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Léa
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Livre électronique337 pages4 heures

Léa

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À propos de ce livre électronique

Mathilde Durand est une jeune policière travaillant comme patrouilleur au centre-ville de Montréal. Excessivement dédiée, elle adore son travail.

Maxime Pouliot est un jeune adolescent de 16 ans. Victime de timidité maladive, il est le souffre-douleur de son école. Il n’aspire qu’à une chose, terminer son secondaire pour mettre fin à son calvaire.

Émile Langlois est un sergent détective d’expérience. Sa carrière de policier tire à sa fin. Devenu alcoolique suite à un divorce, il ne fait qu’écouler son temps le menant à la retraite.

Le destin placera Léa sur le chemin de ces trois personnes.

La jeune Léa a un passé mystérieux, elle souffre d’amnésie et elle est traquée par une organisation criminelle ne reculant devant rien pour l’éliminer.
LangueFrançais
Date de sortie31 mars 2020
ISBN9782897753283
Léa
Auteur

Daniel Touchette

Daniel Touchette est né et a grandi à Montréal dans le quartier Hochelaga Maisonneuve. À l’âge de 20 ans, il a débuté sa carrière de policier pour le SPVM. Au fil de ses 30 ans de carrière, il a occupé de multiples fonctions allant de patrouilleur, agent d’infiltration, superviseur au centre-ville de Montréal, chef de poste de quartier, jusqu’au poste d’assistant-directeur où il a terminé sa carrière en avril 2018 à titre de responsable de la planification stratégique. Il est maintenant retraité et se concentre sur sa passion, l’écriture. Léa est son premier roman.

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    Aperçu du livre

    Léa - Daniel Touchette

    coïncidence.

    1

    — Assez tranquille pour un vendredi !

    À 5 h 45, la nuit de travail des deux policiers tire à sa fin et elle a effectivement été d’un ennui total.

    L’agent Mathilde Durand qui conduit l’auto-patrouille ne sait d’ailleurs plus où aller.

    — Deux appels, deux misérables petits appels, et rien de trop excitant, j’ai l’impression de patrouiller Saint-Creux-des-Profonds et non le centre-ville de Montréal !

    Éric Leblanc ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire, cela fait maintenant deux ans qu’il travaille en équipe avec Mathilde, en fait depuis l’embauche de la policière au sein du corps de police.

    À cette époque, Éric était en conflit avec son partenaire et avait proposé à son superviseur d’être jumelé avec la jeune recrue, décision qui s’était avérée très bénéfique.

    En huit ans, Éric a eu une multitude de coéquipiers, mais aucun avec un degré d’intensité et de la trempe de Mathilde.

    — On pourrait terminer notre ronde sur Sainte-Catherine puis café ?

    — Studio au 20-2.

    Ce fut au tour de Mathilde d’esquisser un sourire.

    — Je pense que ton café va devoir attendre.

    — À l’écoute 20-2.

    — 20-2, rendez-vous coin René-Lévesque et Peel, une jeune fille fortement intoxiquée se serait effondrée dans la rue, nous n’avons pas plus de détails. Le plaignant passait avec son véhicule et a failli renverser la jeune fille, il n’est pas demeuré sur les lieux.

    — 20-2, nous sommes en direction.

    Mathilde actionne les gyrophares et accélère en trombe.

    — Incroyable ! Il n’est pas resté sur les lieux, non, mais quel imbécile !

    — Calme-toi Math, on ne peut rien y faire.

    Ils ne sont pas loin, mais elle veut arriver rapidement.

    L’expérience qu’elle a acquise lors de ses deux années passées à la patrouille du Centre-Ville lui a vite fait réaliser l’importance de ne banaliser aucun appel.

    Une jeune fille est en danger, chaque seconde peut compter.

    Ils sont presque arrivés, Mathilde ralentit, toute son attention est portée à trouver la jeune fille.

    — 20-2, nous sommes sur les lieux, pour l’instant rien de localisé, nous allons patrouiller les alentours.

    Mathilde se dit qu’il aurait été réellement plus simple de porter assistance à la jeune fille si le plaignant était demeuré sur les lieux, un manque total de compassion humaine, mais bon, il a au moins daigné appeler le 911.

