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Le prince étranger
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Livre électronique124 pages1 heure

Le prince étranger

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À propos de ce livre électronique

Le Roi s’ennuie. Il est seul, depuis la mort de son épouse la Reine. Il ne lui reste guère, pour lui tenir compagnie, que son fidèle chien et son bouffon, âgé comme lui, qui continue à essayer de le divertir tant bien que mal. Sur qui peut-il donc compter, désormais ? Tous ceux qui l’entourent sont, soit intéressés, soit indifférents. L’avenir du royaume est en péril ! La venue inattendue d’un jeune prince étranger, brillant et cultivé, va bouleverser l’ordre établi. Le jeune homme ouvre peu à peu les yeux du Roi sur la réalité qui l’entoure et oblige chacun des protagonistes à abattre ses vraies cartes. Mais, qui est ce prince étranger et que veut-il ? Pourra-t-il sauver le royaume de sa perte ? Une comédie écrite en hommage au grand William Shakespeare.
LangueFrançais
Date de sortie10 avr. 2013
ISBN9782312009551
Le prince étranger

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    Aperçu du livre

    Le prince étranger - Isabelle Pheulpin

    cover.jpg

    Le prince étranger

    Isabelle Pheulpin

    Le prince étranger

    Pièce en sept actes

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-00955-1

    Personnages

    Le Roi,

    Le prince étranger,

    Le prince, le fils du Roi,

    La fille du bouffon,

    Le bouffon,

    Le premier ministre,

    La favorite du roi,

    Le spectre de la Reine morte,

    Des gardes.

    Acte I

    LE ROI, SEUL SUR SON TRÔNE, SON VIEUX CHIEN A SES COTES

    Le Roi – A quoi sert le pouvoir, si la chance vous glisse entre les doigts comme une anguille enduite de glaise ? Une couronne en or n’est-elle rien d’autre qu’un joyau propre à émouvoir les sots ? Dieu m’a abandonné à un bien triste sort ! Il n’a rien fait pour me venir en aide. Je l’ai imploré, mais en vain ! Et, c’est impuissant que je suis désormais, face au sort qui m’assomme. Je suis riche à foison et pourtant je suis pauvre, privé de mon bien le plus précieux. Je ne manque pas de courtisans, mais je suis toujours seul, sans une personne chère à mes côtés. J’ai perdu ma compagne, il y a peu : la Reine est morte, dans un souffle. Tout mon pouvoir n’y a rien pu. Une flamme vacille, puis s’éteint dans la nuit et la vie s’effondre dans un gouffre sans fond. Le monde s’écroule autour de vous et plus rien n’a de sens. Depuis, les jours s’enchaînent aux jours, dans une pâle lueur. L’hiver s’est abattu sur mes terres et sur mon cœur. Je suis triste et je pleure à l’envie, sans retenue aucune. Je n’ai le goût à rien Aucune chasse, aucun met succulent ne me font envie. Quant aux affaires du royaume, qui m’occupaient naguère sans répit, elles ne sont, aujourd’hui, que de lointains fantômes. A quoi bon vivre ?! Je comprends maintenant ce qu’elle était pour moi. Une amie, voilà tout. La plus sûre d’entre tous. Pas une conseillère avide de pouvoir, ni une courtisane aux ambitions lubriques, mais avant tout une sœur et une confidente. Elle veillait sur le royaume comme une mère aimante, élevant notre fils qui est sa pure copie. Elle assistait aux cérémonies dans des robes couleur de feu, qui rayonnaient sur toute la Cour. Elle était l’âme de ces lieux ! Tout ne fut pas rose, ce serait mentir. Elle pouvait être dure, violente parfois. Elle devenait hostile, les jours d’orage, lorsque son cœur prenait ombrage de quelque affaire entre nous. Indifférente par nécessité plus que par choix, elle était devenue peu encline à me supplier de rejoindre sa couche, que j’avais désertée depuis fort longtemps déjà. Le temps avait fait son ouvrage, nous séparant peu à peu, comme un fruit qui se détache mollement de l’arbre qui l’a si longtemps porté. Nous vivions côte à côte, sans un regard, sans un sourire, mais sans colère non plus. Distants et pourtant si proches. Ennemis parfois, mais jamais étrangers. Unis devant Dieu : à la vie et à la mort. Mais, ma moitié est partie vers je ne sais qu’elle contrée dont on ne revient pas. Elle n’est plus de ce monde. Et maintenant ? Vers qui vais-je trouver réconfort ? Quel être pourra devenir mon allié et, dans ce monde glacial et froid, me réchauffer le cœur ? Il ne me reste rien, ou si peu. Trois êtres sont ma seule garde rapprochée. Un fils, indifférent aux affaires du royaume, qui préfère saisir les plaisirs de la vie, plutôt que de prendre en main notre destinée. Il ne m’aime guère et m’évite. Il a sans doute plus mal que moi encore ! Un vieux chien fidèle, au museau usé, presque aveugle à force d’épier mes moindres gestes. Son affection est simple et sans retenue. Mais, lui aussi est mortel et il me quittera un jour. Un bouffon, aussi vieux que moi, qui tente vainement de me divertir ces derniers jours, avec un succès bien faible. Il a pourtant du talent pour jouer la comédie et imiter les autres. Et cent fois, moi aussi, je fus mis à l’épreuve. Mais, le rire ne peut rien devant tant de chagrin !! Il faudrait un coup du sort. Que Dieu me rappelle à lui, ou bien qu’il m’envoie du renfort !

