Le TOURISME METROPOLITAIN RENOUVELE
Par Boualem Kadri et Danielle Pilette
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À propos de ce livre électronique
Dans sa formule renouvelée, le tourisme métropolitain est à la mesure ou à la démesure du gigantisme de la taille, du métissage démographique, des ressources et des réseaux des nouvelles métropoles, souvent d’Orient et du Sud. Il s’insère dans la construction et la reconstruction du territoire, s’ancre dans le spectaculaire et promeut les innovations, tant sociales que technologiques. Il est le fruit de la gouvernance et de l’exercice du leadership métropolitain, impliquant à la fois les collectivités locales, l’État national, les intérêts des entreprises œuvrant dans différents secteurs et ceux des groupes de pression. Aujourd’hui, les entreprises du secteur numérique, des finances et du divertissement propulsent les nouvelles formes du tourisme métropolitain, qu’elles inscrivent dans de nouveaux réseaux auxquels font même appel les entreprises touristiques traditionnelles.
Selon les auteurs de cet ouvrage, la mise en tourisme n’apparaît plus comme un simple outil de définition du produit, mais comme un processus inclusif, y compris d’acteurs métropolitains de différents secteurs d’activités. Étudiants et professionnels du domaine du tourisme découvriront que l’expérience touristique renouvelée s’ancre tant dans l’ordinaire que l’extraordinaire, selon les multiples propositions, mesurées et démesurées, de la métropole.
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Aperçu du livre
Le TOURISME METROPOLITAIN RENOUVELE - Boualem Kadri
siècle
INTRODUCTION
¹
Le tourisme et la métropole: dynamique de transformations et adaptabilité
Les bouleversements, observés au cours du XXe siècle et au début du XXIe, que sont l’urbanisation, les risques divers, la gouvernance, etc., sont à la recherche d’une sémantique exprimant une réalité souvent associée à la mondialisation. Ce processus ancien, lent et long, mais aux réalités nouvelles et mouvantes, a longtemps été assimilé à la dimension du «global» et à celle du «local», qui sont perçues comme leur expression spatiale, politique et économique. Ce processus constitue ainsi un défi scientifique dans la mesure où ce qui est nouveau est le fait «[qu’il] se pense en même temps qu’il se déroule» (Lévy, 2011, p. 25).
Ce sont les villes, et plus particulièrement les métropoles, qui concentrent ces bouleversements par la densité des populations, l’importance des technologies, le développement de la mobilité des transports et de la communication, favorisant ainsi l’innovation et la créativité. François Ascher a montré au début du XXIe siècle les transformations auxquelles les villes devront faire face: la métapolisation, la transformation des systèmes urbains de mobilité, la recomposition sociale des villes, la redéfinition des relations entre les intérêts individuels, collectifs et généraux, les nouveaux rapports aux risques (Ascher, 2001, p. 57). L’auteur s’est attardé à l’aspect urbanistique, aux changements sociaux et politiques ainsi qu’aux risques associés aux villes, essentiellement à celles du monde développé et occidental. Or, aujourd’hui, les transformations touchent autant les villes des sociétés industrialisées que celles des économies émergentes. Et les villes se caractérisent par des transformations qui leur sont propres.
1.L’AUDACE ARCHITECTURALE, LA CONSOMMATION ET LA MISE EN TOURISME
On assiste à une mondialisation de l’urbain, les villes concentrant actuellement plus de 50% de la population, chiffre devant atteindre 60% en 2030. Certaines villes occidentales comptent de 70% à 80% de la population nationale (Europe, États-Unis), mais les métropoles les plus importantes sont situées dans les pays d’Asie (Mumbai, Shanghai) et du Moyen-Orient (Le Caire). Ce qui frappe est leur démesure, même si leur population n’est pas nombreuse. L’audace architecturale qui caractérisait les métropoles européennes au XIXe siècle et les américaines au XXe se déplace dans les régions asiatiques, moyen-orientales et maghrébines. Par exemple, Dubaï, aux Émirats arabes unis, construit la plus grande tour (826 mètres), le plus grand aéroport, le premier hôtel sept étoiles. Ce pays possède aussi la compagnie aérienne (Emirates) la mieux cotée au monde (Skytrax World Airline Awards, 2016). Dans les prochaines années, les plus hautes tours seront en Chine (Sky City, 838 mètres) et en Arabie saoudite (King Tower, 1 007 mètres).
