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Crimes en Bretagne: Identité mortelle
Crimes en Bretagne: Identité mortelle
Crimes en Bretagne: Identité mortelle
Livre électronique208 pages2 heures

Crimes en Bretagne: Identité mortelle

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À propos de ce livre électronique

Élouan retrouvent successivement ses parents et son grand-père assassinés. Son enquête le mène à la mafia italienne...

Le couple franco-italien, Andréa et Mahé Corberris, est retrouvé assassiné au manoir de KER-HUEL près de Quimper. Leur fils, Élouan, vivant à Londres, rejoint rapidement la Bretagne. Bien décidé à comprendre ce qui s’est passé, il va retrouver son grand-père en Italie pour lui poser des questions. À son arrivée, il découvre que ce dernier a également été assassiné. Élouan mène son enquête et petit à petit remonte la filiation de la mafia italienne. Un mystère entoure sa naissance et l’identité réelle de ses parents. Il se retrouve bientôt au coeur d’un terrible complot dont il ne sortira pas indemne.

Quête identitaire, mafia italienne, complot et dangers sont les ingrédients de ce polar breton !

À PROPOS DE L'AUTEURE

Josette Barbault-Hovasse est née en Bretagne et vit actuellement en Vendée. Elle écrit depuis une vingtaine d’années des romans et des nouvelles. Sa première inspiration lui vient de la vie de son grand-père paternel, qui fut l’un des précepteurs des enfants du tsar Nicolas II. Deux romans relatent ces périodes exaltantes de l’histoire Russe. Éclectique dans le choix de ses sujets, Jour de Foire raconte la vie quotidienne d’un petit village poitevin. En 2017, son livre Semblables Différences a obtenu un prix littéraire régional.
LangueFrançais
Date de sortie20 janv. 2021
ISBN9791035310394
Crimes en Bretagne: Identité mortelle

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    Aperçu du livre

    Crimes en Bretagne - Josette Barbault-Hovasse

    I

    Drame à KER-HUEL

    On a deux vies, la deuxième commence

    quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une…

    Confucius

    1

    Mardi 15 mars 2005. En sueur après son footing matinal, Élouan Corberris regagna son appartement situé dans le quartier ultra chic du cœur de Londres. Cent vingt mètres carrés pour lui seul, avec en prime la vue sur l’un des plus beaux parcs, Hyde Park, il était comblé. En tant que chirurgien confirmé en orthopédie et traumatologie, il jouissait d’une excellente notoriété au sein de sa profession. L’aura qu’il dégageait inspirait le respect. L’homme d’un mètre quatre-vingt, de type méridional, avait du charisme et de l’élégance.

    Une douche bien chaude le délassa et le revigora. Alors qu’il s’essuyait énergiquement son téléphone sonna. Nu, la serviette autour du cou, il regarda son écran où défilait en boucle « Gendarmerie nationale ». Il commenta à voix haute :

    — Encore un accident de la circulation, on a besoin de mes services !

    À cet instant précis, il réalisa que le message provenait de France. Le front plissé, intrigué, il appuya sur OK…

    Il vivait seul, mais son amie Lauren Histon, de deux ans sa cadette, n’était jamais bien loin. Elle avait insisté lourdement pour qu’il quitte son vieil appartement de Bayswater. Rebuté par les complications d’un déménagement, il avait jusqu’ici refusé. Les réprimandes bienveillantes, serinées sans cesse avaient eu raison de son entêtement. Le côté matériel de sa vie ne le préoccupait pas. Il laissait Lauren s’occuper de ces détails et cela l’arrangeait bien.

    — Tu dois vivre, lui disait-elle. Pour un grand chirurgien, habiter un mouchoir de poche, it sucks ! (ça craint !) Tu n’es pourtant pas radin ! Que feras-tu de ton argent quand tu seras usé ? Vidé par un job qui te bouffe l’existence ? Laisse-moi faire mon Lou, je m’occupe de tout. 

