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Bouddha Boudoir: Un roman feel good
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Bouddha Boudoir: Un roman feel good
Livre électronique148 pages2 heures

Bouddha Boudoir: Un roman feel good

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À propos de ce livre électronique

Virginie Baudet est serveuse au Bouddha Boudoir, un bar branché de la capitale dont la déco regorge de bouddhas. Elle a beau y travailler depuis cinq ans, elle ne s’est jamais demandé ce qui se cache derrière ces statues nonchalantes au petit sourire en coin.

Elle décide soudain de mener l’enquête avec le seul outil qu’elle ait à sa disposition : internet. Après avoir dévoré des blogs spirituels plus ou moins douteux, Virginie croit deviner que la méditation est le meilleur moyen d’entrer en contact avec Bouddha. Elle se met alors à méditer, avec acharnement mais sans grand succès. Lorsque les méditations guidées de YouTube ne suffisent plus, Virginie s’aventure dans les cours de gourous plus farfelus les uns que les autres.

Au fil d’enseignements suspects et de rencontres improbables, Virginie change pourtant peu à peu de regard sur son copain Lucas, son patron Jack, sa collègue Magalie et sur tout ce qui l’entoure. C’est alors qu’une voisine en détresse lui présente un guide spirituel des plus inattendus sous les traits d’un enfant de 4 ans.

En s’engageant sur le chemin de l’Éveil, Virginie ne se doute pas des conséquences sociales qu’implique un tel voyage. Et si la pleine conscience était aussi le début de la fin ?

Un roman décapant qui interroge les codes sociaux et vous assure de passer un bon moment !

EXTRAIT

Je m’appelle Virginie Baudet. J’ai vingt-cinq ans et j’étais serveuse dans un bar. Le bar en question s’appelle le Boudha Boudoir. J’ai été serveuse là-bas pendant plusieurs années, cinq précisément. Et je n’ai rien vu venir. Franchement, je n’ai pas calculé l’enchaînement des événements et je ne sais plus exactement comment tout ça a commencé. Mais si je me souviens bien, c’était un soir de service. Un soir comme un autre.
Au Boudha Boudoir, je faisais des horaires de nuit, de 18 heures à 4 ou 5 heures du mat’ en général. C’est un bar branché du 11e arrondissement de Paris. Et tous les soirs c’est plein. Et toute la déco, c’est des boudhas. Juste des boudhas. Partout des boudhas. Que des boudhas.
Les gens adorent cet endroit, ils adorent les boudhas. Ils sont même prêts à payer trente balles un cocktail juste parce qu’il y a des boudhas. Ça doit les détendre de boire avec l’approbation d’une divinité. Finalement c’est décalé, c’est un peu comme si on se mettait une murge avec le Christ dans un igloo. Pourquoi pas.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Une Bridget Jones à la française, en somme, et qu’on prendrait bien comme copine. - Céline Vivier, Livres et Fourneaux

Le ton est simple, naturel mais travaillé aussi, et on le perçoit dès l’incipit. - Daniel Fattore

Ce roman est époustouflant du début à la fin. Une véritable tornade. - aumilieucoule.org

J’ai refermé ce livre avec le sourire aux lèvres. - Annedu34, Babelio

À PROPOS DE L'AUTEUR

Elsa Levy a plus d’une corde à son arc. Auteur d’un essai remarqué intitulé Je de société en 2015, elle a aussi écrit des billets d’humeur, tenu un blog et même rédigé des piges sur la thématique environnementale. Elle est également plasticienne et comédienne. À travers ses multiples réalisations artistiques, elle questionne de façon impertinente et radicale la comédie des apparences en société.
LangueFrançais
ÉditeurIntervalles
Date de sortie14 juin 2017
ISBN9782369561576
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    Aperçu du livre

    Bouddha Boudoir - Elsa Levy

    Leah

    Je m’appelle Virginie Baudet. J’ai vingt-cinq ans et j’étais serveuse dans un bar. Le bar en question s’appelle le Bouddha Boudoir. J’ai été serveuse là-bas pendant plusieurs années, cinq précisément. Et je n’ai rien vu venir. Franchement, je n’ai pas calculé l’enchaînement des événements et je ne sais plus exactement comment tout ça a commencé. Mais si je me souviens bien, c’était un soir de service. Un soir comme un autre.

