SÉVERINE « J’AI ÉTÉ LA COMPAGNE DE CÉDRIC JUBILLAR »
Elle a vécu plusieurs semaines avec le mari de Delphine. Entre doute, tendresse et peur
« En m’affichant avec lui, j’en ai pris plein la gueule : alcoolique, droguée, mangeuse d’hommes… Faut avoir les nerfs »
De notre envoyé spécial dans le Tarn Arnaud Bizot
Ses fanfaronnades, son détachement, les énormités qu’il me sortait en rigolant m’ont d’abord sérieusement choquée », nous confie Séverine, 45 ans. Séverine a vécu deux mois dans l’intimité de Cédric Jubillar, de mi-avril à mi-juin 2021. Delphine avait disparu seulement quatre mois plus tôt ; pourtant, Cédric Jubillar avait déjà eu deux autres aventures. « Je trouvais qu’il oubliait bien vite », poursuit-elle. Séverine aurait rêvé être « psy ou mentaliste », comme dans la série télévisée. Mère de deux fils d’unions différentes, elle a travaillé à la lingerie de l’unité psychiatrique de l’hôpital d’Albi. « J’aime l’univers des fous », dit-elle de sa voix grave, cabossée par la vie et par des hommes « décevants ». Drôle, cash, transgressive, « comme Cédric », la tête bien sur les épaules, elle assume son petit côté déjanté. «« sans cesse interrogée, tentant d’analyser le personnage. Coupable, non coupable ? « Je passais du doute aux certitudes et inversement. Avec lui, j’étais à l’aise sans l’être complètement. Je me demandais parfois : “Et s’il me plantait au couteau en pleine nuit ? Et si sa femme allait, d’un coup, comme ça, réapparaître dans la maison ?” » Tout a commencé après une trouvaille de Séverine. En rémission d’un cancer du sein, elle participe de temps à autre à des battues, cherchant des indices avec son fils aîné, qui, adolescent, avait vaguement connu Cédric Jubillar. Tous les deux le pensent innocent. En avril 2021, ils trouvent un pull enfoui sous la terre. Des bouts de vieille étoffe trouée dépassent. Séverine prévient les gendarmes : « Ils se sont pointés à quatre. » Elle envoie ensuite la photo du pull à Cédric Jubillar, à qui elle a adressé peu de temps auparavant un message de compassion et de soutien sur Messenger. Le pull ne lui dit rien. « Je l’ai invité à manger à la maison avec mon fils et des amis. Il est resté dormir, à cause du confinement. Notre histoire est partie de là. On se faisait du bien. » Séverine évitera de parler de Delphine Jubillar à son compagnon. « Un jour, pourtant, je lui lance : “Dis-moi ce que tu as fait de ta femme…” Il m’a répondu du tac au tac, très sérieusement : “Je l’ai enterrée dans la ferme qui a brûlé !” [La grange d’un corps de ferme proche du domicile des époux Jubillar, à Cagnac-les-Mines, a pris feu le 15 avril 2021.] “Tu me fais chier, Cédric ! Tu me mets le doute. Et c’est toi qui as mis le feu ? – Ben oui !” me répond-il d’un ton assuré. » C’est l’enquête qui le disculpera en montrant qu’il était retenu, ce jour-là, sur un chantier bien trop éloigné… « Je lui ai aussi demandé pourquoi il avait appelé les gendarmes aussi rapidement, vingt minutes seulement après la disparition de sa femme : “À 6 heures, je me levais pour aller bosser, je n’avais pas que ça à foutre.” Sa réponse était si naturelle… Un coupable dirait ça ? »
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