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La meute Steel
La meute Steel
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Livre électronique340 pages4 heures

La meute Steel

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À propos de ce livre électronique

     Lorsque Sky Silverstone, enquêtrice pour le CIES, reçoit un appel au sujet du meurtre d’une humaine, elle est loin de se douter qu’elle va se retrouver face à celui qui a rompu leur liaison passionnelle, dix ans plus tôt. À l’époque, la meute a jugé sa condition de sang mêlé indigne de Morgan Steel, leur Alpha, qui a épousé une autre femme, tuée dans d’étranges circonstances à peine deux ans après leur mariage.
     Les deux affaires se ressemblent et paraissent liées à la récente montée d’agressions qui secoue le peuple de la nuit à Baltimore. En premier lieu, Sky refuse d’enquêter sur le territoire de son ex, excepté qu’on ne lui laisse pas le choix et qu’une partie de son rôle consiste à détourner l’attention du coriace inspecteur humain qui s’entête, pour la seconde fois, à pointer du doigt son ancien amant.
     Elle fera alors tout son possible pour fuir Morgan, mais le destin semble s’acharner à les réunir, d’une manière ou d’une autre...
(82 441 mots soit 315 pages)

LangueFrançais
Date de sortie5 oct. 2019
ISBN9782956420835
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    Aperçu du livre

    La meute Steel - Lotus Platinium

    Silver Moon

    Tome 1

    La meute Steel

    Lara H. wood

    Tous droits réservés

    Reproduction interdite/do not copy

    « Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayant cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »

    ISBN : 978-2-9564208-3-5

    Dépôt légal © Octobre 2019 Lara H. Wood

    Couverture : © MVG 2019

    Crédit photos : CanStockPhoto

    Résumé

    Lorsque Sky Silverstone, enquêtrice pour le CIES, reçoit un appel au sujet du meurtre d’une humaine, elle est loin de se douter qu’elle va se retrouver face à celui qui a rompu leur liaison passionnelle, dix ans plus tôt.

    À l’époque, la meute a jugé sa condition de sang mêlé indigne de Morgan Steel, leur Alpha, qui a épousé une autre femme, tuée dans d’étranges circonstances à peine deux ans après leur mariage.

    Les deux affaires se ressemblent et paraissent liées à la récente montée d’agressions qui secoue le peuple de la nuit à Baltimore.

    En premier lieu, Sky refuse d’enquêter sur le territoire de son ex, excepté qu’on ne lui laisse pas le choix et qu’une partie de son rôle consiste à détourner l’attention du coriace inspecteur humain qui s’entête, pour la seconde fois, à pointer du doigt son ancien amant.

    Elle fera alors tout son possible pour fuir Morgan, mais le destin semble s’acharner à les réunir, d’une manière ou d’une autre...

    Sommaire

    Silver Moon

    Résumé

    Sommaire

    1 – Independence Day Resurgence

    2 – Junior

    3 – Bridget Jones et son foutu Journal

    4 – Si je pouvais remonter le cours du temps

    5 – Magic Mike

    6 – Toccata

    7 – Volverine

    8 – Crush

    9 – O sole mio

    10 – Proposition indécente

    11 – Némésis, me revoilà !

    12 – La reine des félins

    13 – L’ignorance est parfois une bénédiction

    14 – Black Storm

    15 – Come Back

    16 – Anomalies génétiques

    17– Rambo or not Rambo

    18 – Le manoir Velmont

    19 – Trahisons ?

    20 – Je t’attendrai

    21 – Cauchemar

    22 – Connecté à toi

    23 – Révélation

    24 – Je tuerais pour t’avoir a moi

    25 – Qui aime bien, châtie bien

    26 – Déclaration

    27 – Soirée de Gala

    28 – Trahison !

    29 – Épouse-moi…

    30 – Duplicité

    31 – Plus utile morte que vivante

    32 – Souvenirs

    33 – Moi…

    34 – Théories et vérités

    35 – Un sauveur inattendu

    36 – Je suis prête

    37 – Épilogue

    Lexique

    Carte de Baltimore

    1 – Independence Day Resurgence

    Nous avons toujours su qu’on y reviendrait.

    Hier, veille du jour de l’indépendance, l’idée m’a pris comme un besoin pressant. J’ai revu ce film d’invasion extraterrestre avec le beau Liam Hemsworth, sans me douter un seul instant de l’étrange similitude qui me tomberait sur le coin de la figure, le lendemain.

