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A feu et à sang: Trilogie fantastique
A feu et à sang: Trilogie fantastique
A feu et à sang: Trilogie fantastique
Livre électronique543 pages7 heures

A feu et à sang: Trilogie fantastique

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À propos de ce livre électronique

Le combat de Sylvestre face au roi Vixar ne fait que commencer...

La guerre est de retour, plus menaçante que jamais. Le ciel Faërien se teinte désormais de rouge et les soldats fourbissent leurs armes avec anxiété. Le roi Vixar a la ferme intention de prendre la tête de la reine et d’écraser Wontania de sa poigne d’acier. Le désespoir se fait soudain plus épais, mais une lueur d’espoir anime soudain les cœurs de Sylvestre et ses amis : la tour de sagesse. Tour mystérieuse et hors du temps où vit un oracle omniscient, le seul, sans doute, à connaître un moyen de vaincre Vixar et sa terrible armée… À moins que lui aussi soit impuissant devant la soif de vengeance du roi tristannien.

Embarquez sans plus attendre dans le deuxième épisode de la trilogie Les chroniques du Cleüs !

EXTRAIT

Morgane observait en silence l’armée les assiégeant depuis presque trois jours. Les Tristanniens avaient lancé deux grandes offensives contre Alenyas, mais les défenseurs les avaient repoussées. Malgré la force conséquente de son armée et la puissance de sa magie, Vixar était tenu en échec. Il savait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne réussisse à faire plier Alenyas, mais la surprenante résistance de cette dernière l’irritait grandement. Cependant il devait bien l’admettre, la reine Providence avait déjoué ses plans en ne basant pas sa stratégie de défense sur la magie comme il s’y attendait. Il avait équipé ses soldats d’armure en divinium, possédant la propriété  singulière de protéger son porteur de la magie, tout du moins de la plupart habituellement utilisé sur un champ de bataille, mais en contrepartie, elles étaient bien plus fragiles que des armures ordinaires. Il poussa un cri de rage et de frustration, non seulement ses soldats étaient maintenant désavantagés en combat singulier, mais en plus de cela la propriété de leurs armures ne servait à rien.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Dès son enfance, le caractère rêveur et l'imagination de Sylvain Woiry se développèrent paisiblement au fil des ans. C’est à l’âge adulte que la fleur de ses mondes chimériques donna son premier fruit après qu'il fut marqué profondément par Bilbo le Hobbit et la saga du Seigneur des anneaux. Quelques années plus tard, lors de ses études de paysagiste, il découvrit un autre monde tout aussi étrange et mystérieux, celui des végétaux. Le mariage inattendu entre ces deux univers donna naissance à la trilogie des Chroniques du Cleüs.
LangueFrançais
Date de sortie27 juil. 2018
ISBN9782378773748
A feu et à sang: Trilogie fantastique

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    Aperçu du livre

    A feu et à sang - Sylvain Woiry

    Remerciements

    Dans un premier lieu, je tiens à remercier mes parents, mon frère, Alex, Sophie, Milena, ainsi que toutes les personnes qui m’ont soutenu dans cette formidable aventure littéraire.

    En second lieu, les personnes¹ m’ayant aidé en contribuant à la réussite du financement participatif, ce qui m’a permis de payer l’intégralité des corrections de ce présent ouvrage.

    Je souhaite également remercier Nino, le patron du bar-restaurant l’Arcadia de Saint-Girons, chez qui l’essentiel de ce livre a été écrit.

    Et pour finir, je tiens à remercier tout particulièrement les personnes qui vont plonger dans cette épopée qui sera, je l’espère, aussi riche pour eux qu’elle le fût pour moi.

    Résumé du tome 1

    La ronde des deux soldats²

    S

    ur les remparts d’Alenyas à une heure tardive, Jerton Rilk et Dar Rhowe, deux soldats Wontanniens³, faisaient leur ronde.

    — Dis Jerton, tu y vois clair, toi, dans ce fatras d’événements qui sont survenus récemment ?

    — C’est pourtant simple, répondit-il en resserrant le col de sa veste pour se protéger du froid, rappelle-toi, tout a commencé lors de la tentative d’invasion Tristannienne⁴ il y a plus de 10 ans.

    — Ah oui, le Grand Conflit tu veux dire. Mais attends, tu parles de quoi exactement ? De la magie Tristannienne scellée par le Vaillant Inconnu mettant un terme à la guerre ? Du duel entre le seigneur Ken-Rhyl et le roi Pern ? De la malédiction que ce dernier a jetée sur l’Ultime Compagnie⁵ ce jour-là ? Ou de la prophétie qu’il a dite juste avant de mourir ?

    — De tout ça. Te souviens-tu de la teneur de cette foutue prophétie ?

    — Bien sûr, répondit-il en frissonnant, jamais je ne l’oublierai. Je peux même te la réciter si tu veux.

    — Vas-y, mais si tu te plantes c’est toi qui paies la tournée.

    — Ça marche.

    Dar gonfla le torse et prit une voix lugubre d’outre-tombe :

    — « Le verrou se brisera le jour où un Gaïanneen⁶ pénétrera à Wontania sans être invité par la reine. Le gardien chutera, marquant ainsi le retour sanglant de la guerre, et la paix durement acquise qui s’est installée tel un fragile voile évanescent sera alors déchirée par une nouvelle ère de ténèbres. »

    Il sourit fièrement et reprit d’un ton jovial :

    — Au mot près, dit-il satisfait de lui-même, tu me dois un verre.

    — Bon sang, je ne pensais pas que tu t’en sortirais. Très bien, poursuivit-il en soupirant, la prochaine est pour moi.

