Sous les sables d'Afghanistan: Un récit oriental riche en aventures
Par Jack Chaboud
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À propos de ce livre électronique
Parce qu'il aime une nomade aux yeux dorés,
parce qu'il veut la revoir au mépris de toute prudence,
parce qu'un lien étrange les unit,
parce que des aventuriers l'entraînent dans leur quête d'un trésor enfoui dans une cité souterraine,
Ayoub affronte une suite d'épreuves hors du temps et du monde, dans l'éblouissement de la rencontre d'extraordinaires femmes immortelles.
Le jeune Afghan viendra-t-il à bout de son périple ? Retrouvera-t-il celle qu'il aime ? Plongez sans attendre dans ce roman jeunesse captivant.
EXTRAIT
– Une fille du vent ! murmura Roya, en pressant la main d’Ayoub.
Un bruit diffus s’insinua dans l’esprit du garçon, se transforma en une rumeur, soudainement couverte par un insoutenable roulement de percussions. Plié en deux par la douleur, Ayoub tenta de seboucher les oreilles. Nour semblait ressentir les mêmes effets. Roya avertit le garçon :
– Les voilà.
Le silence se fit dans la tête d’Ayoub et aussitôt, des profondeurs de la salle, monta cette plainte monocorde que le groupe avait entendue dans la nuit.
– Fermez les yeux ! s’écria Nour, l’apparition des filles du vent est un spectacle que vous ne pourrez soutenir !
Tous obéirent et détournèrent la tête, y compris Roya. Une lumière intense inonda cependant l’obscurité de leurs paupières closes. Ayoub sentit la main de la jeune fille qui cherchait à le rassurer. Il entrouvrit les yeux et se retourna. Un groupe de femmes s’approchait d’eux.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Le plaisir du texte reste intact, et ce côté oriental teinte d’une touche « Mille et une Nuits » Sous les Sables d’Afghanistan. - Sophie Pilaire, Ricochet
A PROPOS DE L'AUTEUR
Né à Lyon en 1943, Jack Chaboud est diplômé en sciences politiques et en lettres. Après avoir travaillé durant de nombreuses années dans l'industrie pétrolière, il se consacre à l'écriture et à l'édition, tout en s'investissant dans différentes activités associative.
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Aperçu du livre
Sous les sables d'Afghanistan - Jack Chaboud
d’Afrane.
1
Le soleil se cachait entre deux hautes vagues de dunes, qu’il incendiait de rouge. Une caravane n’en finissait pas de défiler, au rythme des cris des chameliers qui fusaient d’un nuage de poussière. Le martèlement des sabots tambourinait sur les pierres de l’entrée du caravansérail.
Assis devant son échoppe, maître Hosseini, le bijoutier, souriait à la vue de son apprenti Ayoub, le meilleur des jeunes chenapans qu’il ait formés, mais pas le plus modeste. Le garçon le quitta soudain en toute hâte pour rejoindre ses admirateurs : Daoud, petit et fluet, qui soignait les chevaux d’un éleveur, et Shir Ali, le dodu, qui servait dans « la maison de thé ». Excités par l’irruption de la caravane, ils se plantèrent devant le flot des arrivants.
Les nomades s’installèrent. Des feux s’embrasèrent. Les flammes révélaient les dominantes rouges, jaunes ou noirs, des robes portées par des femmes grandes et belles. Dans le cliquetis de leurs bijoux doucement balancés, deux d’entre elles déroulèrent des tapis aux décors de fleurs. Des pipes à eau sortirent des tuniques. On déchargea les ballots d’étoffes et les couffins. On détacha les jarres de beurre des flancs laineux des chameaux. Bientôt, l’odeur de la viande de mouton cuisant dans le riz imprégna l’air figé de la cour. Ayoub cherchait, dans la troupe des cuisinières, la fine silhouette d’une fille de son âge. Une fille aux yeux dorés.
L’année précédente, elle lui avait offert une orange, avant de s’enfuir dans un éclat de rire. Mais il s’était passé autre chose, dont il n’avait jamais parlé à personne, pas même à son maître respecté. La fille lui avait parlé dans sa tête. Il avait d’abord reconnu son rire léger, puis il avait entendu :
– Tu es comme moi, tu peux écouter les voix de l’intérieur. Elles nous parlent de loin.
Il l’avait alors cherchée des yeux, mais, ne la trouvant pas, il avait tenté de lui répondre de la même façon. Sans autre résultat que de déclencher à nouveau son rire cristallin :
– Pas si vite ! Tu peux entendre, c’est déjà bien. Tu parleras plus tard, quand nous serons réunis. Parce que nous serons réunis. Sois-en certain.
À ce moment là, comme un flot de parasites dans une émission de radio, des paroles indistinctes et le bruit croissant d’un tambour avaient couvert la voix de la fille. Il était demeuré longtemps à attendre d’entrevoir sa silhouette au bord d’une tente, ou d’entendre à nouveau l’appel de sa voix. Mais plus rien n’était venu.
