« Il paraît que le printemps est là »
Entamons cette chronique par un salut amical et empreint de respect à celui qui l’anima il y a quelques années : Philippe Sollers.
Nous vivons dans le désordre. L’ordre peut-il revenir un jour ?
Il paraît que le printemps est là. Il paraît que les pâquerettes, les pervenches, les oiseaux, mésanges et hirondelles rustiques vont nous enchanter. Il paraît que cela ne se passe pas comme ça à 2 000 kilomètres de chez nous. L’émotion mêlée à une sorte de honte me gagne, chaque jour, quand, sidéré, devant la télé, je vois ces femmes et enfants, pourvus de pauvres baluchons, qui fuient vers l’Ouest, laissant derrière elles etNous vivons dans le désordre. L’ordre peut-il revenir un jour ? Si oui, qui le dictera ? Autre question : Poutine. Est-il un paranoïaque rationnel (ça existe !) ou un paranoïaque irrationnel ? Exerce-t-il son pouvoir avec une équipe unie ou bien est-il l’autocrate le plus seul ? Dans l’opacité du Kremlin, vit-il dans la solidarité ou la solitude ? Et puis, ceci : la classe supérieure russe, qui s’est accoutumée à la prospérité à l’occidentale (vacances à Courchevel, études des enfants à Harvard ou ailleurs) pourra-t-elle longtemps accepter l’éradication de ces mœurs, ce confort ? Enfin, et surtout, la Chine – pivot central, inévitable puissance – va-t-elle accentuer son soutien « amical » à la Russie au point que Poutine deviendra le vassal de l’empire du Milieu ? On ne sait pas. On ne sait rien, malgré les millions de pages, images, expertises, décryptages, analyses, la fastidieuse déferlante des sachants – toutes ces pages dont celle-ci fait, d’ailleurs, partie. Taisons-nous un peu, dès lors, et écoutons Marx :
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