Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Trilogie Les gardiens du temps
Trilogie Les gardiens du temps
Trilogie Les gardiens du temps
Livre électronique595 pages7 heures

Trilogie Les gardiens du temps

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Coffret Trilogie - Les gardiens du temps
___

Tome 1 - Les perles du passé

Trois humains deviennent malgré eux protecteurs de perles possédant le pouvoir de voyager dans le temps. Pierre Laventure, Billy Swatch et Sara Quest tenteront de survivre à leur voyage inattendu de l’Égypte antique à la France déchirée par la grande Révolution.

Sauront-ils déjouer les plans machiavéliques des démons pour protéger ainsi le monde des humains et celui des dieux?
___

Tome 2 - Le grand livre d'incantations

L’aventure se poursuit: les gardiens du temps se sont vu confier la mission de retrouver le Gr and Livre d’incantations, livre précieux contenant tous les pouvoirs divins et risquant de tomber entre les mains des créatures ennemies. Égo et Maléasse convoitent justement ce trésor perdu afin d’assouvir leur soif de vengeance.

À nouveau, nos héros rencontreront maints obstacles disséminés entre la Grèce et Rome, en passant par la fabuleuse Atlantide.
___

Tome 3 - Les secrets d’Acamar

Dans ce dernier volet, Swatch, Laventure et Quest doivent porter secours à Élora, Godwill et Féléna, qui sont pris au piège. Seul un personnage mythique du nom de Acamar peut les aider. Mais un dieu à deux visages se met au travers de leur chemin, tandis que la démone prépare sa vengeance.

Les gardiens du temps devront affronter maints ennemis lors de leur nouvelle mission, qui les conduira du début du règne tourmenté de Louis XIV jusqu’à l’époque du savant Galilée, et des temps de Léonard de Vinci jusqu’au monde cruel des Vikings.

Parviendront-ils à accomplir leur mission tout en mettant un terme au règne du mal?
LangueFrançais
Date de sortie8 avr. 2020
ISBN9782898086502
Trilogie Les gardiens du temps
Auteur

Danny Rotondo

L’intérêt de Danny Rotondo pour le monde littéraire débute dès son très jeune âge. À seize ans, il écrivait déjà les bases de ce roman que vous tenez entre vos mains. Détenteur d’un DEC en lettres et d’une imagination débordante, il a travaillé comme animateur-intervenant durant 15 merveilleuses années qui l’obligèrent à écrire des thématiques et des histoires toute aussi folles les unes que les autres. Homme très généreux, il espère transmettre aux jeunes et aux moins jeunes l’étincelle de l’imagination, mais aussi la force de croire en eux.

En savoir plus sur Danny Rotondo

Auteurs associés

Lié à Trilogie Les gardiens du temps

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fantasy et magie pour enfants pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Trilogie Les gardiens du temps

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Trilogie Les gardiens du temps - Danny Rotondo

    Copyright © 2018 Danny Rotondo

    Copyright © 2018 Éditions AdA Inc.

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

    Éditeur : François Doucet

    Révision éditoriale : L.P. Sicard

    Directeur de collection : L.P. Sicard

    Révision linguistique : Nycolas Whiting

    Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Émilie Leroux

    Conception de la couverture : Mathieu C. Dandurand

    Photo de la couverture : © Getty images

    Mise en pages : Sébastien Michaud

    ISBN papier 978-2-89786-462-0

    ISBN PDF numérique 978-2-89786-463-7

    ISBN ePub 978-2-89786-464-4

    Première impression : 2018

    Dépôt légal : 2018

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives nationales du Canada

    Éditions AdA Inc.

    1385, boul. Lionel-Boulet

    Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada

    Téléphone : 450 929-0296

    Télécopieur : 450 929-0220

    www.ada-inc.com

    info@ada-inc.com

    Diffusion

    Participation de la SODEC.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Rotondo, Danny, 1973-, auteur

    Les gardiens du temps / Danny Rotondo.

    Édition originale : Berthierville, Québec : Éditions Mine d’art, 2015- .

    Sommaire : tome 1. Les perles du passé.

    Public cible : Pour les jeunes de 13 ans et plus.

    ISBN 978-2-89786-462-0 (vol. 1)

    I. Rotondo, Danny, 1973- . Perles du passé. II. Titre.

    PS8635.O75G37 2018                     jC843’.6                            C2017-942797-0

    PS9635.O75G37 2018

    À mon amoureuse et mes enfants.

    N’abandonnez jamais et croyez

    en tout ce que vous êtes.

    Accrochez-vous à vos rêves : tout est possible !


    Chapitre 1


    LES PERLES DU PASSÉ

    « Il fut un temps où les dieux étaient, pour la race humaine, des êtres réels vivant dans un autre monde que le nôtre. Les hommes leur avaient jadis attribué des pouvoirs magiques très puissants. Et comme chez les humains, il y en avait des bons et des mauvais.

