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Courir au temps du cancer
Courir au temps du cancer
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Livre électronique213 pages2 heures

Courir au temps du cancer

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À propos de ce livre électronique

L’oncologue parle depuis plusieurs minutes. Ses explications abondent, mais je n’en retiens que des bribes : dose-densité, stade, adjuvant, ganglions, carcinome, infiltrant… Puis il veut savoir si j’ai des questions. J’en ai une : La pratique de la course à pied est-elle contre-indiquée pendant les traitements de chimiothérapie? Pris de court, l’oncologue reste silencieux quelques secondes. Il finit par me confirmer qu’il n’y a aucun inconvénient à courir pendant les traitements. Je peux courir tant que je veux. Cependant, il me prévient : J’en serai incapable, car je n’aurai pas assez de souffle pour courir. De sa réponse, je ne retiens que l’absence de contre-indications à courir pendant la chimio. Dès lors, ma décision est prise : Je vais courir au temps du cancer. Pour ce qui est du souffle, je découvrirai que l’oncologue avait raison. Même si j’ai couru au-delà de 300 kilomètres pendant mes traitements, il m’a fallu beaucoup d’efforts et de persévérance pour y parvenir. C’était comme de monter continuellement des côtes face au vent. Ainsi nous parle l’auteure dans ce livre débordant de courage et d’espoir, alors qu’elle était traitée pour un cancer du sein. Sa détermination à pratiquer la course à pied a fait toute la différence au moment de ses traitements. Aujourd’hui, la course à pied constitue pour elle un mode de vie qui frôle parfois la folie.
LangueFrançais
Date de sortie24 févr. 2021
ISBN9782924941744
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    Aperçu du livre

    Courir au temps du cancer - Danièle Caron

    Danièle

    Au cours de l’année 2016, j’ai continué à pratiquer la course à pied alors que j’étais traitée pour un cancer du sein. Je partage ici mon parcours de coureuse pendant mes traitements de chimiothérapie et de radiothérapie. Mon propos n’a strictement rien de scientifique et n’apporte que l’éclairage de ma propre expérience. Cela dit, tout ce qu’on y trouve a été humainement prouvé par le cobaye que je suis devenue. Le récit de cette expérience sera peut-être utile à d’autres passionnés de course à pied qui croient devoir cesser cette activité quand le cancer se manifeste. Cette expérience pourrait également s’appliquer à d’autres types d’activité physique, l’idée étant que la pratique d’une activité physique apporte des bienfaits aux personnes traitées pour un cancer. Dans mon cas, il s’agit de la course à pied.

    Mon expérience démontre qu’il est possible de courir au temps du cancer, même si l’on n’a pas les attributs d’un athlète, ce qui est mon cas. Je suis une femme d’un « certain âge » qui fait de la course à pied en moyenne quatre fois par semaine. Si je peux me considérer comme une coureuse confirmée, – je cours régulièrement depuis quelques années – mes résultats en compétition témoignent hautement de mes limites. La seule fois où je suis parvenue à courir 5 km en-deçà de 29 minutes, c’est lors de la course de la Descente royale, en juin 2015. Comme son nom l’indique, le parcours va en descendant du début à la fin. Tous les coureurs y battent leur record.

    Avant d’entreprendre l’expérience de la course à pied pendant les traitements, j’ai d’abord obtenu l’avis des médecins qui me traitaient, un conseil que je prodigue à toute personne qui souhaite courir pendant des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie. C’est donc en m’appuyant sur l’opinion de mes médecins traitants que je me suis donné comme objectif d’essayer de courir pendant mes traitements, car au début de l’expérience, il s’agissait simplement de tenter de courir. J’ignorais si j’y parviendrais et, si c’était le cas, je ne savais pas combien de temps j’arriverais à le faire.

    Dès le départ, je me suis fixé certaines règles, comme celle de cesser la course si elle me faisait plus de tort que de bien. Même si je pressentais qu’elle m’apporterait beaucoup sur les plans physique et psychologique, il n’était pas question de mettre ma santé en péril en voulant à tout prix relever ce défi. Autre règle : Je devais courir par plaisir et non par obligation. Je pourrais en tout temps interrompre une séance de course ou renoncer à courir les jours où l’envie n’y serait pas. Pour le reste, je me fierais à mon gros bon sens.