    Au Bouddha Boudoir, je faisais des horaires de nuit, de 18 heures à 4 ou 5 heures du mat’ en général. C’est un bar branché du 11e arrondissement de Paris. Et tous les soirs c’est plein. Et toute la déco, c’est des Bouddhas. Juste des Bouddhas. Partout des Bouddhas. Que des Bouddhas.

    Les gens adorent cet endroit, ils adorent les Bouddhas. Ils sont même prêts à payer trente balles un cocktail juste parce qu’il y a des Bouddhas. Ça doit les détendre de boire avec l’approbation d’une divinité. Finalement c’est décalé, c’est un peu comme si on se mettait une murge avec le Christ dans un igloo. Pourquoi pas.

    Et ce soir-là, moi, comme d’habitude, je servais les clients. Ils étaient installés dans des sofas en velours violet. Entre de gros coussins roses. Avec des Bouddhas brodés dessus. Brodés d’une sorte de fil d’or, mais en toc. Dans n’importe quel autre endroit on trouverait ça de mauvais goût, les canapés en velours violet et les coussins rose bonbon, mais là, avec des Bouddhas dans chaque recoin du bar, tout le monde trouve ça charmant. C’est vrai que c’est pas laid. Je crois que c’est même ce qu’on appelle du design, en tout cas ils ont payé une designer une blinde pour faire la déco.

    Aux toilettes aussi il y avait des Bouddhas. Partout, au-dessus de la chasse d’eau, en porte-savon, gravés dans le sol, autour des miroirs. Un jour, je les ai même comptés. Rien que dans le hall d’entrée, entre les grandes statues, les miniatures, les dessins, les tapisseries, il y a dix-sept Bouddhas. Rien que pour le hall. Et je ne compte pas les logos sur la carte des boissons, les verres, les plateaux, les cartes de visite, etc. Alors dans un bar sur trois niveaux, je vous laisse deviner l’ampleur du truc. Ça en deviendrait presque anxiogène. Surtout que même si Bouddha est une sorte d’adepte du silence, au bar, tous les soirs on avait un DJ qui passait de la musique à plein volume. Et si on voulait, on pouvait même acheter la compil’ de Bouddha. Une hôtesse la vendait à l’entrée. L’hôtesse d’accueil, elle, elle devait même se coller un sticker rouge sur le front, à l’emplacement du troisième œil. Heureusement, moi je n’étais pas obligée. Mais le pire, c’est que ça lui allait bien, à la nana, son truc collé sur le front.

    Ce qui est bizarre, c’est que je me suis retrouvée au Bouddha Boudoir comme j’aurais pu me retrouver à être serveuse dans une brasserie ou une pizzeria. Je suis passée devant un jour, par hasard – enfin je dis ça, mais je sais très bien qu’il n’y a aucun hasard –, et j’ai juste trouvé le nom sympa à prononcer. C’est tout. Bouddha Boudoir, c’est joli. « Tu bosses où ? » « Moi ? Au Bouddha Boudoir. » Ça pète bien, non ?

    Alors je suis entrée et ils m’ont embauchée en me demandant de commencer le soir même. Quand on travaille entourée d’autant de Bouddhas, au début on n’y fait pas vraiment attention. Franchement ça aurait été des cygnes empaillés, des canards en bois ou des statues d’art contemporain, pour moi c’était pareil. Je me concentrais sur le service, les clients, le nettoyage, le boulot, quoi. En fait, les Bouddhas, on ne les voit même pas, ils font partie du mobilier. D’ailleurs ce sont des meubles ! Juste après le hall, il y a un Bouddha qui fait office de commode, à l’angle. Il a des tiroirs sur les côtés et on y range les clés, les pass, les cure-dents aussi. Et moi, honnêtement, je n’en avais rien à cirer non plus de l’aspect divin du truc. Je voyais juste une sorte de grosse feignasse souffrant d’obésité morbide, toujours en tailleur, les yeux fermés, l’air constipé. Surtout celui qui est installé à l’entrée des chiottes, ça donne le ton quand même. De toute façon, je crois que je n’ai jamais aimé la tête de Bouddha. Elle ne me revenait pas. Je ne sais pas, mais ce n’est pas mon truc. Parfois j’avais carrément envie de l’insulter. Genre, j’avais envie de lui gueuler dessus « Allez, debout, Bouddha ! Bouge ton cul ! ». C’est vrai, il prend une place pas possible, et c’est horripilant, en tant que serveuse, d’avoir à courir dans tous les sens comme une damnée et de voir ce couillon assis là continuellement, en tailleur, avec son petit sourire en coin. À la fin je prenais ça pour de la provocation. Et en un sens, c’est de la provocation. On n’a pas tous le luxe de pouvoir passer sa vie assis, le crâne rasé, sous un arbre.

