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Ulla
Ulla
Ulla
Livre électronique332 pages4 heures

Ulla

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À propos de ce livre électronique

Ulla Svensson ne veut plus qu’on l’appelle Léa.

Elle a renié ce nom qu’Hadès lui avait donné après l’avoir séquestrée et formée pour en faire une tueuse à leur solde.

Cela fait maintenant deux ans qu’elle s’est libérée des griffes de cette organisation.

Pour éviter de mettre ses proches en danger, elle a complètement coupé les ponts entre elle et ses amis.

Elle sait que Maxime et Mathilde doivent être morts d’inquiétude à son sujet, mais elle n’a pas le choix.

Ulla n’a qu’un seul but : tout faire pour mettre fin au règne de l’administrateur d’Hadès et…

Sauver son frère qui est toujours sous l’emprise de cet être ignoble !
LangueFrançais
Date de sortie28 avr. 2021
ISBN9782897754594
Ulla
Auteur

Daniel Touchette

Daniel Touchette est né et a grandi à Montréal dans le quartier Hochelaga Maisonneuve. À l’âge de 20 ans, il a débuté sa carrière de policier pour le SPVM. Au fil de ses 30 ans de carrière, il a occupé de multiples fonctions allant de patrouilleur, agent d’infiltration, superviseur au centre-ville de Montréal, chef de poste de quartier, jusqu’au poste d’assistant-directeur où il a terminé sa carrière en avril 2018 à titre de responsable de la planification stratégique. Il est maintenant retraité et se concentre sur sa passion, l’écriture. Léa est son premier roman.

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    Aperçu du livre

    Ulla - Daniel Touchette

    Une image contenant texte, extérieur Description générée automatiquement

    1

    La douleur est atroce.

    Henrik Svensson tente de lever la tête, mais reçoit immédiatement un coup au visage.

    L’homme devant lui est sans pitié.

    Cela fait plus de trente minutes qu’il répond à ses questions, pourtant son tortionnaire continue à le frapper.

    — S’il vous plaît, je n’en peux plus. Je vous dis la vérité, cela fait presque deux ans que je ne l’ai pas vue.

    Henrik lève prudemment la tête. Cette fois-ci, il ne reçoit pas de coup ; l’homme se contente de le regarder avec un sourire.

    — Peut-être que oui, peut-être que non, mais voyez-vous, monsieur Svensson, je dois absolument en être convaincu.

    L’homme sort un couteau de sa poche et le regarde toujours avec ce sourire machiavélique.

    — Joli, n’est-ce pas ? C’est un couteau spécial.

    L’homme s’agenouille devant lui et commence à détacher l’un de ses souliers.

    Henrik tente de se dégager, mais c’est peine perdue.

    Il est attaché fermement à sa chaise de cuisine.

    — S’il vous plaît, j’ai une famille.

    L’homme ne lui porte aucune attention. Il retire son soulier, son bas, puis lève la tête.

    Du sang s’écoule dans les yeux d’Henrik.

    La douleur est tellement intense !

    — S’il vous…

    Il n’a pas le temps de terminer sa phrase.

    L’homme lui place un doigt sur les lèvres, tout en souriant.

    — Il n’est pas requis de me parler de votre famille, monsieur Svensson. Je sais pertinemment que votre épouse accompagne présentement vos deux garçons à leur cours de tennis et qu’ils vont être de retour…

    L’homme regarde sa montre.

    — Merde, c’est vrai que le temps passe rapidement quand on s’amuse. Où en étais-je ? Ah oui, votre famille va être de retour dans plus ou moins quarante-cinq minutes, selon mes calculs.

    L’homme place la lame du couteau sous l’ongle de son gros orteil.

    Henrik Svensson est complètement terrorisé.

    — S’il vous plaît, nul besoin de me faire du mal, je vous dis la vérité.

    — Où est Léa ?

    Henrik hoche violemment la tête.

    — Qui ? Je ne connais pas de Léa.

    — Pardon, monsieur Svensson, mon erreur. Son nom pour Hadès est Léa, mais vous la connaissez sous le nom de Ulla.

    — Ulla ! Je vous l’ai dit. Je ne sais pas où elle est. Ulla est venue faire un tour, il y a bientôt deux ans, mais elle n’est pas revenue depuis.

    L’homme hoche la tête.