    Éric allait proposer à Mathilde de continuer un peu plus à l’ouest sur René-Lévesque lorsqu’il eut le souffle coupé !

    — Math !

    — Là, sur Peel, par terre.

    — Oh non, Éric, qu’est-ce qu’on fait ?

    Les deux policiers voient la jeune fille qui est étendue sur la rue Peel à peine un peu plus au nord de l’intersection et, surtout, un petit camion de livraison qui vient de s’engager du sens opposé pour passer devant le véhicule patrouille en tournant à gauche.

    Mathilde a l’impression que le temps est au ralenti.

    Elle voit très bien que l’attention du conducteur du camion est portée sur eux. Il tourne à gauche et il regarde les policiers qui sont en sens opposé au lieu de regarder où il va !

    Même s’il ne va pas très rapidement, il n’aura probablement pas le temps de voir la jeune fille par terre et...

    Éric fait des signes au camion, mais le conducteur continue à avancer tout en regardant les policiers.

    Mathilde ne voit qu’une option, elle appuie à fond sur l’accélérateur et percute de plein fouet le côté arrière du camion.

    *

    — Math, vite il faut sortir de l’auto !

    Éric est inquiet, sa partenaire est inconsciente et il n’aime pas l’odeur d’essence qui émane de l’amas de tôle tordue qu’est maintenant leur auto-patrouille.

    Il ne sait pas s’ils ont réussi à sauver la fille et dans quel état se trouve le conducteur du camion qu’ils viennent de percuter, mais, chose certaine, il faut sortir de l’auto et vite.

    Éric tire de toutes ses forces afin de pouvoir se dégager de sa ceinture de sécurité qui, pour l’instant, est non coopérative.

    — Ça va mieux quand on appuie sur le bouton du milieu !

    Mathilde qui revenait peu à peu à la réalité, tente de bouger, mais est immédiatement foudroyée par un mal de tête du tonnerre.

    Elle voit bien que son partenaire tire frénétiquement sur sa ceinture de sécurité, sans grand succès !

    Éric la regarde, il a une coupure au front et saigne abondamment.

    — Bien content que tu sois de retour dans le monde des vivants Math, il faut sortir de l’auto, et pour ton info, je pèse sur le maudit piton !

    Mathilde tente également de se dégager, mais son bras refuse de coopérer. La douleur qui vient avec l’effort ne laisse rien présager de bon sur l’état de son épaule.

    Éric sent finalement la ceinture céder et il finit par se dégager. Il détache la ceinture de Mathilde qui a également l’air mal en point ; il a de la difficulté avec sa vision, car du sang lui coule dans les yeux.

    Malgré de bons coups d’épaule, il ne peut ouvrir sa portière.

    Éric se place sur le dos et à l’aide de ses pieds pousse sur le pare-brise qui est déjà fracassé suite à l’accident.

    Mathilde a une poussée d’adrénaline. Malgré la douleur, elle doit aider Éric ; le pare-brise est fracassé, mais il tient toujours en place.

    Elle place également ses pieds sur le pare-brise et se met à frapper de toutes ses forces.

    Le pare-brise finit par céder sous l’impact des coups de Mathilde et d’Éric.

    Les deux policiers s’extirpent de l’auto et c’est à ce moment qu’ils sont à même de constater l’étendue des dégâts.

    Le devant de l’auto-patrouille est anéanti, une fumée se dégage du moteur et une odeur d’essence empeste la scène.

    Sous l’impact, le camion a fait un tête-à-queue et terminé sa course dans un poteau de feux de circulation à quelques mètres de leur véhicule.

    La jeune fille ne semble pas avoir été frappée par le camion, elle est toujours inconsciente dans la rue.

    — Ça risque d’exploser, Math va t’occuper de la jeune fille, je vais aller voir l’état du chauffeur de camion.

    Alors qu’elle se dirige vers la jeune fille, Mathilde saisit le micro de sa radio portative.

    — 20-2 au studio, nous avons besoin d’assistance au coin de Peel et de René-Lévesque, nous avons été impliqués dans une collision. Mon partenaire et moi sommes blessés, une jeune fille est inconsciente ; pour le moment, je ne connais pas l’état du conducteur de l’autre véhicule.