    Ce diminutif affectueux, elle seule l’utilisait pour l’amadouer. Ils s’étaient rencontrés lors de son internat à Paris, où cette Londonienne était venue faire un stage à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Lauren maîtrisait parfaitement la langue française qu’elle gratifiait d’un accent très prononcé et irrésistible, donnant à toutes ses interventions un caractère comique. Élouan s’en amusait beaucoup. Son physique avantageux l’avait également charmé. Un petit flirt était né entre eux, rapidement transformé en une amitié fraternelle d’une fidélité à toute épreuve. Comme il existe des attachements amicaux entre hommes, c’est avec une femme que ce lien indéfectible s’était noué. Devenue médecin généraliste, elle était actuellement responsable d’un dispensaire situé dans la banlieue londonienne. L’établissement avait pour but d’accueillir des réfugiés fuyant leur pays en guerre. Des gens très dignes, perdus, démunis et parfois endeuillés, cherchant un refuge pour se reconstruire une vie. Lauren soulageait et soignait de son mieux ces personnes, souvent en grande détresse psychologique et physique. Bien au-delà de ses attributions, elle s’impliquait totalement et défendait leur cause auprès d’administrations pas toujours compréhensibles. Discrètement admiratif, Élouan la taquinait régulièrement en utilisant un cliché qui l’agaçait :

    — Une vraie Mère Teresa, Darling !

    Il la considérait comme la sœur qu’il n’avait jamais eue. Ces deux dernières années, quelques kilos avaient légèrement arrondi sa silhouette, mais elle restait très jolie et élégante. Affirmant son style So british, cette blonde aux yeux bleus buvait du thé à chaque instant, et portait des couleurs qui claquent dans un esprit seventies. Son allure d’éternelle étudiante attendrissait Élouan, qui lui reprochait gentiment d’être un brin excentrique. Lorsqu’ils étaient ensemble, sans doute par réflexe et en souvenir de leur première rencontre à Paris, ils parlaient systématiquement dans la langue de Molière. On les assimilait fréquemment à un couple. Ils aimaient laisser planer le doute et se serraient l’un contre l’autre en riant.

    Le regard toujours fixé sur son téléphone, le haut-parleur activé, il entendit une voix qui s’exprimait en français :

    — Êtes-vous Monsieur Élouan Corberris ?

    — Oui ! Qui êtes-vous ?

    — Vous êtes bien le fils d’Andréa et Mahé Corberris qui demeurent en France ?

    — En effet !

    La personne insista :

    — Au manoir de Ker-Huel en Bretagne ? 

    Surpris par les précautions pour s’assurer des lieux et de sa filiation, il répondit vivement :

    — Oui, c’est moi. Que se passe-t-il ?

    — Commandant Hurien de la gendarmerie française de Quimper. Monsieur Corberris, ma démarche est délicate. Je suis hélas porteur d’une terrible nouvelle. Il va vous falloir beaucoup de courage pour l’entendre.

    — Vous m’inquiétez, je vous écoute !

    — Il s’agit de vos parents adoptifs, je crois ?

    — Peu importe adoptifs ou pas ! Que se passe-t-il ? Ils ont eu un accident ?

    — Non, Monsieur, non.

    À l’autre bout du fil, un silence embarrassé accentua le temps d’arrêt du commandant Hurien qui toussota pour se donner une contenance.

    Une véritable inquiétude dans la voix, Élouan insista pour connaître l’objet de cet appel.

    — Parlez bon Dieu ! Que se passe-t-il ?

    — J’y arrive, Monsieur, j’y arrive. Vous êtes médecin, chirurgien dit votre fiche. Je pense que votre fonction va vous aider à supporter le drame qui vous frappe. 

    — De quel drame parlez-vous ?

    D’une voix hésitante, le commandant finit par lâcher l’épouvantable et glaçante information :

    — Vos parents ont été assassinés.

    À quarante ans, Élouan était aguerri aux situations difficiles et bien souvent catastrophiques, mais cette annonce l’assomma. Le souffle court, son corps semblait se vider de son sang. Sa tête tournait. D’une voix blanche, il bredouilla :

    — C’est impossible ! Pourquoi aurait-on assassiné mes parents ? Vous faites erreur ! Pas plus tard qu’hier soir, je les ai vus et je leur ai parlé longuement sur Skype. Tout allait bien ! 

    — Hélas, Monsieur ! Mahé et Andrea Corberris

    ont été retrouvés ce matin par un homme qui travaille depuis très longtemps au centre équestre dirigé par

    vos parents. La confusion est impossible. Nous vous attendons le plus rapidement possible sur les lieux.

    De la compassion dans la voix, il poursuivit :

    — Je suis désolé de vous apprendre cette terrible nouvelle par téléphone, mais nous devons faire très vite. Les premiers indices sont extrêmement importants.

    Saisi d’effroi, Élouan tituba et balbutia :

    — J’arrive !

