ADN: Roman policier
Par Lily Gridel
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEURE
S’inspirant des auteurs tels que Lisa Gardner, Guillaume Musso et M. J. Arlidge, Lily Gridel vous propose ADN, une œuvre où enquêtes et suspens s’entremêlent.
À PROPOS DE L'AUTEUR
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Aperçu du livre
ADN - Lily Gridel
Prologue
Quand on est enfant et que l’on vous demande ce que vous détestez le plus au monde, la réponse est souvent la même : les épinards, la vaisselle ou encore les mathématiques.
Évidemment, toutes ces choses futiles disparaissent avec l’âge adulte, ces réponses paraissent enfantines. Pourtant, Alexia Marroni aimerait que ce qu’elle déteste par-dessus tout soit si futile, si peu important. Ce qu’Alexia déteste le plus au monde c’est cette odeur. Cette odeur qui reste collée à sa peau comme un aimant, cette odeur qui donne la chair de poule, cette odeur à cause de laquelle elle se réveille en hurlant la nuit. Elle prend toujours le dessus, elle gagnera toujours contre Alexia, jamais elle ne pourra oublier cette odeur qui lui pique le nez et lui donne envie de vomir son petit déjeuner.
Mais, même si c’est peine perdue, Alexia Marroni doit continuer de lutter chaque jour contre elle. Car, que dirait-on d’elle si ses collègues la voyaient perdre ses moyens devant cette odeur ? Elle serait humiliée à coup sûr ! Mais, d’un côté, elle comprendrait ses supérieurs et ses collègues, pour son métier c’est honteux d’en avoir peur.
Et pourtant, chaque jour, ou du moins presque, elle doit sentir et subir ce parfum âcre qui emplit ses narines.
Alexia Marroni est enquêtrice et cette odeur qui la répugne tant est celle du sang.
Il était tard, presque minuit, mais impossible de trouver le sommeil. Fabrice m’avait dit qu’il rentrerait sûrement au petit matin, pourtant je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il passerait la porte de la maison d’ici quelques minutes. Quelque chose n’allait pas ce soir-là, même si c’était sûrement la fatigue qui me jouait des tours. C’était la troisième fois que ça se reproduisait depuis que j’étais allée mettre les enfants au lit, c’est-à-dire à neuf heures. Si j’avais téléphoné à Fabrice pour lui en parler, il m’aurait prise pour une folle, et même si ce n’était pas le cas, il n’aurait pas pu rentrer pour autant. Pourtant, j’étais certaine d’avoir entendu le plancher craquer à l’étage. Ce qui était impossible vu que les enfants dormaient et que j’étais dans le salon, au rez-de-chaussée, à ce moment-là. Je suis quand même montée vérifier. Les enfants dormaient à poings fermés quand je suis entrée dans leur chambre. Et comme je m’y attendais, les autres pièces étaient vides. Alors pourquoi est-ce que je me tracassais autant ? C’est vrai quoi, comment aurait-il pu y avoir quelqu’un chez moi ? Toutes les portes et fenêtres étaient fermées, je les avais vérifiées avant d’aller dans ma chambre. De plus, nous avions une alarme. Et qui pourrait bien vouloir rentrer dans notre petite maison alors qu’à deux pas de là se trouvaient des villas de bourgeois. Pourtant, quelque chose n’allait pas, j’étais persuadée de ne pas être seule, et que ce n’étaient pas mes enfants qui étaient somnambules. Je tressaillis une fois de plus en entendant le plancher craquer, cette fois-ci, juste devant ma chambre. Mais je savais que sortir comme les deux fois précédentes ne servirait à rien. Il n’y aurait personne sur le palier. Je me posais quand même la question de savoir si je ne devais pas consulter un médecin. Peut-être que je devenais folle ?
Le sommeil a fini par avoir raison de moi, pourtant je n’étais pas dans un sommeil profond. C’est comme ça que j’ai eu le temps d’ouvrir les yeux avant qu’un tissu imbibé de je ne sais pas quoi se plaque sur ma bouche et mon nez. Immédiatement, tout se mit à tourner autour de moi, mais pas assez pour que je ne distingue pas les traits de mon agresseur derrière sa cagoule. Et très franchement, j’aurais préféré garder les yeux fermés. Ce fut ma dernière pensée avant le trou noir.