    — Studio au 20-2, bien reçu, nous allons immédiatement contacter urgence-santé pour les ambulances.

    — 20-1, nous nous plaçons en collaboration avec le 20-2.

    — Studio au 20-1, c’est capté.

    — 20-85, je me dirige également sur la scène.

    — Studio au 20-85, bien reçu.

    Mathilde est soulagée d’entendre ses confrères du poste 20 se précipiter à leur aide, mais elle ne peut attendre leur arrivée avant de déplacer la jeune fille, le danger d’explosion est trop grand.

    Elle se penche afin de voir l’état de la jeune fille. Il s’agit d’une adolescente d’environ 15 à 17 ans, elle est égratignée au visage et a beaucoup de sang sur ses vêtements. Mathilde se dit qu’il s’agit probablement d’une fugueuse.

    — Hey toi, réveille !

    — Réveille-toi, on ne peut pas rester ici !

    Mathilde abandonne l’idée de réveiller la jeune fille, il faut la déplacer.

    Elle saisit la jeune fille avec son bras gauche, le droit étant hors service, et tire la fille de toutes ses forces vers le parc qui est de l’autre côté de la rue.

    À peine arrivée au parc, Mathilde est projetée au sol par le souffle d’une explosion.

    Sous le choc, elle entend les sirènes qui approchent et voit son auto-patrouille en feu. Elle est complètement désorientée, puis elle est foudroyée par une peur atroce.

    — Éric.

    *

    — Attention Pierre !

    L’agent Pierre Monet passe très proche de perdre le contrôle de son véhicule, l’explosion a été foudroyante, il a été complètement aveuglé.

    Il immobilise le 20-1 sur René-Lévesque de façon à bloquer la circulation et, accompagné de son partenaire, René Dubé se précipite à l’aide de leurs confrères.

    Pierre arrive au moment où Mathilde se lève avec difficulté.

    — Bon sang, Mathilde, qu’est-ce qui s’est passé ? Ne bouge pas. T’es blessée ? L’ambulance est en route.

    Pierre n’a jamais vu Mathilde aussi paniquée, elle lui prend le bras, se lève et se met à courir vers l’intersection.

    — Éric… Il aidait le conducteur du camion !

    La réaction des deux policiers est immédiate ; ils se précipitent vers le camion qui n’est qu’à quelques mètres de l’auto-patrouille en feu. Mathilde suit de près malgré ses blessures.

    Pierre est le premier arrivé sur les lieux et il fige sur place, la scène est surréelle.

    Éric a la chemise en lambeau et le visage complètement en sang. Il est sur René-Lévesque à une dizaine de mètres du camion et se tiraille avec un homme de très forte corpulence.

    L’homme qui a les yeux exorbités se met à crier à tue-tête.

    — Lâche-moi, maudit fou ! Vous m’avez foncé dessus, il faut que je vide mon camion avant qu’il prenne en feu.

    Éric a beau tenter de raisonner le conducteur du camion, rien ne fonctionne.

    Ils sont très près de son auto-patrouille qui vient à peine d’exploser et ce crétin ne veut rien comprendre ; il est inquiet pour Mathilde, mais pour le moment, il n’y peut rien, il a les bras pleins.

    — Monsieur, nous devons nous éloigner, c’est pour votre sécurité.

    — C’est beau Éric, on s’en occupe.

    Éric reconnait la voix de Pierre, il n’a jamais été aussi heureux de voir les deux policiers du 20-1 qu’à ce moment.

    Pierre et René prennent la relève et n’ont aucune difficulté à maitriser l’homme qui, à bout de force, s’affaisse au sol.

    Il jette un coup d’œil vers Mathilde qui est visiblement amochée.

    — Math, ça va ?

    — Je vais m’en sortir, et toi ?

    — Je pense que j’ai une petite coupure au front, mais ça va.

    Mathilde esquisse un sourire.

    — T’a pas la même définition que moi d’une petite coupure, tu te regarderas dans un miroir.

    — Hey le 20-2, ça serait probablement une bonne idée de s’éloigner !