Après avoir été un lieu d’habitation, la ville est aujourd’hui le lieu de la séduction et de la consommation. C’est la «ville à consommer» (ville-loisir, ville-shopping), qui, sous l’impulsion «du capitalisme artiste» (Lipovetsky et Serroy, 2013, p. 368), recompose l’espace urbain, et notamment les centres-villes, par une architecture entraînant la création d’un autre modèle de ville et de nouvelles classes. La «ville créative» (Florida, 2005) a permis d’observer la spatialisation de la créativité par son identification à la classe (artistes, ingénieurs, professionnels de la culture et de l’événementiel) et au quartier qui lui est dévolu. Ce nouveau modèle de la ville (remodelage par le shopping, le loisir, la culture, les affaires et l’événement) participe à la mise en tourisme des territoires et des populations, mais il est aussi l’expression des transformations du modèle capitaliste.
2.LES TRANSFORMATIONS SOCIALES ET LES MUTATIONS CAPITALISTES
À la fin des années 1970 (ébranlement du modèle de l’État-nation), le modèle de production de l’espace opérait déjà une mutation majeure: les services (financiers, technologiques, touristiques) s’imposaient dans l’espace urbain et prenaient la place des industries traditionnelles (production, activités portuaires). Ils étaient portés notamment par les technologies de la communication et de l’information assurant une mobilité accrue, une dimension intrinsèque de la métropolisation qui se répand dans le monde. Cette mobilité, symbole d’un processus d’hypermodernité, s’exprimera davantage à travers les mutations du modèle de production capitaliste que l’on nomme soit «ubérisation» en référence à Uber (mode de transport faisant appel à des chauffeurs occasionnels et qui bouscule les pratiques de l’industrie du taxi et de ses chauffeurs professionnels), soit économie «collaborative» ou «de partage» (covoiturage, taxi, etc.), montrant ainsi l’effet social des nouvelles pratiques sur la population et sur l’emploi.
La remise en question d’une économie «réelle» par une économie «virtuelle» s’exprime dans les activités où la mobilité est prégnante, notamment le transport urbain, les loisirs, le tourisme et le commerce:
Uber (taxi avec chauffeur occasionnel affilié à l’entreprise et voiture réservée par téléphone intelligent [smartphone]) et BlaBlaCar (covoiturage [Europe]): modes de déplacement très populaires dans les grandes villes, même si le premier se heurte à des résistances dans certaines d’entre elles (p. ex. Montréal et Paris).
Airbnb: site de réservation hôtelière dans divers pays et villes dans le monde, qui échappe souvent au contrôle des pouvoirs publics, et qui fait affaire avec des personnes désireuses de louer leur logement. Cette activité d’Airbnb élargit l’offre touristique urbaine à un territoire plus grand que celui traditionnellement recherché par le touriste (centre-ville), et une certaine «économie collaborative» touristique prend vie dans les quartiers.
Achat en ligne: les entreprises comme Amazon deviennent l’expression du commerce en ligne, qui touche aussi les pratiques commerciales des grandes enseignes traditionnelles, leur imposant des adaptations (p. ex. les livres, les disques, etc., sont souvent vendus en ligne, et plus en magasin).