Certaines enquêtes sont dures à oublier, souvent macabres, tachées de sang ou encore perverses. Mais celle-là était la pire. Jamais Alexia ne se serait doutée qu’un simple appel radio aurait pu la changer et la hanter à ce point. Pourtant, ce matin-là, alors qu’elle préparait des pancakes pour sa fille, sa radio vibra. C’était Brandy qui, sans une explication lui demanda simplement de le rejoindre. La joie qu’elle éprouva d’être enfin sur une nouvelle enquête fit vite place à la frustration du fait que Brandy ne lui en avait pas dit plus. Elle détestait arriver sur les lieux sans savoir ce qui s’était passé. Cela lui donnait l’impression de ne pas faire partie de l’enquête. C’est donc avec empressement qu’elle fit prendre son petit déjeuner à Naomie, qu’elle l’habilla pour l’école et que, elle revêtit un jeans slim noir, une blouse blanche, sa ceinture avec son arme de service et sa radio. Devant la porte d’entrée, elle se rappela que c’était l’hiver et qu’il faisait sûrement au moins -5 degrés dehors, elle attrapa donc son manteau caramel et revêtit sa fille d’un manteau rose bonbon avec capuche, d’une écharpe et de gants assortis. Alexia avait, quant à elle, enfilé une écharpe brune qui lui tombait jusque mi-cuisses. Elle l’emmena ensuite chez sa meilleure amie qui habite l’appartement du dessous.
Alexia occupe un petit appartement. Il n’est pas très grand certes, mais ce sont les lambris en bois blancs, les parquets en bois, la cheminée en pierre et le fait qu’Annabelle vive en dessous qui l’ont persuadée de le louer à monsieur et madame Han, un couple de personnes âgées qui possèdent la résidence. Quant à Naomie, il a juste fallu peindre sa chambre en rose pastel, y installer son lit princesse et sa commode blanche pour qu’elle soit aux anges. Le reste de l’appartement se compose d’un petit salon avec une cheminée en pierre, d’un sofa brun et d’une table basse sur laquelle repose une télévision, d’une cuisine blanche aux meubles couleur taupe, d’un coin dans lequel elle a réussi à coincer un bureau et d’une salle de bains sans baignoire ; ce qu’elle regrette, car elle a toujours aimé prendre de longs bains le soir après une dure journée. Et la dernière pièce, sa chambre, qui est blanche et qui comporte simplement un lit et une armoire coulissante de la même couleur pour y ranger ses vêtements. Il n’y a aucune décoration, car Alexia n’en voit pas l’intérêt puisqu’elle ne fait que dormir dans cette pièce.
Annabelle et Alexia sont amies depuis l’enfance. Contrairement à Alexia, Annabelle est fille unique et n’a jamais eu à se battre pour boucler ses fins de mois. Ses parents avaient fait des études supérieures ; son père est banquier et sa mère avocate. Elle ne les voit que rarement. Quand les deux amies se voyaient en dehors de l’école, c’était toujours chez Annabelle. La plupart du temps, elles jouaient dans le jardin qui était immense et peuplé d’arbres fruitiers. L’été, elles grimpaient aux arbres et l’hiver elles faisaient des batailles de boules de neige et de la luge comme la plupart des enfants de leur âge.
Alexia a toujours été belle et séduisante. Même à trente-deux ans elle paraît en avoir cinq de moins. Avec ses longs cheveux bouclés roux, mais pas un roux brun ou roux blond, non un roux rouge feu au naturel. Ses grands yeux expressifs vert émeraude et ses taches de rousseur sur son visage et ses avant-bras détonnent sur sa peau claire tout comme sa taille fine qui a valu bien des sifflements lors de son passage au lycée.
Elle est jeune pour son métier, trop jeune même. À vingt-six ans, elle avait son diplôme et à trente-deux ans elle était déjà montée trois fois en grade. Ses collègues ont tous dans la quarantaine et ses supérieurs ont, quant à eux, dans les cinquante ans. Souvent quand elle va chez des gens pour recueillir des témoignages, elle doit s’attacher les cheveux pour avoir un air plus sérieux et pour paraître plus âgée, mais la plupart du temps, ils la dévisagent comme si c’était une gamine.
