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Surtout, ne dis rien !: Thriller
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Surtout, ne dis rien !: Thriller
Livre électronique284 pages4 heures

Surtout, ne dis rien !: Thriller

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À propos de ce livre électronique

Annie, retraitée depuis peu, décide de quitter son Auvergne natale pour démarrer une nouvelle vie. Elle veut surtout fuir son passé, oublier tous les appels téléphoniques et les menaces incessantes dont elle est victime. Elle ne veut plus que son pouvoir de médium lui gâche la vie. Ce n’est qu’un problème de volonté, se dit-elle. Il suffit de répéter sans cesse la maxime : si tu vois, si tu entends, ne dis rien, surtout, ne dis rien !
Pourra-t-elle respecter cette résolution face à la ténacité du Commissaire Loverini ?
LangueFrançais
Date de sortie14 avr. 2021
ISBN9791037725080
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    Aperçu du livre

    Surtout, ne dis rien ! - Marie Noëlle Gaumy

    1

    Assise face à l’océan, son regard se perd dans les méandres de l’eau. Une légère brise lui caresse le visage faisant virevolter ses cheveux devant ses yeux. Elle s’abandonne au va-et-vient des vagues et laisse ses pensées divaguer au gré du vent.

    Ici, personne ne la connaît. Personne ne la hait. Personne ne la traque. Elle se sent bien.

    Aucune vision désagréable n’est venue la perturber depuis qu’elle séjourne sur cette côte bretonne. Son nouveau téléphone ne lui envoie pas de mails haineux ou proclamant vengeance. Tout cela fait partie du passé.

    Maintenant, c’est décidé, si elle perçoit, ne serait-ce qu’un gémissement dans le coffre d’une voiture comme à Collioure, ou si elle voit un cadavre dans un sac enfoui sous cinquante centimètres de terre au milieu d’un bois, elle ne dira rien ! Rien. Ainsi, elle ne sera plus la cible de moqueries et de suspicions de la part des policiers ni de représailles de la part des assassins et de leurs familles.

    Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Surtout ne rien dire !

    Oui, surtout ne dis rien !

    Telle est la maxime qu’elle a décidé d’adopter.

    ***

    La marée va bientôt atteindre son plus haut niveau de la mi-journée. Son siège de granit sur lequel elle a pris place va inexorablement disparaître sous cette masse liquide. Déjà, l’écume laiteuse avance vers elle et vient mourir à ses pieds. La plage ne sera plus qu’un bandeau de sable, bordée d’une frange mouvante envahie d’algues vertes arrachées du fond des abysses où de jeunes crabes insouciants vont trouver refuge et servir de repas à quelques goélands ou mouettes affamés. Annie regarde le ballet incessant de ces grands oiseaux de mer qui plongent sans arrêt sur cette manne à un rythme rapide et impitoyable.

    Il fait bon en ce mois d’octobre. La grève est pourtant déserte. Seules deux jeunes femmes, de l’eau jusqu’à la taille, marchent en longeant la plage dans un sens puis reviennent à leur point de départ tout en discutant et pagayant avec leurs bras. En haut de la digue, un groupe de joggeurs apparaît. Ils descendent les marches et se retrouvent près de l’eau en un rien de temps. Le trio passe devant elle en petites foulées. Ils sont athlétiques et bronzés dans leur tenue de sport dernier cri. Un chien de couleur crème galope fièrement à leurs pieds. Tous les quatre s’évanouissent rapidement à l’autre bout de la plage au milieu des rochers, abandonnant derrière eux pour quelques instants encore, leurs empreintes dans le sable humide.

    Légèrement engourdie, Annie se lève et reprend sa marche matinale, l’ultime sport qu’elle pratique depuis qu’elle est à la retraite. Elle n’a jamais aimé les activités sportives hormis bien sûr les cours de gymnastique hebdomadaires avec ses anciennes collègues. Ces moments, où se mêlaient petits sauts, élongations, fléchissements, roulades et fous rires, n’étaient pas très sérieux et évoquaient plus de l’amusement que de vraies séances de sport. Ces rendez-vous des jeudis soir lui ont permis, cependant, de préserver sa silhouette plutôt bien conservée pour son âge.