    — Je vous donne la permission de crier, monsieur Svensson. Vos voisins sont tellement loin, personne ne va vous entendre.

    L’homme enfonce légèrement la lame du couteau sous son ongle.

    La douleur est insupportable, Henrik ne peut effectivement s’empêcher de crier.

    — Il ne faut pas me mentir, je sais pertinemment que Léa…

    L’homme hoche la tête.

    — Pardon, défaut professionnel, je continue de l’appeler Léa… que Ulla vous appelle de temps à autre.

    — Arrêtez, je n’en peux plus !

    — Répondez à ma question !

    — Oui, Ulla nous appelle parfois pour prendre des nouvelles, mais je ne sais pas de quelle façon la joindre. Elle ne veut pas nous laisser son numéro de téléphone.

    L’homme regarde sa montre, puis se lève.

    — Comme je n’ai plus beaucoup de temps, monsieur Svensson, je me dois d’être honnête avec vous ; je sais depuis un certain temps que vous me dites la vérité.

    — Pourquoi alors ? Pourquoi me torturer ?

    L’homme place son couteau sur sa gorge.

    — Il ne faut pas m’interrompre, monsieur Svensson.

    Henrik se contente d’acquiescer, il n’ose pas parler.

    — Où en étais-je ? Ah oui.

    L’homme s’agenouille de nouveau devant lui.

    — Nous avons manqué Ulla de peu lorsqu’elle est venue vous rendre visite.

    L’homme a l’air perdu dans ses pensées.

    Il prend une pause et regarde Henrik droit dans les yeux.

    — À notre défense, nous étions complètement désorganisés à la suite du fiasco de Montréal. Enfin, bref, je fabule ; vous n’êtes pas intéressé par les détails.

    L’homme place de nouveau la lame de son couteau sous l’ongle de son orteil qui saigne déjà abondamment.

    — Cela fait plusieurs mois que nous vous observons et que nous vous écoutons. Il est clair que vous ne pouvez pas joindre Ulla et qu’elle n’est pas assez imbécile pour se pointer de nouveau ici, à moins d’être provoquée.

    L’homme le regarde avec un grand sourire et lui fait un clin d’œil.

    Henrik sait maintenant qu’il va mourir bientôt.

    — Le but de ma présence, monsieur Svensson, était, oui, de confirmer hors de tout doute que vous ignoriez réellement la localisation de Ulla, mais surtout, de la provoquer.

    Malgré le fait qu’il soit pratiquement à bout de force, Henrik arrive à regarder froidement l’homme.

    — Ma famille ?

    — Ne vous inquiétez pas, vous allez être la seule victime. Nous allons continuer à observer votre famille au cas où Ulla déciderait de se pointer à vos funérailles, car il est certain qu’elle va être furieuse de ce que je vais vous faire subir.

    L’homme regarde de nouveau sa montre.

    — Je dois me dépêcher. J’aimerais vous dire que votre mort va être rapide et sans douleur, mais cela serait mentir. Je suis désolé, ce n’est rien de personnel.

    L’homme enfonce complètement la lame du couteau sous son ongle.

    Henrik crie à tue-tête, puis tombe sans connaissance.

    *

    La vibration de son téléphone portable le sort de ses pensées.

    L’administrateur d’Hadès regarde l’afficheur.

    C’est Dimitri qui l’appelle.

    Il était temps !

    — Je t’écoute.

    — C’est fait, monsieur.

    — Parfait, tu as respecté les consignes ?

    — Oui monsieur, le corps a été cruellement mutilé. La scène de crime est horrible.

    L’administrateur prend un instant pour réfléchir.

    Dimitri est devenu son homme de confiance suite au décès de Fabien aux mains de Léa, il y a maintenant deux ans.

    Le fait de le monopoliser en Suède sur une assignation non lucrative occasionne des pertes substantielles pour Hadès.

    Peu importe, quelle que soit l’incidence financière pour Hadès, il va tout faire pour la trouver.

    Il éprouve une haine viscérale envers cette fille qui a pratiquement anéanti son organisation.

    — Attends un peu Dimitri, je dois réfléchir, reste sur la ligne.

    — Aucun problème, monsieur. Je suis présentement attablé au Café Linné à Uppsala avec un latté et une brioche ; je suis donc très bien.