    Éric se retourne vers Pierre et René qui accompagnent le conducteur du camion vers le 20-1.

    — Oui Pierre, on se tasse.

    — 20-85 au studio, je viens d’arriver sur les lieux, il s’agit d’une scène majeure, je vais avoir besoin des pompiers et d’effectifs supplémentaires.

    — 20-85 au 20-3 et au 20-4, je vous veux ici !

    — Capté 20-3, en direction.

    — Capté 20-4. Juste pour votre information, on est loin, ça va prendre un peu de temps.

    — Dépêchez-vous le 4 !

    — Pas de problème sergent, on s’en vient.

    Éric voit le sergent Marc Tremblay qui se dirige vers eux, le micro toujours dans les mains donnant des instructions aux véhicules qui s’approchent.

    — Math, où est la fille ?

    Mathilde, encore sous le choc des événements et surtout très heureuse de voir son partenaire sain et sauf, avait momentanément oublié la jeune fille ; elle se met à courir vers le parc.

    — Elle est là, près du parc, suis-moi.

    — Éric ! Mathilde !

    Éric se tourne vers le sergent Tremblay qui leur fait signe de venir le voir, Éric pointe vers le parc et se met à courir derrière Mathilde.

    Le sergent Tremblay comprend le signe d’Éric, il se met à courir dans leur direction.

    La jeune fille n’est plus inconsciente, elle est assise sur le trottoir et regarde les policiers s’approcher d’elle.

    Mathilde se penche vers la fille, elle est visiblement abasourdie.

    — N’aie pas peur, nous sommes là pour t’aider, es-tu blessée ?

    La jeune fille hoche la tête, elle regarde Éric, le sergent Tremblay, puis fixe Mathilde.

    — Ne t’inquiète pas, nous allons prendre soin de toi, peux-tu parler ?

    — Quel est ton nom ?

    Mathilde ne peut s’empêcher de fixer les yeux de la jeune fille, ils sont d’un vert vif.

    Malgré son air délabré, cette fille a quelque chose de spécial, d’intangible.

    La jeune fille fixe toujours Mathilde.

    — Léa, mon nom est Léa.

    2

    Maxime se dépêche de fermer son radio-réveil avant de déranger toute la maison. Il n’est pas vraiment inquiet pour ses parents qui sont également des lève-tôt. Mais sa sœur a la chambre d’à côté et est toujours d’humeur massacrante lorsqu’elle se fait réveiller, ne serait-ce qu’une minute avant d’être absolument obligée de s’activer pour éviter d’être en retard.

    Un rapide coup d’œil par la fenêtre confirme à Maxime qu’il fait beau à l’extérieur, d’ailleurs les premiers rayons de soleil illuminent déjà sa chambre ; l’entraînement va être agréable aujourd’hui.

    À 16 ans, Maxime est en excellente forme physique, ses parents le trouvent particulièrement excessif avec ses nombreux entraînements matinaux, mais il adore se lever à l’aube, courir, alors qu’il est pratiquement seul sur la rue, sa routine est d’ailleurs bien établie : 30 minutes de course et 30 minutes de musculation.

    — Allô maman.

    Sa mère, qui est déjà assise à la table de cuisine, lit le journal du matin avec sa tablette. Elle lève le regard et lui dit en souriant :

    — Va te faire couper les cheveux, espèce de pouilleux.

    Maxime ne peut s’empêcher de sourire. Il adore sa mère et, au fil des derniers mois, a établi ce petit rituel matinal.

    — Jamais ! Mes cheveux font partie de mon charme.

    Maude Pouliot prend une gorgée de son café et regarde son fils par-dessus ses lunettes. Malgré son sourire, elle éprouve une tristesse à le voir.

    Depuis son enfance, Maxime vit avec une timidité maladive. En fait, il fait tout en son pouvoir pour éviter les contacts avec les autres, ce qui pose un sérieux problème à son école secondaire. Les autres élèves l’ignorent ou rient de lui.

    Maxime porte toujours la même chose, des vêtements trop grands pour lui, préférablement des chandails noirs de groupes rock et des pantalons de jogging également noirs. Il a les cheveux beaucoup trop longs qui cachent généralement son visage.