    Ma tante Hania – paix à son âme – me disait toujours : « Méfie-toi de ce que tu souhaites, Sky… » J’aurais dû l’écouter plus souvent. À présent, j’en voulais particulièrement aux foutues Parques, ou quelles que soient les foutues divinités qui tenaient la zappette de nos foutus destinés.

    Foutu tic de langage !

    Bien évidemment, cela n’avait rien à voir avec la résurgence des petits hommes verts qui se repointaient dans notre dimension. Non. Mon problème se situait avec la sinistre réapparition d’un certain individu que j’avais enfoui dans le recoin le plus reculé de mon cerveau, avec l’espoir qu’il s’égare dans l’espace intersidéral, parmi la multitude d’informations inutiles et vouées à l’oubli. Après dix ans d’abonnement assidu à la mémoire sélective, sa place était en bonne voie de disparaître. Pour être sincère, à choisir entre les deux options, je préfère de loin un retour hypothétique des aliens.

    Si seulement j’avais zappé ce stupide appel !

    Hélas, mon professionnalisme me perdra. Il prend toujours le dessus et peu importe si je suis en train de déjeuner, les mains trop occupées, ou bien sur mon trône de porcelaine blanche, quoi qu’il arrive, je décroche.

    Pour ma défense, je suis multitâche. Mes seules exceptions sont la douche pour des raisons évidentes d’antagonisme et enfin, pendant une partie de jambes en l’air. Si quelqu’un connaît la recette pour rester digne dans ces moments-là, je suis preneuse !

    Pour en revenir à cet appel, je suis enquêtrice pour le CIES, le Comité Inter Espèces Surnaturelles, par conséquent, quand Horace Stanton me contacte, j’ai tendance à me ruer sur mon téléphone. Le Comité est ma principale source de revenus, donc j’évite de faire la fine bouche. Excepté ce matin où, pile au moment de sortir de ma douche, mon portable se met à sonner avec insistance. J’aurais dû me casser une jambe, tiens !

    « – Mademoiselle Silverstone ?

    Que puis-je pour vous, Horace ? »

    Sa brève hésitation m’a immédiatement mis la puce à l’oreille. Stanton était du genre franc et direct, voire parfois brutal.

    « – J’ai besoin de vous sur un meurtre qui semblerait d’origine surnaturelle ».

    Oui, et alors ? Pourquoi me ménageait-il ainsi ? Ce cas de figure était l’essence même de mon boulot d’enquêtrice. Où voulait-il en venir ?

    « – Sachez que si je fais appel à vous, c’est uniquement qu’aucun inspecteur n’est disponible à cause de l’assemblée annuelle, vous vous en doutez... »

    OK… Et ? me suis-je impatientée dans ma tête.

    « – Le meurtre a eu lieu dans un autre secteur de la ville ».

    Aïe ! La ville de Baltimore dont la superficie ressemble à un pentagone inversé, était divisée en trois parties : Nord-Est, Nord-Ouest et enfin la zone portuaire Sud, chaque secteur étant sous la direction d’une meute différente. Je commençais à comprendre pourquoi il prenait tant de précautions. La zone sud est administrée par Morgan Steel, mon ex, celui-là même que je m’efforçe d’oublier depuis dix ans. À ma grande honte, tout notre peuple connaît ma pathétique histoire de nana évincée au profit d’une louve plus conforme aux standards de la meute.

    « – Je vois. Vous parlez des quartiers sud.

    C’est ce que j’aime, chez vous. Vous captez tout de suite ce que l’on attend de vous.

    Oui, mais non !

    Comment ça ? Vous savez que le CIES ne vous laissera pas le choix, n’est-ce pas ? »

    Il avait raison. Travailler pour le Comité n’est pas donné à tout le monde et refuser une mission revient à se tirer une balle dans le pied. La file d’attente pour prendre ma place s’allonge de jour en jour. Malgré le fait que cette affectation sortait du cadre de ma juridiction, je n’étais pas en position de la décliner, ce satané vampire le savait parfaitement. C’était inscrit dans le contrat. Oui, ces foutus petits caractères que personne ne lit !

    Merde, fais chier !

    Pardon, je voulais dire : Zut, ça tombe mal !

    Après un bref silence, Stanton a repris la parole :

    « – Si cela peut vous consoler, l’inspecteur humain chargé de votre affaire, n’est autre que Terrence Bergman. Je crois savoir que vous vous entendez bien, tous les deux ».