    Cela fait une semaine qu’elle parcourt sans relâche les annonces immobilières à la recherche d’un nid douillet, avec vue sur la mer, proche des commerces et d’un coût abordable. Elle a déjà visité plusieurs maisons mais aucune d’entre elles ne l’a séduite. Pour certaines villas, le coût des travaux de rénovation dépassait largement son budget, et pour d’autres, leur isolement ou au contraire leur imbrication dans un agglomérat de vieux bâtiments les faisaient paraître, à ses yeux, lugubres ou effrayantes.

    Elle regarde avec envie les villas accrochées à la falaise. Celles qui longent les quais du vieux port sont plaisantes aussi, ou bien celles au bord de la route qui contourne les criques avoisinantes. La petite dont la façade est ambrée par exemple, celle avec la véranda au premier étage, la remplirait de bonheur. Elle se verrait bien s’y installer, mettre son bureau et son ordinateur dans cet espace pour profiter de la vue tout en s’abritant du vent et de la pluie.

    Toute à ses pensées, elle délaisse le sable fin et grimpe les quelques marches qui mènent au spacieux trottoir bitumé où plusieurs bancs invitent les promeneurs à une halte reposante et contemplative. Peu de véhicules circulent en cette saison. Tout le village est entré en hibernation. Seuls les deux restaurants, la boulangerie et le bar-tabac sont ouverts et vivotent doucement derrière leur vitrine. Les autres boutiques, celles de prêt-à-porter et de souvenirs en tout genre, ont baissé leur rideau de fer délaissant lâchement leur devant de porte aux aléas climatiques ou aux rares passants comme elle.

    L’hôtel dans lequel elle est descendue se trouve le long de la rue principale, légèrement en retrait, face à l’océan. Sa chambre, au troisième et dernier étage, est agrémentée d’un balcon. Elle dispose également d’une kitchenette, ce qui rend son séjour extrêmement agréable. Cependant, l’établissement doit fermer pour rénovation le 10 novembre prochain. Il lui reste moins de trois semaines pour trouver un autre pied-à-terre temporaire ou, en croisant les doigts, définitif.

    En montant les marches du perron, un éclat lumineux provenant des hauteurs du village attire son attention. Ce sont les vitres d’une maison qui renvoient la douce lumière orangée des rayons du soleil levant. Délaissant sa contemplation, elle se présente devant les portes coulissantes et pénètre dans le hall de l’Atlantic où le sympathique réceptionniste, cinquante ans bien tassés, lui sourit en la voyant entrer.

    — Bonjour, Gabriel ! Je ne vous avais pas vu ce matin.

    — Bonjour, madame Stozy. Il fait bon aujourd’hui ! Pourvu que notre soleil ne nous abandonne pas !

    — C’est très agréable de se promener au bord de l’eau avec un temps aussi clément !

    — On vous a réclamé pendant votre absence. C’était monsieur Guetton, l’agent immobilier. Il m’a demandé de vous remettre ce pli.

    — Ah ! Merci.

    — Si j’avais su que vous vous promeniez sur la plage, je le lui aurais dit, il avait l’air contrarié de ne pas vous avoir trouvée.

    — Ne vous inquiétez pas ! Je devais de toute manière aller le voir aujourd’hui, peut-être me donne-t-il un autre rendez-vous.

    Annie ouvrit l’enveloppe que le réceptionniste lui avait remise et déplia la feuille. Tout en lisant le mot, elle se dirigea vers l’ascenseur.

    Le dernier étage de l’hôtel respire la sérénité. Elle doit être la seule cliente en cette saison à fouler ce tapis molletonné rouge foncé, parsemé de feuilles stylisées vert clair, et à passer le long de ces murs ornés de multiples tableaux, des marines pour la plupart. Elle s’enfonce plus loin dans le couloir. Tout respire le confort et la tranquillité. Elle est sereine dans cet hôtel.