    LE BOUFFON DU ROI ENTRE.

    Le Roi – Ah ! Bouffon, te voici. Justement, je parlais de toi en des termes élogieux. Mais, je déplorais pourtant ton impuissance à me rendre gai et heureux. Je ne t’en fais aucunement reproche, car tu as fort à faire pour tirer un sourire de mon visage pâle et défait. Tu dois, hélas, rivaliser avec un ennemi redoutable qui détruit mon âme et mon corps. Les médecins ne peuvent rien contre mon triste sort. Ta médecine est plus douce et moins amère. Mais, peut-elle quelque chose contre le mal qui me ronge ?

    Le bouffon – Mais, que me dîtes-vous là, mon Roi ? Mais, à qui parliez-vous donc de moi, avant mon arrivée ? Je ne vois ici qu’un vieux chien qui, j’en suis sûr, a encore l’oreille fine, mais ne peut cependant converser avec vous. Il est aussi muet qu’une carpe ! Mais, si ma médecine semble impuissante à vous guérir, elle peut pourtant faire des miracles ! Imaginez ainsi que votre fidèle compagnon puisse parler à travers moi. Voici, alors, ce qu’il pourrait vous dire…

    Le bouffon se met à quatre pattes et imite le vieux chien.

    Le bouffon – Mon bon maître, je vous crois ! Moi-même, je n’abois plus devant ses pitreries, vieilles comme Hérode. Elles n’arrivent même plus à me faire lever le museau de mes pattes. Je suis indifférent à ses agissements et je regarde ailleurs. Je soupire dans mon coin et je m’ennuie. Jadis, ces amusements me faisaient rêver et je pouvais, pendant des heures, japper inconsciemment dans mon sommeil et m’esclaffer encore, bien après son départ. Si sa médecine ne peut rien, c’est qu’elle est dépassée ! Il existe sans doute d’autres guérisseurs, plus habiles que lui. Il vous faut un autre os à ronger. Changez de bouffon, mon Roi ! Celui-là est usé. Prenez-en un plus jeune et plus doué. Et, vous rirez de nouveau, à gorge déployée. Quant à celui que vous avez toujours eu à votre service, faites-en un chambellan ou bien un conseiller. Il ne sera pas pire que ceux que vous avez. Ils sont plus mauvais les uns que les autres !! Et ils sont nombreux, ceux sur lesquels je me verrais bien lever la patte, pour me soulager !! Paré de ces nouveaux habits, à défaut de vous livrer des idées nouvelles, il pourra tout du moins vous aider à porter votre lourde charge. Ainsi, il pourrait, en tant que de besoin, vous imitez, prendre votre voix avec dextérité et dans le protocole vous remplacer, quand vous serez lassé.

    Le Roi – S’il pouvait encore me faire rire comme il le faisait jadis, avec des pitreries dont il a le secret, je serais bien à deux doigts de lui donner tout le royaume s’il le veut ! Je suis las de tout et je suis prêt à renoncer au trône pour qui veut s’en saisir. A la condition que l’on me redonne vie, joie et gaieté. Mais, qu’il prenne garde ! Ce royaume est un piège dans lequel on peut tomber la truffe la première. Il pourrait bien y perdre tout son savoir, sa médecine, ses remèdes et se retrouver un jour comme moi, indifférent à tout, lassé du pouvoir et seul.

    Le bouffon – Je ne suis qu’un pauvre chien, Maître ! Mes sens sont un peu usés, mais je sais renifler un homme et le lire tout entier ! Non, il ne veut pas vous prendre votre place. Il ne veut rien de tout cela. Le pouvoir l’ennuie et les affaires du royaume sont bien tristes à ses yeux. Il n’aime rien tant que son métier : divertir, faire rire et pleurer. Et puis, il se fait vieux. Il est temps qu’il s’arrête et qu’il passe le relais à un plus jeune que lui, plus allant et plus inventif. Il veut, tout simplement, une place au coin du feu, près de la mienne. En cela nous sommes frères : les

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