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La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2019: Aller plus loin dans la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires
La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2019: Aller plus loin dans la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires
La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2019: Aller plus loin dans la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires
Livre électronique422 pages4 heures

La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2019: Aller plus loin dans la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires

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À propos de ce livre électronique

De l’avis général, la réduction des pertes et gaspillages alimentaires peut contribuer de manière décisive à l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition, à la promotion de la durabilité environnementale et à la baisse des coûts de production. Toutefois, dans ce domaine, les efforts n’aboutiront que s’ils reposent sur une connaissance approfondie du problème.

Le présent rapport fournit de nouvelles estimations sur le pourcentage des denrées alimentaires qui sont perdues au niveau mondial, depuis le stade de la production jusqu’à la vente au détail. Il constate par ailleurs une grande hétérogénéité dans les estimations relatives aux pertes alimentaires, souvent pour un même produit ou un même stade de la chaîne d’approvisionnement. Le fait de pouvoir déterminer et comprendre clairement les points critiques où se produisent les pertes dans les différentes chaînes d’approvisionnement – là où le potentiel de réduction des pertes alimentaires est élevé – est une condition essentielle si l’on veut prendre des mesures adéquates. Le rapport fournit des principes directeurs susceptibles de guider les interventions de réduction des pertes et gaspillages alimentaires en fonction des résultats escomptés, que ce soit sur le plan de l’efficacité économique, de la sécurité alimentaire, de la nutrition ou de la durabilité environnementale.

LangueFrançais
Date de sortie15 nov. 2019
ISBN9789251319390
La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2019: Aller plus loin dans la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires

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    Aperçu du livre

    La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2019 - Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

    Cette publication phare fait partie de la série L’ÉTAT DU MONDE de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

    Référence bibliographique à citer:

    FAO. 2019. La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2019. Aller plus loin dans la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires. Rome.

    Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

    Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La mention de sociétés déterminées ou de produits de fabricants, qu’ils soient ou non brevetés, n’entraîne, de la part de la FAO, aucune approbation ou recommandation desdits produits de préférence à d’autres de nature analogue qui ne sont pas cités.

    ISBN 978-92-5-131855-3

    E-ISBN 978-92-5-131939-0 (EPUB)

    © FAO 2019

    Certains droits réservés. Cet ouvrage est mis à la disposition du public sous la Licence Creative Commons - Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 Organisations Internationales (CC BY-NC-SA 3.0 IGO; https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/igo).

    Selon les termes de cette licence, ce travail peut être copié, diffusé et adapté à des fins non commerciales, sous réserve de mention appropriée de la source. Lors de l’utilisation de ce travail, aucune indication relative à l’approbation de la part de la FAO d’une organisation, de produits ou de services spécifiques ne doit apparaître. L’utilisation du logo de la FAO n’est pas autorisée. Si le travail est adapté, il doit donc être sous la même licence Creative Commons ou sous une licence équivalente. Si ce document fait l’objet d’une traduction, il est obligatoire d’intégrer la clause de non responsabilité suivante accompagnée de la citation requise: «Cette traduction n’a pas été réalisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La FAO n’est pas responsable du contenu ou de l’exactitude de cette traduction. L’édition originale anglaise doit être l’édition qui fait autorité.»

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    PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE ©FAO/Heba Khamis

    ÉGYPTE: Un jeune ouvrier arrange les tomates pour qu’elles sèchent au soleil.

    TABLE DES MATIÈRES

    AVANT-PROPOS

    MÉTHODE

    REMERCIEMENTS

    SIGLES ET ABRÉVIATIONS

    RÉSUMÉ

    CHAPITRE 1

    PERTES ET GASPILLAGES DE DENRÉES ALIMENTAIRES – ÉNONCÉ DES ENJEUX

    Messages clés

    Pertes et gaspillages alimentaires et Objectifs de Développement Durable

    Qu’entend-on par pertes et gaspillages de denrées alimentaires? Cadre conceptuel

    Quelle est la quantité d’aliments perdue ou gaspillée?

    Pourquoi des denrées alimentaires sont-elles perdues ou gaspillées?