    Porte 309. Annie pénètre dans son mini appartement. D’après l’employée de service chargée de l’entretien, les propriétaires avaient fait abattre une cloison entre deux chambres pour réaliser cet espace de vie. Le studio propose à droite, près d’une baie vitrée, un coin détente avec deux fauteuils en tissu rouge. À gauche se trouve la mini cuisine en forme de fer à cheval avec, dans le retour, une table-bar et ses deux tabourets. Derrière une demi-cloison en verre on découvre le grand lit. Tout a l’air récent ici, que veulent-ils rénover ?

    Annie troqua son survêtement blanc et ses baskets, contre un tailleur-pantalon beige à carreaux et une paire de mocassins noirs à talon plat. L’agent immobilier lui avait écrit qu’il voulait lui présenter plusieurs biens, elle devait donc s’attendre à parcourir un bon nombre de kilomètres et à monter une certaine quantité de marches. L’homme qu’elle avait aperçu dans les couloirs de l’agence il y a deux jours avait l’air sportif et il ne devait donc pas craindre d’arpenter toute la ville à pied !

    Après un dernier regard dans le miroir de la salle de bain, une dernière retouche à sa frange en vue de cacher sa vilaine cicatrice au-dessus de la tempe, trophée de l’accident de Collioure, elle peut enfin sortir de sa tanière.

    L’agence immobilière se situe à deux rues de l’hôtel. Au bout de trois minutes de marche, elle arrive devant la porte d’entrée. La vitrine est constellée d’affiches, d’annonces de maisons ou d’appartements à vendre ou à louer. Elle n’a pas le temps de lire et franchit le seuil d’un pas décidé.

    — Bonjour, madame ! Puis-je vous renseigner ?

    — Bonjour, mademoiselle ! Monsieur Guetton m’a demandé de passer à l’agence. Je suis madame Stozy Annie.

    — Ah ! Madame Stozy ! J’ai essayé de vous joindre au téléphone, mais en vain… Nous avons dû nous tromper lorsque nous avons relevé votre numéro. Attendez, j’ai sur mes notes, le 07 81…

    — Ne cherchez pas, c’est ma faute ! Je n’avais pas pris mon téléphone, sans aucun doute. Je l’oublie constamment, d’ailleurs vous voyez, je l’ai encore oublié ! Je ne m’en sers pratiquement jamais et la plupart du temps, il est éteint ou déchargé.

    — Vous avez de la chance de pouvoir vous en passer ! Moi, je l’ai continuellement sur moi, je l’utilise pour tout, pour mes achats, mes photos, j’envoie des mails à longueur de journée, je ne sais pas comment je ferais si je ne l’avais pas !

    — Vous, les jeunes, vous êtes nés avec un portable dans les mains.

    — C’est une question d’habitude ! Je vais aller prévenir monsieur Guetton de votre présence. En attendant, voulez-vous un café, un thé ?

    — Non, merci pour votre offre, je viens de déjeuner.

    Annie s’installa sagement dans la salle d’attente aménagée face à la réception. L’agence est très lumineuse et accueillante. À droite des sièges, à côté de l’immense plante verte, se trouvent une fontaine à eau et sa discrète poubelle. À gauche, une petite table basse referme l’espace, elle est couverte de magazines et de brochures diverses.

    — Madame Stozy, bonjour ! Hervé Guetton. Je suis passé à votre hôtel ce matin où je pensais vous trouver ! clama un homme souriant qui venait vers elle la main tendue.

    — Bonjour, monsieur Guetton. Je suis désolée, avec le soleil qui pointait à l’horizon, j’ai eu envie d’aller marcher sur la plage pour prendre quelques photos.

    — Vous avez bien fait ! L’hôtel se trouve sur mon passage, cela ne m’a pas gêné de vous laisser ce mot. Si vous voulez, dans un premier temps, je vais vous montrer sur le plan de la ville les emplacements des biens que je peux actuellement vous proposer. Nous allons nous installer dans mon bureau. Suivez-moi, madame Stozy !

    Obéissante, Annie emboîta les pas de l’agent.

