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God Mystère
God Mystère
God Mystère
Livre électronique484 pages6 heures

God Mystère

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À propos de ce livre électronique

God Mystère raconte deux ans de l’histoire d’une femme, Love, aux prises avec un monde d’hommes et d’argent, dans lequel elle veut trouver sa place et garder son identité sans aucun compromis, tout d’abord dans son premier métier, celui de dirigeante d’une marque de produits de beauté puis dans sa vocation de chanteuse auteure-compositrice-interprète. Elle y parviendra mais presque au prix de sa propre vie. Dans ce thriller psychologique sur fond de mode, de show-biz, de musique et de sombre trafic d’êtres-humains, l’Autre, la Fée qui vit à l’intérieur de Love (son Guide, son Ange Gardien, la partie divine de son être, son intuition), la sauvera toujours des situations désespérées. Love parviendra à suivre cette voix intérieure malgré la pression des personnes malintentionnées qui font scintiller devant elle de nombreuses tentations. Très souvent on entendra les dialogues intérieurs de Love avec l’Autre, et quelquefois, lorsqu’elle s’adressera à un tiers, Love s’exprimera avec la voix grave de l’Autre…
LangueFrançais
Date de sortie7 août 2015
ISBN9782312034690
God Mystère

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    Aperçu du livre

    God Mystère - Elaine Kibaro

    cover.jpg

    God Mystère

    Elaine Kibaro

    God Mystère

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    A Salvatore

    © Les Éditions du Net, 2015

    ISBN : 978-2-312-03469-0

    Préface

    LOVE ET MOI

    Love et moi

    Dans un conte de fées

    Comme on a pu s’aimer

    Se cacher se tuer se bouder

    Se lasser enfin se retrouver

    Je t’ai marquée sur la joue

    Tu sortais du chou

    Toi tu savais qu’un jour je te tiendrais

    Et tu cherchais sur la glace

    Le reflet de la grâce

    Que je t’avais jurée pour l’été

    Love et moi

    Les yeux écarquillés

    On a pu s’admirer

    C’est moi qui t’ai ainsi modelée

    Aujourd’hui je vais enfin t’aimer

    Je t’aí marquée sur le bras

    Tu me quittais toi

    Tu allais là-bas pour mieux m’oublier

    Pour me chercher m’inventer

    Me prier m’invoquer

    Me créer enfin me retrouver

    Love et moi

    On s’est superposées

    Vous pouvez regarder

    Love c’est moi

    Si son cœur a brûlé

    C’est pour mieux fondre le monde entier

    Je t’ai marquée sur la joue

    Tu sortais du chou

    Hors du miroir qui nous avait soudées

    De mon côté je marchais

    Je pensais programmais

    L’été où je te retrouverais

    Love et moi

    Le feu nous a sauvées

    Il nous a cimentées

    Love c’est moi

    Le feu nous a brûlées

    Notre flamme brille au monde entier

    Lalalalalalalalalalala….

    CHAPITRE I

    « Love et moi »

    Le plus ennuyeux dans la vie, c’est ce manque de mémoire général. Les gens traversent des épopées, et ne se souviennent pas réellement des choses, des mots, des gestes, des couleurs, des ondes qui passent. Ils connaissent juste la fin des histoires, jamais le pourquoi…

    Love, c’est moi. J’ai vingt-six ans et deux mois, et les yeux ouverts sur le monde, ouverts à en faire peur. On m’appelle Love, parce qu’immanquablement, les hommes, les femmes aussi, pensent à faire l’amour en me voyant.

    Moi, je joue là-dessus, Je leur fais miroiter Love, pour qu’ils ne devinent pas l’Autre, la très grande, la très pure, la très puissante et la très sûre qui se cache à l’intérieur de Love, de l’inoffensive Love.

    Quelquefois, certains la perçoivent inconsciemment, et proposent à Love des tâches que nul ne songerait à lui offrir à priori. Love cache bien l’Autre. Elle est tout miel, tout sourire, tout amour. Mais de temps en temps, L’Autre laisse fuser, comme par mégarde, une pointe d’ironie brûlante, une conclusion des plus synthétiques pour clore une conversation, un ordre à la cantonade, pour démêler une situation. Alors, tout le monde regarde Love étonné.