    En effet, quelques fois on travaillait conjointement sur des enquêtes et je l’apprécie. Le premier District Central de la police dont il dépend se trouve pile à cheval sur les trois territoires des métamorphes, ce qui nous amène à nous croiser régulièrement sur des affaires.

    Une partie de ma mission consiste à le surveiller de près et contrôler ses découvertes en ayant parfois recours à des ruses pour le diriger dans une autre direction lorsque des êtres surnaturels sont impliqués.

    Le peuple de la nuit est unanime sur un point ; notre monde doit rester secret. Depuis des siècles, nous vivions dans l’ombre et notre communauté ne voit pas d’un bon œil les débordements. Les fauteurs de troubles sont sévèrement punis.

    J’ai soupiré, résignée. Je n’avais aucune excuse valable à opposer à Stanton, par conséquent, j’ai cédé à sa proposition en me disant qu’avec un peu de chance, je ne croiserai pas la route de Morgan.

    Me voici donc en chemin vers le lieu du crime. Je venais de contacter Bergman pour l’avertir de mon arrivée afin qu’il retienne le plus longtemps possible les techniciens de la Scientifique sur place. Circuler le jour de la fête nationale relève du parcours du combattant et les gars d’astreinte les jours fériés ont la sale manie de boucler l’affaire rapidement, histoire de rentrer au plus vite chez eux pour profiter des leurs.

    En ce qui me concerne, personne ne m’attend. Tante Hania, décédée huit ans plus tôt, était le dernier membre de ma famille. Elle m’a élevé après la mort de mes parents, tués lors d’un affrontement entre métamorphes. À cette époque, les rivalités entre meutes étaient monnaie courante. Après de nombreux carnages, aussi inutiles qu’absurdes, les espèces surnaturelles ont décidé de créer un comité permettant de régler les conflits de manière « civilisée ». C’est ainsi qu’est né vingt ans plus tôt le CIES, au sein duquel, toutes les espèces sont représentées. Depuis, le nombre des victimes a considérablement diminué.

    En arrivant sur les lieux, je me gare entre deux véhicules de police et me dirige ensuite vers le parking souterrain dont l’accès a été provisoirement fermé. Dans la rue, les journalistes locaux se massent parmi la foule derrière les cordons de sécurité. Terrence me fait signe de venir devant un agent qui s’apprêtait à me refouler. Ce dernier lève la bandelette jaune. Je le remercie malgré son air revêche parce que l’expérience m’a appris que se faire des ennemis pour de simples détails représente un très mauvais calcul sur le long terme.

    – Très jolie, ta nouvelle coupe de cheveux, Terrence, dis-je en arrivant, en guise de salut.

    Ça aussi, ça ne mange pas de pain. En plus, c’est sincère. Ses tempes courtes changent littéralement son visage, le rajeunissant malgré les cernes de fatigue et sa barbe de plusieurs jours. Le pauvre manque visiblement de sommeil. Ses yeux bruns me fixent un instant et il me sort un sourire qui le transfigure. Je fondrais carrément si seulement il n’était pas gay. Du moins, je le soupçonne sans aucune preuve. J’ai du flair pour repérer ce genre de chose, voilà tout.

    Terrence me fait signe de venir jusqu’au cadavre recouvert d’une bâche. Ce dernier se trouve dans un recoin, proche de l’ascenseur et de l’escalier de service. Un coup d’œil circulaire m’apprend que la seule caméra du secteur ne couvre pas le renfoncement en question. Est-ce une coïncidence ? J’en doute.

    – Tu es prête ? me demande Terrence, penché sur la victime.

    Sa prévenance est touchante et me fait sourire. Dans mon monde, je vois des atrocités sans nom à longueur de temps. En un mot, je suis blindée.

    Je hoche la tête d’un air sérieux. Lorsque je découvre la jeune femme disloquée, avec de profondes lacérations sur le visage et le corps, cela ne fait aucun doute, il s’agit bien d’une attaque d’un être surnaturel. Je déglutis, la gorge serrée.

    – Une idée sur l’origine des lacérations ? me demande-t-il, le plus sérieusement du monde.

    J’hésite et plaisante, bien que les circonstances s’y prête mal :

    – Euh.., je ne sais pas. Un psychopathe qui se prend pour Wolverine avec des griffes de métal, peut-être ?

    Ouais, je sais, on va penser que je regarde trop de films ringards, mais je ne vais tout de même pas lui dire que c’est un animal, et par conséquent, lui mâcher le travail. Plus les possibilités sont nombreuses, plus nous aurons du temps pour gérer le problème de notre côté. C’est fou ce que les preuves se perdent facilement, de nos jours…

    – Personnellement, je penche pour un ours ou un félin, déclare Terrence.