    — Tout ça, c’est bien beau, mais ça n’explique en rien pourquoi nous sommes sur le point d’entrer une nouvelle fois en guerre contre ces maudits Tristanniens.

    Jerton le regarda en secouant la tête.

    — Parfois je me demande de quelle planète tu viens. Tout le monde ne parle que de ça en ville. Écoute, tu vois qui est le Gaïanneen qui a sauvé la reine et Alenyas avec ses amis il y a quelques mois ?

    — Bien sûr, répondit Dar irrité, tu me prends pour un idiot ou quoi ? Tout le monde connaît Sylvestre.

    — Oui, mais te rappelles-tu comment il s’est retrouvé ici ?

    — Heu…, non, admit-il.

    — Alors, ouvre tes oreilles, car peu de personnes sont au courant de ce que je vais te raconter.

    — Vas-y je t’écoute, dit-il en s’approchant de lui avec une mine de conspirateur.

    — Tu connais Ellunia, je suppose ?

    — Évidemment, c’est la fée qui est toujours fourrée avec lui.

    — À l’origine Sylvestre l’a rencontrée à Gaïannia, dans la ville d’Hedera. C’est à cause d’elle, ou grâce à elle, c’est selon, qu’il a pu venir ici, à Wontania.

    — Oui, ça je suis au courant. Elle a enfreint la loi la plus fondamentale du Grimoire des Harmonies Universelles⁷ en lui offrant le Baiser de Clairvoyance. Tu sais bien, le fameux sortilège permettant de voir tout ce qui est d’origine magique. C’est d’ailleurs par son intermédiaire qu’il a connu l’existence de notre monde.

    — Exactement, et ce faisant elle fut condamnée à la peine capitale par la reine pour haute trahison.

    — Si je me rappelle bien, c’est la brigade du Charbon Ardent alors commandée par le capitaine Stern, qui a été chargée de l’arrêter et d’annuler le sort.

    — Oui, mais malgré le fait qu’ils aient appréhendé Ellunia, ça ne s’est pas passé comme prévu. Non seulement ils n’ont pas réussi à contrer son sortilège, mais en plus de ça Sylvestre les a suivis à leur insu dans le portail magique les ramenant à Wontania.

    — Je sais, c’est à cause de ça que la prophétie du roi Pern s’est mise en route.

    — Parfaitement, et c’est également là qu’ils se rendirent compte qu’ils dansaient dans le creux de la main du destin, car Sylvestre se révéla être le Cleüs, l’enfant-clé des légendes, celui ayant le pouvoir de voyager entre les mondes.

    — Aaaah ! Fit Dar venant de réaliser une chose qui lui avait toujours était obscure, c’est donc pour ça que le capitaine Stern a pris sur lui de l’amener voir la reine. Tout s’explique.

    — Je vois que tu commences à comprendre. Effectivement, au lieu de le renvoyer manu militari à Gaïannia, il a préféré s’en remettre à la sagesse de Sa Majesté. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’elle leur dévoila l’existence de l’ancienne prophétie et des cinq Étoiles.

    — J’en ai entendu parler, mais je n’en connais pas la teneur. Et toi ?

    — Évidemment, je te rappelle qu’après le siège d’Alenyas par cette fourbe de Karlinna j’ai été affecté comme garde à la villa du comte Grenis.

    — Et tu as entendu des choses ?

    — Et j’ai entendu des choses, répondit-il satisfait de lui-même, et notamment cette drôle de vieille prophétie.

    — Alors tu vas pouvoir me la répéter ?

    — Si je te la répète, c’est toi qui m’offres à boire, et on oublie le pari de tout à l’heure.

    — Ho ! Comment tu y vas ? Bon d’accord, dit-il de mauvaise grâce, je t’écoute.

    — Alors, sois attentif.

    Il prit une profonde inspiration, et prenant une voix se voulant théâtrale, il reprit :

    — « Le plus grand des périls verra le jour à la naissance du troisième descendant du roi-démon. Sa rancœur grandissante lui donnera une force incommensurable, capable de soumettre Wontania à son joug. La terre se teintera de rouge et une nuit noire et glaciale venant de lointaines contrées tombera dans les cœurs de ses habitants. Mais la flamme de l’espoir ne s’éteindra pas, elle survivra sous la forme des 5 Étoiles, les seules capables une fois réunies de faire chuter le troisième fils du roi-démon et dissiper les traîtresses ténèbres. »

    — Incroyable ! S’exclama-t-il, mais dis-moi, c’est quoi ces mystérieuses cinq Étoiles ? Tu sais de quoi il s’agit ?

    — Oui, reprit-il en chuchotant, seules les têtes pensantes de notre armée et les proches de la reine sont au courant, mais tu me connais, j’ai eu les oreilles qui ont traînées.

    — Alors tu sais ?

    — Alors je sais, répondit-il une nouvelle fois d’un air satisfait. Les cinq Étoiles sont cinq personnes. Cinq élus capables de nous sauver face à la menace pesant de nouveau sur nos têtes.

    — Je parie que Sylvestre est l’une d’elles.

    — Effectivement, c’est l’Étoile des Rois. À ce qu’on dit, il aurait la marque d’une clé dans le creux de sa main droite. La clé des mondes, je crois bien.

    — C’est fou. Et les autres, qui sont-ils ?

    — D’après mes informations, Erïa serait l’une d’elles. Rappelle-toi, ils l’ont rencontrée ici, à Alenyas, en allant voir la reine.

    — Oui, oui, je sais ça, continue nom de nom.