    Donc, en gros, au bout de cinq ans, Bouddha me sortait par les yeux. Parce que contrairement à lui, moi je les avais bien ouverts, les yeux. Justement. Ce soir-là, je devais courir plus que d’habitude parce que Magalie, la nana qui bossait avec moi au premier étage, était malade. Elle aussi, elle devait se faire des overdoses de Bouddha. Du coup, j’avais demandé à mon responsable Jack – en fait il s’appelle Jean-Jacques, je l’ai vu sur sa carte d’identité une fois, mais pour se donner un genre, il se fait appeler Jack ; il se la joue pas mal avec ses cheveux en bataille et sa petite moustache. Il faut dire qu’il est bel homme, et dans d’autres circonstances il aurait pu me plaire… Bref, j’ai demandé à Jack qu’on ajoute quelqu’un avec moi à l’étage, car sinon c’était ingérable. Surtout un samedi soir. Le samedi soir, c’est du non-stop. Surtout que moi je ne sais pas faire les cocktails, du coup à chaque commande je devais aller soit au bar du rez-de-chaussée, soit à celui du deuxième étage pour récupérer les commandes. Et toute la soirée, cet emplumé de Jack m’a fait croire qu’une extra allait arriver d’un instant à l’autre. Alors qu’en fait, à 23 heures j’étais toujours toute seule, et là j’ai bien compris qu’il me baladait.

    Il m’a filé un coup de main rapide le temps que je puisse aller me griller une clope dans la cour de derrière. D’ailleurs, même dans la cour – pourtant les clients n’y ont pas accès – le cendrier, c’est un gros Bouddha. On écrasait nos cigarettes sur son crâne en résine. J’ai fumé deux clopes d’affilée et je suis vite remontée. Sauf qu’en partant, j’ai fait un faux mouvement, je ne sais pas comment, mais j’ai accroché le coude du Bouddha-cendrier avec mon collant. Au niveau du genou. Parce qu’au Bouddha Boudoir on est obligées de travailler en jupe. Et en talons aussi. Il y a des filles que ça dérange, mais moi ça m’est égal. En tout cas, j’avais complètement filé mon collant à cause d’un morceau de résine mal poncé, et j’avais un trou énorme. La preuve, on voyait davantage la couleur de ma peau que celle du collant tellement la fibre s’était désagrégée. On aurait dit qu’elle s’était évaporée.

    Toujours est-il que je ne pouvais pas continuer le service avec ce collant, c’était un truc à se faire virer, du coup je suis remontée, j’ai prévenu Jack que je devais faire un rapide détour par les vestiaires pour me changer et j’ai pris l’ascenseur de service pour aller au deuxième sous-sol. C’est là que se trouvent les vestiaires.

    En arrivant en bas, j’ai longé le couloir qui mène aux casiers. C’est un long couloir mal éclairé, je n’aime pas du tout m’y retrouver seule. J’entre dans les vestiaires, j’ouvre mon casier et je le fouille dans tous les sens, mais manque de bol, je n’avais pas de collant de rechange. J’étais pourtant sûre d’en avoir mis un de côté. Du coup, j’enlève le vieux et je me dis que je vais finir mon service sans collant. Ça ne change pas grand-chose, en plus, j’étais à peu près épilée. Je dis à peu près parce que c’était pas nickel du jour même mais avec la lumière tamisée du bar on n’allait y voir que du feu. Je ferme mon casier, je ressors des vestiaires, je retraverse le couloir mal éclairé, et là, dans une petite alcôve avant l’ascenseur, un petit recoin dans lequel on range quelques cartons ou les stocks de serviettes neuves, des trucs comme ça, je vois un Bouddha cassé en deux. Posé là, tout seul, comme un con, la tête coupée. La tête posée au niveau de ses pieds. C’était assez impressionnant, en fait. Dedans c’était du plâtre. Je le regarde tout en appelant l’ascenseur. Et je ne sais pas ce qui m’a pris mais j’ai chopé la tête. La tête de Bouddha. Elle pesait une tonne, et je suis allée la mettre dans mon casier. J’ai bien fermé le cadenas et je suis remontée. Vraiment, je ne sais pas ce qui m’a pris.

