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Meurtre sur Oléron: Les mouettes ne se marrent plus
Meurtre sur Oléron: Les mouettes ne se marrent plus
Meurtre sur Oléron: Les mouettes ne se marrent plus
Livre électronique263 pages3 heures

Meurtre sur Oléron: Les mouettes ne se marrent plus

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À propos de ce livre électronique

Un cadavre retrouvé sur une plage...

Sur une petite plage de l’île d’Oléron, un jeune homme est retrouvé mort, à demi enseveli dans le sable. Raymond Eustache, commissaire de police de La Rochelle, est dépêché sur place. Au rythme enivrant des effluves marins et des pineaux charentais, il arpente les marais salants sauvages et les vignobles de l’île. Au fil de ses rencontres, il s’imprègne de la vie insulaire. Alors que se profile la courte vie de la victime, les circonstances du meurtre se dessinent pour faire resurgir un passé implacable et douloureux.

Suivez pas à pas l'enquête du commissaire Raymond Eustache et découvez l'île d'Oléron au fil de ses investigations !

EXTRAIT

Les deux enquêteurs parlent peu et respirent pleinement comme pour se ressourcer des bienfaits de ces espaces naturels et vivants. Ils entendent derrière eux la sonnette d’un cycliste qui les avertit avant de les dépasser. Ils croisent un couple, main dans la main, elle un peu plus âgée, lui un peu plus frileux avec un chèche coloré autour du cou. Quelques instants plus tard, ils aperçoivent, sur leur gauche, deux pins parasols qui jouxtent une longue bâtisse basse, blanche aux volets bleus. Devant, sont déjà installés plusieurs clients autour des nombreuses tables protégées du soleil par de grands parasols. Juste en face, sur le canal de l’écluse, trois petites cabanes alignées, perchées sur des pilotis s’avancent au-dessus de l’eau et tendent leurs carrelets relevés prêts à plonger, pour emprisonner dans leurs mailles, poissons et crevettes.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Née en 1961 en région parisienne, alors qu’elle prépare son bac littéraire, Line Dubief choisit d’interrompre ses études pour voyager. De petits boulots en petits boulots, de contrées en continents, toujours passionnée de lecture, elle finit par s’installer en Franche-Comté. Elle y élève ses deux enfants et reprend le cours de sa formation.  Aujourd’hui, ingénieur d’études à l’université de Franche-Comté, elle partage sa vie entre son travail, ses enfants et petits-enfants, son ami, ses amis, son jardin et bien entendu les livres et, depuis plusieurs années, l’écriture. Meurtre sur Oléron est son premier roman.
LangueFrançais
Date de sortie22 juin 2018
ISBN9791035301606
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    Aperçu du livre

    Meurtre sur Oléron - Line Dubief

    CHAPITRE 1

    Lundi 21 juillet

    Il est tôt ce lundi matin, le soleil se lève à peine sur le terrain du pont des Angles de La Brée les Bains. Pour Raoul, il est temps de sortir du lit. La marée basse est à 6 heures 45, avec un coefficient de 50. C’est vraiment un petit coefficient pour la pêche à pied, mais tant pis ! Les grandes marées sont mal tombées cette année ; autour du 14 juillet, en pleine nuit ou en début d’après-midi. Il n’aime pas trop y aller quand il y a trop de monde. Tôt le matin, c’est mieux, il est plus tranquille.

    Après avoir enfilé son pantalon et son polo à longues manches, Raoul sort de la caravane. Aimée dort encore. Dans l’auvent, il empoigne la petite casserole en fer blanc au manche en bois, allume le gaz et se fait réchauffer un café. Il prend une tasse en plastique qui est restée sur le séchoir à vaisselle. Il reste debout et le boit bien chaud. Il mangera quelque chose quand il rentrera. Il enfile son ciré pendu sur une patère accrochée à l’un des piquets puis ouvre la fermeture éclair qui résonne dans le silence du matin.

    L’air est encore frais. L’épervier est là. Comme chaque matin, les ailes à demi-repliées, il survole le terrain en alternant vol rapide et longs glissements à l’affût de sa future victime. Raoul aime bien ce rapace ; il ne lâche rien. Une fois, sa proie trouvée, il la poursuit longtemps, obstinément, parfois même en prenant de l’altitude. Impitoyable, s’il l’a manquée, il la poursuit jusque sous les taillis finissant si nécessaire sa course à pied pour mieux s’en régaler.