    Évidemment, je n’avais aucun objectif de performance. Je ne visais que le plaisir de courir. Comme la course m’avait toujours apporté beaucoup d’énergie et de bien-être, j’espérais qu’il en irait de même pendant mes traitements. Je ne détenais aucune preuve à cet égard, mais j’en avais la forte intuition. Comme la documentation que l’on ma remise à la clinique d’oncologie n’abordait pas la question de l’activité physique pendant les traitements, j’ai donc cherché sur le Web s’il existait des renseignements à ce sujet. J’en ai trouvé un peu. Voici ce qu’on pouvait lire sur le site du Centre des maladies du sein Deschênes-Fabia en 2016, dans la section consacrée aux bienfaits de l’activité physique pour les patientes atteintes du cancer du sein :

    « Depuis les cinq dernières années, les données sur les bénéfices de l’activité physique chez les patients atteints de cancer abondent dans la littérature. Les études démontrent clairement que la pratique de l’activité physique pendant les traitements est sécuritaire et efficace pour une patiente atteinte d’un cancer du sein. Autant sur le plan physique que psychologique, l’activité physique aide à diminuer certains effets secondaires liés au traitement ou à la maladie. En période de traitement du cancer, il est fortement recommandé que la pratique d’activités physiques soit encadrée par un professionnel de la santé, spécialiste de l’activité physique (kinésiologue). »

    J’étais donc sur une bonne piste. On ne parlait pas précisément de course à pied, mais d’une activité physique modérée à pratiquer trois ou quatre fois par semaine pour une durée variant de 30 à 60 minutes. Cela ressemblait beaucoup à mon propre entraînement, la course faisant déjà partie de ma routine. Je m’y consacrais quatre fois par semaine depuis trois ans et la plupart des séances se déroulaient modérément. Va pour la course!

    J’ai toutefois adapté mon entraînement à mon état de santé en réduisant l’allure et en écourtant la durée. J’ai aussi couru en tenant compte de mes sensations beaucoup plus qu’en suivant un plan. Comme chaque sortie était différente en raison des effets secondaires des traitements, je devais continuellement m’ajuster à de nouvelles situations sur le plan physique. Malgré toutes les difficultés rencontrées au cours de l’expérience, je suis parvenue à courir au moins 5 km tous les deux jours pendant toute la durée de mes traitements. Même qu’après vingt-cinq séances de radiothérapie, j’ai participé à une course de 10 km à Nicolet, presque un exploit quand on sait que la radiothérapie occasionne de la fatigue chez les gens qui en reçoivent.

    Au final, la course m’a procuré beaucoup plus que de l’agrément. Grâce à cette activité, je me suis sentie plus vivante que jamais, tout en éprouvant beaucoup de fierté à courir au temps du cancer. Je crois également qu’elle m’a permis de mieux supporter les effets de la chimiothérapie. J’ai bien récupéré entre les traitements et j’ai pu conserver un bon niveau d’énergie pendant toute leur durée. Sans la course à pied, j’en suis profondément persuadée, je n’aurais jamais connu autant de bien-être. Ces milliers de pas parcourus à la course ont certes constitué le meilleur investissement que je pouvais faire dans les circonstances.

    Pendant cette période, je me suis souvent rappelé une citation du célèbre joggeur Jim Fixx, auteur du best-seller The Complete Book of Running : « La course à pied n’ajoute peut-être pas d’années à ma vie, mais elle ajoute de la vie à mes années. »¹ En ce sens, je ne prétends pas que la course à pied m’a sauvé la vie d’une quelconque façon. Toutefois, elle m’a permis de demeurer sereine et de conserver une très belle qualité de vie pendant toute la durée des traitements. Ne serait-ce que pour ces raisons, je crois qu’il a valu la peine d’intégrer la course à pied à mon protocole de traitement.