    Zut ! J’ai oublié combien il est intelligent et rusé.

    – Tu fais allusion à l’un de ces tordus qui confond animal sauvage et animal de compagnie et qui le lâche dans la nature lorsqu’il réalise qu’il ne contrôle plus la situation ?

    Ce type de trafic illégal n’est pas si rare, après tout…

    – C’est possible, me dit-il, dubitatif. Il faudra que je vérifie si on a eu des signalements. Un animal de ce genre, ne passe pas inaperçu, pas avec la multitude de caméras en ville. Quelqu’un a forcément remarqué quelque chose.

    – Alors, pourquoi cette tête ?

    Son scepticisme crève les yeux. Après un moment d’introspection intense, il donne l’autorisation au légiste de lever le corps avec un simple signe de la main.

    – Terrence ?

    – Pardon, je réfléchissais. En fait, ce cas me rappelle une autre affaire.

    – Ah oui, laquelle ? demandé-je, inquiète.

    – Celle de Lorna Steel.

    Là, je me sens devenir blême. Lorna est la louve que Morgan a épousée après avoir rompu avec moi. À l’époque, il subissait la pression de la meute qui réclamait que l’Alpha prenne une épouse et ne voyait pas d’un très bon œil sa liaison avec moi.

    Je suis une sang-mêlée issue d’un père lycan et d’une mère humaine. Grâce à mon géniteur, j’ai hérité du pouvoir de transformation, mais visiblement ce n’était pas suffisant à leurs yeux.

    Une part de moi est convaincue que Morgan ne s’est pas assez battu pour moi, pour notre couple. Pourtant, on s’est aimé passionnément dès notre première rencontre. Il m’a fallu beaucoup de temps pour m’en remettre. Après notre rupture, je suis donc partie vivre au sein de la meute Storm, au Nord-Est de la ville, là où échouent tous les métamorphes et les hybrides ne faisant pas partie des deux autres meutes.

    Notre Alpha, Rice Storm, est un polymorphe capable de prendre n’importe quelle forme animale. Une rumeur prétend qu’il saurait aussi revêtir n’importe quel visage humain. À mon avis, ce sont des conneries. Il n’empêche que j’ai beaucoup d’estime pour cet homme qui accepte sur son territoire, tous les parias rejetés par les autres clans. Il leur offre son aide et la sécurité dès lors qu’ils respectent les règles.

    – Est-ce que ça va, Sky ?

    – Excuse-moi, oui, je vais bien. Je ne vois pas trop le rapport avec Lorna Steel.

    Bien évidemment, c’est faux. Il a raison. Pour ce que j’en sais, les blessures rappellent étrangement son meurtre survenu huit ans plus tôt. Les victimes ont subi le même acharnement. À la différence que la louve était en mesure de se défendre, contrairement à l’humaine qui git à nos pieds.

    – Le rapport, ce sont les griffures, son corps brisé à mille endroits comme si on avait joué avec une poupée de chiffon. Elles ont aussi le même physique.

    C’est exact. Se souvenir d’autant de détails après tout ce temps et avec une telle précision, me rend admirative. Je lui en fais part et bien entendu, Terrence fait mine de ne pas entendre le compliment. Il poursuit, l’air de rien. Sa modestie est remarquable.

    – Il y a un autre point commun à ces deux meurtres.

    – Lequel ?

    – Comme pour la femme de Morgan Steel, le corps se trouve dans le parking d’un bâtiment lui appartenant.

    En entendant ce nom à voix haute, mon cœur fait une embardée. J’ignorais cette information. J’ai appris la mort de sa femme, une semaine après les faits. À l’époque, on m’a parlé de ce meurtre sans s’étendre sur les circonstances ou les détails macabres, hormis le genre de blessures. En outre, j’étais bien trop submergée par le chagrin à la suite du décès de tante Hania et je ne travaillais pas pour le CIES, à ce moment-là. De toute façon, ce n’était pas mon secteur.

    Je hoche la tête et lui fais part de mes impressions :

    – Ce n’est peut-être qu’une coïncidence. D’après ce que je sais, il possède de nombreuses tours dans le quartier des Affaires, ce qui statistiquement parlant, lui donne plus de chance – ou de malheur, devrais-je dire –, de se trouver avec un cadavre sur les bras, non ?