3.LES RISQUES, L’INSÉCURITÉ ET LA RÉSILIENCE URBAINE
Jacques Attali (2006, p. 185) observe que «pour gérer ce temps marchand [ordonné par les technologies], deux industries domineront (dominent déjà) l’économie mondiale: l’assurance et la distraction», afin de se protéger des risques et de se distraire d’un présent inquiétant. Cela résume bien l’idée que dans les sociétés en perpétuelle mutation, le risque nous impose la détente contre l’anxiété et la prévention par l’assurance. Le sociologue Ulrich Beck (en français: 2001) montrait déjà au milieu des années 1980 la dimension du risque dans les sociétés modernes et la nécessité de l’évaluer (quels risques accepter?), tandis qu’Ascher (2001) observait d’une manière particulière l’importance de cette dimension dans les villes, de plus en plus soumises aux risques et aux catastrophes (technologiques, climatiques, épidémiologiques, terroristes). Face aux changements climatiques, les villes et les métropoles sont certes des acteurs de la production de risques, mais elles développent une résilience (innovations sociales) (Rudolf, 2016, p. 5), montrant ainsi la nécessité d’une adaptation aux risques par l’innovation qui implique aussi «de nouvelles relations entre le vivant et l’humain» (Paquot, 2015, p. 13).
Cette situation des villes et des métropoles est caractéristique des transformations diverses, mettant en évidence les dimensions de la mobilité et du tourisme.
Le tourisme métropolitain se développe dans cette diversité qui lui est propre, alliant audace architecturale des métropoles, démesure des équipements et mise en tourisme des territoires. Ce tourisme métropolitain est un tourisme de destination et de volume, qui se caractérise par l’intensité de la fréquentation et la multiplicité des attraits rattachés à la trilogie nature/culture/divertissement et proposant un rôle proactif au touriste, c’est-à-dire de vivre une aventure, une expérience. C’est un tourisme de stimulation, qui ne se limite pas à la connaissance ou à la reconnaissance (archéologie, architecture, art, science), mais qui y intègre le soutien technologique, l’animation, le divertissement pour créer une ambiance et ainsi définir une expérience. Le tourisme métropolitain, loin de «zoner» les touristes dans des espaces particuliers, les intègre au territoire central et mobilise les décideurs territoriaux, les communautés d’affaires, les institutions, le secteur associatif et les citoyens. Le tourisme métropolitain est aussi un tourisme de la démesure: méga-équipements et méga-événements rassemblent des touristes internationaux et nationaux, mais aussi des excursionnistes et la population locale. Cette mixité des clientèles correspond à la métropolité postmoderne où des usages de l’élite se démocratisent (sports individuels, par exemple) au bénéfice d’autres groupes sociaux, en même temps que des usages populaires sont repris et adoptés par une élite influente et diffusés dans le corps social.
Le présent ouvrage examine et définit cette forme de tourisme postmoderne sous cinq aspects.
Le premier chapitre s’attache, d’une part, à explorer le rapport entre la ville, la métropole et le tourisme dans l’histoire ainsi que les évolutions urbanistiques successives des territoires; il observe, d’autre part, l’état de la recherche en tourisme urbain, face à des transformations accélérées des territoires venues tant de l’extérieur (compétition entre villes) que de l’intérieur (urbanisation, démesure des équipements, etc.).
Le deuxième chapitre met l’accent sur la question de la mise en tourisme, une notion très utilisée par les chercheurs et les professionnels. À quoi renvoie cette notion dans les écrits en tourisme? Que peut nous apprendre l’analyse sémantique et conceptuelle? La mise en tourisme est-elle seulement statique, renvoyant à l’espace et aux pratiques de sa transformation, ou est-elle un ensemble en continuelle transformation et adaptation, à l’instar de la métropole?
Le troisième chapitre tente de cerner le phénomène de la métropolisation en étudiant la taille des métropoles, le rythme et les lieux de la métropolisation, mais aussi la place des métropoles dans l’armature urbaine des pays. La métropolisation prend-elle place dans des pays faiblement urbanisés? Y a-t-il ajout ou juxtaposition des métropoles dans l’armature urbaine? La question du lien entre la métropolisation et la mondialisation est aussi traitée, notamment sous l’angle de la démographie, des affaires et de la vie démocratique.
Le quatrième chapitre dresse l’état des lieux des modèles d’organisation, tant métropolitaine que touristique, et des modèles d’exercice du pouvoir. Il analyse divers enjeux de la gouvernance en insistant non seulement sur les performances, mais aussi et surtout sur les dimensions territoriales et procédurales, le respect des droits et les innovations favorisant le développement durable.