    À la même époque, trois perles permettant le voyage dans le temps furent créées afin de changer le cours de l’histoire pour certains d’entre eux. C’est à ce moment qu’un affrontement sans précédent débuta. »

    Une épaisse fumée envahissait la pièce. L’odeur de cigare qui y planait étouffait Pierre Laventure, celui que l’on avait convié à une rencontre formelle. Il sentit ses yeux s’irriter sous l’effet de l’épais nuage de tabac brûlé. L’invité était appuyé au dossier de la chaise qu’on lui avait offerte à l’instant où il était entré dans l’immense pièce, et depuis, il prenait son mal en patience.

    L’autre personnage, dont les épaules larges débordaient de son dossier de chaise, occupait la place derrière un meuble antique et semblait indifférent à sa présence. Pierre attendait que son interlocuteur amorce la conversation et lui explique le but de sa visite.

    Pierre Laventure, historien et enseignant en archéologie, avait été convoqué pour évaluer des objets qui dataient, semblait-il, des temps immémoriaux. Il s’était rendu chez un collectionneur d’antiquités rares qui transigeait avec les musées du monde entier. Ce passionné de trésors ancestraux avait une attirance toute particulière pour les bijoux de grande valeur.

    Seule la respiration de l’archéologue semblait briser le calme de la pièce en se heurtant aux murs comme un écho. Il se croisa les doigts et les déposa sur ses genoux. Il se racla la gorge, espérant une réaction de la part de son hôte. Mais le maître des lieux ne broncha pas, car il portait son attention vers de vieilles photos échouées sur le dessus de son bureau. Au bout de quelques secondes, il tira une enveloppe d’entre les images et l’ouvrit puis replongea son regard dans une lecture qui rendit son invité perplexe.

    — Excusez-moi, fit Laventure avec découragement.

    L’homme leva son index droit, exigeant une attente supplémentaire. Pierre tapota du pied nerveusement et se mit à examiner la pièce qui avait disparu sous l’épaisse exhalaison que provoquait le cigare de son voisin d’en face.

    Sous la fumée dense se cachaient des tableaux d’une valeur inestimable et sur un socle trônait un vase chinois d’une époque révolue. La devanture du bureau était décorée des armoiries de la royauté française datant du XVIIe siècle.

    Laventure ne remarqua pas le musée qui l’entourait. Il était hypnotisé par la pointe du rouleau de feuilles de tabac se consumant lentement entre les lèvres de son hôte imposant. L’extrémité devint rouge vif, puis le cigare rendit l’âme. Alors, le maître des lieux laissa s’échapper de sa bouche un dernier nuage odorant qui fit presque s’étouffer l’historien.

    De sa main gauche, le colosse libéra ses lèvres et écrabouilla finalement le petit bâton cubain dans un récipient de marbre datant de la Grèce antique.

    L’homme se mit à parler enfin :

    — Je me présente : Maléasse Torgule. Je décide, je gère et je règle tous les problèmes qui concernent cette compagnie d’antiquités, qui m’appartient. Mais ce n’est pas pour vous parler d’actions que je vous ai fait venir ici, dit Torgule d’un air plus sévère.

    — « Torgule » ? J’ai beau chercher dans mes connaissances, je ne me rappelle pas avoir déjà entendu un nom semblable. Quelles sont vos origines ?

    — Hum ! C’est un nom très ancien. Il vient de Norvège, je crois, répondit Maléasse, visiblement pris au dépourvu par cette question.

    Pour détourner l’attention de Pierre Laventure, le maître des lieux prit un cliché d’une main. Il se leva à moitié puis se pencha par-dessus son bureau pour donner la photo à son invité, qui la saisit machinalement. Aussitôt, Torgule se laissa choir sur son siège, étouffant à nouveau les coussins remplis d’air qui faillirent exploser.

    Pierre regarda l’image, banale pour lui, mais qui semblait si importante pour Maléasse : une perle noire enchâssée dans une serre de condor en argent tenant, par son anneau, à un lacet de cuir brut. Il y en avait deux autres qui semblaient jumelles, mais blanches, et qui étaient voisines de la première, chacune retenue dans une serre d’aigle en or.

    — Vous ne reconnaissez pas les bijoux ? demanda le collectionneur.

    — Peut-être, fit l’universitaire d’un air désintéressé.

    Laventure laissa tomber la photo sur l’immense bureau en poussant un soupir d’impatience.

    Maléasse reprit doucement la photographie puis la redonna à son invité d’en face en disant :

    — Prenez-la de nouveau. Regardez-la bien, car c’est pour elle que je vous ai fait venir ici.

    Pierre hésita.

    — PRENEZ-LA ! s’exclama Maléasse Torgule avec des éclairs dans les yeux.

    Le chercheur s’exécuta avant d’être lui-même exécuté. Torgule continua plus calmement.