    Ce n’est pas que son fils est un rocker, mais son habillement est une certaine façon pour lui de se cacher, en fait de demeurer seul, même lorsqu’il est en présence d’autres personnes.

    Ils ont bien sûr consulté ensemble un spécialiste, qui n’a pas été selon elle d’une grande aide. Malgré les nombreuses séances, l’état de Maxime ne s’est pas vraiment amélioré.

    Maude garde espoir de voir son fils prendre confiance en lui. Il est brillant et un jour il le réalisera, entre-temps, elle ne manque aucune occasion de lui parler de ses cheveux ou de son linge ; qui sait, le message finira peut-être par passer.

    — Même pour une fille, t’as les cheveux trop longs, on ne voit pas tes beaux yeux.

    Maxime regarde sa mère toujours en souriant.

    — À tantôt maman.

    — Sois prudent mon grand.

    — Toujours !

    *

    Maxime sort par la porte arrière donnant sur la ruelle et débute sa course. Lui et sa famille demeurent dans un petit logement de la rue Rachel près du Stade olympique, rien de majestueux, mais très chaleureux.

    — 6 h 15, excellent.

    Comme à l’habitude, il se dirige vers le Jardin botanique où il peut faire son parcours dans un décor majestueux et pratiquement seul, ce qui fait parfaitement son affaire.

    Alors qu’il pénètre dans le Jardin, Maxime se met à penser à l’école ; on est quoi aujourd’hui, ah oui, jour 5, français, mathématiques, éduc, puis science et géographie en après-midi.

    Il esquisse un petit sourire en pensant à son professeur d’éducation physique. Il fait exprès de ne pas trop en faire en Gym pour ne pas attirer l’attention, et ce, même si Maxime sait qu’il pourrait être le meilleur de l’école ; d’ailleurs, monsieur Ricard qui est le coach de l’équipe de football n’a aucune idée de son existence.

    Il ne faut pas se démarquer ou se faire remarquer. Trop souvent, il doit admettre qu’il s’est fait ridiculiser lorsqu’il a tenté bien maladroitement de se faire des amis.

    Pourquoi faut-il qu’il gèle complètement devant toute situation conflictuelle ? Et on ne parle pas des filles ; à la seule pensée de leur parler, il devient rouge écarlate.

    Non, il est préférable de demeurer anonyme et de ne parler à personne, assis toujours dans le fond de la classe, idéalement sur le côté de façon à être à l’abri de toute interaction.

    Il n’est pas dupe, il sait pertinemment qu’il est la risée de l’école. Mais lors des dernières années, il a su se bâtir une carapace pratiquement impénétrable.

    Lorsque des imbéciles l’intimident, il se contente de les ignorer ; il place ses cheveux devant son visage et fixe le vide.

    Il sait bien que ce n’est pas un comportement normal, mais il ne peut pas s’en empêcher.

    Son objectif est simplement de survivre au secondaire, idéalement continuer des études dans un domaine où il pourra travailler seul, de la maison ; de cette façon peut-être sera-t-il heureux ?

    — Wow !

    Perdu dans ses pensées, Maxime n’avait pas réalisé qu’il était à la fin de son parcours ; il accélère le rythme et emprunte les marches boisées menant à sa destination. Il termine toujours sa course devant la vue spectaculaire qu’est le monticule supérieur du Jardin de Chine.

    C’est une belle journée, le soleil se lève et reflète sur l’étang d’eau.

    Maxime prend un certain temps comme à l’habitude pour admirer le paysage et reprendre son souffle.

    Cet endroit lui inspire une quiétude et un bien-être lui permettant de mettre de côté ses problèmes et surtout de passer à travers une autre journée à l’école.

    — C’est l’heure.

    Maxime se met à jogger tranquillement vers son domicile.

    *

    — Sandrine, il y a un client sur la terrasse pour toi !

    — Ouais, ouais, j’y vais, il n’y a pas le feu !

    Sandrine Durand travaille dans ce café du quartier Montmartre depuis un mois et elle déteste déjà ce boulot ; mais bon, elle n’a pas le choix, il lui faut bien payer ses études et ce n’est certainement pas ses parents qui vont l’aider.