    Il passe devant la tente de Paul en prenant soin de ne pas faire de bruit. « Après son tournoi de volley, il doit être encore fatigué », pense-t-il. Il l’aurait bien réveillé pour qu’il l’accompagne pêcher, mais c’est certain « la pêche, ça n’est pas trop son truc ! » comme ils disent aujourd’hui.

    Dans le coffre de sa vieille Audi 100, il met son matériel de pêche qu’il avait soigneusement préparé la veille au soir. Il démarre la voiture et sort du terrain pour s’engager sur la route de l’île qui borde la zone naturelle protégée des marais salants. Il roule doucement. Il prend son temps pour profiter pleinement de ce moment magique qu’offre cet endroit au charme bucolique. Il ouvre la fenêtre de sa voiture et écoute le vent dans les roseaux. Il suit des yeux le vol d’un échassier. Peut-être une aigrette ? La course des nuages se reflète sur les plans d’eau. De vieux tamaris rabougris, aux troncs jaunes de lichen, portent leur chevelure inclinée par les vents marins.

    Arrivé sur le carrefour de la route du moulin, il prend à droite avant d’accéder à la petite place du bourg. Elle est déserte. L’épicerie qui fait l’angle est fermée. Le rideau du tabac est encore baissé. Les tables et chaises du bar attendent les premiers touristes de la journée. On entend au loin les cliquetis métalliques des stands et les voix des commerçants qui s’installent sur le marché.

    Il s’engage tout droit et gare son véhicule rue de la Digue, devant l’une des villas qui longent le front de mer ; celle, la plus à gauche, juste à l’entrée de la plage. Il enfile ses bottes, ajuste sa casquette, passe la bandoulière de son panier et empoigne son matériel de pêche. Avant de descendre, il reste là, quelques instants, à contempler le spectacle qui s’offre à lui.

    C’est la plage préférée de sa femme. Elle lui dit toujours : « C’est la plus belle de l’île. Elle est restée sauvage et pourtant elle borde un petit bourg. Et puis regarde ces arbres, tu en vois souvent des arbres sur la plage ? ». Une fois encore, elle a raison. Bordée par des cyprès centenaires, son sable blond et fin s’étale jusque sur l’estran. Ce matin, la mer est retirée. Le soleil levant se reflète dans les flaques d’eau prisonnières des rochers jonchés par-ci par-là d’algues brunes, rouges et vertes. Une odeur marine se dégage, balayée par les embruns, « le salin » comme on dit ici. Il hume à pleins poumons ces effluves végétaux, floraux et d’humus qui lui donnent l’impression de respirer vraiment.

    Au loin, sur la droite, se dresse le fameux fort Boyard caractéristique par sa forme oblongue. Plus loin encore se dessine l’île d’Aix. Juste en face, le pont de l’île de Ré s’étend sur l’eau pour rejoindre la ville de La Rochelle.

    Les mouettes aux plumages blancs et capuchons noirs sur la tête ricanent en accompagnant quelques goélands argentés dans leur ballet matinal à la recherche de poissons et de crustacés.

    Raoul longe le poste de secours encore fermé et s’engage sur le petit chemin de plage construit avec quelques lattes en bois qui permettent de ne pas s’enfoncer dans le sable. Il laisse sur sa droite les cabines de bains multicolores. Le soleil est déjà levé, le ciel est légèrement brumeux.

    Il avance sur l’estran et se dirige vers ce petit coin qu’il connaît bien. Il sourit. Quelques rares pêcheurs sont déjà à pied d’œuvre. Avec son piochon, il prend soin de soulever doucement les cailloux du sable sans trop les déplacer avant de les remettre dans leur position initiale. C’est important pour le biotope lui a-t-on dit. Il faut respecter cet environnement qui lui procure tant de plaisir. Et c’est vrai qu’il se sent bien ici. Parfois une étrille s’échappe de son abri et c’est avec agilité qu’il la ramasse pour la mettre dans son panier. Dans les sols un peu vaseux, quand il repère deux petits trous très rapprochés, il sort rapidement sa griffe et creuse sur une dizaine de centimètres de profondeur pour découvrir une palourde. Les empreintes de ces fameux coquillages sont plus visibles à marée montante ; il préfère commencer par les étrilles.

    Au bout d’une bonne heure à marcher courbé sur l’estran rocheux, sa position commence à le faire souffrir. Il se redresse et regarde l’intérieur de son panier. Ce n’est pas une grande marée mais il a ramassé quelques palourdes malgré tout. Aimée va être contente, elle adore ça. Il peut, peut-être, en prendre encore quelques-unes avant que l’eau ne remonte. Il regarde derrière lui. Il ne faut pas se faire surprendre. Eh bien si ! Elle est déjà là, il est temps de rentrer.

