Le Banc publie: Roman
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À propos de ce livre électronique
Le Banc publie est un roman assez original étant donné le style employé par l’auteur.
Il donne au lecteur, et c’est le but recherché, une idée forte de ce qui peut se passer dans un parc public.
Des romances, des drames, des retrouvailles mais aussi des moments de pure merveille que l’auteur a essayé de capter et de traduire, après des séances d’observation et de promenades dans tous les recoins d’un grand Parc à Bruxelles.
Le « Banc » parle comme s’il était le troisième personnage que l’on ne voit pas mais sur lequel on est assis pourtant.
Il a ses amis, ses couples préférés et participe pleinement aux humeurs de ses visiteurs en s’insérant pour un moment dans leur profonde intimité.
Une traversée dans les années, les grands événements et les rencontres avec un point de vue original !
EXTRAIT
Le bruissement continu des coulées d’eau suintant entre des rochers taillés par une érosion continue, ajoute une note gaie et tout dans le parc devient alors sujet à spectacle que l’on admire éperdu d’envie et d’émotion. Comme je ne suis pas éternel, puisque maintes fois sur le qui-vive pour des prévisions d’agrandissement, de réfection qui risqueraient de me mettre aux oubliettes au profit de design plus appropriés, je n’ai dû mon salut qu’à de vifs comités de soutien arguant que ma vieillesse en rajoutait à mon charme. Et plus disaient-ils, on se plaisait toujours et encore plus fort à me regarder, m’apprécier, symbole d’une histoire intacte tracée en des instants inédits.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mamadou Fakaly DOUMBOUYA est un écrivain Sénégalais, syndicaliste et consultant qui a été très tôt intéressé par la littérature.
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Avis sur Le Banc publie
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Aperçu du livre
Le Banc publie - Mamadou Fakaly Doumbouya
Au commencement de l’histoire…
Le Boulevard du Souverain enfoui dans la neige en cette nuit d’hiver de Décembre 1943 ne payait pas de mine.
On ne voyait qu’un sentier interminable bordé d’arbres dégarnis, un spectacle hideux qui effrayait les rares personnes qui le longeaient, pressées de rentrer chez elles.
Aucun bruit, partout des flocons blancs, ils se déversaient à un rythme soutenu que rien ne paraissait altérer.
La nuit avancée semblait interminable, couvrant les quelques réverbères dont la pâle lumière, escortait de temps en temps des ombres diverses qui furtivement se relayaient dans la froideur glaciale de ces instants de détresse.
La guerre un peu partout en Europe faisait rage, les déportations prenaient des allures dramatiques dans des wagons bondés vers des destinations inconnues.
Chaque Bruxellois ressentait du fond de lui-même cette impuissance désolante et continue qui avait gagné tout le pays.
Les innombrables restrictions accouchaient des espaces vides d’habitations dans plusieurs circonscriptions de la Capitale.
Privés de pain et de nourriture, d’autres s’étaient déportés dans les marais et zones humides pour cultiver des périmètres de pommes de terre in – dispensables à leur survie.
D’ailleurs, la production vint à manquer de par les prélèvements injustes et démesurés de l’Occupant.
Il s’arrogeait tous les droits…
Dans les Communes, les noyaux de résistance organisaient des raids solitaires sans pour autant faire prendre une quelconque modification à la stratégie imposée par l’ennemi.
Des éléments du Front de l’Indépendance, fatigués par une longue nuit d’embuscade dans les marécages, s’étaient laissé prendre au piège de l’Envahissant, subissant ainsi de lourdes pertes.
Les coups de feu, les rafales des mitraillettes dans des pétarades continues faisaient mouche à chaque fois dispersant ces hommes intrépides et courageux qui se battaient avec l’énergie du désespoir.
La lutte avait été rapide, sanglante, les corps à corps épiques dans le froid glacial alors que la neige abondante empêchait toute souplesse des gestes à rendre coup par coup.
Le reste de la troupe dut battre en retraite, poursuivi par des détachements montés. Ils tentaient de les cerner avec pour mission d’en prendre quelques-uns, vivants.
