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La cire et le feu: Polar
La cire et le feu: Polar
La cire et le feu: Polar
Livre électronique169 pages2 heures

La cire et le feu: Polar

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À propos de ce livre électronique

Un cadavre a été découvert au pied de la cathédrale de Lausanne, pendant les préparatifs du 50e anniversaire du Festival de la Cité.
Tiraillé entre cette affaire chargée de secrets et la dépression de son meilleur ami, l’inspecteur Sauge devra user de toute sa patience et de son intuition pour résoudre le mystère.
Au fil de l’enquête, que l’on suit pas à pas dans les vieux quartiers de Lausanne, des vies à l’apparence banale se voient bouleversées à jamais. Quand justice et mensonge dansent main dans la main, il suffit d’un rien pour basculer dans les sombres méandres de l’âme humaine…

La cire et le feu souligne les dérives de la société lausannoise sur fond d’enquête policière. Prostitution, immigration et aide aux minorités : autant de thèmes qui se mêlent aux émotions intenses des protagonistes.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Habitant à Lausanne, Sandrine Spycher est journaliste et blogueuse. Grande lectrice et fan de polars en tout genre, son blog Je lis des polars lui a donné envie de passer de l’autre côté du miroir. Le 2e Prix RomandNoir lui offre l’opportunité de se confronter aux lecteurs et de publier son premier livre, "La cire et le feu".
LangueFrançais
Date de sortie7 févr. 2020
ISBN9782931008270
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    Aperçu du livre

    La cire et le feu - Sandrine Spycher

    à Clémence

    in memoriam

    Prologue

    Assis à la table du café, le jeune policier profitait du léger courant d’air créé par le passage des véhicules le long de la terrasse. La canicule sévissait en vagues toujours plus rapprochées dans la capitale vaudoise. Les quais d’Ouchy prenaient alors des allures de fourmilière humaine et les parcs étaient recouverts de corps en maillots de bain. Le flic préférait de loin rester à l’ombre. Tranquillité. Boisson fraîche. Journal.

    Juillet amène sa chaleur et ses arts à la Cité

    Lausanne > Le Festival de la Cité mise sur une programmation éclectique pour faire vibrer les scènes lausannoises pendant 6 jours.

    Du 12 au 17 juillet, Lausanne se colorera comme chaque année des teintes du Festival de la Cité. Sous la canicule annoncée, le festival réinventera la ville à travers plus de 90 prestations mises en place pendant près d’une semaine. Un programme des plus alléchants avec, pour cette édition, la participation exceptionnelle de l’artiste allemand Niels Amadeus Lange, très en vogue dans le monde de la performance. Il proposera Über mich, une performance intimiste dans le cadre atypique du Tunnel. Ce sera à découvrir vendredi et samedi soir à 20 h 30.

    Hormis les superstars internationales, le festival invite, comme à son habitude, des artistes locaux et talentueux. Parmi eux, citons notamment le collectif genevois Old Masters qui revient avec une œuvre tout en déconstruction et déstabilisation, et toujours profondément poétique. Le groupe lausannois Mind Spun animera la soirée du jeudi au Grand Canyon avec un concert vernissage de son nouvel album, sur des notes rock mêlées au son du saxophone. Côté jeune public, c’est dans le Jardin du Petit Théâtre que la Cie La Scam fera rire vos bambins dans un spectacle interactif autour du thème des voyages.

    Une semaine de festivités riches en couleur et en harmonie. Musique, danse, théâtre, tous les styles sauront vous séduire et vous surprendre au Festival de la Cité. sp

    Festival de la Cité, du 12 au 17 juillet. Informations et programmation complète : festivalcite.ch

    Le policier reposa le journal. Il pressentait que la semaine serait chargée.

    Chapitre 1

    Guillaume se réveilla en sursaut. Haletant, il se maudit intérieurement de s’être assoupi. Pourvu qu’il n’ait pas manqué l’heure. Il se leva en hâte et consulta sa montre. Une heure et cinquante-sept minutes. Il s’en était fallu de peu. Comment réagirait Renato si la tâche n’était pas menée à bien pendant ses vacances ? Guillaume préférait ne pas y penser.