    En poursuivant la course à pied en dépit du cancer, j’ai dû passer pour une extraterrestre à certaines occasions, surtout aux yeux des personnes atteintes de cette maladie. Celles rencontrées en oncologie se sentaient souvent épuisées et ne voyaient pas comment elles auraient pu en faire autant. Pourtant, certaines auraient certainement bénéficié d’une meilleure forme en faisant un peu d’exercice physique. Personnellement, je crois que l’activité physique devrait faire partie intégrante des protocoles de traitement. Certains milieux de soins conseillent déjà l’activité physique à leurs patients, comme le Centre intégré de cancérologie de la Montérégie. On trouve d’ailleurs sur son site Web des capsules éducatives à ce sujet². Mais il reste encore tellement à faire dans d’autres milieux. Étant donné qu’un Canadien sur deux sera diagnostiqué d’un cancer au cours de sa vie³, l’activité physique pourrait faire une grande différence non seulement sur sa qualité de vie, mais également sur sa réponse au traitement.

    En effet, une recherche internationale menée auprès de 1 000 hommes atteints d’un cancer avancé de la prostate (avec métastases) est actuellement en cours. Selon l’hypothèse de départ, l’activité physique augmenterait l’efficacité des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie pour deux raisons. D’abord, l’augmentation de la circulation sanguine due à l’activité physique permettrait d’accroître la quantité de chimio qui se rend aux tumeurs. Ensuite, l’activité physique stimulerait le système immunitaire souvent affaibli par la maladie. Ce faisant, l’activité physique pourrait prolonger la durée de vie des patients tout en diminuant la taille des tumeurs.

    N’est-ce pas prometteur, d’autant plus que l’activité physique ne coûte pas grand-chose par rapport à tous les bienfaits qu’elle procure? Ma propre expérience m’a tant apporté, que je la partage aujourd’hui. J’espère maintenant que l’activité physique sera mieux considérée par les équipes en oncologie et qu’elle procurera du bon et du meilleur aux personnes atteintes de cancer. Pourquoi pas?

    Avant de parler de mon expérience de course à pied pendant mes traitements de chimiothérapie et de radiothérapie, je crois opportun de tracer le portrait de la coureuse que j’étais avant d’être traitée pour un cancer du sein.

    Les premiers pas

    C’est ma soeur Andrée qui m’a initiée à la course au printemps 2013. Elle-même avait commencé cette activité quelques semaines auparavant. C’est en répondant au défi lancé par son patron de l’époque, Christian Mercier, un des meilleurs marathoniens du Québec (il est arrivé deuxième dans sa catégorie au marathon de Boston en 2015), que ma soeur s’est entraînée avec une dizaine de ses collègues de bureau pour la course de 5 km L’éveil des Plaines. Même si je la trouvais audacieuse de se lancer dans pareille aventure, j’étais néanmoins convaincue qu’elle y parviendrait. Ma soeur faisait déjà de l’activité physique, contrairement à moi qui étais plutôt sédentaire. Andrée faisait déjà beaucoup de vélo et pratiquait un peu la natation.

    Le 11 mai 2013, sous la pluie et par bon vent, Andrée a réalisé sa première course de 5 km en 37:14:09. Un an plus tard, elle effectuait cette même course en retranchant sept minutes au chrono, c’est dire sa progression. À cette époque, je n’avais aucun repère qui m’aurait permis d’évaluer sa performance, tant je ne connaissais rien à la course à pied. Il reste que j’étais quand même grandement impressionnée qu’elle ait pu courir sur une telle distance. Je ne croyais pas être en mesure d’en faire autant un jour. C’est pourquoi je ne me suis pas occupée du programme d’entraînement qu’Andrée m’avait fait parvenir. Ce programme, qui préparait à courir une distance de 5 km sur une période de huit semaines, lui avait parfaitement bien réussi.

    Quelques jours après cette première course, Andrée et moi avons fait un court voyage à New York. Dans le train qui nous y menait, et aussi au retour, elle m’a beaucoup parlé de course à pied. À quelques reprises, elle a même effectué quelques pas de course sur les trottoirs new-yorkais tellement elle avait hâte de reprendre cette activité. Je voyais bien qu’elle était déjà passionnée de course à pied, mais j’étais bien incapable de comprendre son engouement. Il faut dire qu’à cette époque je ne faisais même pas trois pas consécutifs en courant. Même que je détestais la course au plus haut point.