    Alors tranquillement, sans quitter les yeux du sol, aux aguets d’une belle étrille, il retourne vers la plage. Le soleil commence à chauffer. Il s’arrête de-ci de-là quand un caillou bien placé lui fait de l’œil ou lorsque deux trous dans le sable l’appellent. Quand il se retrouve sur le sable sec, il retire la bandoulière de son panier et en regarde le contenu. « Ça n’est pas si mal finalement, pour une si petite marée » se dit-il plutôt satisfait.

    Il ne faut pas trop tarder, il a le ventre creux et doit accompagner Aimée au marché de Chéray. Elle ne veut pas aller à celui de La Brée aujourd’hui. C’est pourtant le plus grand de l’île. « Il y a trop de monde, lui a-t-elle dit. Et puis ça changera un peu ». En plus ça sera l’occasion d’y acheter des Jésuites, ce sont les meilleurs de l’île.

    Il cherche du regard sa voiture. Il ne la voit pas. Elle est cachée par les cabines de plage. Alors qu’il s’approche pour les contourner, il aperçoit un monticule de sable juste devant l’une d’elles. Il n’y prend pas garde tout de suite. Pourtant les deux morceaux de bois croisés plantés sur son sommet l’intriguent. Il fait quelques pas pour s’en approcher, il ne comprend pas trop ce qu’il voit, quand soudain, il s’écrit, les yeux écarquillés :

    — Nom de Dieu de nom de Dieu !

    Il laisse tomber son panier ; les outils, les palourdes et les étrilles se répandent sur le sable. Il part en courant vers le poste de secours ; il n’y a personne. Le camion-bar de la plage, juste derrière, est, lui aussi, fermé. Haletant, il remonte la rue de la plage qui mène sur la place Gaston Robert, plus haut dans le bourg. Il doit trouver quelqu’un.

    — Nom d’un chien de nom d’un chien ! Vite.

    CHAPITRE 2

    Lundi 21 juillet

    Un peu plus tard dans la matinée, à quelques dizaines de kilomètres de là à vol d’oiseau, le commissaire Eustache arrive à l’hôtel de police de La Rochelle. Il descend de son scooter, retire son casque et tente vainement de replacer en arrière, avec ses doigts, ses cheveux ondulés, poivre et sel. Il porte un jean noir et une chemise blanche aux manches retroussées. Il monte tranquillement les quelques marches du commissariat, les gants dans son casque qu’il porte sous le bras et entre dans le hall du bâtiment.

    Le gardien de la paix Martial Girardot, debout derrière le comptoir d’accueil, l’aborde comme chaque matin.

    — Bonjour Commissaire. On ne sait pas trop quel temps il va faire aujourd’hui.

    — Eh non Martial ! On ne sait pas, répond-il invariablement.

    — Bonne journée Commissaire.

    — Pareillement Martial, pareillement.

    En montant les escaliers en bois qui le mènent au premier étage, là où se trouve son bureau, il pense à ces paroles tant de fois répétées par Martial. C’est vrai que le temps ici est toujours incertain. Même si le méso climat de La Rochelle permet à la ville de bénéficier d’un ensoleillement exceptionnel, même si, les températures sont adoucies par la brise de mer qui souffle de l’océan, les nuages pourraient apporter avec eux de la pluie. Elle ne dure jamais très longtemps. Le temps ici est assez imprévisible, il faut bien le dire.

    Il sort les clés de sa poche et ouvre la porte de son bureau. Il referme derrière lui et pose son casque sur un petit meuble. Il accroche son blouson sur le porte-manteau. En ouvrant la fenêtre pour aérer la pièce, une petite rigole d’eau s’écoule de l’huisserie mal isolée et mouille le carrelage. Avec son pied, il attrape la serpillière encore humide et éponge.

    Il regarde par la fenêtre ouverte qui donne sur la place de Verdun. Face à lui, la cathédrale, surmontée de son fronton à volutes, se dresse sobre et presque sévère devant le ballet incessant des bus et des voitures. Derrière, il aperçoit le clocher gothique de l’église saint Barthélemy. Plus près, sur la gauche, plusieurs personnes sont attablées au café de la Paix. Il ne peut s’empêcher de penser à Simenon qui, inspiré par le cadre authentique de cette brasserie, y a écrit plusieurs chapitres de ses romans, dans lesquels il évoque cet endroit bien connu aujourd’hui des Rochelais.