    — Merci. Je vous ai fait venir pour que vous retrouviez ces bijoux. L’argent n’est pas un problème pour moi.

    Laventure regarda la photo de nouveau tout en espérant que son hôte ne devinerait pas qu’il connaissait bien ces trésors.

    — J’ai eu des renseignements sur vous, Pierre Laventure. Votre réputation vous précède dans tout le pays ; ne faites pas semblant que ces bijoux vous sont totalement inconnus.

    Pierre resta de marbre. Il connaissait celui qui était en face de lui : un homme excessivement riche qui n’était pas seulement un antiquaire, contrairement à ce qu’il prétendait.

    Les autorités et la presse semblaient l’accuser d’être le chef d’un réseau de trafiquants de pierres précieuses. C’était un fanatique de bijoux et d’objets rares.

    Physiquement, Maléasse Torgule était des plus costauds. Il avait des bagues à tous les doigts et portait un complet-veston gris foncé, une cravate rouge et une chemise noire avec des souliers pointus.

    Il passait ses journées assis confortablement sur son pauvre fauteuil qui tolérait sa présence. Maléasse faisait des transactions à l’aide de son portable, bien posé sur son bureau antique. Il n’avait qu’à claquer des doigts, et tous ceux qui étaient à son service tremblaient de peur.

    C’était un expert en exportation clandestine en plus d’être membre de la guilde des malfaiteurs ; tous les groupes mafieux et les petits bandits à la tire le respectaient, et de ce fait, Torgule ne risquait jamais d’être dénoncé par les autres truands de son genre.

    Assoiffé de pouvoir, il était cruel et avare de sa fortune. Pour lui, tout s’achetait et chacun avait son prix : il suffisait de savoir négocier avec un revolver sur la tempe ou un bon couteau tranchant sous la gorge. Il avait deux hommes de main à sa solde : Sug et Vats. Ces derniers le suivaient partout où il allait. Les deux hommes de grande taille étaient habillés avec les mêmes vêtements que Torgule. C’étaient des êtres ternes, sans sourire, avec un regard presque vide. Ils essayaient d’être, aux yeux de leur patron, les meilleurs complices du monde.

    Pierre avait devant lui un escroc de première ligne.

    Il le regarda à nouveau en le dévisageant, ce qui fit réagir Maléasse encore une fois :

    — Vous savez que si je le veux, je n’ai qu’à claquer des doigts et…

    Torgule n’eut pas le temps de finir sa phrase que son invité le coupa, prenant un ton tout aussi autoritaire :

    — Il n’est pas nécessaire d’utiliser ce genre de menace avec moi. Je sais très bien qui vous êtes et ce que vous êtes capable de faire, le surprit l’enseignant.

    — Je vois que vous apprenez à cerner les gens aussi rapidement que moi, acheva l’antiquaire plus calmement.

    — Que voulez-vous de moi, précisément ? demanda Laventure.

    — Ne jouez pas les benêts. Je sais que vous êtes un des meilleurs archéologues, et qui plus est, vous êtes aussi un paléontologue et un très grand érudit de l’histoire. Vous maîtrisez la géologie, la topographie, la psychologie et, comme passe-temps, l’ornithologie.

    L’historien fronça les sourcils, surpris qu’on le connaisse aussi bien.

    — Vous savez ce que je veux, termina le magnat en appuyant sur un bouton de son téléphone. Sug, Vats ! Amenez-vous immédiatement dans mon bureau avec l’enveloppe.

    Aussitôt, les deux interpellés entrèrent dans la pièce en se bousculant, et l’un d’eux échappa l’enveloppe.

    — Fais attention, espèce d’imbécile, tu me marches sur les pieds ! dit Sug, le premier homme à entrer dans la pièce.

    — Fais attention toi-même, idiot. C’est moi qui étais là d’abord, fit Vats le maladroit. Ah ! Tu vois, tu laisses tout tomber ! dit-il, accusant toujours les autres de ses bourdes.

    — Avez-vous fini de faire les pitres ? tonna Torgule. Apportez-moi cette foutue enveloppe !

    Les deux hommes de Maléasse se penchèrent en même temps pour ramasser le paquet et s’assommèrent l’un contre l’autre. Les complices se relevèrent, la mine basse, et ils passèrent devant Pierre pour ensuite déposer le paquet ensemble sur le bureau tout en retirant leurs doigts très rapidement, craignant les foudres du patron.

    Torgule prit le paquet à son tour pour le tendre à son invité.

    — À l’intérieur se trouvent des indices que nous avons recueillis pour démarrer vos recherches. Je sais pertinemment que vous n’êtes pas un débutant en ce qui a trait aux fouilles archéologiques, alors je vous fournis le point de départ.

    — Est-ce que je peux y réfléchir quelques jours ? demanda Pierre.