Alexia peut être chiante et elle le sait. Chiante dans le sens où elle ne lâche jamais le morceau. Dès qu’elle a quelque chose en tête, elle donne tout ce qu’elle a pour arriver à ses fins. Elle est déterminée et très sûre d’elle sauf quand il est question de confiance. Elle a toujours eu beaucoup de difficultés à accorder sa confiance, surtout à un homme. C’est certainement lié à son enfance difficile, ce qui ne l’a jamais empêchée d’avoir un comportement calme et réfléchi.
Son père, un ivrogne au chômage avait été, il y a plusieurs années, employé dans une entreprise de production de photocopieuses. Bâti comme une armoire à glace, il faisait peur aux enfants qui osaient s’approcher de la maison. Et même à cette époque, il avait tendance à abuser un peu trop de la boisson. Même s’il avait un travail, sa situation financière était difficile alors, quoi de mieux que l’alcool pour oublier ses problèmes ? Mais les choses n’ont fait qu’empirer quand l’entreprise dans laquelle il travaillait a fait faillite. Il s’est retrouvé au chômage, et là, c’était bien pire qu’abuser un peu de la boisson.
Quant à sa mère, elle était mère au foyer. Elle disait que si elle travaillait elle ne pourrait pas s’occuper de la maison et de ses enfants. Mais en réalité, elle n’avait jamais eu de diplôme. Quelque temps après que son père eut sombré dans l’alcool, un cancer du poumon avait été diagnostiqué chez sa maman. Rien ne pourrait la soigner avait affirmé le médecin, il lui restait tout au plus deux mois. Malgré les multiples traitements qu’ils avaient essayés, sa mère était morte peu de temps après comme l’avait prédit le médecin. Quant à son père, de l’avis d’Alexia, il se moquait de la mort de sa femme. Il n’avait même pas fait l’effort d’être sobre le jour de l’enterrement. Elle avait dû le ramener chez lui après qu’il eut raconté des horreurs sur la tombe de sa femme.
C’est pourquoi, maintenant, elle se méfie et accorde sa confiance à très peu de gens. Le premier homme à qui elle a accordé sa confiance est le père de Naomie, sa fille. Malheureusement, à partir du moment où elle lui a annoncé sa future paternité, il s’est éloigné de plus en plus jusqu’à ce que leur relation se termine définitivement. Elle se demande encore maintenant comment elle avait pu faire confiance à un type comme lui, qui l’a laissé tomber en refusant de prendre ses responsabilités. Elle essayait de se trouver des excuses en se disant que l’amour rend aveugle, mais au fond d’elle-même, elle savait que ce n’était pas vrai. Le deuxième homme était Brandy, son collègue. Un quadragénaire aux cheveux poivre et sel. Marié, père de quatre enfants, c’est son instinct paternel qui a pu résoudre une bonne partie des enlèvements au poste. Même, si au début elle a eu du mal à lui accorder sa confiance, elle ne le regrette pas aujourd’hui, car, en plus d’être un bon enquêteur, Brandy est aussi un très bon ami. Avec ses habits décontractés, mais en même temps sérieux, il a le don de la faire douter dans certaines affaires.
Après avoir déposé sa fille chez Annabelle, Alexia se rendit au parking de la résidence là où était garée son antique Opel Corsa rouge cerise. Elle brancha son GPS et vérifia l’adresse que Brandy venait de lui envoyer par mail. Et c’est là qu’elle eut un déclic, cette adresse lui disait quelque chose, elle y était déjà allée plus jeune. C’est donc avec un mauvais pressentiment qu’elle suivit le GPS dans les rues de Londres. En arrivant au coin de la rue, elle fut fixée. Sa peur fut si vive qu’elle manqua de peu d’emboutir la voiture qui se trouvait devant la sienne. Elle se gara sur la première place de libre qu’elle trouva, arrêta le moteur et prit deux minutes pour réfléchir. Impossible, impossible, impossible n’arrêtait-elle pas de se répéter. C’est impossible que ce soit cette adresse, elle doit sûrement se tromper ou confondre. Pour se rassurer, elle se persuada qu’elle se trompait et sortit de la voiture en claquant la portière. En arrivant devant la petite maison, ses mains étaient tellement agitées de secousses qu’elle dut les enfoncer dans ses poches pour cacher ses tremblements à Brandy et à Émile, le légiste.
Au poste, Alexia partageait son bureau avec Brandy. La première année qu’elle l’a partagé, ce dernier était collé à la grande fenêtre qui donnait sur la