    Le coin de la bouche de Terrence s’affaisse :

    – Possible, mais je ne crois pas trop aux coïncidences. Je l’ai soupçonné du meurtre de sa femme lorsque j’étais sur l’affaire et s’il n’est pas derrière les barreaux à l’heure qu’il est, c’est parce que nous n’avions pas de preuves suffisantes. Cette fois, je ne laisserai rien passer.

    De toute évidence, il en fait une affaire personnelle. C’est ce qui arrive lorsqu’un enquêteur ne parvient pas à ses fins ; la frustration le pousse dans une spirale d’obsession récurrente. Cela m’ennuie de défendre Morgan, cependant, je le fais pour Terrence :

    – Ne commet pas l’erreur d’enquêter à charge, car tu finiras par trouver tout et n’importe quoi, au détriment des autres pistes. Tu sais que t’obstiner ne te mènera nulle part.

    – C’est vrai, excepté que je n’ai aucune autre piste. Il faut bien que je commence quelque part, non ? Je vais de ce pas, lui rendre une petite visite. Tu viens ?

    Merde ! Tous mes sens entrent en alerte maximale. Mon cœur s’emballe, mes jambes sont brusquement toutes molles, j’ai l’impression de suffoquer. Passer voir Morgan sans m’y être préparée mentalement au moins dix jours avant me paraît insurmontable. Je me suis jurée de ne plus le revoir pendant vingt bonnes années.

    Bon sang, le compte à rebours ne s’est écoulé qu’à moitié !

    – Sky..?

    Le regard inquiet de Terrence m’indique que ma tête ressemble à quelqu’un qui perd pied. Hors de question de baisser les bras !

    J’accepte sa proposition. Ai-je le choix ? Le laisser seul dans la nature est trop risqué. De plus, je dois faire mon job et informer l’Alpha des lycans que le CIES est déjà sur le coup. Je doute que Stanton apprécie un appel de mon ex au Comité, alors que je suis censée m’y coller.

    Terrence propose de prendre sa voiture. Ça tombe bien, je ne suis pas en état de conduire. Seulement de dégoter une bonne bouteille de scotch et de me payer la cuite du siècle. Pour information, je déteste le whisky ; il me rend malade. Va savoir pourquoi je veux m’infliger un tel supplice, c’est sans doute mon côté maso. Il paraît que descendre aux enfers est le meilleur tremplin pour remonter la pente.

    En ce jour particulier, le trafic est perturbé, ce qui soyons honnêtes, me convient parfaitement. Je prie dans ma tête pour que l’on crève au moins trois pneus, ou bien que la voiture rende l’âme en chemin. Hélas, cette saleté est bien trop récente et décidée à nous mener à bon port.

    – Tu es sûr que ça va ? On dirait que tu viens de voir un fantôme.

    En quelque sorte.

    – Tout va très bien, je t’assure.

    D’un coup, face à nous se dresse la Wesley Tower, là où vit Morgan. Aux dernières nouvelles, il occupe toujours le penthouse au dernier étage.

    Ma gorge se serre dans un étau tandis que mon cœur est prêt à détaler au fin fond de la Patagonie. Si seulement mes jambes cessaient de trembler…

    2 – Junior

    Les portes de l’ascenseur s’ouvrent dans un silence presque religieux. Depuis un moment, je suis si focalisée sur mes jambes en coton que je ne me souviens pas du trajet entre le parking souterrain et le dernier étage de la Wesley Tower. C’est le trou noir complet. Quant à mes oreilles, elles bourdonnent, à la différence que cette fois, ce n’est pas à cause de mon ex. Je n’aime pas beaucoup les espaces confinés, tels que les cabines ou les sas.

    Avant de frapper à la porte-double, Terrence se tourne face à moi, le visage soucieux.

    – Est-ce que tu vas bien ? Je commence sérieusement à m’inquiéter.

    – Écoute, Terrence. Ta bienveillance me touche, mais si tu m’interroges encore une fois sur mon état de santé, je pète une durite pour de bon. Et crois-moi, ce ne sera pas beau à voir.

    Un léger sourire se dessine sur son visage tandis qu’il avance ses deux paumes, face à moi, en signe d’apaisement.

    – C’est bon, j’ai compris le message.

    Alléluia !

    Je lui explique brièvement que depuis la mort de mes parents, je n’ai plus l’habitude qu’on soit aux petits soins pour moi. Pour être sincère, j’avoue que ça m’agace un peu d’être surveillée comme le lait sur le feu, ce que je me garde bien de lui dire, bien sûr. Je ne tiens pas à le blesser parce que.., eh bien, parce que je l’aime bien, tout simplement.