    Maléasse Torgule fit naître un sourire sur ses lèvres. Il regarda ses hommes de main.

    — Déguerpissez ; je vous rappellerai tout à l’heure.

    — Euh… oui, patron. Tout de suite, patron ! s’exclamèrent en duo Sug et Vats.

    Ils poussèrent la porte puis disparurent dans le grand corridor où l’on pouvait les entendre se quereller au loin.

    — Écoutez-moi bien… Nous connaissons tous deux les enjeux dont il est question. Alors, ne prenez pas trop votre temps pour réfléchir. Mon message est-il assez clair ? demanda Torgule en fixant sombrement son invité.

    — Très bien, répondit le chercheur du tac au tac. Mais vous saurez que je ne travaille pas sous la menace.

    Pierre lui tendit l’enveloppe en se levant.

    — Gardez-la, insista Maléasse avant de continuer. Ne prenez pas de décisions sur un coup de tête, car vous pourriez perdre la vôtre.

    Son hôte reprit le paquet.

    Puis Maléasse ajouta, juste avant que la porte se referme derrière Pierre :

    — Dès que vous aurez décidé de trouver mes trésors, dites-vous que ce sera toute une aventure qui débutera !

    Et Torgule éclata d’un rire sarcastique, sursautant sur son fauteuil qui agonisait de suffocation.

    Pierre, les dents serrées de colère, sortit en claquant la porte. Au même moment, les yeux de l’antiquaire devinrent rouges comme le feu de l’enfer.

    De son côté, Laventure se précipita vers sa voiture pour décoller en direction de chez son ami Billy Swatch ; lui seul pourrait l’aider à se sortir de ce pétrin.


    Chapitre 2


    L’ESPACE-TEMPS

    Il était ironique pour un homme de science de se retrouver dans un musée. Billy Swatch, physicien réputé et ami de Pierre Laventure, avait été invité au Musée central. On lui avait demandé de donner une conférence sur la science physique à travers les âges, c’est à dire depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui.

    Une exposition spéciale avait alors été montée pour Swatch. Des instruments du XVIe siècle appartenant au physicien Galilée, comme ses fameuses lunettes astronomiques qui permettaient d’augmenter la taille et la lumière des étoiles, des objets datant de plus de 2 000 ans, comme des rouleaux de papyrus décrivant la position concentrique des pierres géantes de Stonehenge, en Angleterre, et des écrits traitant de la disparité des menhirs sur les champs de Carnac en Bretagne faisaient partie intégrante du discours du scientifique. Billy y ajoutait des explications très intéressantes quand il présentait les différents objets. L’invité du musée ne croyait pas aux légendes et aux interprétations que les historiens proposaient parfois ; seules les choses qui pouvaient être vues et qui étaient observables, logiques et quantifiables devaient être considérées comme crédibles. Aussi se disait-il totalement athée. Selon lui, l’homme se créait des divinités parce qu’il avait besoin d’avoir des êtres supérieurs à son image.

    Le physicien était debout devant la tribune pour présenter son dernier exposé de la journée quand une marée d’applaudissements, produits par la foule qui s’était amassée dans la salle, retentit à nouveau.

    De prestigieux noms de la science étaient venus l’entendre. Les yeux rivés sur lui, tous les gens importants qui composaient l’assistance virent un homme qui semblait intimidé par cet accueil chaleureux.

    Une dame de la première rangée l’observait plus en détail. On aurait même dit qu’elle l’affrontait du regard. Billy s’aperçut que l’étrangère le dévisageait et s’en sentit d’autant plus intimidé. « Suis-je si mal habillé ? » se demanda-t-il.

    Même s’il l’avait voulu, il n’aurait pu se vêtir autrement : les mêmes vêtements se répétaient dans sa garde-robe. Il portait un chandail à manches courtes orange avec un pantalon de coton brun, et des espadrilles jaunes terminaient son habillement.

    Il se moquait un peu de ce que les gens pensaient de lui. Il se disait que l’habit ne faisait pas le cerveau.

    Timidement, il empoigna le lutrin que l’on avait installé au préalable. Il leva la main gauche pour calmer la foule et opina de la tête en guise de remerciement.

    Les lumières diminuèrent d’intensité, suivant le rythme des applaudissements qui s’étouffaient peu à peu. Aussitôt la salle plongée dans le noir, un faisceau de lumière éclaira la scène et mit en vedette l’invité spécial, qui présenta son dernier discours de la journée. La salle était si silencieuse qu’on aurait pu entendre une mouche se nettoyer les ailes. Billy se racla la gorge pour éclaircir sa voix et s’approcha du microphone.