    Il alluma la bougie de la lanterne qui s’était à nouveau éteinte toute seule. La mèche se noyait bien vite ; il lui faudrait penser à la remplacer. Renato tenait à respecter les traditions : la lanterne éclairée à la bougie et le chapeau noir étaient indispensables pour le job. Mais où était donc passé le chapeau ? Guillaume s’énerva alors que les secondes s’égrainaient. Il ne pouvait pas sonner sans chapeau. Et, surtout, il ne pouvait se permettre de le faire en retard.

    Enfin, à la lueur de sa bougie, il trouva le chapeau, le mit fièrement sur sa tête et sortit dans la chaleur de la nuit. Encore un mois de juillet caniculaire. Ce n’en était que la première semaine. Bientôt, la canicule apparaîtrait en juin, puis en mai, rongeant le printemps un peu plus chaque année. Des scientifiques et des pessimistes n’avaient pourtant cessé de mettre le monde en garde depuis des décennies. Les catastrophes s’enchaînaient de l’autre côté de la planète. Mais le Suisse moyen n’avait que faire des autres faces du globe. Ce n’est que lorsque de violents orages et inondations avaient coûté plus de vingt-cinq millions de francs pour les dégâts causés à Lausanne qu’on avait réagi. Du moins, un petit peu. Le temps de tout remettre à sa place.

    Guillaume s’appuya contre la pierre en s’éclaircissant la voix.

    — C’est le guet ! hurla-t-il dans le vent. Il a sonné deux ! Il a sonné deux !

    Traînant ses pieds encore endormis d’un coin à l’autre du beffroi, il répéta son appel dans l’obscurité si lumineuse de la Cité. Un bruit attira alors son attention en bas. Il se pencha et crut apercevoir une ombre courir, ou peut-être voler, du côté du mudac¹. Sans doute un chat perdu. Guillaume releva les yeux. La bougie s’éteignit, la mèche à nouveau noyée dans la cire. Curieusement, le manque de lumière près de son visage permit à Guillaume de mieux voir. Une ombre encore. La même ? Non, celle-ci ne volait pas. Elle était étendue, flasque, sans vie. Sans vie ? Un cadavre ?

    Guillaume paniqua, recula pour détacher ses yeux du vide, trébucha et tomba à demi assis contre la porte de la loge. Il entra, se défit du chapeau énorme tout en abandonnant la lanterne. Il récupéra sa lampe de poche, tant pis pour la tradition, car après tout, le job était fini après deux heures. Dévalant les cent cinquante-trois marches qui le séparaient de la sortie, il ne pouvait chasser l’image de l’ombre immobile au pied de la tour. Une curiosité malsaine le poussait à savoir si, vraiment, ses yeux avaient vu juste.

    Il étouffa un cri.

    Vite : natel, numéros favoris, Pedro.

    — Oui ? fit une voix rauque et endormie à l’autre bout du fil.

    — Pedro, je sais pas quoi faire.

    — Qu’est-ce qui se passe ? C’est quelle heure ?

    — Deux heures. Il y a un mort.

    — Quoi ?

    — En bas de la tour, il y a un mort.

    Guillaume gémissait, paniquait, bégayait. Il se rendait bien compte que ses indications étaient mal formulées, mais il peinait à trouver les mots pour décrire l’homme étendu sur le sol devant lui.


    1. Musée de design et d’arts appliqués contemporains.

    Chapitre 2

    Face à l’état de panique si violent de Guillaume, Pedro avait tout de suite fait le déplacement à la cathédrale de Lausanne. Il s’était fait accompagner de deux hommes en uniforme. L’heure tardive – ou était-elle matinale ? – avait pour avantage d’offrir des routes presque désertes. Aucun besoin d’actionner le gyrophare strident que Pedro détestait tant.

    La mine défaite de Guillaume avait fini de réveiller Pedro. Le pauvre guet remplaçant tremblait de tous ses membres malgré la nuit tropicale. Debout au pied de la tour du beffroi, il tenait toujours son téléphone d’une main lâche qui tombait le long de son flanc comme le pendule cassé d’une vieille horloge à coucou depuis trop longtemps épuisée de sonner les heures nuit après nuit. Son crâne chauve par endroits était baigné d’une fine sueur qui reflétait l’éclairage public. Pour peu, on eût dit que l’homme était auréolé. Pedro s’approcha de lui en contournant le corps.

    — Ça va aller ? lui demanda-t-il en le prenant par le bras pour l’éloigner.

    — C’est ma faute, répondit Guillaume dans un gémissement.

    — Comment ça ?