    — Hum, fit-il pour se donner contenance, hé bien elle serait l’Étoile du Crépuscule, celle par qui l’ennemi chutera. Figure-toi que la reine serait l’une d’elles. L’Étoile de l’Aube si je ne m’abuse, celle par qui naît l’espoir.

    — Ha ! S’exclama-t-il, j’en étais sûr. Je savais que Sa Majesté était l’une des cinq élues, elle est tellement incroyable.

    — Oui, et son père, le seigneur Ken-Rhyl, fait lui aussi partie de ces cinq Étoiles. Il est celle du jour, l’Étoile par qui la voie sera révélée.

    — Ho ! Vraiment ? Quelle famille ! Je suis sûr que la dernière Étoile est quelqu’un de tout aussi exceptionnel.

    — On peut dire ça en effet, mais attends-toi à être surpris, car la cinquième et dernière Étoile n’est autre que la sinistre reine sombre.

    — Quoi !!! S’écria-t-il d’une voix forte, Karlinna est l’une des cinq Étoiles ?

    — Chut ! Bougre d’imbécile, ce sont des informations top secrètes. Oui, Karlinna est l’un des cinq élus. Elle est l’Étoile de la Nuit, celle qui se tapit dans les ténèbres.

    — C’est…, c’est tout bonnement sidérant, qui aurait pu croire qu’elle fasse partie des cinq Étoiles, elle qui a pris d’assaut notre bonne vieille ville il y a à peine quelques mois.

    — Ne te méprends pas, elle fait peut-être partie des élus, mais elle reste notre ennemie, et l’une des plus redoutables qui plus est.

    — Je commence à comprendre pourquoi la reine a convoqué en urgence le conseil des 108.

    — Tu as raison, mais elle ne l’a pas convoqué uniquement pour ça, elle voulait également amnistier Ellunia.

    — Parce qu’elle a trouvé l’Étoile des Rois ?

    — Oui, malheureusement le conseil s’est mal passé.

    — Ça, je m’en souviens, la reine a perdu connaissance en pleine assemblée. Ça a mis une sacrée pagaille.

    — Tu m’étonnes, notre Majesté était en train de succomber au mal du patronage, la tuant à petit feu.

    — Heu…, hum, c’est quoi déjà le mal du patronage ?

    — Décidément, il y a des fois où je me demande si tu viens bien de Wontania toi. Pour ta gouverne, sache que les fées sont toutes liées à une espèce végétale. Ce lien est strict et unique pour chacune d’elle. Par exemple, Ellunia est la fée patronne des pâquerettes, et son lien est spécifique à cette espèce-ci.

    — Mais oui, dit-il en se donnant une tape sur le front, je m’en rappelle. Ce lien est à bénéfice réciproque. Si la fée est en bonne santé, l’espèce à laquelle elle est liée se porte bien, et si elle est mourante, son espèce l’est également.

    — Et inversement, et c’est ce qui est arrivé à la reine Providence. Elle est la patronne des lys bleus des reines, et cette espèce était sur le point de s’éteindre.

    — Mais oui, je m’en souviens maintenant, le conseil des 108 a conclu que c’était d’une manière ou d’une autre la faute de Sylvestre et n’a finalement pas amnistié Ellunia.

    — Exactement, mais ils lui ont néanmoins laissé le bénéfice du doute, et pour prouver qu’il était bien le Cleüs, ils lui ont assigné la mission de sauver la reine.

    — Sauver la reine ? Comment ? Je ne comprends pas.

    — En faisant en sorte que les lys bleus des reines ne soient pas tous détruits, car tu ne le sais certainement pas, mais ils ne poussent qu’à un seul endroit et c’est à Gaïannia. Dans un parc de la ville d’Hedera, la ville de Sylvestre.

    — Quelle incroyable coïncidence ! C’est le destin qui a manigancé ça, cela ne peut être autrement.

    — C’est précisément ce qu’a dit la reine quand elle fut sauvée.

    — Ce que je ne comprends pas, c’est comment il l’a sauvée.

    — C’est simple, dans ce parc un promoteur immobilier véreux avait commencé à le raser pour en faire un hôtel de luxe. Comme tu t’en doutes, raser signifie entre autres arracher les plantes s’y trouvant, et c’est précisément ce qui s’est passé avec les lys bleus des reines. C’est cela qui a entraîné le mal du patronage de Sa Majesté.

    — Alors si je comprends bien, la mission de Sylvestre était de faire arrêter ce chantier.

    — Tu as visé juste pour une fois mon cher Dar. Cependant ça n’a pas été facile, tant s’en faut, mais grâce à l’aide de ses amis, et notamment de Morgane, ils y sont finalement arrivés. La reine était donc sauvée, bien qu’elle fût toujours inconsciente à ce moment-là. Malheureusement Karlinna en a profité pour prendre d’assaut Alenyas. J’imagine que tu t’en souviens ?

    — Bien sûr, je n’oublierai jamais ce siège. J’ai cru que nous allions tous mourir ce jour-là. Quand j’y pense, quelle fourbe cette Karlinna, attaquer alors que l’Entrave de L’Atma⁸ n’était plus en place.

    — Sournoise et fine stratège, car tu n’es pas sans savoir qu’elle et ses Mangeurs d’Ombres sont d’une certaine manière nés de l’anti-magie.

    — Évidemment que je le sais. C’est vexant tu sais, j’ai l’impression que tu me prends toujours pour un demeuré.

    — Ne t’énerve pas comme ça, je te testais c’est tout. Et puis si tu es si malin, tu vas pouvoir m’expliquer pourquoi elle nous a attaqués ce jour-là.