    Il est grand, svelte et possède une démarche dynamique et très élégante à la fois. Il n’y a rien à dire, c’est un bel homme. Les quelques rides d’expression autour des yeux, les cheveux châtains coupés très courts et parsemés de fils d’or sur les tempes trahissent la quarantaine passée mais il n’en demeure pas moins un quadragénaire très séduisant ! Il porte une chemisette blanche, un pantalon de toile gris clair sur des tennis gris foncé. Après avoir ouvert la porte de son bureau, il l’invita à entrer avec un sourire des plus charmeurs.

    — Installez-vous, madame Stozy ! Je reviens, j’ai oublié mon dossier sur le bureau de mon épouse.

    Voilà, c’est dit ! Il est marié et bosse avec madame, au cas où tu aurais eu des idées ! Bien qu’à ton âge, des idées de drague soient à classer parmi les rêves les plus farfelus ou voir parmi les fantasmes, ma pauvre vieille ! Arrête de regarder ces bons hommes ! Inutile d’insister ! Tu cherches un logement avec vue sur la mer, un petit jardin éventuellement, proche des commerces, de gentils voisins… mais pas un mec ! De plus, qu’en ferais-tu ? Depuis six ans maintenant que tu vis seule, tu y es habituée ! T’es trop âgée pour te trouver un autre compagnon… ou alors regarde ceux parmi tes conscrits au moins ! Un, comme ton Lionnel, ton cher disparu, doux, calme, compréhensif, attentionné… un ami qui ne te rejettera pas si par malheur, tu as encore tes affreuses visions.

    — Voilà ! reprit l’agent alors qu’il s’installait vivement derrière son bureau. Bon, compte tenu des critères que vous avez donnés à Sophie, j’ai sélectionné trois appartements et deux maisons. Tous ces biens se trouvent à peu près dans le même secteur sauf la maison bleue qui se situe légèrement plus loin et… bon, vous verrez sur place !

    L’agent déplia sa carte sur le bureau et lui indiqua l’emplacement des différents sites retenus, bien entendu sur le papier, tous touchaient ou se trouvaient près du bord de mer.

    — Tous les appartements que nous allons visiter ce matin peuvent être occupés immédiatement ! Vous recherchez un logement absolument dans le village ?

    — Le coin me plaît, je me sens bien. En plus, les promoteurs ne l’ont pas encore dénaturé par des constructions pour vacanciers.

    — Malheureusement, quelques projets immobiliers font grincer les dents de certains mais, pour l’instant, ils n’en sont qu’aux discussions et projections. Ce que je voulais savoir c’était si vous vouliez absolument trouver sur la ville elle-même ou si je pouvais prospecter en dehors.

    — Vue sur la mer, sur les vagues qui viennent mourir sur le sable et qui frappent les rochers, sur les bateaux qui partent affronter l’océan ou qui en reviennent !

    — Vue sur la mer. C’est le critère principal ?

    — Oui. Euh… le budget demeure également un poste important, il est un peu limité !

    — J’entends bien ! Bon, pour aujourd’hui, je vous montre ma sélection. On y va ?

    — C’est parti, je vous suis, monsieur Guetton.

    Ils marchèrent côte à côte à un bon rythme. Elle avait bien fait d’opter pour des chaussures plates, à l’allure à laquelle ils remontaient la grande rue, des talons lui auraient déclenché un mal de dos insupportable ! Avec les années qui passent, le corps ne répond plus de la même façon aux tortures qu’on lui fait subir.

    — Je marche trop vite ? Je ralentis un peu si vous voulez !

    — Ça va, j’arrive à vous suivre. J’étais justement en train de me dire que j’avais fait le bon choix en prenant mes vieux mocassins.

    — Oui, très bon choix en effet ! dit-il en riant après avoir jeté un très rapide coup d’œil sur lesdites chaussures. Voilà, nous arrivons au premier appartement. C’est dans cette rue à 100 mètres de la mer, dans cet immeuble des années 60. Le bâtiment a subi d’importants travaux de rénovation, l’entrée est sécurisée par un code d’accès et un nouvel ascenseur a remplacé l’ancien, il y a deux ans de cela. Tout est propre comme vous pouvez le voir. Nous allons au 3e, l’appartement est un deux-pièces avec balcon.

    — L’entrée sécurisée, le hall, l’ascenseur… jusque-là, ça va ! Cependant, je doute un peu que l’on puisse avoir une vue sur la mer de l’appartement.