    Mais Love n’a pas bougé; sa peau a des reflets de soie; elle sourit, tendre énigme… Love ne prend jamais part aux discussions; son visage interroge…

    Et les gens pressés parlent d’autre chose, finissent d’avaler leurs pommes sautées, arrosent leur ulcère à l’estomac… « Quelle horreur ! », dit Love…

    Love m’appartient. Elle est à moi. Je la pénètre toute entière, et l’on joue, l’on joue à se jouer des félons… Et ils sont légions…

    Man, c’est l’homme qui vit avec Love, avec l’Autre aussi. Il les connait toutes les deux et je crois qu’il les aime autant l’une que l’autre. Man, c’est l’archétype du mâle, et avec Love, il forme un couple parfait, sculptural. Il n’est pas une femme qui n’ait rêvé d’être à Man : il émane de lui une telle force ou chaleur, que fondent les plus glaciales. C’est tout à fait normal qu’il ait rencontré Love, voir la loi de l’électricité, pôle positif et pôle négatif, je vous ferai un dessin…

    Je ne vous décrirai pas la Cité sortilège, Atalana, lumière de la Terre, qui brille de cinquante années d’avance sur les autres villes. Love habite Narghil, capitale de la République Nirgalienne et voisine ancestrale du Royaume Bussonnique (capitale : Libra). Ces deux états appartiennent au continent Atlante et connaissent un développement proche de votre monde actuel. Aujourd’hui, je me sers de l’auteur pour vous transmettre, dans votre langue, ce témoignage du temps ou Man et moi n’avions pas encore détruit l’Atlantide par nos découvertes…

    Lundi, jour de repos.

    C’est idiot : il faut quand même se lever, car après deux ans de travail, la direction bussonnique de Love se déplace pour la rencontrer. C’est l’Autre qui pousse Love à mettre sa robe des grands jours, au décolleté provoquant; et Love se sent femme, super femme.

    « Après tout, qu’est-ce que tu crains ? dit L’Autre, on ne peut que te féliciter… Et quoiqu’il arrive, en septembre, tu te consacres à tes œuvres. »

    Quinze heures : deux hommes qui reçoivent Love comme de la poudre aux yeux. Je les guide à travers le dédale des couloirs, je leur parle dans leur langue;

    – Je vous attends depuis deux ans, dit Love.

    – Vous êtes la première de nos démonstratrices à l’étranger, à laquelle nous rendons visite. Vous faites plus de chiffre que notre point de vente d’Atalana. Nous voulons développer notre marché en Nirgalie; pouvez-vous nous y aider ?

    – Bien sûr. C’est ce que je vous avais proposé au départ, mais vous n’étiez pas prêts.

    – Saurez-vous trouver des filles et les former ?

    – Facilement; il vous faut des visagistes comme moi. Quant à la formation, c’était ma spécialité il y a peu de temps, avant d’entrer chez vous.

    – Nous venons confirmer notre accord avec la chaine des grands magasins de Lantique qui nous a ouvert la voie de ce pays. Etes-vous contente ?

    – Certainement. Je disais toujours à mon mari que cela arriverait.

    – Que fait votre mari ?

    – Il est comédien et rentre très tard le soir, après le spectacle…Je ne dors presque jamais.

    – Et que faites-vous en attendant ? Souffle le plus grand des deux.

    Love éclate de rire…

    Dix-neuf heures :

    – Man, devine qui tu as devant toi ?

    – Dis-moi ?

    – La future directrice de Fivès pour la Nirgalie.

    Man la fait tourner dans ses bras :

    – Tu vois, quand je t’affirmais que nous sommes protégés. Tu vas enfin quitter ton stand de Lantique et pouvoir t’occuper de toi et de tes chansons.

    – Tu rigoles ? Je vais sûrement avoir plus à faire,  mais je serai libre de m’organiser comme je veux… Ne dis rien à personne avant le début des opérations, je ne veux pas éveiller les jaloux. Je commence le premier octobre.

    – C’est dingue la vie… Voir ton chemin s’ouvrir peu à peu…

    – Oui… Mais je dois d’abord réussir cela avant de chanter. Sinon je m’en voudrais trop… Tu sais, à quinze ans, je me suis juré de m’occuper de la beauté, et je voulais aller le plus loin possible dans ce domaine que tout le monde me déconseillait… Il faut être au sommet pour partir. Et je ne veux pas quitter ce métier en fuyant.

    Plein été.

    Il est dix heures du matin. Je me réveille émerveillée.

    Enfin. Le canal s’est ouvert…

    Le canal. Chacun de nous est un canal. Mais passé l’enfance, on ne rencontre plus que des canaux fermés. C’est bête un canal bouché, c’est sale aussi, forcément…

    Pour recevoir la puissance cosmique et les messages de la subconscience universelle, il faut ouvrir le canal. Cela vient un jour, si l’on guette ce déclic; je me souviens… Hier, Man n’a pas dormi chez moi. Il est parti voir son fils. Je me souviens, la nuit, ces frissons de terreur, sans raison.

    Dans mon lit, la couverture sur la tête, je n’osais plus bouger d’un millimètre… Je sentais tant de monde dans la pièce. Et cette voix qui claironnait en riant dans mon crâne : « N’aies pas peur, tu crées cela toute seule. »

    Alors, les frissons-courants-électriques ont repris leur ascension. Il y eut en moi une explosion, puis plus rien… Juste un sommeil ambigu, actif.