    L’administrateur sourit à la suite du commentaire de Dimitri et se lève pour se servir un verre de scotch.

    Le fait de penser à Léa l’irrite, il a besoin d’un remontant.

    Dire qu’elle était si prometteuse, de loin la meilleure des recrues d’Hadès.

    Les jumeaux Ulla Svensson et Lias Svensson avaient été récupérés par Fabien à la suite de l’assassinat de leurs parents alors qu’ils avaient 6 ans.

    À ce moment, Hadès disposait de deux centres d’assimilation au Québec pour les jeunes recrues devant être conditionnées à devenir des agents.

    En fait, ces agents sont des tueurs à gages à la solde d’Hadès, formés dès l’enfance.

    Le terme agent est plus facile à assimiler pour des enfants qui sont conditionnés à penser qu’ils ont été triés sur le volet pour faire partie d’une agence secrète protégeant le bien du monde, alors qu’en fait, ils ne font qu’exécuter des contrats très lucratifs à titre de tueurs.

    Comme toutes les recrues, les identités de Lias et d’Ulla Svensson devaient être changées. Ils avaient donc été renommés Léon et Léa.

    Malheureusement pour Hadès, le conditionnement de Léa s’est avéré un échec monumental. Elle n’a tout simplement pas répondu au processus d’assimilation.

    Le pire est que : malgré toutes les couches de sécurité, dont une puce électronique implantée dans la tête de tout le personnel d’Hadès, Léa a réussi à s’enfuir du centre de Montréal !

    Il avait immédiatement envoyé le signal de neutralisation à distance sur la puce électronique de Léa, mais contre toute attente, la décharge électrique qui aurait dû la tuer n’avait pas été suffisante.

    Léa avait survécu, puis…

    L’administrateur prend une gorgée de scotch en regardant par la fenêtre de son bureau.

    … elle a décimé la quasi-totalité de ses agents.

    En fait, à la suite de la confrontation ultime dans les bureaux d’Hadès, il y a deux ans, seuls Dimitri, Lin et Laurie ont survécu !

    Laurie avait été capturée par les policiers, mais cela avait été un jeu d’enfant de la faire échapper de sa détention à l’hôpital.

    L’administrateur ne peut s’empêcher de sourire. Les policiers avaient affecté à la surveillance de Laurie un simple agent de sécurité. Dimitri l’avait facilement neutralisé avant de quitter l’hôpital avec Laurie.

    Elle était blessée, mais rien de trop compliqué pour le médecin à la solde d’Hadès.

    Devant les pertes et l’implication du Service de police de Montréal, il n’avait eu d’autre choix que de déménager le bureau principal d’Hadès à New York et le centre d’assimilation à Albany.

    Dans la même foulée, il avait promu le frère de Léa, Léon, à titre d’agent.

    Contrairement à sa sœur, le processus d’assimilation de Léon a été un franc succès ; Léon est entièrement dédié à Hadès.

    Peu après, il avait promu Pierre Léopold et Constance Labrie.

    Il peut donc compter sur six agents.

    — Monsieur, vous êtes encore sur la ligne ?

    L’administrateur est sorti de ses pensées par Dimitri.

    — Oui, désolé Dimitri.

    — Quelles sont mes instructions ?

    — Demeure à Uppsala. Garde une surveillance sur la famille Svensson au cas où Léa se pointerait.

    — Allez-vous m’envoyer du renfort ? Léon peut-être ?

    — Non, je ne peux risquer d’envoyer Léon dans sa ville natale, il va demeurer à Montréal.

    — Parfait monsieur. De toute façon, je n’ai pas peur de Léa. Si elle ose se présenter ici, elle ne me verra pas avant qu’il soit trop tard.

    — J’aime ta confiance Dimitri, mais nous avons sous-estimé les capacités de Léa à Montréal et cela a coûté la vie à cinq de mes agents. Laisse-moi vérifier où est le personnel et je vais t’appeler pour te dire qui je t’envoie.

    — Parfait. Bonne journée monsieur.

    L’administrateur termine la communication.

    Il regarde distraitement l’Empire State Building qui est facilement visible par la fenêtre de son bureau. Il n’arrive toujours pas à s’ennuyer en regardant cette vue qui est imprenable. Les hauteurs l’ont toujours aidé à mieux réfléchir.

    Sa décision est prise. Il appuie sur l’interphone de sa secrétaire.