La fille aux yeux dorés n’était pas là. Ayoub abandonna ses amis pour retourner auprès de son maître. Le bijoutier n’avait pas bougé. Le garçon lui demanda :
– Maître, d’où viennent les caravanes ?
– Elles sont issues d’un passé lointain et de cités merveilleuses dont les noms nous font rêver : Loulan, Turfan, ou Taklamakan… Elles viennent du temps où les hommes et les femmes ont commencé à échanger des regards, des paroles, des promesses, des étoffes, et bien sûr… des bijoux.
Maître Hosseini avait prononcé ses derniers mots sur un ton amusé, qui fit baisser le regard de son apprenti. Le vieil artisan pensait à la broche aux pétales de rose qu’Ayoub avait passé des heures à marteler, ciseler et sertir d’une améthyste. Un bijou que l’apprenti tournait et retournait dans sa poche de chemise, depuis que la caravane était arrivée.
Ayoub insista en désignant la cour :
– Et cette caravane ?
– Ceux qui la composent sont libres comme l’air ; ils vont sans hâte, loin des villes et des guerres. Ils forment les maillons d’une chaîne qui les unit à tous leurs semblables du passé et de l’avenir.
Maître Hosseini eut pitié de son élève. Il considéra un moment la silhouette mince et nerveuse de son apprenti, son visage fin au nez légèrement busqué, ses yeux aussi sombres que ses cheveux. Enfin, le vieil homme ajouta :
– Celle que tu attends ne viendra pas. Sa famille a suivi un groupe qui campe cette nuit dans la vallée. Sois patient, elle reviendra l’année prochaine !
Ayoub ébaucha un vague geste d’indifférence. La patience et la douceur n’étaient pas ses points forts. Il répondit soudain :
– Et si j’allais là-bas ?
– Aucun véhicule ne prendra la route de la vallée aujourd’hui, demain ou après-demain.
– Et si je coupe par la montagne ?
– Tu n’y penses pas, Ayoub djan* ! Il faut passer par la cité du diable ! As-tu envie de devenir une âme errante.
– Je n’ai pas peur.
– Voyez-moi ce jeune vantard !
Ils restèrent longtemps sans parler, loin des rumeurs environnantes, jusqu’à ce que la pétarade de son échappement libre annonçât l’arrivée d’un camion. Dans les grincements du changement de vitesses, le véhicule bariolé fit irruption dans la cour. Sa carcasse fatiguée s’arrêta avec peine, ployant sous sa surcharge d’hommes et de marchandises.
Ayoub s’amusa un instant à observer les voyageurs qui descendaient du toit du camion, courbés sous le poids de leurs bagages, dans le balancement de leur turban blanc.
L’apprenti abandonna bien vite ce spectacle. Il traversa la cour et convoqua Daoud et Shir Ali d’un claquement de doigts impérieux.
La découverte des décorations des camions faisait l’objet d’un divertissement de choix pour eux. Ils s’assemblèrent devant le nouveau venu pour admirer les peintures ornant ses flancs. Sur un côté, des versets du Coran s’intercalaient entre la mosquée de Mazâr i Sharîf, des oiseaux multicolores et le minaret de Djâm. Sur l’autre, un train à vapeur comme il y en avait encore en Inde rivalisait avec des fleurs, un combat entre des tanks et des hélicoptères, et un landaï** :
Je me suis faite belle dans mes habits usés,
comme un jardin fleuri dans un village ruiné.
Comme à chaque fois qu’il y avait une telle affluence, on faisait moins attention à eux. La petite bande allait pouvoir s’adonner en cachette à son jeu favori : un bouzkashî***. La compétition les opposait toujours aux trois fils d’Abdul Khan, le « marchand de tout », qui vendait aussi bien de l’essence que des munitions ou du thé.
La partie se jouait au lever du soleil, avec des chevaux que Daoud « empruntait » à l’écurie de son patron. L’arbitre était Youssof, qui ne pouvait pas jouer car il avait eu une main arrachée par une de ces mines en plastique semblables à des jouets, parachutées autrefois dans les campagnes par les hélicoptères soviétiques. Bien entendu, le champion était toujours Ayoub, car Daoud, meilleur cavalier que lui, se sacrifiait souvent pour son chef.
Dès les lueurs hésitantes du jour, arbitre et joueurs se retrouvèrent sur le petit plateau distant de quelques kilomètres du caravansérail. Comme d’habitude, les adultes étaient au courant. Mais seul l’aîné des fils d’Abdul Khan le savait. Le marchand leur passait tous leurs caprices, et s’il y avait un problème, il était toujours prêt à payer.
Daoud sortit les chevaux, aidé de Youssof et Shir Ali. Les fils du commerçant apportèrent des boissons et la masse de sable cousue dans une étoffe matelassée, qu’ils allaient se disputer comme s’il s’agissait de la dépouille utilisée par les champions turkmènes.
Mais ce jour-là, Ayoub joua avec une maladresse incroyable.