Les Résistants avaient deviné la stratégie de l’ennemi. Comme signal donné par le peloton de tête, ils s’enfoncèrent dans la vallée, longeant les marécages glacés.
Ils avançaient péniblement, leurs lourdes bottes s’enfonçaient dans la neige molle, ils haletaient, la bouche entrouverte à la recherche d’un second souffle qui venait par saccades, créant des toussotements continus qu’on essayait d’étouffer sans succès, la poitrine en feu, le cœur au bord des dents.
Il n’y avait pas de vie aussi loin que leurs yeux fatigués perçaient le paysage à la recherche d’un quelconque abri.
L’homme gémissait doucement, étendu sur la charrette cahotante qui avançait péniblement, suivi de quelques éléments, fusils à la main prêts à en découdre s’il le fallait encore.
Une balle perdue lui avait transpercé la poitrine, des caillots de sang entachaient sa chemise qui avait connu des jours meilleurs, il respirait, la bouche ouverte aspirant l’air froid que ses narines essayaient désespérément de happer.
On ne parlait pas, on pressait le pas avec le moins de bruit possible et comme dans un ballet minuté, les gestes devinrent mécaniques, la peur et l’inquiétude cohabitant côte à côte dans la nuit glacée.
Brusquement, des tirs éclatèrent brisant le silence, des bruits furtifs d’ailes les frôlèrent les forçant à plonger dans la neige s’en remettant à l’énergie du désespoir.
Ils rampaient mètre par mètre délaissant la charrette enfouie dans un coin sombre de cette zone humide.
L’homme savait ce qu’il lui restait à faire…
D’une main ankylosée, il prit le fusil qu’on lui poussait sans paroles, il sentit que ses camarades allaient le lâcher.
C’était prévu par le code, cela aussi, il le savait.
Résolument, il se tint prêt, face à son destin.
******
Sa blessure profonde avait cessé de saigner, une sorte de chancre entourait la plaie dans cette région du cœur qu’il ne sentait plus.
Péniblement, il dut faire un effort terrible pour rouler sur lui et tomber lourdement sur les roseaux qui couvrirent le bruit de sa chute.
Il se dit qu’il allait mourir, que sa dernière heure sonnait lentement telle une cloche centenaire dans une abbaye de campagne, il s’agrippa à son fusil sentant ses forces lui manquer.
Ses yeux se fermèrent un instant, il tenta de les rouvrir sans succès et brutalement une torpeur profonde engourdit ses membres.
Au prix d’un effort surhumain, il tâta de sa main libre l’espace réduit, trouva un tronc d’arbre dur, s’y adossa pour tenter de se relever, ses jambes se plièrent, il retomba lourdement sur le sol, son fusil lui échappant.
Il respirait à grands coups, des battements d’ailes de chauves-souris au-dessus de sa tête lui rappelant qu’il n’était pas loin de l’étang, il se figea, incapable de faire un mouvement de plus.
Le cœur en feu, il attendait la fin à demi inconscient…
******
Une faim tenace réveilla La jeune fille, couchée sur une paillasse dans un coin de la cabane.
Le ronflement de son père lui parvenait de l’autre pièce, régulier, accompagné parfois de quelques quintes de toux qui ne l’empêchaient pas pour autant de replonger dans son sommeil.
Là, tout près des bosquets, de petites habitations avaient surgi à la hâte loin de la famine qui harcelait tous les grands quartiers de Bruxelles.
Elle se frotta les yeux, grelottant de froid, rejeta la couverture rapiécée dont elle se servait encore, s’étira un court instant avant de se lever lentement comme invitant chaque membre de son corps à répondre à ses injonctions.
Elle marchait sur ses vingt ans mais n’en paraissait que dix-huit avec cependant une audace qui en disait long sur ses capacités à poser des pièges un peu partout.
Il ne se passait pas un jour sans qu’elle n’apportât une poule d’eau ou un colvert solitaire.
La jeune fille ouvrit la porte dans un grincement, elle prit son panier avant de s’enfoncer résolument dans le sol humide à la recherche de la pitance du matin.
La lumière du jour naissant créait une sorte de bulle dans le brouillard grisâtre, ses petites bottes piétinaient rageusement les hautes herbes et chaque minute, elle rajustait son châle qui ne la protégeait que peu du froid ambiant.