    — L’espace d’un instant, je me suis demandé si la science existait pour nous faire comprendre ce que l’œil humain ne pouvait pas voir et expliquer. Ce n’est qu’après mes études que j’ai compris que sans la science, l’homme ne serait rien. Comment pourrions-nous expliquer des phénomènes stellaires, par exemple ? Tous les objets qui nous entourent ici découlent de recherches scientifiques menées à travers les âges…

    Et il continua ainsi durant plus d’une heure, sous les regards attentifs des spectateurs.

    Le reste de son discours expliquait que le passé était derrière soi et qu’il fallait se tourner vers l’avenir dorénavant. Il disait que l’on devait faire avancer la science jusqu’à ce que l’on puisse peut-être un jour réaliser le fameux voyage dans le temps que nul ne croyait possible.

    —… mais si l’homme réussit un tel exploit, il faudra alors y imposer nos limites pour ne pas que la manipulation de l’espace-temps tombe entre de mauvaises mains. Sur ce, je vous remercie de votre attention et vous souhaite une bonne visite au musée.

    À la suite de son exposé, on ouvrit les lumières pour indiquer le début de la période de questions.

    Plusieurs demandes arrivèrent comme une vague au visage de Swatch, l’obligeant à se noyer dans des réponses rapides et le forçant à lever sa main dans les airs pour indiquer qu’il devait reprendre son souffle. Une fois que ce fut fait, il répondit à chaque interrogation avec une très grande aisance. Mais une question venant de la dame qui le dévisageait fit particulièrement sourire l’homme de science, qui prit son air sympathique et pacifique.

    — Monsieur Swatch, l’interpella la dame, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’espace-temps ?

    Billy la regarda d’un air dubitatif. L’exposé ne portait pas sur ce sujet, bien qu’il en ait précédemment fait mention. Alors, il déposa ses avant-bras contre le lutrin avant de lui répondre avec une étrange douceur dans la voix :

    — La notion d’espace-temps est relative, comme tout ce qui est issu de la science. L’avenir découle du présent de la même manière que le présent découle du passé. Mais en résumé, l’espace-temps est un temps défini dans un espace donné. C’est un mouvement dans l’espace d’une durée limitée. Et malheureusement, l’espace et le temps ont une grande différence de nature et ne sont pas complètement identifiables. Disons que j’ai la possibilité de voyager dans le passé et que je choisis une destination sur la ligne du temps : l’assassinat du président américain John F. Kennedy, par exemple. Alors, je fais mon voyage et j’atterris directement tout près de la rue où monsieur Kennedy va se faire assassiner. Si je mets tout en œuvre pour empêcher ce meurtre, il pourrait y avoir des conséquences très graves dans le futur, soit le présent que l’on connaît maintenant. N’oublions pas qu’il y avait un climat politique très compliqué entre les Américains et Cuba, qui était l’alliée de l’URSS, et que ces communistes voulaient la peau de monsieur Kennedy. Une conséquence grave qui surviendrait si j’empêchais le président de mourir avec un voyage semblable serait peut-être le déclenchement de la Troisième Guerre mondiale et la fin du monde que l’on connaît aujourd’hui, par exemple ; tout ça parce que John F. Kennedy ne serait pas mort. Il n’y aurait pas eu une guerre froide comme nous l’avons connue ; il y aurait plutôt eu une guerre meurtrière à l’échelle mondiale. Les Amériques ne se seraient pas unifiées, nous n’aurions pas une seule et unique monnaie, le médicament contre le cancer n’aurait probablement pas été trouvé, l’Afrique n’aurait pas changé de nom pour la « Guerremanie »… et j’en passe.

    Mais la spectatrice ne démordit pas et passa de nouveau à l’attaque avec deux autres questions :

    — En tant qu’homme de science, croyez-vous qu’il serait possible de voyager dans le temps ? Croyez-vous qu’un pareil parcours serait possible à partir d’un objet mythique, par exemple ?

    — Vous voulez dire un objet magique ? demanda Billy, un peu déconcerté.

    — Oui, exactement, affirma la dame.

    — Je ne crois qu’en la science pure, madame. Selon moi, si le voyage dans le temps devient possible, ce sera à partir d’une invention quelconque, et non grâce à un objet magique. La « magie » n’existe pas ! termina Billy sur un ton sec avant de tourner son attention vers la foule, démontrant ainsi à la dame que la question était close.

    En quoi ses croyances avaient-elles un lien avec le sujet qu’elle avait apporté tout à l’heure ? Et dans quel but posait-elle ces questions ? Billy sentit soudain un léger malaise, et les gens qui étaient assis dans la salle se figèrent lentement devant lui. Swatch ne pouvait même plus lever un petit doigt au-dessus du lutrin, comme si une force inexplicable l’obligeait à rester immobile jusqu’à ce qu’il réponde. Il n’y avait plus aucun bruit. Tous semblaient attendre une réponse du scientifique. Mais laquelle ?

    Au moment où la foule se solidifia, la dame se pencha vers l’avant. Seul Billy pouvait la voir. Les gens de l’assemblée étaient rigides, comme endormis, mais avec les yeux ouverts. Le scientifique ressentit une peur soudaine.