    Il aime cette ville. Elle est belle avec ses grandes maisons blanches. Elle est fière avec ses tours dressées. Rayonnante et lumineuse, elle laisse scintiller les reflets du ciel sur ses eaux qui dans ses mouvements indolents bercent les bateaux de ses ports. Il respire à plein poumon profitant pleinement de son air vivifiant qui transporte avec lui ses effluves marins. Il est fier de participer à assurer le bien-être et la sécurité de ses habitants et de ses touristes. Il referme la fenêtre et s’apprête à s’asseoir lorsque le téléphone sonne.

    — Commissaire Eustache ? Christophe Maréchal à l’appareil.

    — Bonjour Monsieur le divisionnaire.

    — Bonjour, reprend le divisionnaire, je viens d’être informé par la brigade de Saint-Pierre qu’un crime a été commis sur Oléron. À La Brée exactement. Je veux que vous vous occupiez de l’enquête.

    — Moi, mais pourquoi moi ? interroge le commissaire Eustache. Je ne touche pas terre avec l’opération de contrôle des quartiers.

    — Oui, je sais. D’ailleurs, je voulais vous féliciter pour cette initiative. Tout ça est remonté en haut lieu et le commissariat de La Rochelle fait désormais figure de modèle dans le domaine. Croyez-moi ! Mais laissez le commandant Lesieur reprendre les rênes. Il connaît bien le dossier lui aussi. Il s’en sortira très bien. Laissez tomber et occupez-vous plutôt de cette affaire de La Brée. Ça semble compliqué, je veux que ce soit vous.

    — Sur place, il doit bien y avoir, dans la gendarmerie de Saint-Pierre, un officier de police judiciaire ? s’enquiert le commissaire.

    — Oui, le lieutenant Pierre Ravet. Il vient de prendre le commandement de la Communauté de brigades de l’île. Il est donc en poste sur l’île depuis peu, on est en pleine période touristique et il est déjà sur une affaire compliquée. Ça se passera bien avec lui l’assure-t-il. Il n’est pas hostile à l’idée qu’un policier fasse le job.

    — Et Lesieur, il est au courant ? s’inquiète le commissaire Eustache.

    — Oui, oui s’agace le divisionnaire qui reprend sur un ton plus directif. Ne perdez pas de temps ! Dragon 17 est prêt à décoller sur la base des 4 sergents. L’équipage vous y attend dans trois quarts d’heure. La police scientifique sera là également. Le médecin légiste est prévenu. C’est Michelle Pin. Elle s’apprête à rejoindre l’aérodrome, elle aussi. Le chef de base a donné son accord pour ce vol.

    — Et sur place ?

    — Le lieutenant Pierre Ravet vous accueillera à l’aérodrome de Bois Fleury à Saint-Pierre. Il vous mettra en support un gendarme, l’adjoint au chef de brigade. Il connaît parfaitement l’île et sait être efficace m’a-t-il dit.

    Il poursuit :

    — Prévoyez de rester sur l’île quelques jours. Passez prendre quelques affaires et rendez-vous à l’aérodrome aussitôt fait. Ça urge ! Et ne faites pas attendre l’hélico, ils sont sur les dents pendant la période touristique.

    — Vous pouvez m’en dire un peu plus sur cette affaire ? interroge le commissaire Eustache.

    — Vous verrez sur place, ça n’est pas très clair. Sordide, semble-t-il, lui répond-il. Le lieutenant Pierre Ravet et l’adjoint au chef de brigade sont déjà sur les lieux.

    Il termine avant de raccrocher

    — Bonne journée, Ray, et tenez-moi informé de l’avancée de l’enquête.

    — C’est entendu, bonne journée Monsieur le divisionnaire.

    Le commissaire Eustache repose le combiné et réfléchit. Finalement cette petite escapade ne lui déplaît pas tant que ça. Mettre en place les SLIC (structures légères d’intervention et de contrôle) lui a pris pas mal de temps, maintenant c’est un peu la routine, ça ne le passionne plus vraiment. Il appelle le commandant Lesieur :

    — Rémi, tu es au courant, je dois partir, tu récupères les SLIC

    — Oui, je sais, Maréchal m’a appelé, le rassure Rémi Lesieur. Tu sais pourquoi il t’envoie là-bas ?

    — Il y a eu un crime sur l’île, lui explique-t-il. Il veut que je m’occupe de l’affaire. Tu me diras comment se seront passés les contrôles. Cécile sera là pour t’aider, ça ne devrait pas te déplaire ?

    — Comme tu dis ! C’est déjà ça, répond-il en riant. Le dossier présente quelques avantages !

    — N’en profite pas trop et ne te laisse pas déconcentrer, réplique le commissaire en riant.

