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L'Homme Digéré
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L'Homme Digéré
Livre électronique61 pages38 minutes

L'Homme Digéré

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À propos de ce livre électronique

Raoul était mort. C'est ce qu'attestaient les documents que l'homme découvrait chez le notaire. Deux vies vont se fondre, se confondre, déflagrer jusqu'à la folie. C'est dans cet espace de combat que, peut être, elles se révéleront l’une et l’autre.
LangueFrançais
Date de sortie12 nov. 2013
ISBN9782312017884
L'Homme Digéré

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    L'Homme Digéré - Maud Roy

    cover.jpg

    L’Homme digéré

    Maud Roy

    L’Homme digéré

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    « La douleur est une plaie par où l’homme se vide de la terre pour faire entrer en lui le ciel ou l’enfer. »

    Thibon (L’échelle de Jacob)

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01788-4

    Prologue

    Non, je ne me souvenais pas !

    Il avait beau me répéter sans cesse, « rappelle toi de cet homme, rappelle-toi ! », ces mots hachaient douloureusement le vide de ma mémoire.

    « Mais souviens-toi, insistait-il, il abandonnait la succion de sa pipe pour mâcher inlassablement cette phrase : Y’a pas de fumée sans feu.

    Et, après avoir mastiqué ces mots, il mordillait l’embout écorné de sa pipe, comme pour en éprouver la résistance, caressait ses lèvres charnues, fixait l’embout dans le coin droit de sa bouche ce qui donnait l’impression, d’un visage partagé verticalement : côté gauche méditatif, côté droit lubrique.

    Il était souvent assis sur un tabouret empaillé, les jambes perdues dans un pantalon trop large qui englobait un ventre proéminent aux contours mal définis.

    Souviens-toi, toute l’actualité du monde, tous les ragots, les nouvelles, toute sa philosophie semblaient se réduire à ces quelques mots ; Y’a pas de fumée sans feu. 

    Un jour où nous revenions de l’école en jouant au foot avec une boîte de cigares que j’avais trouvée dans le bureau du dirlo, l’Homme nous avait appelés et nous avait fait signe d’approcher. J’avais caché illico la boîte dans le cartable.

    Ce jour-là, nous nous étions rapprochés comme deux voleurs pris en faute. Il nous avait posé des questions sur l’école, les copains,...

    Quelques paroles... quelques bouffées..., quelques paroles... quelques bouffées...

    Nous ne comprenions pas grand chose mais, nous restions immobiles, trop heureux qu’il ne nous questionnât pas sur la boîte de cigares.

    Tu regardais régulièrement l’état de son tabac en me donnant des coups de coude dans les côtes.

    Après, comme on a pu rire ! On est allé au bout du chemin de la fouine, derrière les saules. Là, souviens toi, j’ai sorti le seul cigare de la boîte, tu as pris les allumettes que tu gardais toujours sur toi. On a partagé le cigare en deux et en prenant notre première bouffée, tu as dit : A ta santé Jeanne d’Arc ! »

    Dans le village de mon enfance, il y avait un homme, toujours assis, masse gloutonnant un siège invisible – je ne supporte pas l’obésité – les chairs flasques, blanchâtres, libidineuses qui s’étouffent, se plissent les unes par dessus les autres, et s’affaissent  sur le premier appui venu.

    Il marmonnait des paroles que je n’entendais pas. J’essayais toujours de passer le plus loin possible de lui en fixant les cailloux que je frappais machinalement du bout de ma chaussure. Je savais que je pouvais relever les yeux lorsque l’odeur de son tabac ne m’atteignait plus. C’est étonnant, j’ai toujours vécu dans une ambiance de fumeurs et, maintenant, j’ai du mal à supporter cette odeur moite qui s’incruste laissant aux vêtements cette épaisseur poisseuse.

    J’ai donc rencontré avant-hier cet ancien copain qui m’a pilonné sans cesse avec des « Rappelle-toi. Souviens-toi... » Il m’a fait ressurgir le

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