    Ce matin, une main invisible vient de tracer en lettres d’or sous mes paupières, les mots suivants : « 3 septembre. »

    L’autre traduit : « Voici le premier rendez-vous, peut-être la première clef. Un jour on se rend compte que l’on est soi-même l’objet d’une expérience. »

    Love n’est plus qu’attente…

    Bien sûr, Man a été plus gâté. Il communique carrément avec l’au-delà. Attendez. Je vais chercher le cahier dans lequel il marque l’extraordinaire.

    C’était à l’époque où Man venait de retrouver une ancienne amoureuse. Et l’Autre mourrait d’envie de combler cette fille selon ses désirs inavoués… Algue, c’était son nom, attendait cela de Man. Mais la fête vint de l’Autre, tant et si bien que Man se sentit malaimé, délaissé, désespéré… Sa seule vengeance fut de nous brouiller pour me récupérer… Et comme je le sais le plus vulnérable, je suis restée. Il était dans un tel état nerveux que l’ouverture de son canal fut grandiose.

    Bref, je transcris :

    « Per Adonaï Eloïm, Adonaï Jehovah, Adonaï Sabaoth, Metraton on Agla Adonaï Mathom, Verbum Pythanicum Mysterium Salamandraë, Conventum Sylvorum Antra Gnomorum, Daëmonia Caëli, Gad, Almonsin, Guibor, Jehoshua, Evam, Zariathnatmik, Veni, Veni, Veni…

    Dies Mies Jeschet Boene Doesef Duvema Enitemaus… Yod Heh Vav Heh… Aum, Shin Yod Nun… »

    Telles sont les incantations que j’entends sans arrêt chaque nuit, depuis une semaine. Quelqu’un a soufflé. « C’est l’appel aux morts. »

    Cette nuit, la voix m’a dit de vivre, de rire, car ma route est tracée, qu’il me faut rester l’enfant du soleil et ne pas répondre aux sarcasmes des autres, mieux vaut passer pour un naïf, que je dois me trouver à trois heures du matin devant la porte du cimetière pour recevoir les instructions.

    Jeudi 18 avril, je suis arrivé à 2 h 45; j’ai garé ma voiture sur le boulevard. Il fait froid, sinistre. Je ne peux détourner mon regard de l’allée qui s’élève au-delà de la grille, bardée d’arbres noirs, dans la nuit noire. La porte principale du cimetière est fermée à clef. J’attends quelques instants, personne. Si, pourtant; un passant. Comme pour signaler son arrivée, il sifflote. Pour avoir l’air naturel, je traverse la rue, marche un peu, avant de revenir devant la grille. J’attends. Derrière moi, un grincement. Je me retourne paniqué; la porte du cimetière s’est entr’ouverte.

    Poussé par une autre volonté que la mienne, je m’engage dans l’ombre du chemin… Klang… La grille s’est refermée derrière moi. Cela dépasse toute imagination… Je ne suis pas fou… Des images de film d’épouvante, des idées-flash surgissent dans ma tête… Et moi qui ai toujours rejeté ces phénomènes… Une voix calme, comme un long soupir m’enveloppe alors; je me souviendrai toujours :

    « Viens Man, n’aies pas peur; tu n’as pas à avoir peur… Continue à monter et laisse-toi guider. »

    J’avance, tel un somnambule.

    « Mets-toi près de cet arbre, Man, cet entretien ne sera pas long car c’est le premier que tu reçois et tu es encore craintif. Je suis ton grand-père Eugène, celui que tu n’as pas connu…Tu me ressembles beaucoup, mais dans la vie, Ils ne m’ont pas permis d’avoir la chance que tu auras à partir de ce jour grâce à ce que nous t’apprendrons. Je serai toujours là, moi ou un autre, pour te conduire ou te montrer le chemin…

    Suis toujours tes intuitions, et ne doute plus de rien. Jamais elles ne te tromperont et nous avons rarement connu quelqu’un d’aussi intuitif et perméable à toutes les choses qui nous entourent. Si tu as envie d’aller en Ithrie, pars, suis ton intuition. Tu verras. Mais ne compte que sur toi, ne crois qu’en toi. Tous ceux qui viendront pour soi-disant t’aider, seront appelés par toi, car ils ont besoin de toi, Ils viendront à toi car ils sentiront inconsciemment que tu leur apporteras beaucoup. Tu ne leur devras jamais rien, dis-toi le bien. Quant au mystère de la mort, je n’ai pas le droit de t’en parler. Voilà pour aujourd’hui; maintenant, rentre et dors… N’oublie pas. Ris, ris toujours…

    Pour Love, j’ai un message; dis-lui Finale, elle comprendra.

    A bientôt Man, rentre, reprends le chemin et n’aies aucune crainte. Au revoir… »

    La grille m’a de nouveau ouvert le passage en grinçant…Je suis arrivé livide chez Love. Elle m’attendait.

    « Finale ».

    Quand Man m’a répété ce mot, je me suis mise à rire.