    — Je vais te le dire moi pourquoi, répondit-il irrité, l’Entrave de L’Atma est un puissant sortilège lié à la force de vie de la reine, et qui empêche toutes formes d’anti-magie d’être présentes à Alenyas. Karlinna a donc profité que la reine soit toujours inconsciente pour envahir Alenyas et tenter de s’emparer du Cœur de Wontania ⁹qui lui aurait alors donné une puissance terrifiante. Toutefois grâce à notre vaillance et à notre courage, nous avons résisté suffisamment longtemps pour que la reine reprenne connaissance. L’Entrave de L’Atma s’est alors réactivée et Karlinna a était changé en statue de pierre. Fin de l’histoire.

    — Fin de l’histoire ?! Décidément tu es plus bête que ce que je pensais. L’histoire ne s’arrête pas là mon pauvre. Il s’avère que Karlinna était manipulée par un Tristannien, un certain Fantôme. C’est ce dernier qui l’a poussé à nous attaquer. Son but était de nous reprendre le Cœur de Tristannia¹⁰ pour redonner la magie à son peuple. Ce Fantôme a réussi son coup avec audace et sang-froid. Il est non seulement parvenu à s’emparer du Cœur de Tristannia, mais en plus de ça, il a réussi à fuir dans son monde avec. Alors non, triple buse, l’histoire ne s’arrête pas là. Elle ne fait que commencer au contraire. Maintenant que les Tristanniens et leur roi Vixar ont recouvré leur puissance, ils vont à nouveau envahir notre monde comme il y a 10 ans. Et crois-moi, la guerre sera largement en notre défaveur. Nous risquons de tout perdre cette fois-ci, tout, tu m’entends ?

    — Mais…, mais ils n’y arriveront pas, n’est-ce pas ? Nous sommes préparés pour cette nouvelle guerre.

    — Que tu crois. Vixar est extrêmement puissant et son armée est gigantesque. Je te le dis, si nous sortons vainqueurs de cette guerre c’est que nous aurons beaucoup de chance. Tu veux que je te dise le fond de ma pensée ?

    — Ou.., oui, répondit-il d’une voix angoissée.

    — Sans un véritable miracle, nous sommes perdus, irrémédiablement perdus. 

    Chapitre 1

    Le pacte

    L

    a salle des abysses était sombre, uniquement éclairée par des orbes en verres diffusant une clarté argentée. Située à plus de 50 mètres sous le château d’Espéria¹¹ et reliée par un escalier en colimaçon s’enfonçant dans les profondeurs du lac, c’était la pièce la plus secrète du château. Elle était vaste. Ses murs étaient couverts de bibliothèques contenant des ouvrages uniques, des grimoires de magies rares et autres parchemins scellés. En son centre, se trouvait une femme pétrifiée, la redoutable Karlinna. Près d’elle, portant une robe bleue frangée d’or et sa couronne de cristal sur la tête, la reine Providence la fixait en silence malgré le bandeau aux runes étranges couvrant ses yeux.

    Elle était tendue. Elle avait déjà vérifié deux fois l’état du cercle de protection, et même s’il était parfait, elle n’était pas tranquille. Karlinna n’était pas une personne ordinaire et elle le savait.

    Alors qu’elle se demandait si finalement c’était une bonne idée de la « réveiller », quatre magiciens, dont Merlin, pénétrèrent silencieusement dans la pièce. Le visage grave qu’ils arboraient renforcés quelque peu son malaise.

    Merlin, tout en caressant distraitement sa barbe, vérifia le cercle à son tour. Il parut satisfait, concerta rapidement les trois autres magiciens puis se dirigea vers la reine.

    — Nous sommes prêts Majesté. Si cela est également votre cas, nous pouvons dès lors commencer le rituel.

    — Bien, commençons alors. Inutile de vous dire à quel point cette femme est dangereuse, n’est-ce pas ?

    — Ne vous inquiétez pas Majesté, nous connaissons les risques.

    Elle inspira profondément pour se donner du courage et se plaça en dehors du cercle, face à Karlinna, tandis que les magiciens, eux, se placèrent aux quatre points cardinaux de ce même cercle. Ils écartèrent les bras et se mirent à psalmodier dans un murmure montant crescendo. Une sorte de brume bleuâtre se forma doucement dans la pièce, excepté dans le cercle de protection où le sol était toujours visible. Pourtant, c’est dans cette zone de scellement que la magie opérait. Sur la statue, de minuscules fissures lumineuses apparurent rapidement. Soudain, presque brutalement, les magiciens cessèrent leurs mélopées et la statue disparut dans une explosion aveuglante. À sa place se tenait Karlinna, recroquevillée sur elle-même, tremblante, la tête baissée et se prenant les épaules à deux mains. Elle paraissait faible et sans défense. La reine savait pertinemment que ce n’était qu’une apparence. Comme pour confirmer cela, Karlinna se releva doucement, se dressa de toute sa hauteur devant elle et lui lança un regard empli de haine. Les deux femmes se dévisagèrent un moment dans un silence tendu. Quand soudainement, avec la célérité d’un serpent, Karlinna lança un éclair d’énergie en direction de la reine. Celle-ci se sachant en sécurité ne broncha pas. Effectivement, lorsque l’éclair atteignit le cercle de protection, il se dissipa instantanément.

    — Vous n’êtes pas aussi incapable que je ne le pensais, railla Karlinna avec arrogance.

    Elle tourna alors la tête et vit les quatre magiciens se tenant autour du cercle.

    — Un cercle de protection de haut niveau et quatre magiciens dépêchés spécialement pour moi. Vous me faites trop d’honneur, se moqua-t-elle. À moins que je ne vous fasse si peur qu’il vous faille tout cet arsenal pour ne serait-ce que m’adresser la parole.

