Envoyé spécial
Vidaillat (Creuse)
Ils sont deux jeunes gens, le frère et la sœur, assis côte à côte. Nous sommes en Angleterre, en février 2020. Un journaliste leur demande : « Regardez la caméra. Si votre mère pouvait vous entendre, que voudriez-vous lui dire ? » Sophie Clifton répond : « Maman, si tu nous vois, tu dois savoir que quoi qu’il arrive, nous serons toujours là pour toi. » Au tour de Jack, tee-shirt kaki et look de militaire. Il se prend le visage entre les mains. « Je ne sais pas, c’est très dur après… combien de temps ? » Il se tourne vers sa sœur. « Sept ans ?
– Je ne sais plus.
– Est-ce qu’on la reconnaîtrait ?
– Crois-tu qu’elle nous reconnaîtrait ? »
Tous deux vont alors raconter une histoire incroyable, celle qui donne son nom au documentaire diffusé sur Netflix à partir de janvier 2022*, The Puppet Master, le « maître des marionnettes ». Celle de leur mère, Sandra, 49 ans, femme de chambre dans un hôtel ; celle d’autres femmes… Toutes ont croisé, un jour, la route d’un homme, Robert Freegard, 51 ans, qui les a placées sous son emprise, les isolant de tout contact extérieur, leur subtilisant tout l’argent possible puis les enfermant quelque part, dans des lieux tenus secrets, pendant des années.
Le fils et la fille l’ignorent mais, au moment où ils s’expriment face à la caméra, leur mère vit recluse en France, dans la Creuse, dans un village de 192 habitants : Vidaillat, charmant bourg à trente minutes