    — Non, mais il se prend pour qui lui ?

    Le client s’est attablé à une table en retrait qui peut contenir quatre personnes.

    — Monsieur, vous ne pouvez occuper autant d’espace, je vais vous déplacer à un autre endroit, une plus petite table.

    L’homme lève le regard vers Sandrine et elle se sent du coup, beaucoup moins courageuse, non pas à cause de son apparence, il est dans la fin trentaine ; assez grand et costaud, elle le trouve même assez attirant, mais son regard…

    — Pardon mademoiselle, serait-il possible de faire exception ? J’ai beaucoup de travail et l’endroit me semble relativement tranquille, cela serait grandement apprécié.

    Malgré son sourire, cet homme lui fait peur ; Sandrine ne peut dire ce qui cloche, mais son regard lui glace le sang.

    — Certainement, aucun problème, vous pouvez prendre tout le temps qu’il faut, je vous apporte un menu.

    L’homme lui met la main sur son bras ; Sandrine est complètement figée sur place.

    — Je n’aurai pas besoin d’un menu, simplement m’apporter un latté, cela sera suffisant.

    — Oui, certainement.

    Sandrine se dirige vers la cuisine. Il est hors de question que ce soit elle qui lui apporte un café, quelqu’un d’autre s’en occupera.

    *

    Il regarde la serveuse s’éloigner, elle a visiblement eu peur de lui.

    C’est fâcheux, car il préfère ne pas être remarqué ; peu importe, le risque est nul.

    En rétrospective, il aurait été plus facile de demeurer dans sa chambre à l’hôtel, mais il avait besoin de prendre un peu d’air et quoi de mieux qu’un bon café sur une terrasse.

    Il ouvre sa mallette, regarde de nouveau les plans de l’édifice, il n’anticipe aucun problème, la cible sera facile à atteindre.

    Il ne ressent aucune nervosité ou anticipation devant ce qu’il s’apprête à faire, en fait peu de choses l’affectent, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est aussi efficace dans ce qu’il fait.

    Son téléphone mobile vibre.

    — Fabien !

    Il s’agit de Valcourt, sa voix est fébrile.

    — J’écoute.

    — Fabien, tu dois revenir au bureau immédiatement, nous avons une crise majeure ici !

    — Je n’ai pas terminé mon travail, la cible de Paris n’est pas encore neutralisée.

    — Elle s’est échappée, on ne sait pas trop comment. Bon sang, Fabien, nous avons trouvé les gardiens complètement hors de combat, ils n’ont eu aucune chance.

    Fabien prend un moment pour contrôler sa colère. Il sait très bien de qui Valcourt parle. Combien de fois a-t-il fait état de la nécessité de la neutraliser, elle ne répond tout simplement pas au conditionnement, elle est douée d’une résistance mentale trop forte pour le processus de contrôle. Mais non, l’administrateur est aveuglé par ses habiletés, il ne voit que les possibilités et minimise le danger.

    — Il est grand temps d’utiliser le système de neutralisation à distance, transfère-moi à l’administrateur, je vais lui parler.

    — Ce n’est pas nécessaire, l’administrateur a déjà activé le système de neutralisation.

    — Bon, où est le problème alors ?

    Valcourt prend un moment avant de répondre.

    — Ça n’a pas fonctionné.

    — Quoi !!!

    — C’est incroyable Fabien, la décharge au cerveau aurait dû la neutraliser de façon permanente, mais non, nous sommes encore en mesure de voir ses signes vitaux !

    Fabien prend un moment pour digérer cette information.

    Les puces de neutralisation sont injectées aux recrues dès le début du conditionnement, cette mesure permet à l’administrateur d’assurer un contrôle ultime des employés. Comme de raison, la puce ne peut être utilisée qu’une seule fois, la décharge au cerveau devait être létale ; de toute évidence les chercheurs ont sous-évalué la résistance du corps humain !

    — Et le jumeau ?

    — Toujours au centre, il semble qu’il ait refusé de l’accompagner dans sa fuite.

    Fabien soupire ; au moins quelque chose de positif dans ce merdier.

    — Où sont les agents ?

    — Outre toi qui es à Paris, Simon

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