    — Je le confesse, répondit la reine avec calme, je redoute votre puissance. Mais ne vous faites pas d’illusion, je n’ai peur ni de vous, ni de votre magie.

    — Peuh, fit-elle avec dédain, vous ne tiendrez pas ce discours si je n’étais pas prisonnière de ce maudit cercle.

    — Certes. Toutefois je ne suis pas là pour me battre avec vous. J’ai un marché à vous proposer.

    — Un marché ? Répondit-elle en fronçant les sourcils.

    — Je vous propose l’accès au Cœur de Wontania en échange de votre collaboration dans la guerre se préparant.

    Elle la toisa, puis éclata d’un rire glacial.

    — Le Cœur de Wontania, rien que ça. Soit vous êtes complètement folle, soit totalement stupide. Savez-vous la puissance que je pourrais obtenir avec lui ?

    Elle fronça de nouveau les sourcils et l’observa attentivement.

    — Non, dit-elle finalement. Vous êtes désespérée. Si vous me demandez mon aide et me proposez le Cœur de Wontania aussi facilement, c’est que vous l’êtes assurément.

    — Vous vous trompez, répondit la reine sans se départir de son calme. Nous sommes prêts pour cette guerre, même si je l’appréhende. Bien sûr, votre puissance fait de vous une alliée de poids, mais ce n’est pas pour cela que je souhaite votre appui. Vous ne la savez certainement pas, mais vous êtes l’une des pièces maîtresses de ce conflit et c’est précisément pour cela que j’ai décidé de négocier avec vous.

    — Ne racontez pas n’importe quoi, répondit-elle avec colère. Je me moque de votre stupide guerre.

    — Connaissez-vous la prophétie des 5 Étoiles ?

    — Vous vous moquez de moi ? Dit-elle en serrant les poings de rage. Je n’ai que faire d’une vulgaire légende.

    — Pourtant elle parle de vous.

    — De moi ? Répondit-elle avec prudence. Si c’est encore là un tour à votre façon, il vous en cuira, je vous préviens.

    — Je ne cherche pas à vous duper, rassurez-vous.

    — Alors, expliquez-moi, mais vous avez intérêt à être persuasive.

    La reine lui narra en détail la teneur de la prophétie, l’identité des 5 Étoiles ainsi que de la situation actuelle. À la fin de son récit, Karlinna resta silencieuse tout en touchant distraitement la marque se trouvant derrière son oreille.

    — Êtes-vous certaine de vous ? Demanda-t-elle ébranlée malgré elle par cette révélation.

    — Oui. Il n’y a absolument aucun doute.

    — Hum, fit-elle pensive, finalement votre proposition mérite réflexion.

    Elle la fixa un moment avant de poursuivre.

    — Vous me proposez l’accès au Cœur de Wontania, reprit-elle, mais je ne peux croire que vous me laisserez en faire ce que je souhaite. J’imagine que vous allez m’imposer certaines restrictions, n’est-ce pas ?

    — Naturellement. Vous vous servirez de lui dans un cercle de protection et sous la garde de plusieurs archi-scelleurs. De plus, vous devrez l’utiliser uniquement pour briser la malédiction pesant sur vous et vos Mangeurs d’Ombres, et seulement pour cela. Telles sont nos conditions.

    Elle la regarda droit dans les yeux, puis reprit :

    — Si d’aventure, elles ne vous convenaient pas, le marché que je vous propose serait alors caduc. Si nous devions en arriver là, nous serions malheureusement dans l’obligation de vous changer de nouveau en statue.

    — Ne soyez pas si arrogante avec moi, répondit-elle avec fureur. Si ce n’était ce maudit cercle, je pourrais vous réduire en cendre en un claquement de doigts. Soit, dit-elle en reprenant le contrôle d’elle-même, j’accepte vos conditions.

    — Parfait, répondit la reine. Je vais donc vous libérer. Néanmoins, sachez que je garde vos Mangeurs d’Ombres captifs comme garantie de votre loyauté.

    — Évidemment, j’aurais dû m’y attendre. Toute vertueuse que vous semblez être, vous usez vous aussi de sournoiserie avec grand talent. Le fruit d’une longue pratique, j’imagine ?

    — Il est plus question ici de garantir votre bonne conduite que de sournoiserie, répliqua la reine avec tact.

    Chapitre 2

    Élédor de Myr

    H

    edera, mi-août. Il faisait chaud, très chaud. Le soleil écrasait la ville d’une lourde chape de plomb. La vie tournait au ralenti. Les rues étaient désertes et seuls quelques passants y déambulaient cherchant avidement l’ombre des bâtiments. Pourtant, dans le parc Jean Moulin, une fébrile agitation troublait quelque peu la quiétude habituelle des lieux. Un cirque y avait élu domicile. Un peu partout, des chapiteaux aux couleurs bigarrées avaient poussé comme autant de champignons géants.

    Sylvestre était assis sur un banc, à l’ombre d’un grand tilleul, et regardait distraitement un éléphant s’asperger d’eau à l’aide de sa longue trompe serpentine. Sur son épaule, assise et balançant doucement ses pieds, se trouvait l’une de ses meilleures amies : Ellunia, la fée patronne des pâquerettes.

    — Sylvestre, dit-elle avec douceur, à quelle heure devait arriver Erïa et Joe déjà ?

    — À 14 h, répondit-il en soupirant. Remarque, reprit-il avec un demi-sourire, ils n’ont que trois quarts d’heure de retard. On est encore dans la moyenne d’Erïa.