    Pourquoi faut-il que nous réduisions les pertes et gaspillages de denrées alimentaires?

    Questions abordées et structure du rapport

    CHAPITRE 2

    SUIVI DES PERTES ET GASPILLAGES LE LONG DES CHAÎNES D’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE

    Messages clés

    Dépasser le stade de l’estimation globale et analyser plus en détail les pertes et gaspillages le long des chaînes d’approvisionnement alimentaire

    Variation des pertes et gaspillages de denrées alimentaires le long des chaînes d’approvisionnement – résultats d’une méta-analyse

    Détermination des points critiques de pertes

    Problèmes liés à la collecte des données

    Conclusions

    CHAPITRE 3

    RÉDUCTION DES PERTES ET GASPILLAGES: JUSTIFICATIONS MICROÉCONOMIQUE ET MACROÉCONOMIQUE

    Messages clés

    Avantages et coûts de la réduction des pertes et gaspillages alimentaires pour les acteurs privés et la société

    Justification microéconomique des mesures de réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires – possibilités, coûts et obstacles

    Justification macroéconomique des mesures de réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires – de l’intérêt privé à l’intérêt public

    Gagnants et perdants de la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires

    Intervention du secteur public en vue de la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires

    Conclusions

    CHAPITRE 4

    LES PERTES ET GASPILLAGES DE NOURRITURE ET LEURS CONSÉQUENCES SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET LA NUTRITION

    Messages clés

    Les pertes et gaspillages de nourriture et leurs liens avec la sécurité alimentaire et la nutrition

    Les pertes et gaspillages et leur incidence sur la sécurité alimentaire et la nutrition

    La réduction des pertes et gaspillages et l’importance du lieu où elle se produit

    La réduction des pertes et gaspillages et les niveaux d’insécurité alimentaire

    Le rapport coût-efficacité relatif de la réduction des pertes et du gaspillage dans l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition

    Conclusions

    CHAPITRE 5

    LES PERTES ET GASPILLAGES ALIMENTAIRES ET LA DURABILITÉ ENVIRONNEMENTALE

    Messages clés

    Les pertes et gaspillages alimentaires et la durabilité environnementale

    La réduction des pertes et gaspillages alimentaires et l’environnement – principales questions et considérations

    Quantifier les impacts environnementaux des pertes et gaspillages alimentaires

    De l’impact potentiel à l’impact réel sur l’utilisation des ressources naturelles et les émissions de gaz à effet de serre – le rôle des prix

    La réduction des pertes et gaspillages alimentaires dans le contexte plus large de la durabilité environnementale – efficacité et compromis

    Conclusions

    CHAPITRE 6

    ÉLABORATION DE POLITIQUES POUR LA RÉDUCTION DES PERTES ET GASPILLAGES DE NOURRITURE: PRINCIPES DIRECTEURS

    Messages clés

    Inciter les acteurs privés à réduire les pertes et le gaspillage

    Interventions publiques pour améliorer la sécurité alimentaire, la nutrition et la durabilité environnementale

    Interventions publiques dans la pratique: établir un lien entre l’objectif des politiques et le point d’entrée dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire

    Assurer la cohérence des politiques de réduction des pertes et du gaspillage

    Feuille de route pour améliorer les données relatives aux pertes et gaspillages de nourriture

    Conclusions

    ANNEXE TECHNIQUE

    ANNEXE STATISTIQUE

    BIBLIOGRAPHIE

    TABLEAUX, FIGURES ET ENCADRES

    TABLEAUX

    1 Prévalence de l’insécurité alimentaire (pourcentage de la population totale) par catégorie FIES et groupe de revenu, 2016

    2 Exemples d’interventions visant à réduire les pertes et gaspillages de nourriture dans le monde

    FIGURES

    1 Pertes et gaspillages de denrées alimentaires et objectifs de développement durable

    2 Cadre conceptuel des pertes et gaspillages de denrées alimentaires

    3 Pertes de denrées alimentaires entre la fin de la récolte et la distribution en 2016, pourcentages au niveau mondial et par région

