Dernier combat: Biographie romancée des derniers jours de Jean Moulin
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À propos de ce livre électronique
21 juin – 8 juillet 1943 : ces deux dates renferment la légende de Jean Moulin. Arrêté à Caluire par Klaus Barbie puis torturé par la Gestapo, le chef de la Résistance est resté silencieux jusqu'à la mort. Sur la base de tous les témoignages et éléments historiques de cette période, Dernier combat raconte les derniers jours que Jean Moulin vécut face à son ennemi. La naissance d'un mythe.
Découvrez une biographie romancée qui narre les derniers jours de ce héros face à l'ennemi, et raconte la naissance d'un mythe.
EXTRAIT
La porte s’ouvre et deux gestapistes se ruent sur moi. Ils me passent des menottes à griffes qui m’entaillent les poignets et me poussent hors de la cellule. Une traction noire avec un soldat au volant attend. On me projette sur la banquette arrière du véhicule qui démarre en trombe. Je connais ma destination. La voiture s’arrête devant un bâtiment imposant protégé par des barbelés. Je grimpe un étage puis on m’arrête devant une porte. Je devine que derrière elle m’attend celui qu’on appelle le boucher de Lyon.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Nathan Saint-Cames est un jeune auteur de 28 ans, originaire du sud-ouest et vivant à Bordeaux. Il signe avec Dernier Combat son premier roman. Passionné par l'histoire et la littérature du XXe siècle, il trouve son inspiration auprès des grands hommes qui ont façonné le monde physique et intellectuel contemporain. Jean Moulin, 70 ans après sa disparition, est le premier d'entre eux.
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Avis sur Dernier combat
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Aperçu du livre
Dernier combat - Nathan Saint-Cames
Table des matières
Résumé 3
Dernier Combat 4
Avertissement 5
Résumé
21 juin – 8 juillet 1943 : ces deux dates renferment la légende de Jean Moulin. Arrêté à Caluire par Klaus Barbie puis torturé par la Gestapo, le chef de la Résistance est resté silencieux jusqu'à la mort. Sur la base de tous les témoignages et éléments historiques de cette période, Dernier combat raconte les derniers jours que Jean Moulin vécut face à son ennemi. La naissance d'un mythe. Extrait : « La porte s’ouvre et deux gestapistes se ruent sur moi. Ils me passent des menottes à griffes qui m’entaillent les poignets et me poussent hors de la cellule. Une traction noire avec un soldat au volant attend. On me projette sur la banquette arrière du véhicule qui démarre en trombe. Je connais ma destination. La voiture s’arrête devant un bâtiment imposant protégé par des barbelés. Je grimpe un étage puis on m’arrête devant une porte. Je devine que derrière elle m’attend celui qu’on appelle e boucher de Lyon. Nathan Saint-Cames est un jeune auteur de 28 ans, originaire du sud-ouest et vivant à Bordeaux. Il signe avec Dernier Combat son premier roman. Passionné par l'histoire et la littérature du XXe siècle, il trouve son inspiration auprès des grands hommes qui ont façonné le monde physique et intellectuel contemporain. Jean Moulin, 70 ans après sa disparition, est le premier d'entre eux.
Nathan Saint-Cames
Dernier Combat
Biographie romancée des derniers jours
de
Jean Moulin
ISBN : 978-2-35962-513-4
Collection Hors temps
ISSN : 2111-6512
Dépôt légal septembre 2013
©couverture Ex Aequo
©2013 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.
©Photo de l’auteur en couverture : Morad Cherchari
Toute modification interdite.
Editions Ex Aequo
6 rue des Sybilles
88370 Plombières les bains
www.editions-exaequo.fr
Avertissement
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« Cette histoire d'un passé douloureux qui devient celui de la victoire. »
Daniel Cordier à Nathan Saint-Cames
Lundi 21 juin 1943, peu avant minuit,
prison de Montluc, Lyon.
Je suis un mort en sursis depuis le 17 juin 1940. Cette conviction profonde ne m’a pas quitté depuis cette nuit où j’ai refusé le déshonneur face à l’envahisseur nazi. Durant ces dix-huit derniers mois, cette grave certitude n’a fait que m’étreindre un peu plus chaque jour. La mort s’est progressivement mêlée à mon ombre dans l’exercice de ma mission. Je l’ai sentie inéluctable ces semaines passées, car je sais être recherché tout à la fois par Vichy et la Gestapo{1}. En partie grâce aux méthodes de certains éléments des mouvements de Résistance, l’ennemi n’ignore rien de mon identité ni de mes activités. Finalement, ma traque aura pris fin par la vile voie de la trahison. Triste sort.
Plus triste encore est le visage du traître. Oui, je n’ai aucun doute sur l’identité de celui qui m’a conduit dans ce terrible cachot. Que dire de sa ridicule échappée à la sortie de la maison du docteur Dugoujon ? Ce gestapiste trébuchant sur place et ces Allemands courant vaguement à sa poursuite, en tirant en l’air. Une performance de cinéma grotesque. J’ai vu l’incrédulité dans le regard d’Aubrac{2} devant le déroulement de cette scène, à l’évidence, montée de toutes pièces. Trop d’indices désignent sa culpabilité.