    Ellunia allait répondre, quand, surgissant tel un bolide, elle fit son apparition.

    — Ça va ? Demanda-t-elle le plus naturellement du monde.

    Sylvestre voulut répondre d’une réplique bien sentie, mais finalement s’abstient, sachant pertinemment que cela ne servirait à rien. Joe arriva à son tour, les mains dans les poches, avec son air impassible habituel.

    — Désolé, dit-il en haussant les épaules. Quand elle est passée à la maison, j’ai eu la mauvaise idée de lui montrer mon nouveau jeu vidéo, et j’ai ensuite eu toutes les peines du monde à l’arracher de l’écran.

    — Elle sait jouer aux jeux vidéo ! Répondit-il surpris.

    — Heu…, jouer est un bien grand mot. Disons qu’elle appuie sur toutes les touches de la manette et qu’elle s’énerve contre l’écran.

    Ils la regardèrent et éclatèrent de rire.

    — Quoi ? Dit-elle en bougonnant, ce n’est pas ma faute si la console ne m’aime pas. De toute manière je suis bien trop délicate pour la manivellette, mes doigts sont trop fins pour les boutons, voilà tout.

    — Toi ? Trop délicate ? Répondit Sylvestre en se moquant gentiment. Je ne suis pas sûr que cet adjectif te définisse le mieux, tu sais.

    Elle lui lança alors un regard assassin dont elle avait le secret, et il préféra battre en retraite et changer de sujet :

    — Hum, fit-il gêner. Sinon ça se passe comment chez mademoiselle Iris ?

    — Super bien, répondit-elle la mine réjouie. Je suis vraiment contente d’être à Gaïannia. La reine a eu une bonne idée de vouloir que je reste ici avec vous. Ho, tu sais quoi ? Mademoiselle Iris a aussi une tel et vision, et j’ai le droit de m’en servir quand je veux. C’est chouette, non ?

    — Oulala, répondit-il en se remémorant le jour où elle avait vu les trois mousquetaires chez lui. Je ne suis pas sûr que ce soit une si bonne idée que ça.

    — Pourquoi ? Répondit-elle d’un faux air candide ignorant l’allusion. Au fait, dit-elle subitement, je dois à tout prix être chez mademoiselle Iris pour 18 h. C’est d’une importance capitale.

    Sylvestre, Joe et Ellunia se regardèrent légèrement inquiets.

    — Tu as des nouvelles de Wontania ? Quelqu’un va venir voir mademoiselle Iris ce soir ? Demanda-t-il avec une pointe d’anxiété en pensant à la guerre se préparant.

    — Hein ! Mais non. Ce soir il passe le dernier épisode de Flammes et Passions, répondit-elle avec gravité. On va enfin savoir si Steve va épouser Kate. C’est super tragique, car elle aime en secret Mike mais lui, préfère sa sœur Suzanne qui est éprise de son prof de sport, Tom. Mais Tom est amoureux de Kate et fait tout pour faire annuler le mariage. C’est super tragique je vous dis, et il est hors de question que je rate ça.

    Sylvestre la regarda, incrédule.

    — Ça fait à peine un mois et demi que tu es ici et tu es déjà accro à la télévision, ça promet, reprit-il.

    — Mais non, n’importe quoi, se défendit-elle.

    — Alors ce soir tu ne verras aucun inconvénient à rester avec nous, dit-il avec malice.

    — Heu…, je ne suis pas dépendante, sauf ce soir.

    Sylvestre fit un clin d’œil à Joe, puis, éclatèrent à nouveau de rire.

    — Peuh… ! Vous n’y connaissez rien de toute façon, répondit-elle vexée en croisant les bras sur sa poitrine, la mine renfrognée.

    — Et si nous allions voir le cirque, proposa Ellunia pour sortir Erïa de son embarras.

    — Excellente idée, répondit Joe.

    À cette heure-ci aucune représentation n’était prévue. Toutefois ce n’était pas très grave, car ils pouvaient se promener en toute liberté au milieu des chapiteaux. De tous, la plus enjouée était sans conteste Erïa. Elle était ébahie devant la ménagerie du cirque. Certains animaux étaient identiques à ce qu’elle pouvait trouver à Wontania, comme les chevaux ou les poneys, mais d’autres lui étaient totalement inconnus.

    — Oh ! Sylvestre, regarde cette drôle de grosse chèvre. Elle a dû avaler un serpent pour avoir un cou si long.

    — Ce n’est pas une chèvre, répondit-il en souriant, c’est une girafe. Et si elle a un si long cou, c’est pour manger les feuilles se trouvant au faîte des arbres.

    — Drôle de bestiole, répondit-elle avec sérieux en se grattant le menton. Et ça, fit-elle en désignant la cage en face d’eux, c’est une espèce de chat géant ?

    — Oui, c’est un tigre. Un des animaux les plus dangereux de Gaïannia, répondit-il avec fierté.

    — Hum, fit-elle dubitative, je me demande combien de temps il pourrait tenir face à un rourk ou une vouivre ?

    — Heu… c’est qu...

    Il ne put finir sa phrase, car Erïa éclata de rire en s’arrêtant devant une cage immense.

    — Hahaha, regarde comme ils sont ridicules ceux-là. On dirait des gobelins avec des poils.

    — Ce sont des singes.

    — Regardez le rouquin au fond, dit Joe, il ressemble à cet idiot de Tristan.

    — Tu as raison, répondit Sylvestre amusé, et le gros là-bas, on dirait Buck.