Après quelques minutes de marche, elle bifurqua et rapidement prit la direction des marais.
Malgré le brouillard qui faisait écran à chacun de ses pas, la jeune fille ne ralentissait pas sa cadence, pressée de se retrouver dans son univers quotidien.
Endurcie par les souffrances, les privations et cette existence dure dans cette humidité, obligée de vivre misérablement à l’écart des autres, elle était devenue rapidement adulte, formée par les vicissitudes de la misère.
Lorsqu’elle vit un peu plus loin une forme recroquevillée sur elle-même, elle s’arrêta tout d’un coup, recula de quelques mètres puis rapidement se cacha derrière des ronces, intriguée.
Son cœur battit la chamade, elle voulut retourner sur ses pas, son ventre gargouilla lui rappelant qu’elle n’avait rien pris depuis la veille, son regard se brouilla un instant, de sa main libre, elle s’essuya le visage puis se reprit.
Des gémissements lui parvinrent, de petits cris de douleur qui dans la brume du matin semblaient irréels.
La jeune fille retint sa peur, se découvrit puis lentement marcha en direction de la chose diffuse qu’elle ne pouvait pour l’instant définir vraiment.
Quand elle s’en approcha, son sang se glaça dans ses veines, de profondes taches noirâtres ornaient la chemise blanche d’un inconnu qui gisait à demi inconscient.
Ce n’était pas un Allemand se dit – elle en l’observant de plus près, rassurée, sûrement un élément de la résistance armée dont son père parlait depuis peu.
Elle eut un instant de panique, regarda l’homme dont les lèvres ouvertes semblaient réclamer une aide compréhensible.
Elle vit le mouvement de sa main cherchant désespérément un fusil qui était pourtant à quelques mètres de lui, les yeux fermés, le visage révulsé par la douleur.
Dans un sursaut de pitié, elle prit son châle, lui couvrit la moitié du corps, tapota doucement sa joue rugueuse
Le blessé entrouvrit les yeux, s’agrippa à sa main qu’elle sentait glacer, mais ferme. Elle la lui laissa, émue et profondément bouleversée par cet instinct de survie qui reprenait ses droits dans ce corps alangui.
Pendant un instant, elle ne sentit rien d’autre que cette volonté du désespoir de vivre que l’inconnu lui communiquait dans un langage muet.
II inondait toute la pensée de la jeune fille.
Elle se laissa aller à une profonde compassion teintée d’une admiration sans bornes pour ces hommes de tous les âges qui défiaient à chaque instant un ennemi aussi puissant.
Dans son cœur, une sourde révolte bourdonnait, des larmes lui vinrent aux yeux et soudain elle se sentit plus proche que jamais de ce combattant qui luttait désespérément pour sa survie.
Brusquement, elle se rendit compte que si elle le laissait dans la neige qui ne cessait de tomber, il risquait de mourir ou d’attraper plus tard une méchante pneumonie.
Elle ne voulait pas qu’il meure, il était si jeune…
Les yeux pleins de larmes, elle pivota lentement sur elle-même, son regard fouillant entre les arbres à la recherche d’un refuge provisoire.
Tout était désespérément vide…
Elle sentit un désespoir immense l’envahir, elle invoqua silencieusement la clémence des cieux pour cet homme dans le besoin.
Elle se souvint de ces phrases rituelles que son père prononçait à voix haute en plein désarroi, elle n’essaya pas d’en savoir plus, ses lèvres s’articulèrent d’un doux murmure, tout lui revint.
Comme dans un rêve, la jeune fille vit une image nette derrière les fourrés en face du vieux moulin en ruine…
Oui, ce banc enfoui dans les rosiers et les arbrisseaux buissonnants…
Mon Dieu ! Comment faire pour l’y transporter ?
Est-ce qu’elle pourrait ?
Il était si mal en point…
Instinctivement, elle lui chuchota :
Il semblait comprendre, sa main se décrispa comme si cette phrase combien ragaillardissant détenait toute une promesse de vie.
Elle s’agenouilla, passa sa main autour de la taille de l’inconnu, le souleva de toute sa force, il poussa un petit cri