« Solitude d’Israël », de Bernard-Henri Lévy, éd. Grasset, 176 pages, 17 euros.
Paris Match. Vous vous êtes rendu très vite en Israël. Ce que vous avez vu dans ces kibboutz, qui étaient le bastion du sionisme de gauche, c’est-à-dire laïques, libéraux et pacifistes, c’était la barbarie absolue ?
Bernard-Henri Lévy. La barbarie absolue, oui. Les hommes, en général, font le mal pour se venger, s’affirmer, conquérir un territoire, exprimer une volonté de puissance. Là, non. Ces corps dépecés et carbonisés, ces femmes violées puis éventrées, ces adolescentes aux seins lacérés par l’un pendant qu’un autre les violait, ces visages réduits à l’état de bouillie et brandis, tels des trophées, pour en faire des selfies, tout cet acharnement dans l’horreur n’avait d’autre objet que lui-même. Au sens propre, le mal absolu.
Pour vous, Israël mène une guerre existentielle ?
Toutes les guerres menées par Israël ont toujours été des guerres existentielles. Car telle est la situation de ce minuscule pays : depuis sa naissance, ses ennemis