    — Oui monsieur.

    — Anne, appelle Emma Thrawn, je veux la voir dans mon bureau.

    Il prend une gorgée de son scotch tout en se disant que Léa ne perd rien pour attendre.

    *

    Qu’est-ce qu’il peut bien me vouloir ?

    Emma Thrawn marche tranquillement vers le bureau de l’administrateur.

    Elle appréhende la rencontre.

    Dire qu’à Montréal, l’administrateur, Fabien et elle formaient une équipe.

    Un trio parfait !

    Tout a changé à la suite du décès de Fabien. L’administrateur est devenu froid et distant envers elle.

    Elle est encore responsable du département de recherche et du renseignement, mais il lui a clairement fait comprendre qu’elle ne jouit plus de la même latitude ; elle travaille pour lui et elle n’a plus droit à l’erreur.

    — Je peux entrer ?

    Le secrétaire de l’administrateur lui fait signe que oui et désactive le verrou magnétique protégeant le bureau de l’administrateur.

    Elle entre et… merde, il a un verre de scotch dans les mains ; jamais un bon signe.

    — Vous m’avez demandée, monsieur ?

    Il lui fait un sourire et pointe la chaise devant son bureau.

    — Assieds-toi Emma, nous devons discuter stratégie.

    Elle s’assoit et regarde l’administrateur ; il semble pondérer ce qu’il va lui dire.

    — Écoute Emma : je sais que j’ai été excessivement dur avec toi à la suite de ton erreur.

    — Monsieur, comme je vous l’ai dit à de multiples reprises, j’étais convaincue que Léa allait me tuer. Je n’avais pas le…

    L’administrateur lève rapidement la main. Emma comprend qu’elle doit se taire.

    — Et si tu es de nouveau capturée, que vas-tu faire Emma ?

    La réponse est évidente.

    — Je vais mourir avant de divulguer quoi que ce soit.

    — Parfait Emma, tu as bien compris. À partir de maintenant, tu peux considérer que je te pardonne.

    Emma est confuse et soulagée. Elle s’attendait à tout, sauf ça !

    — Heu… monsieur ?

    — Je ne peux gérer Hadès seul. Tu vas reprendre tes fonctions à titre de coordonnatrice des opérations tout en gardant tes responsabilités actuelles.

    Le soulagement est intense.

    — Merci monsieur, vous ne le regretterez pas.

    — Parfait. Maintenant, passons aux choses sérieuses. Je veux affecter des ressources à Uppsala pour assister Dimitri. Où sont nos agents ?

    — Lin est à Istanbul depuis maintenant un mois, la cible est difficile à atteindre. Elle estime en avoir pour encore une semaine avant de compléter le contrat.

    — Laurie ?

    — À Madrid, le contrat est terminé. En théorie, nous devrions l’affecter à Barcelone sur une nouvelle cible.

    — Pierre ?

    — Il est avec Constance, à Dublin. Ils sont ensemble pour neutraliser un politicien.

    — Léon est encore à Montréal ?

    — Oui monsieur. Entre ses contrats, il maintient la surveillance du garçon qui a aidé Léa.

    L’administrateur se lève et regarde par la fenêtre de son bureau.

    — Qu’en penses-tu Emma ? Devons-nous maintenir la surveillance à Montréal ?

    Merde, pourquoi sollicite-t-il son opinion ? Elle ne veut pas se mouiller.

    — Je ne crois pas monsieur. Léa a contacté sa famille d’Uppsala par téléphone à quelques reprises, mais jamais ce garçon. Il est clair qu’il n’était pas important pour elle. Nous devons concentrer nos efforts sur la Suède.

    L’administrateur prend un verre de son scotch sans la regarder.

    — C’est bien. Maintiens notre surveillance électronique du téléphone du garçon et de sa famille, mais il est temps d’utiliser Léon. Combien de contrats en attente ?

    — Huit, monsieur.

    — Quel est le plus lucratif ?

    — Un PDG de Chicago. Il veut faire disparaître son épouse.

    — Parfait, demande à Léon de s’en occuper. Et pour les autres contrats ?

    — Comme vous le savez, nous avons dû utiliser des mercenaires pour compenser la perte de nos agents à Montréal. Du nombre, six sont relativement efficaces.

    L’administrateur hoche la tête.

