avais rien oublié de cette rencontre : ce fut le jour où ma vie bascula !
— J’ai racheté l’ancienne gare, avait déclaré Maggie.
Sans doute lui avais-je répondu alors par quelques mots polis. J’étais courtois de nature et j’aimais bien Maggie. Bien connue à Burton Hartshorn, c’était une force de la nature, dotée d’un sacré bon lancer. Pour être franc, elle me faisait un peu peur. Je n’avais pas oublié les fruits pourris qu’elle nous avait jetés à la tête le jour où elle nous avait surpris, deux copains et moi, à voler des pommes dans son petit verger : ses tirs avaient atteint leur cible avec une remarquable précision. L’un d’eux m’avait frappé à la pommette. En évoquant ce jour lointain, je ne pus m’empêcher d’y presser les doigts avec une grimace intérieure.
— J’ai décidé d’ouvrir une bibliothèque, avait-elle ajouté.
— Où ça ?
Sûrement pas ici, à Burton Hartshorn, petit village perdu loin des routes principales, avec une population de trois cents âmes, n’est-ce pas ? Pourquoi en aurions-nous besoin alors qu’il était si simple d’emprunter des livres à Buckingham ? Je me souvins de mon excitation d’enfant chaque fois que mon père m’emmenait à la bibliothèque dans sa brillante Ford Mondeo. Pour moi, c’était un endroit magique avec son labyrinthe d’étagères où se cachaient tous les livres imaginables.
Non, le mot « bibliothèque » ne correspondait pas à un petit village perdu.
En ce jour d’été, Maggie avait précisé :
— Eh bien, pas uniquement. En fait, j’avais pensé, après que Silvia a pris sa retraite à Noël prochain, à transférer le bureau de poste dans l’ancienne gare. Nous installerions des tables et un petit comptoir, nous servirions du thé et du café, et de grands canapés confortables formeraient un coin lecture. Nous pourrions lancer un programme de livres tournants et mettre des affiches publicitaires à l’école.
Je me souvenais du visage mélancolique de Maggie, ce jour-là, dix ans plus tôt. À mes yeux, elle était très âgée. Bien sûr, septuagénaires et octogénaires le paraissent toujours à un diplômé universitaire fraîchement émoulu.
— Quelle intéressante idée !
J’avais craint manquer de sincérité, et peut-être était-ce le cas. Pourtant, la proposition était intéressante, pleine de possibilités. Personnellement, je n’étais heureux que le nez dans un livre, une tasse de thé à portée de main, avec quelques cookies à grignoter. Si en plus la pluie frappait aux carreaux, ça devenait le paradis. Bien sûr, avoir un compagnon à mes côtés, sa tête sur mes genoux, aurait été encore plus doux. Et là, d’un seul coup, le discours de Maggie m’avait rappelé mon récent chagrin : je venais de rompre avec mon amoureux, étudiant, comme moi.
Elle avait continué à parler, ponctuant chacun de ses mots d’un petit coup sec sur la laisse de son chien, si bien que j’avais eu les jambes ligotées. Je n’aurais pas pu bouger.
— Eh bien, voilà, je tenais à t’en parler. Tu es revenu, à présent, et je cherche à engager quelqu’un pour gérer ma petite affaire. Je ne pourrai pas te verser un gros salaire, bien sûr, mais le dernier étage du bâtiment est vide. Tu en feras ce que tu veux.
J’en étais resté stupéfait.
— Je vous demande pardon ?
Elle avait paru s’impatienter.
— J’aime beaucoup ta mère. D’après elle, tu tournes en rond. Je crois qu’un travail basé sur les livres, l’histoire et la famille te ferait un excellent exutoire. Elle suggère que tu crées une galerie pour y exposer tes peintures. À mon avis, c’est une bonne idée.
J’aurais aimé ne voir que les points positifs de sa proposition, mais sur le coup, la colère m’avait aveuglé : ainsi, ma mère pensait que je tournais en rond ? Je n’étais quand même pas devenu oisif ou paresseux sous prétexte que je traînais un peu au lit le matin et que je passais plus de temps que d’ordinaire devant la télé ! D’accord, j’avais momentanément abandonné ma peinture, mais ce n’était qu’une pause, un répit. Je m’y remettrais dès que je le voudrais. Pas vrai ?
Maggie avait tiré une dernière fois sur la laisse de son terrier, me libérant enfin. Pourtant, je n’avais pas bougé. Elle m’avait proposé un emploi. Une plaisanterie, n’est-ce pas ? Sûrement.
J’avais jeté un coup d’œil alentour pour voir si notre entrevue avait des témoins. Mon regard était alors tombé sur l’ancienne gare : un beau bâtiment en forme de L, situé près du ravin où circulaient autrefois les trains à vapeur de la ligne Grand Central reliant Londres et Manchester. Abandonnée dans les années 60, la gare était peu à peu tombée en désuétude jusqu’à ce qu’une brasserie tente d’y ouvrir un bar. Vraiment ! Je n’avais jamais compris comment les gérants avaient espéré attirer des clients alors que notre principal pub, le Lion Rouge, se trouvait à l’autre bout du village. La tentative ne dura guère. Ça faisait maintenant dix ans que les diverses pièces du bâtiment étaient à louer – mais aucun locataire ne restait bien longtemps.
— C’est un endroit magnifique ! s’était exclamé Maggie un peu tristement.
Le toit de chaume avait besoin d’être refait, les fenêtres blanches d’être repeintes et le bleu foncé de la porte provenait de trois couches de vernis différents, plus ou moins écaillées. Quant au jardin, il était abandonné, livré à lui-même, envahi de mauvaises herbes. Pourtant, les arbres qui restaient avaient des tons glorieux, vert, rouge et or, qui me poussaient fréquemment à m’arrêter pour les admirer. Non que je m’intéresse beaucoup à la flore ou aux jardins, mais l’effet d’ensemble – toit de chaume, petits vitraux aux fenêtres et air d’abandon général – excitait mon imagination d’artiste.
— C’est vrai, c’est superbe !
— Je viens de faire un petit héritage, alors, j’ai tout racheté. Je tenais à ce que tu le saches. C’est à moi, désormais, pour toujours. Rien de grandiose, certes, mais tu pourrais t’y installer et y planter tes racines.
Elle avait parlé avec intensité, en me regardant droit dans les yeux, le visage ferme et déterminé.
— Vous voulez que je gère un bureau de poste ?
Mon imagination débridée s’était aussitôt emparée de ce projet de vie réelle : je me voyais déjà restaurer l’ancienne gare pour réaliser la vision de Maggie. J’avais examiné avec plus d’attention les grands chênes ombragés au fond du jardin, le lierre qui couvrait les murs de la maison principale et la petite extension