    4 Pertes de denrées alimentaires entre la fin de la récolte et la distribution en 2016, pourcentages par groupe de produits

    5 Causes directes et déterminants indirects potentiels des pertes et gaspillages de denrées alimentairess

    6 Plage de pourcentages de pertes et gaspillages déclarés, à différents stades de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, 2000–2017

    7 Plage de pourcentages de pertes et gaspillages de denrées alimentaires déclarés au stade de la vente en gros et au détail, 2001–2017

    8 Plage de pourcentages de gaspillages alimentaires déclarés au stade de la consommation en Amérique du Nord et en Europe, 2012–2017

    9 Carte thermique des études relatives aux pertes de denrées alimentaires par région, 1990–2017

    10 Avantages et coûts potentiels, pour les acteurs privés et la société dans son ensemble, de la réduction des pertes et des gaspillages alimentaires

    11 Les interactions potentielles entre les pertes et gaspillages de nourriture et les dimensions de la sécurité alimentaire

    12 Effets potentiels sur les prix et les revenus de la réduction des pertes et gaspillages de nourriture aux divers stades de la chaîne d’approvisionnement alimentaire

    13 Contribution des principaux groupes d’aliments aux pertes et gaspillages alimentaires totaux et leur empreinte (carbone, eau bleue et terres)

    14 Contribution des différentes régions aux pertes et gaspillages alimentaires totaux et leur empreinte (carbone, eau bleue et terres)

    15 Aperçu général des principaux résultats de l’étude de la FAO sur les empreintes du gaspillage alimentaire, 2013

    16 Impact carbone de la réduction des pertes et gaspillages alimentaires le long de la chaîne d’approvisionnement

    17 Objectifs des mesures de réduction des pertes et gaspillages et leurs points d’entrée dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire

    A1 Production de blé et pertes en tonnes estimées en appliquant un coefficient de pertes constant de 15 pour cent

    A2 Représentation graphique du modèle

    ENCADRÉS

    1 Définitions relatives aux pertes et gaspillages alimentaires

    2 Exposé schématique de la méthode de calcul de l’indice des pertes alimentaires

    3 Précédente estimation de la FAO des pertes et gaspillages de denrées alimentaires – en quoi diffère-t-elle de l’indice des pertes alimentaires?

    4 Mesurer les pertes de denrées alimentaires en volume, en valeur calorique ou en valeur économique – cela fait-il une différence?

    5 Défaillances du marché, externalité, bien public et marché manquant – Définition

    6 Méta-analyse par la FAO des études existantes relatives aux pertes et gaspillages de denrées alimentaires – méthode

    7 Comment interpréter les graphiques des figures 6, 7 et 8

    8 Causes déclarées par les agriculteurs des pertes de cultures de base au niveau de l’exploitation

    9 Déterminants indirects des pertes de cultures de base au niveau de l’exploitation

    10 Capacités et besoins d’entreposage frigorifique dans le monde

    11 Réduction des pertes de fruits et de légumes durant le transport

    12 Études de cas sur les points critiques des chaînes d’approvisionnement dans le cadre de l’initiative Save Food de la FAO pour les cultures, le lait et le poisson

    13 Analyse financière coûts-avantages des pratiques visant à réduire les pertes de maïs après récolte en République-Unie de Tanzanie

    14 Des silos en terre pour diminuer les pertes de maïs durant le stockage: éléments probants venant du nord du Ghana

    15 Justification microéconomique des mesures de réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires – étude de Champions 12.3

    16 Justification microéconomique des mesures de réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires – étude de ReFED

    17 Quantification des gains économiques liés à la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires – l’étude de ReFED

    18 La campagne «Love Food, Hate Waste»

    19 Information et formation – les filières de la tomate et du lait au Rwanda

    20 Partenariats public-privé pour la réduction des pertes et gaspillages de nourriture dans les pays de l’APEC

    21 Sécurité alimentaire: définitions clés

    22 La Déclaration de Malabo et la prévention des pertes après récolte

    23 Les conséquences des pertes sur les carences en micronutriments chez les enfants de moins de 5 ans

    24 Les relations entre les sexes ont une incidence sur la sécurité sanitaire des aliments et les pertes de denrées alimentaires: le cas de l’Éthiopie rurale