    — À bien y penser, je ne veux plus utiliser les mercenaires pour les contrats d’Hadès. Ils n’arrivent pas à la cheville de nos agents, ils attirent trop l’attention.

    — Oui monsieur.

    — Les contrats vont donc devoir attendre un peu. Affecte les six mercenaires à Uppsala, qu’ils se rapportent à Dimitri.

    — Les six, monsieur ? Cela va nous coûter cher pour une affectation sans profit.

    Il la regarde et Emma regrette aussitôt son commentaire.

    — Oui Emma, les six, ne répétons pas l’erreur de Montréal et soyons prêts.

    — Parfait monsieur, et que dois-je faire avec Laurie et Lin ?

    — Donne le contrat de Barcelone à Laurie tel que prévu et, dès que Lin termine à Istanbul, demande-lui de se diriger à Uppsala pour assister Dimitri. Ils ne seront pas trop de deux agents, même si six mercenaires sont avec eux.

    Emma se lève.

    — C’est beau monsieur, je vais m’en occuper.

    L’administrateur semble réfléchir.

    Il est distrait.

    Emma se demande si elle peut quitter le bureau.

    Finalement, il lève la tête.

    — Emma, que penses-tu des performances de Lin ?

    — Monsieur ?

    — Elle prend de plus en plus de temps pour neutraliser ses cibles. Je commence à me demander si elle ne fait pas exprès.

    — Effectivement, elle est plus lente que les autres agents, mais j’ai toujours pensé que c’est parce qu’elle est très minutieuse.

    — Peut-être, mais garde un œil sur elle. De mon côté, je vais appeler Dimitri.

    L’administrateur se tourne de nouveau vers sa fenêtre.

    La rencontre est visiblement terminée.

    Emma sort rapidement du bureau.

    2

    L’ambiance sur le terrain de football est complètement électrique, mais cela n’affecte aucunement la concentration de Maxime. Il entend à peine le bruit des supporteurs dans les estrades, et ce, malgré l’énorme boucan qu’ils font avec leurs cris d’encouragement, les trompettes et les crécelles.

    Maxime regarde la ligne défensive qui l’oppose.

    Il y a beaucoup trop de regards portés sur lui.

    Personne de l’équipe adverse ne va être déjoué par le choix du jeu à venir.

    Il n’est pas surpris.

    Il fait l’objet d’une surveillance particulière depuis son troisième touché au sol de la soirée.

    Il entend l’appel de Mathis Gagnon, le quart-arrière de l’équipe, et se met immédiatement en marche.

    Comme prévu, Mathis lui remet directement le ballon.

    D’un bref coup d’œil, Maxime réalise que, tel qu’il l’avait anticipé, la défensive adverse s’attendait à ce qu’il porte le ballon.

    Un joueur tente de le plaquer alors qu’il traverse la ligne de mêlée, mais Maxime est trop fort. Sous l’impact, le joueur adverse tombe à la renverse.

    Maxime a le temps de parcourir cinq verges avant d’être agrippé par deux joueurs.

    Tout en protégeant le ballon, Maxime baisse son centre de gravité et concentre tous ses efforts à faire bouger ses jambes.

    Il traîne les deux joueurs adverses sur une distance de six verges supplémentaires avant de tomber au sol.

    Maxime se relève et est aussitôt entouré par ses coéquipiers. Le jeu vient de leur assurer la victoire.

    Il regarde le tableau indicateur, ils mènent 21-14 et il ne reste que quarante-cinq secondes au cadran, une formalité.

    Ils peuvent se contenter d’écouler le temps.

    — Ouais, ouais… MAXIME ! MAXIME !

    Le bruit vient des estrades. Maxime lève les yeux et hoche la tête.

    Même s’il est un peu découragé par l’énergie démontrée par sa famille dans les estrades, il ne peut s’empêcher de sourire.

    Bon sang, sa mère est debout sur le banc. Elle danse et agite une pancarte où l’on peut voir son numéro, le 27, et son nom.

    Il se dirige vers le caucus.

    Mathis Gagnon lui fait un signe de tête.

    — Belle job Pouliot. OK les boys, je vais mettre le genou à terre et écouler le reste du temps.

    Alors qu’il entend les sifflets signifiant la fin de la partie, Maxime jette un coup d’œil vers son quart-arrière.