    « Tu sais, Man, c’était le mot favori de mon père quand il voulait mettre fin à une discussion. Et fatalement, toute la famille se taisait, quand il prononçait « Finale »… Sauf moi… Je murmurais : « Dis papa, qu’est-ce que ça veut dire Finale ? »… Et sa colère s’envolait. Il expliquait… Je crois que c’est un terme de musique Ithrien. Mais pour lui c’était « ça suffit. »

    « Finale » aujourd’hui peut marquer la fin de mes angoisses ou de la peur du lendemain. Ou bien, cela peut signifier « Arrête de compliquer ta vie. » Ou signaler simplement qu’il veille sur moi, même de « là-haut ».

    « Finale », l’enfance. Mon enfance qui revient.

    Avec Man, je décide de partir au soleil de ce pays que j’ai quitté à treize ans, il y a treize ans… « Really, it will be the foot ! »

    Le soleil or, la mer turquoise, le ciel méthylène, les maisons blanches… Les yeux de l’ancien sur la plage : ils plongent dans ta subconscience, Man, pour en tirer des renseignements cachés… Et je ne sais qui est ce vieillard qui te raconte ma vie…

    Le rire des marchands de pistaches ou de n’importe quoi ponctue la défaite de chaque touriste… Mon bronzage marron-glacé, et dans la glace, l’image de Love telle que je l’aime… Le temps ne bouge pas ici…

    Arrive le 3 septembre.

    Il est zéro heure et une minute. Nous assistons passionnés à un spectacle d’hypnose. Mon savoir parapsychologique accumulé depuis sept ans fait surface… Pensée-lumière : « Bien sûr, l’hypnose c’est le secret; elle donne accès à la pierre philosophale, à l’eau des magiciens… »

    Man, hypnotise-moi ou laisse-toi faire. Il est temps de s’exercer. Comme Love a horreur de parler, l’Autre pense très fort ;

    « Regarde la flamme de la bougie, Man, fixe la flamme; tes yeux commencent à larmoyer… Tes yeux se ferment… Tu as sommeil…Dors, dors, tu n’entends pas le bruit dehors… Tu seras réveillé demain à huit heures par les grelots de la charrette du lait… Demain tu te réveilleras, rafraichi… »

    Love n’a pas ouvert la bouche pourtant Man a fait ce que j’attendais. La pensée de l’Autre serait-elle donc si forte?

    A Narghil, c’est le tour de Man. Sa voix chaude, ses yeux fixes, ses phrases, sans arrêt, les mêmes. Des ondes rondes déferlent sur moi et m’entourent de plus en plus vite. Enfin, Love et l’Autre sont un, sont moi. « Ne t’arrête pas, Man, je suis si bien. »

    Pensée-fusée : « Dans ces moments-là, les pensées atteignent obligatoirement leur but. Et la foi est donnée en prime. Il en faut pour déplacer les montagnes. »

    « Reste dans le calme et sache que je suis Dieu », dit l’Autre.

    Je ne demande que cela.

    15 septembre et pluie d’orage. Je veux savoir si Man est indispensable pour provoquer les ondes… Je veux sentir seule les rondes d’ondes, les courants-frissons. Sentir l’Autre, peu à peu sortir de moi et visiter l’autre côté du miroir… Maintenant c’est facile; façon de parler; je mets trois heures; trois heures pour maintenir Love immobile, concentrée, éveillée, avec mes mots que la bouche ne prononce pas.

    Rythme… Je ne me sens plus respirer, je fais partie du lit, de la terre, de l’univers… Arrive encore une fois cette sorte d’orgasme interne… Lumière… Je ne peux dire qu’une chose :

    L’autre côté du miroir est un océan de lumière.

    Je suis amoureuse; je suis dans du coton… Désormais, rien de mauvais ne peut m’atteindre.

    L’Autre est là qui me tient par l’épaule, et je comprends enfin les énigmes cachées dans l’eau de Love; je me souviens : Love doit être montrée aux yeux de tous comme le symbole de la Subconscience Universelle; ma mission est de l’adapter au monde.

    Mais sans l’Autre, qu’aurais-je pu réaliser ? Elle, ma source de force, de vie en abondance, de soif d’amour.

    Que cela ne passe pas vos lèvres : Je l’aime, l’Autre.

    Lundi 16 septembre. La lune est neuve; moi aussi, avec au creux du ventre l’envie des draps sur ma douceur.

    Cet après-midi il faudra chercher Cooker, Manager de Fivès, qui m’attend avec son épouse pour me montrer sa Bussagne natale. Après, prendre l’avion. `

    Avant, voir Ho’Bill : je ne partirai pas sans connaître la date d’enregistrement de ma maquette.

    Cela fait partie de l’expérience d’hier; l’Autre l’a ordonné : parler à Ho’Bill entre seize et dix-sept heures… Je suis sûre de le trouver car je l’ai décidé en état d’hypnose.