    Terrence frappe à la porte. Les pulsations de mon cœur reprennent leur course folle. Lorsque le battant s’ouvre, une louve aux traits familiers surgit devant nous. Mon regard se focalise aussitôt sur son ventre prêt à exploser. Enfin, je veux dire par là qu’elle est enceinte jusqu’aux yeux. Je préfère ignorer le sentiment désagréable que j’éprouve. Pour Dieu sait quelle raison, l’image d’Arnold Schwarzenegger dans le film « Junior » me traverse l’esprit. Je m’attends presque à voir débarquer Dany de Vito. Un véritable cauchemar !

    – C’est à quel propos ? demande-t-elle.

    Elle m’a reconnue, je le sens à mes poils qui se redressent sur la nuque, mais elle fait comme si j’étais invisible et se concentre sur Terrence.

    – Nous aimerions parler avec monsieur Morgan Steel, annonce ce dernier.

    – Il n’est pas là.

    – Qui est-ce ? s’enquiert une voix grave derrière la porte.

    Cette tonalité basse n’appartient pas à Morgan. La sienne est plus profonde, pénétrante. Je chasse aussitôt de mon esprit le flot de souvenirs qui remonte de manière sournoise.

    Quand l’homme se montre enfin, je découvre Darren Leaf, le bras droit de mon ex. J’aurais dû m’en douter. L’air familial des deux lycans me saute alors aux yeux : le père et la fille. D’un coup, je me souviens d’une gamine maigrichonne, mauvaise comme une teigne. Pour sa défense, je n’étais guère mieux à l’époque. Depuis, je me suis améliorée. En tout cas, j’aime à le croire.

    – Inspecteur Bergman, du District Central de la police. Et voici, mademoiselle…

    – Silverstone, termine Leaf à sa place.

    Terrence est surpris et me dévisage. Je hausse les épaules.

    Cela ne m’étonne pas de le croiser là. Avec sa fonction de Bêta, Darren n’est jamais bien loin de l’Alpha, et si en prime il est aussi son beau-père, si on considère la mère-pondeuse à ses côtés, c’est tout à fait logique de le trouver chez Morgan.

    – Et vous êtes..? le questionne Terrence.

    – Je suis l’associé de monsieur Steel. En quoi, puis-je vous aider ?

    – On doit lui parler, c’est important.

    – Ma fille Debbie vous l’a dit, il n’est pas ici. Vérifiez, si vous voulez…

    Terrence hésite quand il nous invite à entrer dans le spacieux séjour baigné de lumière. La décoration résolument moderne est un peu plus chaleureuse que dans mon souvenir. Probablement à cause de la touche féminine qui manquait à cet endroit.

    Je fais un signe discret à Terrence et demande si je peux emprunter les toilettes. Pendant qu’il leur tiendra la grappe, je compte vérifier si Morgan est quelque part dans le penthouse. Je perçois une autre présence.

    J’ignore si c’est à cause de Debbie, mais mon malaise vis-à-vis de mon ex s’est envolé d’un coup de baguette magique. J’éprouve de la colère et ça me mine de l’intérieur parce que j’ai tourné la page, ou en tout cas, je le croyais, et cette rage n’a rien à faire ici ! Elle a tout de même un petit avantage, elle a repoussé au loin tous mes troubles depuis que son nom a refait surface. Et c’est tant mieux, dans la mesure où je suis fermement décidée à mener ma tâche jusqu’au bout.

    J’ouvre discrètement la porte et découvre un homme allongé sur le lit. Il me tourne le dos, néanmoins, je sais que ce n’est pas Morgan. Ses cheveux blonds en sont la première preuve. Mon ex, quant à lui, possède une chevelure couleur corbeau ce qui fait ressortir ses yeux saphir. Leurs statures respectives sont aussi à l’opposé. Celui-ci est charpenté comme un félin : longiligne, les muscles longs et secs.

    Le souffle régulier de l’inconnu m’indique qu’il dort profondément ou plutôt semble se régénérer, si j’en crois la légère odeur de sang qui plane dans la pièce.

    – Qu’est-ce que tu fous là ? me questionne Debbie à voix basse pour ne pas le réveiller.

    – Je me suis trompée de porte.

    Bien évidemment, le prétexte sonne faux et la louve n’est pas dupe. Elle se doute que je connais cet appartement par cœur.

    – Ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Je te demande ce qui t’amène chez Morgan.

    – Ça ne te regarde pas, lancé-je un tantinet mauvaise.

    Je ne

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