    — S’il a sauté, c’est qu’il a pu entrer et grimper. J’étais là-haut et j’ai rien vu ni entendu. Mais je me suis endormi entre une et deux heures. J’aurais jamais dû m’endormir.

    — T’inquiète pas, Guillaume, voulut le rassurer son ami. Tiens, viens par là. Sylvain va s’occuper de toi pendant que je m’occupe de lui.

    Un des policiers sourit à Guillaume qui lui répondit par un signe de tête hésitant. Ils s’éloignèrent en faisant le tour de la cathédrale, puis s’assirent sur un banc non loin de la rue Cité Devant. Pendant ce temps, Pedro se penchait sur le corps. Un jeune homme, la vingtaine probablement, avec de longs cheveux blonds et un regard figé, vide. Mort. Étendu sur le dos au pied du beffroi, il semblait diriger ses yeux vers le ciel dans un dernier espoir de sursis. Pas une prière, non. Il n’en avait pas eu le temps.

    Pedro se redressa et regarda lui aussi vers le haut de la tour. Il pinça les lèvres, se mordant légèrement la peau comme il avait la mauvaise habitude de le faire lorsqu’il réfléchissait. Le jeune homme était allongé à l’angle de la tour. Une position étrange pour quelqu’un qui aurait sauté depuis le sommet. Même en cas de fort vent, le corps n’aurait pas été dévié à ce point de sa trajectoire inéluctable vers la mort. D’autant plus qu’il était musclé. Un physique de nageur, pensa Pedro.

    Le deuxième policier qui l’avait accompagné déroulait déjà les rubans de protection. Il semblait avoir compris à l’attitude de Pedro que la zone serait passée au peigne fin à la recherche de traces. Il était difficile de voir quoi que ce soit au milieu de la nuit, mais Pedro avait tout de même alerté l’inspecteur Adrien Sauge qui sortait à l’instant de sa voiture banalisée.

    — J’espère que tu as une bonne raison de me réveiller à deux heures et demie du mat, bougonna-t-il.

    — Un cadavre au pied de la cathédrale, c’est pas assez bien pour toi ?

    — Il a sauté ?

    — C’est possible, mais à mon avis, ce n’est pas le cas. Je ne vais pas trop m’avancer à ce stade, pas avant d’avoir pu analyser le décor plus en détail.

    — C’est qui ces voix qu’on entend ?

    — Sylvain, avec notre témoin.

    — On a un témoin ?

    — Bah oui. Je ne suis pas descendu à la cathédrale au milieu de la nuit par hasard.

    — C’est qui ? Pourquoi il t’a appelé, toi ?

    — C’est mon pote Guillaume, un ami d’enfance. Il est le guet auxiliaire de la cathédrale pendant les vacances de Renato Häusler.

    — Bon. Je vais lui parler, décida Adrien.

    Il marcha en direction des voix. Dans la nuit silencieuse, elles étaient portées par le vent jusqu’à lui. En le voyant, le policier se leva. Guillaume, quant à lui, paraissait ne rien voir. Ses yeux étaient encore écarquillés, sous le choc.

    — Il n’a pas dit grand-chose, révéla Sylvain. J’ai essayé de le détendre au mieux, mais c’est pas trop ma spécialité.

    — O.K., merci.

    Adrien s’assit à côté de Guillaume. Il étendit ses trop longues jambes devant lui et prit un instant pour admirer la cathédrale. Grande, il savait qu’elle le paraissait plus depuis l’intérieur. Et plus encore depuis le sommet de la tour, lorsqu’on regardait vers le bas, voyant le mudac petit et la Riponne lointaine. Adrien aimait voir la vue, partout. Il adorait grimper, monter des escaliers, des sentiers pentus, des routes tellement raides qu’elles semblent verticales. Voir la vue. Puis redescendre et se sentir tout petit. C’était toujours moins drôle, à la descente.

    Depuis que son statut s’était métamorphosé de « Adrien » à « inspecteur Sauge » six ans auparavant, il n’était plus monté si haut. Le manque de temps peut-être. Ou le manque de détermination. Détermination à se couper du job, à prendre le risque de louper « l’affaire du siècle », comme celles qu’on lit dans les polars. Alors Adrien courait moins loin. Et pourtant, ses jambes longues comme des échasses n’étaient satisfaites que de cela : fouler la terre avec vivacité dans un ultra-trail au final sinueux et épuisant. Pour nourrir l’addiction, Adrien traversait le parc du

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