    Son iPhone lui tomba des mains. Une rougeur envahit son cou puis son visage ; sa réaction corporelle était violente. Il se mit à parler à voix haute en répétant :

    — Assassinés ! Assassinés ! Impossible, je ne peux pas le croire !

    La tête entre les mains, il en oubliait sa nudité. Hébété, il maudit ce téléphone qui quelques instants auparavant lui faisait entendre le rire joyeux de Lauren. La transpiration perlait de nouveau sur son front. Cette fois, ce n’était pas l’effort le responsable, mais un immense malaise qui le submergeait. Des sueurs froides glaçaient sa peau. Il frissonnait et n’arrivait pas à reprendre ses esprits. Figé par l’horreur des faits, il resta un long moment sans bouger. Machinalement, il composa le numéro de son amie. Il avait besoin d’entendre la seule voix susceptible de l’aider à supporter cette douleur.

    — Lauren, non, non, ne ris pas ! C’est trop grave, dit-il la voix brisée par des sanglots. Je vis un cauchemar éveillé, je suis atterré, mes parents sont morts. Je pars pour la France immédiatement. Non, non pas d’explications par téléphone. Oui, tu arrives, je t’attends.

    Lui qui détestait les alcools forts, il avala d’un coup une rasade de cognac qui lui brûla le gosier. Une quinte de toux et de nouvelles sueurs secouèrent son corps. En tant que médecin, il prodiguait à un patient accidenté les bons gestes pour contenir et gérer au mieux son traumatisme. Pour lui, pas de blessure physique, son corps était sain, mais dans sa tête la tempête faisait rage. Trop d’informations négatives d’un seul coup et personne pour apaiser sa crise d’angoisse. Il tapota son visage et retrouva un peu de lucidité. Après avoir enfilé un jean et un polo, il appela la billetterie de l’aéroport de Heathrow.

    — Vous avez un vol pour Paris à 20h10, lui dit une voix suave. On réserve, Monsieur ?

    — Deux places, réussit-il à articuler, aux noms d’Élouan Corberris et Lauren Histon.

    Sans attendre son accord, il avait également pris un billet pour Lauren. Dans de telles circonstances, s’imaginer seul au manoir lui paraissait impossible. Ensuite, il prévint la clinique de son absence.

    — Prévoyez un remplaçant pour quelque temps, dit-il à sa secrétaire. Mes parents sont décédés.

    Sans donner d’informations supplémentaires, il ajouta :

    — Je dois partir pour la France immédiatement.

    — Vous êtes irremplaçable docteur, affirma-t-elle d’un ton désolé. Tenez-nous au courant. Bon courage. Je suis sincèrement navrée du drame qui vous frappe.

    Lauren arriva une heure plus tard et accepta de l’accompagner sans aucune hésitation. Élouan était prostré, abattu par l’absurdité des faits. Sa vie, ses repères venaient de disparaître en un coup de fil. Comment concevoir l’atrocité d’une telle fin pour ses parents ? Son cerveau refusait d’intégrer cette épreuve, il était anéanti.

    — C’est monstrueux ! Assassinés, par qui et pourquoi ? s’insurgea Lauren.

    Dans un geste inconsciemment maternel, elle lui caressa les cheveux. De le voir aussi malheureux, cela lui brisait le cœur. Elle savait l’amour qu’Élouan portait à ses parents, sa douleur devait être insupportable. Elle essuya ses larmes et décida de se montrer forte pour l’accompagner de son mieux.

    Pour avoir séjourné au manoir à plusieurs reprises, elle connaissait assez bien les parents d’Élouan. Leur passion commune pour les chevaux et le goût de la nature avait rapidement créé des liens amicaux entre eux. Andréa et Mahé semblaient des gens sans histoire. Bien sûr, elle savait qu’Élouan était leur fils adoptif et unique, mais leur affection était la même que pour un enfant légitime. La famille était soudée et rien ne présageait un tel drame.

    L’histoire de son adoption était simple. Andréa était italienne, sa sœur aînée, la mère d’Élouan, Carmen, était morte avec son mari dans un accident de voiture. Dans un premier temps, son grand-père italien, Adolfo Alagio, avait recueilli l’enfant chez lui. Architecte d’une quarantaine d’années, il vivait entre Rome et la Toscane. Veuf depuis peu, il n’était pas capable de s’occuper décemment d’un bébé de trois mois. Il confia donc l’enfant à Andréa et à son mari Mahé Corberris. Vivant en France, ce couple uni serait sans nul doute de bons parents pour l’enfant. Le couple Corberris étant stérile, l’adoption de leur neveu sembla pour tous, naturelle et logique.