    — Ha ha ha, fit une voix dédaigneuse derrière eux. Vous êtes de vrais comiques. Vous devriez vous engager comme bouffons. Ils en cherchent trois justement. 

    Ils firent volte-face et se retrouvèrent devant Tristan et sa bande.

    — Haaaa ! Cria Buck effrayé en reculant. C’est la folle ! Reprit-il en montrant Erïa du bout de son doigt boudiné.

    — Dis-moi, demanda-t-elle à Sylvestre avec le sang-froid d’un volcan sur le point d’entrer en éruption, une folle, ça désigne bien la même chose que chez moi, n’est-ce pas ?

    — Si tu penses à une personne dérangée du ciboulot, alors oui.

    Elle fit craquer ses poings de manière menaçante en leur lançant un regard carnassier.

    — Mademoiselle Iris m’a peut-être confisqué mes dagues, dit-elle en faisant un pas en avant, mais vous allez voir que je ne me débrouille pas si mal à main nue.

    Sylvestre et Joe firent également un pas en avant et se placèrent à côté d’elle.

    — Tsss, siffla Tristan avec mépris, vous faisiez moins les malins avant que cette espèce d’allumée ne débarque.

    — Encore ! Rugit-elle. Ils me traitent encore de folle. Sylvestre, est-ce que je peux aller lui botter les fesses ?

    — De toute façon même si je te disais non, tu n’en feras qu’à ta tête.

    — Exactement, répondit-elle en avançant avec détermination sur Tristan.

    — Dis, fit Joe à l’attention de Sylvestre, tu es sûr que l’on devrait la laisser faire ?

    — Non, mais on n’a pas vraiment le choix. Si on s’interpose maintenant ça sera encore pire, crois-moi.

    Tristan se porta à sa rencontre le regard déterminé, car ses parents lui ayant permis d’aller voir le cirque malgré sa punition, lui donnait sans le savoir l’opportunité de se venger.

    — Restez en arrière les gars, dit-il sans se retourner. Je vais lui montrer moi à cette folle qui est le boss ici.

    Ils se foncèrent alors dessus comme deux bêtes enragées avec tant de hargne que les singes hurlèrent en sautant et s’accrochant aux barreaux de leur cage. Seulement quelques mètres les séparés quand un clown, après une cabriole, s’interposa entre eux.

    — Plume de bois, dit-il d’une grosse voix en se tournant vers Tristan, alors le rouquin de plume de bois, tu ne sais pas qu’il ne faut pas se battre avec les filles ? Tiens, dit-il en sortant un bouquet de roses de sa manche, offre-lui plutôt ces fleurs, plume de bois.

    Tristan, par réflexe, tendit la main vers le bouquet, mais au moment où il allait s’en saisir, il fut aspergé par un jet d’eau.

    — Bois de plume de plume de bois, on dirait bien que les roses ne t’apprécient pas beaucoup.

    Sylvestre et ses amis éclatèrent de rire, ce qui rendit Tristan fou de rage :

    — Pousse-toi de là le clown, dit-il en hurlant, ne te mêle pas de mes affaires.

    — Plume de bois, répondit le clown d’un air contrit. Attends rouquin, continua-t-il en fouillant dans ses poches.

    Il en sortit un immense mouchoir rouge qu’il lui tendit.

    — Tiens, plume de bois, pour te sécher.

    Tristan lui arracha brutalement des mains en lui lançant un regard mauvais. Il porta le mouchoir à son visage et s’essuya. Tout à coup, Sylvestre et ses amis éclatèrent à nouveau de rire.

    — Bois de plume de plume de bois, fit le clown en effectuant une pirouette, tu es littéralement rouge de colère maintenant.

    Tristan regarda ses mains, elles étaient couleur lie de vin.

    — Vous…, je vais vous…, fulmina-t-il en jetant le mouchoir avec rage.

    Il serra ses poings et lui lança un regard meurtrier.

    — Plume de bois, ne sois pas si en colère le rouquin, c’était juste une petite farce. Tiens, dit-il en lui tendant un nouveau mouchoir, essuie-toi. Les meilleures blagues sont toujours les plus courtes.

    — Vous, le guignol, ne vous approchez plus de moi, et vous, aboya-t-il en tendant son poing serré vers Sylvestre et ses amis, vous ne perdez rien pour attendre.

    Il se retourna et s’en fut en proférant force menaces.  Une fois qu’il eut disparu, le clown se dirigea vers Erïa.

    — Mademoiselle Erïa, dit-il sur le ton du reproche, vous ne devriez pas vous afficher en public de la sorte. Vous savez pourtant l’importance que vous avez pour l’avenir de Wontania.

    Elle recula vivement jusqu’à Sylvestre et lui jeta un regard mi-interrogateur, mi-suspicieux.

    — Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle sans le quitter des yeux. Comment connaissez-vous mon nom ?

    — Je me nomme Élédor, répondit-il en leur faisant une révérence. Je suis une Sentinelle chargée de votre sécurité.

    Sylvestre fronça les sourcils, méfiant.

    — Je ne vous crois pas. Élédor n’est pas un prénom d’ici et les Sentinelles sont essentiellement des Gaïanneens.

    — Bravo, je vois avec plaisir que ce bon vieux Thyrias ne s’était pas trompé à ton sujet. Effectivement, je ne suis pas une Sentinelle. Je suis Élédor de Myr, chevalier Celiannan de l’ordre des sept, chargé par Sa Majesté Providence de votre sécurité.

    — De notre sécurité ? Demanda-t-il surpris en haussant les sourcils.

    — Elle ne vous en a pas parlé pour ne pas vous effrayer, mais il n’est pas à exclure que Vixar dépêche un assassin pour vous éliminer. Après tout sans vous la prophétie n’existe plus, et sans elle, nos chances de victoires sont réduites à néant.