Le cinquième chapitre ouvre sur une dimension importante de l’hypermodernité métropolitaine, celle de l’expérience en général, puis il s’intéresse de façon particulière à l’expérience touristique en métropole. Comment comprendre la notion d’expérience touristique dans le contexte complexe qu’est celui de l’hypermodernité? L’expérience touristique métropolitaine désigne-t-elle une forme particulière du tourisme?
1.Nous tenons à remercier les personnes qui ont collaboré à la rédaction de ce livre: Jean Corneloup, professeur à l’Université de Clermont-Ferrand (France) et rédacteur en chef de la revue Nature et récréation, Stéphane Bernard, professeur au Département de géographie de l’Université du Québec à Montréal, Réda Mohamed Khomsi, professeur au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal, et Jean-Phariste Pharicien, doctorant en études urbaines au Département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal.
LA VILLE ET LE TOURISME
Histoire, évolutions et problématiques de recherche
Le tourisme métropolitain, aujourd’hui, fait contrepoids au tourisme urbain existant en Europe dès le XXe siècle, qui concernait les petites villes historiques (20 000 habitants) au nombre limité d’attraits. Si le tourisme urbain s’organisait autour de produits typiques (religieux, culturel, industriel), le tourisme métropolitain, présent en Amérique du Nord et depuis peu dans les métropoles du Moyen-Orient et d’Asie, va se former autour d’une offre très généraliste. Cette offre comprend les populations elles-mêmes, le divertissement, les grands événements, les excursionnistes, les affaires, les lieux divers (quartiers, commerces, cimentières, prisons, etc.), et montre l’expérience actuelle ou passée. Le tourisme métropolitain met en évidence la réalité de la vie métropolitaine. Mais comment cette forme de tourisme s’est-elle développée?
1.LA QUESTION DE L’ORIGINE DU TOURISME: UN DÉBAT ÉPISTÉMOLOGIQUE?
Le tourisme est-il une activité spécifiquement européenne ou occidentale, ou trouve-t-on des éléments dans l’histoire qui indiquent déjà la présence ailleurs de cette activité? L’histoire du tourisme tracée notamment par l’historien Marc Boyer (2005) montre bien que cette activité est essentiellement liée à la région européenne et à ses réalisations culturelles et industrielles. Cette affirmation reconnue par de nombreux chercheurs dans la communauté scientifique francophone semble faire réagir certains spécialistes, notamment anglo-saxons, à propos de ce réductionnisme.
Towner (1995, p. 340) nous fait observer que l’histoire du tourisme s’est construite au fil du temps sur de grandes époques historiques de l’Europe (Antiquité, Renaissance), mais aussi sur des expériences nouvelles (la révolution industrielle, le Grand Tour), négligeant les autres cultures dans le monde, vision imposée et ignorant les expériences et les pratiques d’autres cultures:
[…] is a colonial
view of tourism history… Yet, we know remarkably little about the history of leisure in cultures such as China, India and Japan and it is hard to believe that forms of tourism did not exist in the past in these societies. So far, all we have studied is a western model of tourism evolution, not how it has varied in different cultures in different times¹ (Towner, 1995, p. 340).
Par exemple, pour l’existence de la villa (pratique de la villégiature), dont on pensait qu’elle se trouvait seulement en Europe, Towner nous montre qu’elle appartenait aussi à des cultures d’autres régions du monde. Elle demeurait cependant méconnue à cause du manque de données:
There is evidence of this practice in other cultures. Both sides of the Bosporus, around Istanbul, had country houses. There were the rais
of Algiers on the Sahel hills and indications, from the 11th century onwards, of Chinese pleasure houses
with their water gardens and groves. If the phenomenon is less obvious in the Far East, this has in part been attributed to the inadequacy of documentation (Towner, 1995, p. 341).
Parmi les raisons qui ont imposé le modèle occidental de l’histoire du tourisme, on évoque les données exclusivement liées aux groupes (classes riches, parents et amis) et aux activités (besoins de l’industrie touristique), de même que l’histoire du tourisme qui s’alimente aux études touristiques (Towner, 1995), limitant ainsi son développement scientifique: «At its heart, however, lies the belief that the history of tourism is more the story of significant variations in different cultures at different times in different places, rather than the story of an inexorable spread of West European concepts and practices to the rest of the world» (Towner, 1995, p. 342).