    Durant sa tendre jeunesse, Élouan passait toutes ses vacances chez son grand-père dans le petit village de Volterra en Toscane. La grande bâtisse familiale avait vu naître Andréa, Carmen et Angela, la plus jeune des filles d’Adolfo. Il adorait cet homme qu’il surnommait affectueusement, AA, (Adolfo Alagio). Cette petite convention entre eux amusait beaucoup l’entourage. Pour le vieil homme, l’enfant était une nouvelle jeunesse. Il aimait lui raconter l’histoire et les origines architecturales du patrimoine de son pays.

    Jamais ses parents ne lui avaient caché son adoption. En plus d’une belle éducation, il avait reçu beaucoup d’amour et de tendresse. Des photos de toute la famille italienne, exposées sur les meubles de la maison, maintenaient le souvenir des défunts.

    Mahé et Andréa s’étaient rencontrés lors d’un concours hippique se déroulant à Chantilly. La passion commune qui les unissait avait fait d’eux une référence dans le milieu équestre. Mahé Corberris possédait un haras en Bretagne. Sa femme Andréa apporta dans sa dot quelques magnifiques chevaux étoffant avantageusement le cheptel équin. Au fil du temps, elle créa et développa un centre d’équitation spécialisé dans les concours hippiques, saut d’obstacles, dressage et toutes les disciplines afférentes à ce sport. Mahé s’occupait du haras. Il élevait les étalons et juments en vue de la reproduction. La renommée de Ker-Huel n’était plus à faire.

    De par ses origines italiennes, Élouan échangeait avec Andréa en italien et en français avec Mahé. Très jeune, ce mélange de culture lui avait permis de maîtriser parfaitement les deux langues. Plus tard, l’anglais compléta ses connaissances linguistiques. Son attirance pour la médecine, plus précisément pour la chirurgie, semblait faire partie de ses gènes tant ils étaient présents au plus loin de ses souvenirs. Sa vocation s’était affirmée au centre équestre d’Andréa, où les chutes fréquentes des cavaliers entraînaient parfois de graves traumatismes. Aucune importance de savoir comment et depuis quand cette passion occupait son esprit, il avait réalisé son rêve, c’était le principal. Après son internat, il postula pour une charge de second chirurgien dans un hôpital de la banlieue londonienne. Son amie Lauren l’avait beaucoup aidé dans toutes ses démarches. Très vite, il s’imposa dans sa spécialité et sympathisa avec deux autres chirurgiens. Ensemble, ils créèrent une clinique devenue à ce jour très réputée.

    À la retraite, Adolfo Alagio, AA, se consolait difficilement de la mort de sa femme et de ses deux filles. La plus jeune, Angela, était morte à seize ans de maladie quelques mois après le décès de Carmen. La maison reprenait vie quand son cher Élouan arrivait pour passer tout l’été avec lui. Sa spontanéité, sa naïveté et la fougue de sa jeunesse étaient un véritable bain de jouvence pour le vieil homme.

    2

    Dépassés par ce drame, Lauren et Élouan trouvèrent interminable le voyage vers la France. Les questions sans réponse tournaient en boucle dans leur tête minée par le chagrin.

    À six heures du matin, ils arrivèrent enfin à Ker-Huel. Le chauffeur du taxi fit une réflexion inopportune :

    — Quelle concentration de flics ! À croire qu’il y a eu un crime ici !

    Élouan ne fit aucun commentaire. L’homme repartit le visage marqué par la déception.

    La grande maison de granit, appelée depuis toujours le manoir, se dressait lugubre. Un halo brumeux laissait apercevoir une lune blanchâtre et opaque qui vous glaçait de la tête aux pieds. En ce début d’avril, l’humidité ne disparaissait que sous les rayons chauds du soleil de midi, puis retombait rapidement dès le soir venu. Malgré l’heure matinale, les lieux grouillaient de monde. Cinq voitures de police et deux fourgons de gendarmerie stationnaient devant la maison.

    Deux hommes en uniforme s’approchèrent d’eux :

    — Gendarmerie nationale ! Les lieux sont interdits. Vos papiers, s’il vous plaît !

    — Je suis Élouan Corberris, le fils de la maison, mademoiselle Lauren Histon est

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