    Mathis et lui ne sont pas encore des amis ; ils ont cependant appris à se respecter.

    En fait, bien des choses ont changé depuis le secondaire.

    À cette époque, il était la risée de tous, un timide maladif qui n’avait aucun ami. Sa rencontre avec Ulla, il y a maintenant près de deux ans, a tout chamboulé dans sa vie. Leur aventure lui a permis d’enrayer sa timidité. Maintenant, il a un petit cercle d’amis et les gens le regardent différemment ; il est respecté.

    — Toute une partie, Max !

    — Merci monsieur Thouin.

    Son coach le regarde avec un sourire.

    Au secondaire, Maxime dissimulait ses qualités athlétiques pour éviter d’attirer l’attention, mais pas au cégep. Dès son premier cours d’éducation physique, il a vite été repéré par Rogatien Thouin qui l’a, par la suite, harcelé jusqu’à ce qu’il accepte de joindre l’équipe de football.

    — On se revoit à la pratique Coach.

    — Parfait Max, repose-toi bien ; on a une grosse partie la semaine prochaine.

    Maxime a à peine le temps de se retourner pour recevoir l’accolade de sa mère qui courait vers lui.

    — Bravo mon grand !

    — Merci, maman. Disons que tu étais difficile à manquer dans les estrades.

    Maxime se retourne vers son père et sa sœur qui le regardent avec un grand sourire.

    — Il me semble que je vous avais demandé de l’empêcher d’apporter sa pancarte.

    Sa sœur se met à rire.

    — Penses-tu sérieusement que quelqu’un peut l’empêcher d’apporter la pancarte ? Tu rêves, frérot.

    — Ah, arrête de te plaindre mon grand, tu sais que mes encouragements t’aident à bien performer.

    Maxime sait que c’est peine perdue ; il ne gagnera pas ce combat avec sa mère.

    — Oui maman !

    — Tu sais que ta maman a toujours raison.

    — Oui maman ! OK, on se voit tantôt. Je vais prendre une douche rapide et je vais directement à la maison.

    Sa mère lui fait un clin d’œil.

    — Tu peux prendre ton temps, je pense qu’il y a une fille qui veut te parler.

    Maxime se retourne et effectivement Érica Marcil l’attend près de la clôture menant au vestiaire.

    — Maman, ne t’excite pas, c’est juste une bonne amie à moi, rien de plus.

    — On ne sait jamais mon grand, tu pourrais l’inviter à souper ?

    — MAMAN !!!

    — OK, OK.

    Sa mère lui donne un baiser sur la joue et ses parents quittent vers le stationnement.

    Maxime se dirige tranquillement vers Érica avec un grand sourire.

    Ses parents ne changeront jamais, mais bon sang qu’il les aime !

    Il lève les yeux vers les estrades. Il y a encore beaucoup de spectateurs, son regard se pose sur l’un d’entre eux et… il fige sur place.

    Maxime n’arrive plus à bouger. Il laisse tomber son casque par terre et dévisage le spectateur. Une vision du passé.

    Est-ce possible ?

    *

    — Bon sang, est-ce que ça va, Max ? Tu es blanc comme un drap !

    Maxime se retourne vers Érica.

    Il était si concentré vers les estrades qu’il ne l’a pas entendue s’approcher de lui.

    Il ne répond pas et se tourne de nouveau vers les estrades.

    Le spectateur n’est plus là.

    Est-ce possible ?

    La ressemblance avec Ulla était frappante, mais ça ne peut pas être son frère.

    Impossible.

    Il hoche violemment la tête pour se réveiller. Arrête de te faire des histoires, mon Max. Elle a disparu, tu vas devoir t’y faire.

    — Max, tu m’inquiètes. Est-ce que tu as été frappé à la tête ? Je vais aller voir le coach.

    Maxime se tourne de nouveau vers Érica.

    — Non, ça va, Érica. J’ai juste cru voir… Enfin, bref, ce n’est pas important.

    Elle le dévisage pendant un moment, puis hoche la tête.

    — C’est bon, les couleurs reviennent dans ton visage. Pendant un moment, j’ai cru que tu allais tomber dans les pommes.

    — Ne t’inquiète pas. Et non, je n’ai pas de commotion cérébrale.

    — Good ! Écoute Max, je voulais juste voir avec toi quand

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