    Elle enfonça sa main dans un sac pour en ressortir trois petites boîtes : deux blanches et une noire. Billy avait vu le geste du haut de sa tribune. Une certaine anxiété s’empara de lui. Alors, pris de panique, il réussit à bouger sa mâchoire et dit d’une voix très forte :

    — Merci donc à tous et à toutes ! Je vous souhaite une bonne visite au Musée central.

    La magie étrange se volatilisa au son de sa voix. La foule recommença à murmurer et se leva avec des « bravos » retentissant dans toute la salle. La dame cacha les boîtes dans son sac et se précipita vers l’arrière-scène.

    Billy prit ses documents en vitesse et les glissa dans sa mallette. Il fit un virage à 180 degrés pour se précipiter vers l’arrière de la scène et y descendre rapidement, mais il fut saisi par l’épaule droite. Il sentit une main à la fois forte et douce l’agripper. Tout à coup, tous ceux qui l’entouraient furent pétrifiés. En se retournant, Swatch entendit une voix féminine qui lui fit ressentir d’étranges sensations.

    — Monsieur Swatch ! le surprit la dame inconnue de la première rangée.

    — Excusez-moi, madame, mais… j’ai un rendez-vous important avec le directeur du musée, dit Billy en essayant de se défiler.

    D’un geste rapide, la dame leva la main droite comme si elle voulait jurer quelque chose et paralysa net le scientifique à l’aide d’une étrange magie. La foule était toujours en transe. Le professeur s’immobilisa à son tour comme une statue, mais réalisa qu’il pouvait bouger les yeux et les lèvres.

    — N’ayez pas peur. Écoutez-moi, dit la dame d’une voix enchanteresse qui envoûtait de plus en plus le chercheur.

    Elle abaissa la main et planta son regard bleu dans ses yeux bruns. Il se sentit soudain comme bercé par une douce mélodie. Il vit un halo de lumière apparaître autour du corps de la femme. Elle était si belle !

    Ce changement soudain le perturba. Son cerveau avait perdu tout sens logique. Il était impossible qu’une personne puisse avoir un tel pouvoir. Pourtant, ce qui se déroulait devant et autour de lui était bien réel.

    L’apparence de l’étrangère était désormais celle d’une déesse. De ses cheveux longs blonds émanait un rayonnement plus dense que tout le reste. Le bleu de ses yeux perça Swatch jusqu’au fond de son âme. La dame avait une peau rosée et parfaite, de longs cils et un petit nez pointu qui la rendaient encore plus belle. Une longue robe blanche, très légère, recouvrait son corps finement élancé. De plus, son odeur était celle des fleurs d’été, et sa voix sonnait comme un chant d’oiseau. Billy était sous son emprise, hypnotisé par ce que cette femme était devenue.

    L’étrangère sortit à nouveau les boîtes de son sac, puis elle les tendit à Billy en lui disant :

    — Faites-moi confiance, prenez-les. Cachez-les du mieux que vous le pourrez, et surtout, ne les ouvrez pas. Vous voudrez savoir ce qu’elles contiennent, mais je vous conjure de ne pas en retirer les couvercles, car alors, vous seriez tenté par leur pouvoir — un pouvoir d’attraction que vous regretteriez toute votre vie. Protégez-les. Devenez leur gardien ; le monde en dépend.

    — Mais… Pourquoi moi ? demanda Swatch, inquiet, à celle qui semblait être un ange.

    — Vous le saurez en temps voulu. Je vous retrouverai. Où que vous soyez, je vous retrouverai. Surtout, n’oubliez pas : dites à vos deux compagnons qu’ils doivent vous aider. Vous avez besoin de leur force intérieure et de leur loyauté si vous voulez réussir.

    — Mais quels compagnons ? De qui parlez-vous donc ? Je n’ai pas de…

    Elle ne le laissa pas terminer et lui fit voir par télépathie le visage de ses deux amis. Il sursauta de stupeur et elle lui tendit les boîtes.

    Machinalement, le scientifique leva le bras gauche devant lui et ouvrit sa main sans même la quitter des yeux, ébahi par l’attraction qui le forçait à écarter les doigts. Il était terrifié. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. La magicienne semblait en suspens, ses pieds n’effleurant guère le sol. Le scientifique était hypnotisé. Il sentait l’importance de ces boîtes jusqu’au fond de ses entrailles et avait l’impression qu’il devait lui obéir.

    Au moment où les objets furent à l’abri au creux de sa main, il cligna des yeux et entendit de nouveau la foule bourdonner autour de lui. La dame avait disparu. Il regarda les trois objets précieux avec un air perplexe. Automatiquement, il les déposa dans sa mallette et se sauva à toutes jambes du musée.