    25 Les effets d’une réduction des pertes aux stades de la production primaire et de la transformation des aliments sur la sécurité alimentaire et la nutrition

    26 Les indicateurs les plus courants en matière d’empreinte environnementale des pertes et gaspillages alimentaires

    27 Les empreintes environnementales de la production alimentaire le long de la chaîne d’approvisionnement – le cas du maïs

    28 Les impacts d’une réduction de 25 pour cent des pertes alimentaires totales sur l’utilisation des terres agricoles et les émissions de gaz à effet de serre

    29 La production de mangues en Australie – améliorer le rendement des ressources en eau importe plus que réduire leur utilisation effective

    30 Évaluation financière et économique des technologies propres dans la chaîne d’approvisionnement du lait

    31 L’efficacité environnementale du conditionnement comme moyen de réduire les pertes et gaspillages alimentaires

    32 Campagnes de réduction du gaspillage de nourriture – Chine, Turquie, Macédoine du Nord et Danemark

    33 Réformer les subventions du pain au Proche-Orient

    34 Cadres stratégiques régionaux pour lutter efficacement contre les pertes et gaspillages de nourriture

    35 Réduire les pertes et gaspillages alimentaires dans l’Union européenne

    36 Une feuille de route pour améliorer la collecte de données sur les pertes de denrées alimentaires

    AVANT-PROPOS

    Je suis heureux de voir que le monde prête une plus grande attention au problème des pertes et gaspillages de nourriture et qu’il appelle à agir plus résolument pour le résoudre. La conscience croissante de ce problème et la multiplication des appels à l’action prennent racine dans les connotations morales extrêmement négatives associées au fait de laisser perdre ou de gaspiller des aliments. Cette réprobation tient en partie à ce que ces pertes et gaspillages sont une pression inutile exercée sur l’environnement et sur les ressources naturelles qui servent à produire notre nourriture. En effet, ils signifient, fondamentalement, qu’on a gaspillé des ressources en terre et en eau, créé de la pollution et émis des gaz à effet de serre pour rien. Par ailleurs, je me demande souvent comment on peut accepter ce gâchis de nourriture alors que 820 millions de personnes souffrent toujours de la faim dans le monde.

    L’attention que la communauté internationale prête au problème des pertes et gaspillages de denrées alimentaires est clairement inscrite dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Pour être plus précis, la cible 12.3 des objectifs de développement durable (ODD), qui forment l’ossature de ce programme, demande que, d’ici à 2030, on divise par deux le volume mondial de déchets alimentaires par habitant au niveau de la distribution et de la consommation et qu’on réduise les pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris les pertes après récolte. De nombreux pays prennent déjà des mesures pour réduire les pertes et gaspillages de nourriture, mais les défis à relever demeurent considérables et nous devons redoubler d’efforts. D’autant que, comme le présent rapport le fait valoir, les mesures prises pour atteindre la cible 12.3 pourraient bien contribuer à la réalisation d’autres ODD – à commencer par l’objectif Faim zéro –, ce qui cadre avec la nature intégrée du Programme 2030.

    Cela dit, nos efforts pour parvenir à une réduction effective des pertes et gaspillages alimentaires ne seront efficaces que si notre action repose sur une compréhension fine du problème. Trois dimensions sont à considérer. Premièrement, nous avons besoin de savoir, aussi exactement que possible, quelle est l’ampleur des pertes et gaspillages de denrées alimentaires, où ils se produisent et pourquoi. Deuxièmement, il nous faut être clairs sur les raisons profondes ou les objectifs qui motivent la réduction des pertes et gaspillages – qu’ils intéressent la sécurité alimentaire ou la protection de l’environnement. Troisièmement, nous devons comprendre comment les pertes et gaspillages de nourriture, tout comme les mesures visant à les réduire, influent sur les objectifs poursuivis. Ce rapport apporte des informations sur les trois dimensions afin d’aider à concevoir des mesures plus éclairées et plus efficaces de réduction des pertes et gaspillages.