    — Promis, tu me connais ! Salut Ray. À bientôt !

    Après avoir raccroché, il compose le numéro de son domicile.

    — Papa ? C’est Ray. Je passe chercher quelques affaires, je dois partir sur Oléron pour une enquête, j’arrive dans 10 minutes.

    — Pour Oléron ? Mais pourquoi tu pars à Oléron ?

    — C’est comme ça, s’agace le commissaire. Je t’expliquerai, ne discute pas !

    — Je vais faire comment pour les repas ? s’inquiète son père.

    — Je te montrerai. Il y a des plats cuisinés au congélateur. Tu n’auras qu’à les mettre à réchauffer au micro-ondes.

    — Ah bon, oui tu as raison, je me débrouillerai. Et puis, il faut que je termine la salle de bains du sous-sol. J’ai de quoi m’occuper. Et puis, j’ai mon scooter pour me déplacer si je dois passer à Leroy Merlin s’il me manque…

    — J’arrive, l’interrompt le commissaire avant de raccrocher.

    Il prend son blouson et sort du bureau. Dans le long couloir qui mène à la cage d’escalier, il croise Cécile Rivière. Ses cheveux blonds, maintenus en chignon, lui donnent un air strict que ses yeux bleus acier renforcent encore. Pourtant, il se dégage d’elle un charme mutin que même l’uniforme ne parvient pas à corriger.

    — Bonjour Commissaire, répond-elle consciente de l’effet qu’elle produit chez ses collègues masculins.

    — Bonjour Cécile. Bravo pour hier après-midi. Vous avez rondement mené la réunion. Le commandant Lesieur m’en a parlé, vous l’avez scotché lui aussi, répond-il flatteur.

    — Merci Commissaire, répond-elle fièrement.

    — Bonne journée Cécile.

    Il faut reconnaître que l’opération de sécurisation et de contrôle menée l’avant-veille, partie de la place de Verdun à la gare, en passant par les rues commerçantes du centre-ville s’est vraiment bien déroulée. Cécile a été claire dans ses recommandations, directive, ferme et attentive aux remarques de chacun. Les trente mecs présents étaient captivés. Il faut reconnaître qu’avec une gueule pareille ça aide ! Il la regarde s’éloigner dans une démarche chaloupée, avant de descendre l’étroit escalier en bois qui craque sous chacun de ses pas.

    Dans le hall, Martial Girardot, assis devant un ordinateur, tape un rapport.

    — Martial, dépêche-toi d’aller chercher un véhicule !

    Sous le regard interrogateur du gardien de la paix, il explique rapidement :

    — Je dois décoller dans moins d’une demi-heure de la base des 4 sergents. Je dois passer chez moi prendre mes affaires. Tu me conduis. Je t’attends au bas des marches. Fais vite ! lui enjoint-il

    — Bien Commissaire, j’y vais, répond Martial en se levant rapidement.

    Quelques instants après, les deux hommes sont dans le véhicule qui s’engage rue Chaudrier avec Martial au volant. Les fenêtres de la voiture sont ouvertes. Malgré l’urgence de la situation, le commissaire Eustache ne perd pas une miette du spectacle que la ville lui offre. Ils passent devant l’imposant Hôtel de Ville toujours en cours de restauration après l’incendie de juin 2013 qui a ravagé ses toitures. Comme chaque fois, le commissaire intrigué, regarde la tour nord surélevée de son curieux beffroi à campanile rouge.

    — Étrange cette construction, se dit-il.

    Ils poursuivent et traversent le pont qui relie le quai Maubec au quai Durant. En cette saison touristique, les badauds sont nombreux à déambuler dans les rues de la ville. Promeneurs curieux, ils s’attardent devant les devantures des magasins et divaguent entre les spectacles de la rue, faisant fi des véhicules qui les esquivent. Pour les deux flics, ça n’est pas possible d’accélérer. Après avoir serpenté dans les rues, ils empruntent la passerelle, heureusement ouverte aux voitures, et prennent à droite l’avenue Michel Crépeau. Ici, la voie de circulation est plus large et les passants moins nombreux, Martial accélère. Au bout de l’avenue, ils bifurquent à gauche et atteignent rapidement le quartier des Minimes. Rue de la Sauvagère, ils ralentissent jusqu’à la petite maison blanche du commissaire. Martial arrête le véhicule. Le commissaire descend.

    — Attends-moi là. Fais demi-tour. J’en ai pour deux minutes, dit-il en claquant la portière.

    Il franchit le portail resté ouvert puis grimpe les trois

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