    — Directe ? Euh… L’océan est à 100 mètres !

    — Ce que je voudrais c’est pouvoir installer un bureau vers une baie vitrée ou une porte-fenêtre, face à la mer… mon inspiration est démultipliée quand je peux m’évader quelques minutes devant un paysage agréable, tel un coucher de soleil par exemple. Une baie vitrée face à un tel panorama, ce serait le rêve pour moi !

    — Bon. Que décidons-nous ? Nous entrons ?

    — Bien sûr, nous sommes devant la porte !

    — Voilà… Après ce petit hall d’entrée, vous avez ici à votre droite la salle d’eau, ensuite c’est la chambre à coucher avec son placard mural, là c’est la pièce à vivre et enfin la cuisine et son balcon.

    — C’est petit et tout est à relooker ! Le balcon est accessible que par la cuisine et en plus, il est minuscule !

    — Bien ! Pas de problèmes madame Stozy ! C’était le premier bien de ma liste ! dit doucement l’agent ayant compris que les locaux ne correspondaient pas aux attentes de sa cliente.

    — L’immeuble est impeccable mais l’appartement a besoin de rénovations ! Les papiers datent des années de la construction ! Non, désolée, il ne me plaît pas du tout !

    — Pas de soucis. Nous allons poursuivre nos visites, reprit l’agent en refermant la porte. Ensemble, ils rejoignirent la rue principale et poursuivirent toujours d’un bon pas leur quête.

    — Vous me dites que vous voulez mettre votre bureau face à la mer, quelle activité exercez-vous ?

    — J’écris des romans. Enfin, j’ai réussi à faire publier quelques romans policiers dont l’un a eu du succès et l’éditeur me demande d’écrire une suite avec les mêmes personnages. Le premier livre aurait séduit de nombreux lecteurs qui attendent avec impatience, selon lui, les nouvelles aventures de mon héroïne !

    — Je n’avais pas ce détail sur ma fiche ! J’en prends note. Nous arrivons à notre prochain arrêt. C’est dans cette rue. Face à l’immeuble, le petit parc que vous apercevez sur votre gauche permet d’avoir une vue dégagée sur la mer.

    — Effectivement !

    — C’est au-dessus de ce bar-restaurant, au 3e. Nous entrons par cette porte. Pardon, je passe devant vous.

    — Je suppose que c’est le restaurateur qui dépose ses casiers et ses bonbonnes de bières vides dans ce couloir. Il est déjà étroit et sombre !

    — Deuxième mauvais point de la journée ! dit l’agent en souriant sans aucune animosité.

    — Excusez-moi, je suis très peureuse.

    — À partir du 1er étage, les escaliers sont mieux éclairés. Le gérant du bar occupe l’appartement du 1er, le second est celui de sa mère si je ne me trompe pas, ou l’inverse !

    — Le troisième lui appartient également ?

    — Oui. C’est un homme tout à fait charmant ainsi que son épouse d’ailleurs. Voilà, si vous voulez bien entrer !

    — Ouah, c’est vieillot ! marmonna Annie en découvrant le mini couloir d’entrée de l’appartement.

    — Les pièces sont plus grandes ici. La cuisine, le salon, la chambre et la salle d’eau, il fait en tout 65 m². C’est très grand pour un F2.

    — On aperçoit effectivement la mer à travers les arbres. Cela doit être bruyant les soirs avec le bar en dessous !

    — L’appartement a été mis aux normes, chauffage individuel au gaz, double vitrage qui atténue toutes nuisances sonores et diminue les perditions de chaleur. Très peu de charges au niveau de la copropriété.

    — Non, désolée. Il ne me convient pas. J’aurais trop peur la nuit si je rentre tard. Et puis je ne me sens pas bien dans ces locaux.

    — Je comprends, pas de problème Mme Stozy !

    En sortant de l’immeuble, un individu au visage rouge et bouffi les interpella. Apparemment, il venait de quitter le bar et semblait déjà ivre à 10 heures du matin !