    Concernant la première de ces dimensions, il est surprenant de constater à quel point nous savons peu de choses sur le volume de denrées alimentaires perdu ou gaspillé, sur les points critiques où ces pertes et gaspillages se produisent et sur ce qui fait qu’ils se produisent. Une estimation générale, réalisée pour la FAO en 2011, laissait entendre qu’un tiers environ des aliments produits dans le monde étaient perdus ou gaspillés chaque année. Cette estimation est encore largement citée, du fait du manque d’informations dans le domaine, mais elle ne peut être considérée que comme un calcul très approximatif. On s’emploie donc à lui substituer deux indices, grâce aux travaux entrepris par la FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) pour estimer plus minutieusement et plus exactement le volume de denrées alimentaires perdu lors de la production ou le long de la chaîne d’approvisionnement avant que les aliments atteignent le niveau de la vente au détail (indice des pertes alimentaires), ou gaspillé ensuite par les détaillants ou les consommateurs (indice du gaspillage alimentaire). Les premières estimations établies par la FAO pour calculer l’indice des pertes alimentaires, et que j’ai le plaisir de présenter dans ce rapport, nous indiquent que, globalement, 14 pour cent environ des aliments produits dans le monde sont perdus, du stade de la production à celui qui précède la vente au détail. Les estimations nécessaires à l’indice du gaspillage alimentaire sont en cours d’élaboration par le PNUE et viendront compléter l’indice des pertes alimentaires pour permettre une compréhension plus fine de la quantité de nourriture perdue ou gaspillée dans le monde. Ces deux indices nous permettront de suivre les progrès accomplis sur la voie de la cible 12.3 des ODD, en partant d’une base de référence plus fiable.

    Cependant, pour intervenir plus efficacement, nous avons besoin également de savoir en quels points de la chaîne d’approvisionnement alimentaire les pertes et gaspillages se concentrent et pourquoi ils se produisent. Les données factuelles présentées dans ce rapport montrent qu’ils sont généralement plus élevés pour certains groupes de produits, mais qu’ils peuvent se produire à tous les stades de la chaîne à des degrés divers. Ce qui me frappe toutefois, c’est la grande étendue de la plage de pourcentages de pertes et gaspillages que l’on obtient pour les mêmes produits et les mêmes stades de la chaîne d’approvisionnement, que ce soit à l’intérieur d’un même pays ou d’un pays à l’autre. Cela porte à croire qu’il y a une marge considérable de réduction de ces pertes et gaspillages partout où les pourcentages sont plus élevés qu’ailleurs, mais cela montre aussi que toute généralisation est impossible et qu’il est essentiel, au contraire, de déterminer les points critiques de pertes à l’échelle de chaque filière si l’on veut prendre les mesures correctrices appropriées.

    Concernant la deuxième dimension, même si les ODD inscrivent la réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires au rang d’une cible distincte, nous devons définir clairement les raisons pour lesquelles nous poursuivons cet objectif, en d’autres termes, quelle en est la finalité fondamentale. Des agriculteurs et des pêcheurs jusqu’aux consommateurs, les différents acteurs peuvent avoir intérêt à réduire leurs pertes ou gaspillages de denrées alimentaires pour accroître leur bénéfice ou leur revenu, leur bien-être personnel ou celui de leur famille, mais il s’agit là d’un intérêt privé, particulier. Or, cette incitation individuelle n’est pas toujours opérante car, pour réduire les pertes et gaspillages, il faut parfois investir de l’argent ou du temps, et ces acteurs privés peuvent avoir le sentiment que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Ils peuvent aussi rencontrer des obstacles, qui les empêchent d’effectuer ces investissements: des difficultés d’accès au crédit, par exemple, ou un manque d’information sur les solutions possibles pour opérer cette réduction. En revanche, l’intérêt général peut commander plus fortement de réduire les pertes et gaspillages de nourriture parce que cela contribue à la réalisation d’autres objectifs communs. Il est alors nécessaire que les pouvoirs publics interviennent au moyen d’investissements ou de mesures susceptibles d’inciter les acteurs privés à réduire leurs pertes et gaspillages ou de lever les obstacles qui les empêchent d’agir en ce sens. Le présent rapport examine deux grands objectifs d’intérêt général: améliorer la sécurité alimentaire des groupes vulnérables et réduire l’empreinte écologique correspondant aux denrées alimentaires perdues ou gaspillées.