    J’entre dans le studio :

    – Désolée, Love, Ho’Bill vient de partir pour Libra, m’annonce la secrétaire.

    – Pour Libra ? C’est fou !

    Un peu déconfite.

    Il est seize heures quarante-cinq; je fais la queue avec les passagers pour Libra dans l’aéroport de Borely.

    Je me retourne. Derrière moi, sur la rangée d’à côté, Ho’Bill.

    Il blanchit et me regarde comme une apparition.

    – Tu me poursuis jusqu’ici ?

    – Eh oui. Je viens de quitter ton bureau et j’étais sûre de te voir aujourd’hui.

    – Et tu me le dis naturellement, comme quelque chose d’habituel ?

    Love rit.

    – Personne ne t’a expliqué que je suis magicienne ?

    – Non, mais je vais finir par le croire. Qu’est-ce que tu fais là ?

    – Comme toi. Je pars pour Libra, afin d’y être sacrée directrice de Fivès en Nirgalie. Viens; je vais te présenter mon manager. Tu lui parleras Busson, comme cela je me reposerai.

    – Toi alors !…

    Dans l’avion Ho’Bill me raconte ses problèmes financiers qui l’empêchent de me produire en ce moment ;

    – Je savais aussi que mon disque était en péril, c’est pourquoi je voulais te parler.

    – Qu’est-ce que tu bois ? Demande Ho’Bill en voyant le steward.

    – Du champagne. Aujourd’hui je fête.

    – Quoi ?

    – Mes découvertes. J’ai le secret.

    – Tu me le donnes ?

    – Si tu veux. Tu sais, ce monde est une série d’images matérialisées. Et toute image mentale tend à se réaliser… J’ai écrit une chanson. C’est l’histoire d’un rêve que je vivais chaque nuit quand j’étais petite. Le loup arrivait dans le noir et me mangeait. Et le matin j’étais étonnée d’être encore vivante.

    Alors j’en ai eu assez. Et la fois suivante, quand le loup m’est apparu, je lui ai ri au nez en lui disant : « Tu ne me fais pas peur, tu n’es qu’un rêve. Je mets ma main dans ta bouche et tu ne peux même pas la dévorer… » Alors le loup a disparu à jamais. Tu vois, il ne faut jamais paniquer devant une image terrible. Les images de terreur sont fausses. Il faut apprendre à les chasser, en créant de belles images à la place.

    – Oui mais quand ? Je n’ai de temps pour rien.

    – N’importe quand. Avant de t’endormir. Ou tout à l’heure, par exemple, quand tu attendais ton tour pour entrer dans l’avion.

    Au lieu de s’impatienter, faire des images.

    – C’est facile pour toi; tu as une longue expérience derrière toi. Moi je suis trop vieux.

    – Tu es bête, il n’y a rien de plus facile. Faire des images et avoir confiance. On est sur Terre pour apprendre, et j’ai des preuves tous les jours. Si, tu désires une réalisation rapide de tes images, tu dois les balancer comme suggestions, lorsque tu es entre la veille et le sommeil, tu comprends ?

    – Tu me fais du bien Love, tu es si sûre… Si je fais de belles images, je vais trouver de l’argent à Libra pour ton disque alors ?

    – Bien sûr… Mais ne t’inquiète pas pour moi; les portes du show-business s’ouvriront d’elles-mêmes, car rien n’est inutile sur Terre… Et je ne suis qu’un canal. Je transcris les chansons que j’entends en rêve chaque nuit… L’idéal serait d’inventer un appareil à enregistrer les orchestres grandioses de mon sommeil.

    – Oui; cela m’éviterait bien des tourments pour tes orchestrations… Tu devrais leur dire tout de même de te fabriquer des tubes pour minettes, cela me rassurerait…

    – Ah ! Que veux-tu, mes voix, ont des voies impénétrables… Mais un jour viendra mon heure…

    En attendant, le voyage est un rêve huilé. Je suis programmée. On vient nous chercher à l’aéroport de Libra. Cooker, patron d’avant-garde, me conduit à ma chambre d’hôtel et plaque sur mes joues, deux bises de père incestueux.

    – Oui; j’ai compris… Appuyer sur le bouton pour commander à dîner. Merci Allan, c’est parfait.

    Ouf ! Il est parti. Je suis saoule. Libra, l’Autre, le champagne… Je vais prendre un bain et plonger dans mon lit… Mais impossible de dormir… C’est le manège d’images qui anime la nuit.

    Les jours s’égrènent : rire, sourire, s’extasier, montrer son savoir, avoir de l’humour et mal au crâne à force de parler Busson, respirer la campagne Bussonne; Love est parfaite :

    – Oh que vos enfants sont beaux, Allan; et puis vous avez une femme merveilleuse…

    – Oui, j’ai beaucoup de chance, c’est une très bonne cuisinière.