Didot{3}, puisque c’est lui… Depuis le 15 juin, j’ai demandé à mes collaborateurs, Alain{4} à Paris et Grammont{5} à Lyon, de ne prendre aucun contact avec lui considérant son comportement étrange depuis l’arrestation de Vidal{6}. Il aura accompagné Thomas{7}, alors même qu’il n’était pas invité à cette réunion de Caluire. Thomas, que j’ai vu ce matin pendant deux heures, ne m’a évidemment pas prévenu de la venue de Didot, enfreignant une règle élémentaire de sécurité. La ficelle est trop grosse. Je suis sûr de ne pas être le seul à avoir compris. Didot paiera pour sa traîtrise. La justice de la clandestinité est implacable pour celui qui a livré ses camarades.
Il est trop tôt pour s’abandonner à la rancune et à des sentiments de vengeance. Tel n’est pas mon caractère. Et puis mon sort n’est pas encore scellé ! Avant toute chose, il est important que je réussisse à préserver ma fausse identité. Tant que je resterai Jacques Martel, décorateur, ma vie sera sauve. Si le secret de Max{8} est découvert, qui sait ce qu’il adviendra de moi, Jean Moulin ?
Heureusement, ma tendance à multiplier les précautions de sécurité me permet d’avoir un alibi quant à ma présence dans cette salle d’attente du docteur Dugoujon. Pour l’instant, la Gestapo semble croire à ma lettre de recommandation factice pour un spécialiste des rhumatismes. Des rhumatismes… Moi qui n’en ai jamais eus ! Combien de temps cela peut-il durer ? Indéfiniment dans le meilleur des cas, c’est-à-dire si mes camarades arrêtés ne parlent pas sous la torture, jusqu’à la mort… Nous voilà donc réunis dans cette fatale communauté de destins où le silence des uns pourra sauver la vie des autres. Il s’agit là de l’essence même de notre engagement au sein de la Résistance. À partir de maintenant, les tortionnaires nazis vont tout faire pour briser cette union de secrets en utilisant toute l’horreur que l’imagination de ces brutes peut contenir. Ils ont déjà commencé cet après-midi avec Thomas, Lombard{9} et Luc{10}, durement et sauvagement battus à Caluire, puis au siège de la Gestapo, avenue Berthelot, avant que nous ne soyons transférés à la prison de Montluc.
Je sais que chacun des coups qui leur seront portés sera précédé inlassablement d’une simple question : qui est Max ? Quelles souffrances sont-ils prêts à endurer pour préserver la vie du chef de la Résistance, celui qui en garde tous les secrets, moi ? Je n’en sais rien. J’ai connu la torture en cette soirée du 17 juin 1940 où j’ai refusé de signer un protocole abject accusant les troupes sénégalaises d’atrocités. Des actes vraisembla-blement commis par les SS{11}. J’étais préfet d’Eure-et-Loir à Chartres et mon refus de cautionner cette infamie m’a valu des heures de violences acharnées par des sadiques en délire. J’ai alors choisi la mort plutôt que la honte en me tranchant la gorge avec un tesson de verre. Mais la vie n’a pas fui. C’était mon premier acte de résistance, un jour avant l’appel du 18 juin par le Général de Gaulle. Si l’alternative se présente à nouveau, ma résolution à mourir pour notre cause n’en est que plus forte. Cette extrémité est peut-être encore évitable.
Pour l’instant, l’essentiel est de tenir au moins quarante-huit heures afin que tous nos contacts soient prévenus de notre arrestation et prennent les dispositions nécessaires. Malheureusement, comme je le craignais, je n’ai pas eu le temps matériel de mettre au courant mes adjoints et mes potentiels successeurs. Sophie{12}, arrivé de Londres il y a quelques jours à peine pour me seconder, ne connaît pas le dixième de ce qu’il faudrait. J’espère qu’il assurera un intérim convenable malgré tout. La tâche étant de plus en plus délicate, les difficultés ne cessant d’augmenter, l’avenir de la Résistance ne doit pas rester suspendu au sort d’un seul homme. Quelle que soit l’issue de cette captivité, je sais que la Résistance — ce désordre de courage — est comme la toile de Pénélope. Ce que les nazis défont par leurs arrestations, tortures et fusillades, nous le referons perpétuellement. S’il m’est donné d’avoir une foi, que ce soit celle-là.
L’ensemble de ces réflexions m’a fait perdre la notion du temps. Quelle heure est-il ? Minuit est sans doute passé depuis un moment à en juger par l’absolue obscurité qui règne dans ma cellule. La nuit est trop noire pour pouvoir en distinguer les contours. Un crissement continu anime les quatre murs de cet espace confiné. Je comprends en prenant place à tâtons sur la paillasse posée au sol que ce bruit étrange est dû à d'innombrables insectes grouillants. Je deviens leur compagnon d’infortune. L’étude des scénarios probables pour le lendemain m’empêche de trouver la quiétude du sommeil. Une dernière possibilité m’apparaît à la lueur du désespoir qui commence à poindre en moi : l’évasion… De l’intérieur, elle semble impossible, surveillés comme nous le sommes par les trop nombreuses sentinelles. De l’extérieur, une opération pourrait être envisagée. Depuis des