    — B’jour, ma p’tite dame ! Z'avez pas une pièce ou deux ? Hé ! M’sieur ? 1 € ou 2 lança l’homme d’une voix rauque.

    — Désolé, mon brave ! Nous n’avons pas de monnaie sur nous ! dit l’agent immobilier tout en s’interposant entre l’ivrogne et sa cliente, tel un garde du corps protégeant une star.

    — Et vous auriez voulu que j’habite ici ? lui murmura Annie.

    — C’est Albert, il ne ferait pas de mal à une mouche, mais quand il est ivre, il est un peu agaçant.

    — Peut-être ! J’ai horreur de ces personnages et en plus il ne doit pas être seul dans son cas par ici.

    Laissant l’homme éméché derrière eux, toujours agrippé à son lampadaire et la main tendue dans leur direction, l’agent entraîna Annie vers la rue principale. Trois cents mètres plus loin, ils entrèrent dans un nouveau bâtiment : la résidence des Flots Bleus.

    — Cet immeuble date de 2005. Nous nous rendons au second étage. Comme vous pouvez le noter, il est doté d’un ascenseur et une personne est chargée de l’entretien des parties communes. Bonjour, madame Le Guillou ! Vous allez bien aujourd’hui ?

    — Messieurs-dames, bonjour ! Si vous prenez les escaliers, faites attention, je viens juste de les laver, ce ne doit pas être encore sec !

    — Nous allons prendre l’ascenseur, alors !

    — C’est gentil à vous. Bonne journée messieurs-dames !

    — Bonne journée à vous aussi !

    L’ascenseur étroit sent le désinfectant et ses portes s’ouvrent et se referment avec une lenteur énervante.

    — Les charges ici sont plus élevées.

    — C’est un deux-pièces ?

    — Euh… oui, d’après ma fiche. Je ne le connais pas encore ! On vient juste de nous le confier. C’est un F2 avec balcon, chauffage individuel au gaz, place de parking, bon état général.

    L’ascenseur poussif s’arrêta enfin et ils découvrirent un couloir sombre et interminable, sans charme. Après une hésitation, l’agent se dirigea à droite et stoppa devant la dernière porte.

    — C’est ici !

    — Combien y a-t-il d’appartements dans cette résidence ?

    — Au total, je l’ignore. Au 1er, on compte une dizaine de studios qui sont occupés principalement par des célibataires ou restent fermés en basse saison et loués l’été aux vacanciers. À notre étage, la plupart des logements sont des F3 et des F2, au-dessus ce sont de grands F4, et au quatrième, la surface du bâtiment est occupée par trois logements seulement, avec de grands espaces arborés… Eux, c’est sûr, ils doivent avoir une vue sur la mer exceptionnelle ! Mais ils ne sont pas à vendre, du moins dans mon agence !

    — Ils ne doivent pas non plus répondre à mes critères ! Et puis, avec une telle superficie, je me sentirais obligée de faire venir du monde pour combler l’espace et pour éviter de m’ennuyer. Et aussi, de prendre des employés de maison pour le ménage, dit-elle en riant. Ils doivent être immenses ces locaux !

    — Oui, en effet. Voilà, j’ai trouvé la bonne clef ! Comme je vous l’ai déjà dit, je ne connais pas ce bien, je vais le découvrir en même temps que vous. Si vous voulez entrer.

    — C’est vraiment un F2 ?

    — Oui, selon la description de ma collègue, il a une cuisine entièrement équipée : exact, murmura l’agent après avoir vérifié. En bon état : oui, mais un peu ancien comme équipement ! Ensuite, un salon-salle à manger avec une porte-fenêtre donnant sur un balcon : exact, en plein courant d’air cependant !

    — Elle est petite la cuisine, on ne peut même pas mettre une table ! Et elle est tout en longueur ! C’est la salle à manger ? Ils auraient pu refaire les papiers ! Et la vue sur la mer ? Vous devez vous dire que je suis un peu ennuyeuse ?

    — Je préfère que ma cliente soit franche comme vous, mais effectivement, vous êtes… comment dire…

    — Chiante ?

    — Non ! répondit l’agent en éclatant de rire. Ce n’est absolument pas le terme que je cherchais. Je vous trouve

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