    Sylvestre et Erïa se regardèrent avec une certaine anxiété.

    — Ne vous inquiétez pas, vous êtes bien protégés. Je ne suis pas seul à veiller sur vous, quatre de mes meilleurs hommes vous suivent constamment, sans compter que des runes de garde protègent vos maisons. Continuez de vivre normalement sans trop vous préoccuper de cela.

    Il mit un genou à terre et baissa la tête avec solennité.

    — Je jure sur mon honneur de chevalier qu’aucun mal ne vous sera fait.

    Il se releva et se dirigea vers Sylvestre.

    — J’ai un message pour toi de la part de la reine, dit-il en lui tendant un parchemin portant le sceau d’Espéria.

    Sylvestre le saisit légèrement étonné, presque inquiet, puis brisa le sceau de cire et le lut en silence. Lorsqu’il eut terminé, il regarda ses amis avec de grands yeux ronds de stupeur.

    — La reine me demande d’aller à la Citadelle. Elle souhaite que Morgane m’apprenne à utiliser mon pouvoir.

    Chapitre 3

    Préparation de guerre

    Espéria, deux semaines plus tard.

    L

    a reine était assise sur son trône et lisait avec attention un long rapport. Alors qu’elle soupira devant l’ampleur de la tâche l’attendant, un garde pénétra en silence dans la pièce. Lorsqu’il arriva devant le trône, il mit son poing droit sur son cœur, posa un genou à terre et baissa la tête comme le protocole l’exigeait.       La reine replia soigneusement le rapport et lui ordonna de se relever.

    — Majesté, annonça le garde, maître Yoris, archimage du cercle des conjureurs souhaite s’entretenir avec vous.

    Bien, j’attendais sa visite. Vous pouvez l’introduire.

    Un instant plus tard, le garde refit son apparition avec un homme d’un âge avancé se déplaçant lentement à l’aide d’une longue canne noueuse et tordue.

    — Merci, fit-elle à l’attention du garde, vous pouvez disposer.

    Une fois que le garde fût sorti, maître Yoris porta le poing sur son cœur et s’apprêta à se mettre sur un genou quand la reine l’arrêta :

    — Maître Yoris, ne vous prosternez pas devant moi. Je vous ai déjà dit à maintes reprises que votre âge vous dispensez de telles acrobaties.

    — Mais Majesté, le protocole ne doit souffrir d’aucune entorse.

    — Le protocole garde toute sa légitimité tant qu’il ne va pas à l’encontre du bon sens, et si cela ne vous suffit pas, ma parole est au-dessus du protocole.

    — Bien Majesté, répondit-il en baissant la tête.

    — Alors, demanda la reine pour le sortir de son embarras, où en sommes-nous ?

    Le vieil archimage releva la tête avec gravité :

    — Nous avons réussi, répondit-il sans pouvoir contenir un sourire. Nous avons mis au point un sortilège capable de détruire le démonium en un instant.

    — Félicitation. Je savais que vous y parviendriez, je n’avais absolument aucun doute là-dessus.

    — Merci Majesté.

    — Est-ce un sortilège qui demande une longue préparation ou pourrions-nous l’utiliser à n’importe quel moment sur le champ de bataille ?

    — Non, il pourra être lancé à tout moment.

    — Excellente nouvelle. Et à combien estimez-vous son taux de réussite ?

    — Je pense pouvoir dire sans me tromper qu’il est infaillible. Une fois lancé, aucune arme ou armure en démonium n’en réchappera.

    — Je suis très satisfaite de votre travail. Vous êtes allé bien au-delà de mes espérances. Grâce à vous la guerre sera rapidement un mauvais souvenir, j’en suis sûre.

    — Merci, ma reine, mais ne chantons pas victoire trop tôt. Vixar n’est pas un adversaire ordinaire. Il faut s’attendre à quelque traîtrise de sa part, et ce, malgré la perte de l’une de ses cartes maîtresses.

    La reine soupira :

    — Oui, je ne le sais que trop bien, mais un peu d’optimisme ne peut nous faire de mal.

    — L’optimisme ne fait pas gagner de guerre, la lucidité si.

    — Maître Yoris, l’optimisme ne fait peut-être pas gagner des guerres, mais elle donne la force de se battre. Une armée partant combattre sans la certitude de vaincre est battue avant même le début de la bataille.

    — C’est, ma foi, vrai.

    — Bien, vous pouvez vous retirer.

    Il plaça son poing droit sur son cœur, puis se retira de sa lente démarche de vieil homme accablé par les ans. La reine se replongea avec assiduité dans son rapport, pourtant, au bout d’un moment, elle le reposa près d’elle. Malgré l’excellente nouvelle apportée par maître Yoris, elle ne pouvait se défaire d’un mauvais pressentiment. 

    À Gaïannia, à la Citadelle (QG de l’Organisation).

    Sylvestre tenta de parer l’attaque en levant désespérément sa rapière, mais le coup de pied qu’il reçut à l’estomac, bien que retenu par son adversaire, l’envoya roulé-boulé contre le mur derrière lui. Il essaya rapidement de se relever, mais la douleur à l’estomac était bien trop forte. Il tituba, puis mit un genou à terre en gémissant. Avant qu’il ne puisse faire le moindre mouvement, il sentit l’acier glacé d’une lame se poser sur sa gorge dénudée.

    — Et voilà, tu es mort pour la trente-septième fois aujourd’hui, s’écria son adversaire en retirant l’arme de son cou et en lui tendant la main.

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