    Belle mentalité, ces Bussons !

    Ici, les chiens inconnus viennent lécher les mains de Love, d’emblée. J’entends vaguement Allan Cocker dire à sa secrétaire :

    – C’est une grande « opportunity » pour Love, d’avoir été là au bon moment.

    – J’ai toujours beaucoup de chance, Allan.

    – Tu mens, chuchote l’Autre; la preuve : je suis obligée d’expliquer à cet homme qu’un salaire de directrice en Nirgalie n’a rien de commun avec ses conceptions.

    – Oh, really ? dit Allan.

    – Hypocrite, pense l’Autre.

    L’aventure va commencer pour Love et moi.

    – Si tu savais, Man, quel pied, Libra !

    Je l’entraîne au restaurant pour lui donner mon voyage.

    Fivès, c’est absolument comme je croyais : un songe éveillé, à la gloire de la beauté, c’est-à-dire de la femme. J’ai vu debout le rêve de mon enfance et je me suis retrouvée.

    Retrouvée, perdue, retrouvée; il faudra bien s’arrêter un jour. Tout est si doux quand Love et l’Autre sont amies.

    Man est jaloux; il n’a pas participé à ce bout de vie.

    D’abord, avec l’automne, trouver cinq filles amoureuses des visages, pour former mon équipe. La première, rude tâche, devra me remplacer au stand de Lantique. `

    Comment leur expliquer ma technique de vente qui n’a rien à voir avec ce qu’elles ont appris à l’école.

    Vendre, pour Love, c’est attirer sans parler. C’est dire au client des paroles muettes pour le diriger comme il se doit. C’est irradier systématiquement des ondes positives. Pour Love c’est du vécu, donc du vrai, du possible. Pourtant j’ai peur de passer pour folle. Malgré cela, imperturbable, je me lance :

    – Vous savez, la vente, c’est de la magie. Si vous le désirez vous pouvez créer un attroupement autour de vous : Vous n’avez presque pas besoin de parler aux gens pour les diriger. Il vous faut penser pour eux et ils penseront ce que vous penserez.

    Par exemple : si l’on vient vous acheter un fard à paupières, concentrez-vous sur les produits assortis, et au besoin, montrez les négligemment et pensez : « ce serait bien mieux d’avoir une harmonie complète. » Vous verrez, on vous achètera la boutique, à chaque fois. Vous avez tout pour réussir : originalité, couleur, prix sans concurrence. Votre vrai boulot c’est de sentir les gens, de savoir qui diriger, qui laisser en paix, qui maquiller, qui charmer; c’est un jeu. Mais surtout, il faut avoir envie de jouer à chaque instant.

    Quand j’ai commencé ce métier, j’avais votre âge. Je suis entrée dans une maison spécialiste de crèmes pour traitements très chers… Il fallait vivre, et j’étais triste car je ne pratiquais pas réellement la profession que j’avais étudiée. Je devenais une conseillère de beauté plutôt qu’une visagiste. Nous étions six par stand. Les filles s’arrachaient les clientes. C’était à celle qui ferait le plus gros chiffre… Mais j’attirais sans dire un mot les femmes qui passaient. Elles m’achetaient des montagnes de crèmes. Elles n’avaient jamais l’impression que je voulais vendre à tout prix. Je leur vendais surtout la foi dans un traitement pour qu’il agisse… Moi qui tenais la vente en horreur, je réussissais, malgré mon peu d’expérience, car je pensais pour elles… et elles se sentaient toujours libres de décider… Vous verrez; pour vous aussi cela deviendra un jeu. Et vous tomberez amoureuses de Fivès en vous laissant prendre au jeu.

    – Bravo ma vieille, tu as osé, dit l’Autre.

    Je suis une directrice générale, sans bureaux. A domicile. Quand j’instruis mes filles, Man fait du café pour tout le monde. Les belles dames qui répondent à l’annonce que j’ai fait passer, sont affolées d’entrer dans un appartement. Un jour Man vêtu d’un peignoir, ouvre la porte par hasard à une demandeuse d’emploi :

    – Alors, c’était du bidon ? S’écrie-t-elle avant de se sauver.

    Mes filles sont trouvées, choisies, formées, testées ; et les angoisses commencent, pour moi comme pour elles.

    Je me force à les sécuriser quand je n’ose pas regarder plus loin que demain.

    Love n’a pas changé, mais les gens commencent à lui parler sur un autre ton quelque peu déférent. Je retiens mes fous-rires car la société attend que je me prenne au sérieux. Et l’on chuchote sur mon passage à Lantique.

    – Ils sont en train de t’encenser et de te donner en exemple, me dit Man, et nous rions.

    – Ma mère aurait assuré qu’ils « m’allongent les pieds », proverbe Egyptien en l’honneur de ceux qui ont quitté un endroit.