Quelles réponses à ces problèmes de type épistémologique? Trois perspectives semblent dominer:
L’interdisciplinarité. Pour Walton (2005, p. 3), la recherche sur l’histoire du tourisme, même récente (années 1980), est vitale pour comprendre le phénomène du tourisme qui se généralise dans le monde, d’autant que sa nature complexe invite à une approche de diverses disciplines (culture, littérature, sociologie, géographie). L’étude de Loykie Lomine (2005, p. 69-87) sur le tourisme dans la Rome augustinienne fait appel à plusieurs disciplines (linguistique-sémantique, archéologie, littérature). Cette perspective semble ajouter à l’histoire du tourisme une dimension importante, équivalente à l’autonomie de la discipline par rapport à l’étude du tourisme, comme tend à le montrer Walton (2005, p. 13), qui écrit: «The history of tourism needs to be incorporated into a holistic vision of cultural and social, economic and political changes (and continuities) over time, rather than developing as just another sub-discipline defending its frontiers againts interlopers and competing with them for attention and resources.»
Le rapport entre le tourisme et la période coloniale. Dans ce rapport, l’histoire de la mise en tourisme ne concerne plus seulement les territoires des pays d’Europe, mais aussi ceux des pays colonisés, à travers lesquels on met en évidence que des innovations du tourisme dit moderne ont pris naissance dans ces territoires (Zytnicki et Kazdaghli, 2009, p. 13).
La proposition d’un paradigme de recherche en tourisme – la «pérégrinité» de Jean-Michel Dewailly (2006, p. 196). Dans un essai proche de la démarche de l’épistémologie interne, l’auteur propose la perspective d’un paradigme fédérateur, qui prendrait en considération les dimensions anthropologique et géographique, élargissant ainsi l’horizon historique du tourisme (à d’autres périodes que les époques préindustrielle et industrielle en Europe). C’est l’idée de «pérégrinité», avec sa dimension d’universalité. Le paradigme proposé à la communauté scientifique a une portée «fédératrice», qui lui permet de «traduire la notion de tourisme à travers les âges, les lieux, les cultures».
Le paradigme fédérateur de ces chercheurs pourrait être l’étude des relations entre l’être humain en situation de pérégrinité et les espaces et les sociétés. Une formulation aussi large inclut tous les temps, tous les lieux, toutes les échelles, toutes les cultures, toutes les disciplines, et a donc vocation à être explorée de façon scientifique universelle (Dewailly, 2006, p. 198).
Ce paradigme renforce la perspective développée par Towner, éliminant la vision réductrice introduite dans les études touristiques, laquelle mettait l’accent sur la seule expérience de la pratique européenne. Dewailly (2006, p. 196) écrit: «L’être humain a toujours, peu ou prou, cherché à se déplacer entre un chez-soi
et un ailleurs
.» D’où il ressort que cette recherche de différence, cette itinérance et cette «qualité d’étranger» (ou de touriste), donc cette «altérité» qui en résulte, correspondent peut-être à une donnée universelle. Dewailly rejoint également l’archéologue Érik Langevin (2000, p. 9-13), qui décrit le déplacement, durant la période préhistorique, des Amérindiens habitant ce qui est maintenant le Québec. À cette époque, le déplacement visait le ressourcement à la fois physique, psychique et cognitif à travers la rencontre, lors du cycle de transhumance, d’autres groupes sociaux aux habitudes culturelles différentes.
2.L’ÉVOLUTION URBAINE-MÉTROPOLITAINE DU TOURISME
Le tourisme dans l’histoire et dans l’évolution des sociétés, de l’Antiquité à nos jours, est analysé par les sciences historiques comme la pratique sociale des élites, mais d’autres disciplines peuvent en avoir une perception particulière.
2.1.La philosophie et l’archéologie: un certain regard du tourisme
La philosophie et l’archéologie peuvent aujourd’hui aussi jouer un rôle pour appréhender un temps plus éloigné, chacune à