    Chaque fois que ma soeur communiquait avec moi, elle me demandait si j’avais débuté le programme d’entraînement. Pas encore, disais-je, un peu coupable de ne pas avoir au moins essayé. Et elle repartait de plus belle pour me vanter les mérites de la course à pied, m’entretenait sur ses progrès et m’invitait plus que jamais à m’y mettre également. Même si j’avais peu d’intérêt pour cette activité, j’étais néanmoins consciente de ma piètre forme physique. Tôt ou tard, il faudrait bien que je me mette à quelque chose de physique, mais ce quelque chose n’était certes pas la course à pied.

    C’est en marchant sur la voie cyclable qui encercle le Réservoir Beaudet (que les résidents du coin surnomment le lac), à Victoriaville, que l’idée de courir a commencé à se frayer un petit chemin dans mon esprit. D’une part, j’essayais toujours d’effectuer le tour du lac en marchant plus rapidement que la fois précédente. D’autre part, je rencontrais de nombreux joggeurs dans ce magnifique endroit, dont j’enviais la forme physique et la capacité à courir sur une si grande distance, soit 5,2 km. Est venu un temps où, pour effectuer le tour du lac plus rapidement, il ne restait plus qu’une seule solution : courir au lieu de marcher. Soudain, j’avais un projet : celui de courir autour du lac comme les joggeurs que j’y croisais. L’idée de courir à cet endroit m’apportait enfin la motivation nécessaire pour entreprendre le fameux programme de course à pied. Je ne pouvais pas courir pour courir. Il me fallait un objectif. Ça y était!

    C’est ainsi que le vendredi 7 juin 2013, je me suis rendue chez Sports Experts Victoriaville, où travaille mon conjoint, pour me procurer des chaussures de course. Je me souviens de son air ahuri quand je lui ai dit que j’avais l’intention de me mettre à la course à pied et que j’avais donc besoin de chaussures. Convaincu que cette idée me passerait très vite, il m’a proposé un modèle plutôt bas de gamme, que j’ai refusé. Je voulais d’excellentes chaussures pour être certaine que je ne cesserais pas en raison d’inconfort aux pieds. Je ne crois pas que mon conjoint m’ait prise au sérieux à ce moment. Il est vrai que j’avais l’habitude d’abandonner toutes les activités physiques que j’entreprenais.

    Je suis néanmoins repartie avec de confortables chaussures roses de marque New Balance. Comme le programme d’entraînement débutait le mardi suivant, cela me laissait encore quelques jours supplémentaires pour me motiver davantage avant le grand jour. Je ne savais pas encore à quel point j’aurais besoin de motivation pour persévérer, du moins les premières semaines.

    Le mardi 11 juin 2013

    Ce matin-là, avant de me rendre au travail, j’ai enfilé mes nouvelles chaussures et je suis sortie pour un premier entraînement. Il fallait alterner deux minutes de marche avec une minute de course pendant quinze minutes. De prime abord, cela me semblait fort raisonnable. Toutefois, j’ai vite constaté qu’une minute de course répétée cinq fois en quinze minutes, constituait tout de même un grand défi pour la sédentaire que j’étais. J’ai même pensé que je n’arriverais pas à tenir la cadence. En plus de l’essoufflement, j’avais extrêmement chaud. J’étais vêtue beaucoup trop chaudement pour la circonstance. Je ne savais pas à ce moment qu’il fallait se vêtir comme s’il faisait dix degrés de plus. Je suis donc retournée à la maison aussi trempée qu’essoufflée. À ce moment, j’ai eu quelques doutes quant à ma capacité de courir. Mais je n’allais tout de même pas abandonner dès le premier jour d’entraînement et donner raison à mon entourage, persuadé que je serais incapable de persévérer. Si mes attributs physiques ne réussissaient pas à me faire tenir le coup, ce serait au moins l’orgueil.

    Deux jours plus tard, je m’y remets, mais vêtue moins chaudement, cette fois en alternant une minute de marche et deux minutes de course, toujours pendant quinze minutes. J’ai pensé mourir tellement cela m’a demandé d’incroyables efforts que de courir pendant deux minutes consécutives. Pourtant, j’y suis arrivée. Péniblement, mais j’y suis arrivée. Je doutais cependant plus que jamais de mes

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