    Man et moi sommes heureux; nous ne nous quittons plus. Je ne suis plus la seule à me lever le matin et Man passe enfin ses soirées avec moi. Il vient d’arrêter le théâtre pour se consacrer au cinéma. Pour l’instant il se consacre à moi. Quand j’ai un problème à régler, il m’hypnotise et tout s’arrange.

    J’ai aussi le temps de m’envoler chaque semaine. Et avec l’habitude, j’arrive plus facilement à me projeter dans l’astral. De l’autre côté du miroir, nous avons mille bras, mille jambes, qui vibrent. Je m’y habitue très vite et nage au-dessus de mon corps. Je marche dans l’air et parfois même la tête en bas. Je me réintègre dès que je me sens sur le point de quitter ma chambre. Là, j’ai encore un peu peur de ne pas réussir à revenir… Pourtant je suis pressée de connaître et je cherche un professeur.

    La vie astrale n’entame pas la vie terrestre, au contraire.

    Je rends visite à tous les directeurs des magasins de la chaine. Un Atalanain égaré en Nirgalie, dans son bureau blanc, demeure incapable de parler de Fivès avec moi. Visiblement, il n’en a pas envie :

    – Avec des rouges à lèvres pareils, comment fait-on pour vous embrasser ? Ils doivent marquer, je suppose ?

    – Oui, mais ils ont très bon goût…

    – Vous a-t-on déjà dit que vous avez de très beaux yeux ?

    – C’est sûrement grâce à Fivès (j’ai trop envie de rire), à propos, pourrez-vous faire passer ce texte publicitaire au micro du magasin ?

    C’est l’Autre maintenant qu’il a devant lui.

    – Mais, certainement; vous êtes très dangereuse Madame…

    – Très.

    Nous rions en chœur et je crois que nous nous sommes compris. Beaucoup voient Love et entendent l’Autre et sont désappointés :

    – Je ne veux pas prendre de risques pour votre marque, me lance un directeur hargneux. Demandez à votre maison de prendre totalement en charge la démonstratrice. Excusez-moi de vous attaquer ainsi… je sais que l’on doit être galant avec les femmes…

    – Mais je ne suis pas une femme, coupe l’Autre, souriante.

    Il y a un silence général dans l’assemblée tandis que tous contemplent Love.

    Je connais la lenteur bussonnique, mais rien à l’import-export. Vont-ils livrer stands et marchandise à temps ? Comment vais-je me débrouiller avec les nouveaux clients ? Telles sont mes hantises du moment. Que quelqu’un vienne m’aider à installer Fivès en Nirgali.

    La nuit, des rêves viennent répondre à mes questions :

    Je grimpe le long de la muraille qui mène au but, les pavés sont glissants. Dans l’allée centrale, les gens se bousculent pour atteindre le sommet. Quelqu’un m’indique alors un sentier étroit et caillouteux. Il conduit lui aussi et plus sûrement au sommet. Mais il faut le suivre hors de la foule… Je grimpe. Les pierres qui roulent sous mes pieds m’effraient moins que les pavés glissants. J’accroche mes mains aux herbes du chemin abrupt. Pour voir où j’en suis, je regarde derrière moi et suis prise de vertige… Le silence s’étend, je suis seule. Je ne vois même plus le peuple qui monte à l’assaut de la muraille. Une voix souffle « Ne regarde pas en arrière, ne regarde pas en bas si tu ne veux pas tomber ». Je maîtrise ma peur pour atteindre le sommet. Enfin ma main touche la pointe de ce pic rocailleux qu’est la muraille. Avant de me hisser entièrement là haut, je regarde une dernière fois, ce vide sous moi. J’ai peur… Le sol, fatalement se dérobe sous mes pieds… C’est la fin; je ferme les yeux, convaincue de ma chute. Mais quand je les rouvre, je m’aperçois qu’une main invisible m’a poussée encore plus haut; encore plus loin. Je me retrouve sur une terrasse sereine, où joue un chat, en plein soleil… Le pic rocheux cachait cet endroit de paix…

    Une autre question me tourmente : en rentrant de vacances, j’ai trouvé, installée près de mon ex-stand, une marque concurrente. Quand arriverai-je à mettre un deuxième point de vente, Fivès, à la place de ce présentoir blanchâtre ?

    Songe :

    Je suis un pingouin noir, aussi noir que l’ambiance-Fivès. Je dévore un pingouin blanc dont la tête n’est autre que celle de la responsable de la marque concurrente.

    Le sommet de la montagne, le pingouin noir, tout cela viendra, mais quand ?

    Une voix claironne alors dans ma tête : « L’éclair est au printemps. »

    Je reconnais la voix; c’est l’Autre; elle poursuit :

    – Ne t’inquiète plus, Love, attends le printemps, et réveille-toi car le jour se lève.

    Attente.

    Ce soir, la main invisible a dessiné sous mes paupières le mot « Nun ». Nun, c’est la mort, mais la mort de quoi ?