    J’ai continué mon service en me demandant ce que je venais de faire. Je ne savais pas si c’était une grosse connerie ou si c’était juste drôle. Ou peut-être rien. En tout cas, j’ai fini mon service avec une certaine hâte et j’ai rangé la salle à toute berzingue. J’étais pressée de retourner aux vestiaires, prendre la tête de Bouddha et rentrer chez moi. Quand tout a été enfin nickel, il devait être environ 4 heures et demie du matin, j’ai signalé à Jack que j’avais terminé. Il m’a félicitée pour le service et il m’a donné une enveloppe. Dedans il y avait deux cents euros en cash pour me remercier de m’être démenée toute seule. Je n’aime pas quand il fait ça, j’ai l’impression d’être une pute. Deux cents euros c’est beaucoup quand même.

    Bref, je prends l’enveloppe sans me faire prier, je le remercie et je m’empresse de redescendre aux vestiaires. Je me suis dépêchée pour que personne ne me voie, il y a des caméras partout dans le bar, sauf au niveau des vestiaires. J’ai récupéré la tête de Bouddha, je l’ai emballée dans mon manteau et je suis sortie.

    J’ai pris un taxi devant le bar, comme d’hab’, on n’a pas trop le choix pour rentrer à 5 heures du mat’. Parfois on le partage avec Magalie, on n’habite pas loin, mais ce soir-là je n’avais personne avec qui le prendre. Il y a trois autres filles qui bossent au bar mais on ne se parle jamais. En fait on ne parle qu’avec la personne qui bosse au même étage. Parfois aussi, mon copain Lucas passe me chercher à scooter. Mais c’est rare. Lui travaille le jour, à La Poste. Il est au guichet. Donc c’est compliqué de se voir. Mais de temps en temps ça le prenait, il se levait tôt, on passait un moment ensemble et il partait travailler. Mais ce soir-là il ne devait pas venir. Et c’était mieux comme ça, j’avais envie de finir la nuit avec ce morceau de Bouddha. Le morceau le plus important, la tête.

    Une fois chez moi, j’ai posé la tête du Bouddha sur la table basse. J’étais en sueur, j’avais le bras en coton tellement elle était lourde. Parce que j’ai quand même six étages sans ascenseur à monter pour arriver dans mon appartement. J’étais tout excitée. Je trouvais ça dingue d’en avoir un chez moi. Je n’en revenais pas. C’est bizarre, mais de l’avoir ici, ça lui donnait de la valeur. Et à l’appart’ aussi, je crois.

    Je me suis assise sur le canapé et j’ai allumé une cigarette. J’ai fixé Bouddha au moins une heure. Peut-être plus, je ne sais plus. Pendant ce temps je fumais clope sur clope. Je ne sais pas pourquoi mais de l’avoir dans mon studio, ça changeait tout. Je le regardais d’un air intrigué, je crois que j’étais un peu émue. Je ne sais pas ce qui se passait dans ma tête exactement, ça se passait ailleurs, peut-être.

    Au bout d’un moment j’ai allumé mon ordi et je me suis mise à faire des recherches sur internet. Je ne suis pas très douée avec l’ordinateur, je n’aime pas trop ça, je n’y comprends rien. Ça faisait cinq ans que je bossais entourée de Bouddhas mais je n’avais jamais eu l’idée, ni même l’envie, de m’intéresser à lui. Et là, il fallait que je sache.

    Du coup, j’ai lu un tas de trucs, des blogs, des textes du dalaï-lama, j’ai visionné des tonnes de vidéos de méditation. Je voulais tout comprendre. Tout. Je me suis même retrouvée à dessiner des points de couleur correspondant aux chakras sur mon mur, celui

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