    L’un des arguments clés développés dans ce rapport est que les liens entre pertes et gaspillages de nourriture, d’une part, et sécurité alimentaire et effets sur l’environnement, d’autre part, sont complexes et nécessitent une compréhension profonde. Les résultats positifs d’une réduction des pertes et gaspillages de denrées alimentaires sont loin d’être garantis, et les conséquences varieront selon le stade auquel cette réduction s’opérera. C’est précisément pour cette raison que les décideurs publics doivent définir clairement les objectifs poursuivis. Le choix d’un objectif influe en effet sur le stade de la chaîne d’approvisionnement alimentaire où les réductions des pertes et gaspillages ont le plus de chances d’être efficaces.

    Ainsi, si l’objectif est d’améliorer la sécurité alimentaire, réduire les pertes au niveau des exploitations aura probablement des effets très positifs, en particulier dans le cas de petites exploitations installées dans des pays à faible revenu où les niveaux d’insécurité alimentaire sont élevés. Une action à ce niveau est susceptible d’améliorer directement la sécurité alimentaire des ménages des exploitations concernées et peut aussi produire des effets positifs sur les zones avoisinantes, voire au-delà, si les disponibilités alimentaires augmentent. Réduire les pertes et gaspillages plus en aval de la chaîne d’approvisionnement peut améliorer la sécurité alimentaire des consommateurs, mais risque d’avoir des conséquences négatives pour les agriculteurs si la demande de leurs produits baisse. Par ailleurs, si l’on réduit le gaspillage au stade de la consommation dans les pays à revenu élevé, où l’insécurité alimentaire est faible, en mettant en place des initiatives de collecte et de redistribution des denrées, on peut escompter un certain mieux pour les personnes vulnérables localement, mais il est probable que ces mesures n’auront guère d’effet sur les personnes en situation d’insécurité alimentaire dans des pays éloignés à faible revenu.

    En revanche, si les objectifs visés sont principalement environnementaux, la situation est différente. Les émissions de gaz à effet de serre, par exemple, se cumulent tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Aussi l’impact sera-t-il maximal si l’on réduit le gaspillage au niveau des consommateurs, car les aliments gâchés à ce stade représentent une plus grande quantité de gaz à effet de serre. Dans le cas des terres et de l’eau, l’empreinte écologique est principalement liée à la phase de production primaire. Par conséquent, quel que soit le stade de la chaîne d’approvisionnement auquel on réduit les pertes et gaspillages, cette réduction contribuera à diminuer globalement l’utilisation de terres et d’eau au niveau mondial. Quand on veut remédier à une pénurie locale de terres et d’eau, en revanche, les mesures de réduction des pertes et gaspillages ont davantage de chances d’être efficaces si elles s’appliquent au niveau des exploitations ou à des stades de la chaîne d’approvisionnement proches de ce niveau.

    Je vous invite à lire ce rapport avec soin, car il examine les voies complexes par lesquelles les pertes et gaspillages de nourriture – et les mesures prises pour les réduire – influent sur la sécurité alimentaire et l’environnement. Il ne prétend pas détenir toutes les réponses, et constate en particulier les déficits d’information considérables qui font obstacle à une analyse détaillée. Entre autres choses, il tente de mettre clairement en évidence les aspects qui requièrent une compréhension plus profonde des enjeux, à la fois au moyen de données plus riches et de meilleure qualité et grâce à une analyse plus poussée. J’espère qu’il contribuera à éclairer le débat sur la façon d’aborder le problème des pertes et gaspillages de denrées alimentaires plus efficacement et de manière à changer la donne en matière de sécurité alimentaire et de durabilité environnementale, dans l’esprit du Programme 2030.

    MÉTHODE

    L’élaboration de La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2019 a commencé avec un atelier de lancement organisé le 10 septembre 2018 au Siège de la FAO, à Rome, auquel ont participé des membres d’un

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