    Les courants-frissons m’assaillent, mais je ne veux pas sortir de mon corps cette nuit. J’ai peur… Eclatement.

    Je suis deux. Love, git comme morte sur le lit, moi, paralysée, par terre. Je veux crier, appeler à l’aide, mais aucun son ne sort de ma bouche. Je suis muette.

    ZZZZZZZ… Un frisson-courant en sens inverse. L’Autre m’a replacée dans mon corps. J’ouvre les yeux, étonnée de me retrouver entière, vivante. Je peux parler à nouveau.

    – Tu sais Man, c’était sûrement un avertissement. Je ne dois plus m’envoler avant de connaître tous les secrets. Il faut chercher un professeur.

    Je trouve un professeur femelle. Elle m’apprend à respirer. De son visage rayonnant, elle me rassure :

    – Il faut développer ce don. Love, branchez-vous sur nos guides. Ils vous dirigeront sans danger. Branchez-vous sur Jeyer. Tenez. Voici sa photo.

    – Mais, je le connais !

    – Il est mort depuis dix ans.

    – Oui, mais c’est sa tête qui se dessine sous mes paupières lorsque je me concentre.

    – C’est sûrement lui qui vous a amenée jusqu’à moi, conclut-elle sans l’ombre d’un étonnement.

    Man me conduit à Borelly pour chercher Allan Cooker et son assistant John. Ce dernier a pour Love des regards-velours…

    – Tu l’avais déjà remarqué? Dit L’Autre.

    – Oui; la dernière fois déjà; tu sais bien qu’un garçon ne peut être qu’amoureux de moi, répond Love.

    Dans la voiture, rapport complet de mes activités terrestres. Ils sont ravis.

    – Man, pouvez-vous nous conduire chez Monsieur Loric God Mystère ?

    Demande Allan.

    – Oui… Qui est-ce ?

    – Il possède une société de distribution; il vend Mountain ; vous connaissez ?

    – Non; qu’est-ce que c’est ?

    – Des produits de beauté; et il veut distribuer Fivès. Mais nous ne savons pas si nous devons accepter. C’est pourquoi nous voudrions votre opinion à vous deux. Vous qui vivez en Nirgalie serez meilleurs juges.

    Loric God Mystère, petit jeune homme barbu, déboule dans le bureau ou nous l’attendons.

    Il s’adresse à son personnel :

    – ça fait longtemps qu’ils sont là ?

    Puis se tournant vers nous: Excusez-moi, j’ai été retenu.

    Il s’exténue à nous parler Busson et m’explique qu’il nous emmène au restaurant. Je l’aide à trouver les mots qui lui manquent. Alors il comprend enfin :

    – Ah, vous êtes Nirgalienne ! Pourquoi me laissez-vous continuer en Busson ?

    – J’adore voir les autres se débattre dans cette langue.

    L’Autre rit.

    – Mais je vous connais, vous, vous tenez le stand de Lantíque!

    – Je l’ai tenu en effet.

    – Je vous ai vue à la fin de l’année dernière, je vous ai parlé.

    – Et que m’avez-vous dit ?

    – Une connerie dans le genre : « ça marche bien ? »

    – Et ça marchait bien… J’avais de la marchandise, ce qui était rare à l’époque… Je devais être contente ?… On a discuté ?

    – Non, je suis parti très vite car je suis quelqu’un de discret.

    A table il s’assoit en face de moi :

    – Comme vous devez le savoir, nous avons l’intention de créer Fivès Nirgalie.

    – Comme c’est étrange, fait Love ironique, vous avez eu la même idée que moi.

    – Oui mais vous n’avez que l’idée, moi j’ai le fric.

    – What did he said? Demande John près de moi.

    Je traduis.

    – Savez-vous quel est le rôle de Love ? Poursuit John pour Loric.

    – Non.

    – Elle s’occupe de notre réseau de points de vente. Elle dirige nos employées. Elle est à la source de notre implantation en Nirgalie.

    Brusquement le froid s’installe. Un des acolytes de Loric dit au serveur :

    – Faites-les boire; il faut décrocher ce marché; on les bouffera ces Bussons.

    Love et Man assistent à une longue discussion qui se termine en cul de sac. Lesdits Bussons veulent encore réfléchir. Loric fulmine.

    – Vous, je veux vous voir demain, me lance-t-il.

    – D’accord; je vous appellerai.

    – C’est ça; demandez Loric.

    Love n’aime pas les repas d’affaires, surtout quand Man est trop loin pour recevoir des coups de pied sous la table. J’allume une cigarette aux lèvres de John; il m’y aide en guidant tendrement ma main… Décidément, ces Bussons…

    Love, fais gaffe, ils t’observent tous…

    – Allo Loric ?

    – Oui, c’est moi. Ça va ?

    – Oui… On se voit ce soir ?

    – Si vous voulez,

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