    Aussitôt arrivé chez lui, Billy ferma les rideaux, verrouilla les portes à double tour, éteignit toutes les lumières puis s’enferma dans la pièce qui lui servait de bureau de travail. C’était un endroit sens dessus dessous : il y avait des feuilles chiffonnées partout, des rayonnages tapissaient chaque pan de mur, les bouquins semblaient étouffer tant ils étaient entassés les uns sur les autres, un bureau trônait, rempli d’objets servant à des expériences de laboratoire, comme des ballons, des éprouvettes, un carnet de notes, un brûleur à alcool, des bouteilles d’eau distillée… Et il y avait aussi le restant de son dîner d’avant-hier. Bref, c’était la pagaille partout.

    Il prit place sur sa chaise, sortit les boîtes de sa mallette et prit l’un des trois trésors dans ses mains, curieusement attiré par sa brillance.

    Swatch alluma une petite lampe qui embrasa la pièce de sa lumière douce et chaleureuse. Il regarda intensément l’objet interdit. Il se souvenait de ce qu’on lui avait demandé : ne pas essayer de voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Mais c’était plus fort que lui. Quelque chose le poussait à jeter un œil ; quelque chose l’appelait dans ce contenant mystérieux. Plus rien n’existait autour. Il était tiraillé entre ce que la magicienne lui avait dit et ce que sa volonté lui dictait. Comment pouvait-il consacrer sa vie et celle de ses amis à la défense d’objets dont il ignorait la nature ?

    Swatch était un scientifique, après tout, et la curiosité était la base même de cette profession. Soudain, ses mains le trahirent et se mirent à ouvrir la petite boîte noire.

    Brusquement, une peur insoutenable s’empara de son esprit, et il laissa tomber l’objet carré sur son bureau. Sous le poids de l’impact, la boîte s’éventra pour laisser voir ce qu’elle recelait.

    Le scientifique s’avança encore plus près du bureau. Il se frotta les doigts comme s’il avait peur de les brûler. Alors que des gouttes de sueur perlaient sur ses tempes, que son cœur fusillait sa poitrine et que ses doigts frôlaient le trésor, une sonnerie le tira de sa torpeur. Quelqu’un l’appelait, comme pour lui rappeler l’interdiction qu’on lui avait donnée.

    Swatch se redressa lentement sans quitter l’objet du regard. Deuxième coup de sonnerie… Billy ne savait plus s’il devait répondre ou continuer son exploration. Une alarme supplémentaire lui signala l’impatience de l’appareil. Il choisit enfin de répondre.

    — Allo !

    — Billy ? C’est Sara !

    — Ah ! répondit Swatch avec un air absent.

    — Billy, est-ce que ça va ? demanda-t-elle avec sollicitude, remarquant immédiatement son ton anormal. Je ne sais pas ce que tu as, mais tu es parti drôlement vite, tout à l’heure. As-tu oublié notre rendez-vous avec le directeur du musée après ta conférence ?

    Billy ne ratait jamais un rendez-vous.

    — Euh… Oui, Sara, pardonne-moi, dit son collègue, qui semblait de plus en plus loin de la conversation.

    — Tu es encore là ? demanda Sara Quest, inquiète. Billy, je n’aime pas ça ; ce n’est plus drôle, maintenant. J’arrive ! Laisse-moi une min…

    Mais elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Elle entendit un grondement de tonnerre dans l’appareil, et un cri qui lui déchira l’oreille.

    — AAAAAAAAH !

    — Allo ? Billy, tu es là ?

    Son acolyte ne répondait plus. Trop apeurée pour réfléchir, Sara laissa tomber le combiné et se rua vers la sortie du musée pour se rendre chez son collègue.


    Chapitre 3


    UNE RENCONTRE

    Paniquée, Sara Quest sortit rapidement du musée. Elle courut à sa voiture et la fit démarrer prestement, faisant crisser ses pneus. Le véhicule disparut en un éclair dans un nuage de fumée.

    Arrivée devant l’immeuble où habitait Billy, elle monta à l’étage à vive allure. La scientifique s’arrêta subitement de courir devant une porte entrebâillée. Le corridor du deuxième étage, où se situait l’antre du professeur, était sombre. Une lumière agonisante éclairait le contour de la porte. On ne voyait pas grand-chose à l’intérieur, vu de cet angle. Seul le silence semblait habiter cette demeure.

    — Mais qui êtes-vous ? demanda une voix inconnue provenant de derrière elle.

    Elle sursauta et, en un instant, prit une position de combat, libérant un cri strident qui fit tressaillir également son interlocuteur.

    — Calmez-vous, madame, lança Pierre Laventure, tenant une main devant lui comme s’il voulait se protéger de l’éventuelle attaque. Je ne vous veux aucun mal !

    — Pardonnez-moi, dit Sara tout en baissant sa garde. Je suis une collègue de Billy, celui qui habite cet appartement. Quand je suis arrivée, la porte était comme ça…

    Elle s’interrompit, s’apercevant qu’elle se justifiait à quelqu’un qu’elle ne connaissait même pas.

    — Et vous, qui êtes-vous ? demanda-t-elle.

    — Je me nomme Pierre Laventure, et je suis un ami de Billy. Vous êtes Sara Quest, c’est bien ça ?

    — Exactement. Comment savez-vous mon nom ?

    — Billy m’a souvent parlé de vous. Notre ami est là ? demanda l’enseignant en archéologie.

    — Je ne sais pas ; quand je suis arrivée, la porte était entrouverte ! Mais je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un. Il n’y a aucun mouvement à l’intérieur.

    — Qu’attendons-nous pour aller vérifier ? Billy, es-tu là ? cria Pierre en devançant la jeune femme.

    L’absence de réponse leur intima l’ordre d’entrer dans l’appartement. Sara emboîta le pas à Pierre en fermant la porte. Quand elle se retourna, elle le vit qui se dirigeait vers une pièce au fond. Quest accourut, appréhendant une funeste découverte. Étant donné le dernier coup de téléphone et les cris que Billy avait poussés, son inquiétude allait en croissant.

    Arrivée devant la porte du bureau du physicien, elle s’arrêta net. La pièce était saccagée, comme si une tornade avait tout dévasté sur son passage.

    — Ah, mon Dieu ! Mais que s’est-il passé ici ? s’exclama-t-elle.

    — C’est bien ce que j’aimerais savoir. À quand remonte votre dernière conversation ? demanda Pierre en regardant le désordre qui régnait dans la pièce.

    — Nous avons discuté il y a à peine 30 minutes, dit Sara.

    Elle fixait le combiné du téléphone qui se balançait dans le vide. Son cordon était appuyé sur le bord du bureau, donnant l’impression que l’appareil se retenait pour ne pas percuter le sol.

    — C’est moi qui l’ai appelé parce que nous avions un rendez-vous avec le directeur du musée.

    — Le directeur du musée ? demanda Pierre, étonné.

    — Qu’est-ce qui vous ébaudit ?

    — Rien du tout. C’est juste que j’étais censé assister Billy dans sa conférence et ensuite rencontrer aussi le directeur du musée. Mais j’ai eu un empêchement de dernière minute…

    Pierre regarda Sara, la tête remplie de questions. Il recouvra ses esprits rapidement puis reprit :

    — Bref, ça ne nous dit toujours pas pourquoi tout ce cirque est arrivé. On dirait que l’on est venu ici pour trouver quelque chose de très important. Que vous a-t-il dit au moment où vous lui avez parlé ?

    — C’était donc vous, son ami qu’il voulait tant me présenter ! termina Sara, sentant la gêne lui rosir les joues.

    Se sentant à la fois plus confiante et inquiète, elle décida de tout lui raconter à partir du début.

    — Vous dites que vous avez entendu comme un coup de tonnerre ? lui demanda l’historien, surpris.

    — Oui. Ensuite, j’ai entendu un cri, puis le silence est tombé. Pourquoi me demandez-vous cela ? Vous en savez quelque chose ?

    — Non…

    Mais Pierre ne termina pas sa phrase. Ses yeux lui commandèrent de regarder en dessous du bureau. Il se pencha aussitôt.

    — Qu’est-ce que vous faites ?

    Il avança lentement à quatre pattes, les yeux rivés sur les objets qu’il venait de découvrir. Sara s’approcha plus près pour regarder, elle aussi, mais Pierre prenait toute la place. Soudain, il se redressa, obligeant Sara Quest à reculer. Il avait les yeux rivés sur ses propres mains avec fascination. Le calme qui régnait leur donnait des frissons.

    — Regardez ! s’exclama Pierre. Je crois que c’est pour ces boîtes que des cambrioleurs sont venus. Et comme ils ne trouvaient rien, ils ont mis l’appartement à l’envers et ont enlevé Billy pour le faire parler.

    — Peut-être, mais cela n’explique pas pourquoi j’ai entendu ce bruit de tonnerre et ces cris.

    — Vous avez raison.

    Pierre fit une pause pour réfléchir en regardant les objets trouvés sous le bureau.

    — Venez, nous allons chez moi.

    Voyant qu’elle hésitait, il ajouta :

    — Faites-moi confiance. Vous voulez retrouver Billy, et moi aussi.

    Comme le fait de réfléchir ne pouvait effacer les images terribles qui couraient dans sa tête, elle se résolut à suivre celui qui semblait, contrairement à elle, avoir une petite idée de ce qui se passait. Elle regarda Pierre dans les yeux et lui répondit :

    — Je veux bien vous suivre.

    Prestement, ils descendirent les escaliers, sortirent de l’établissement en faisant claquer la porte puis atterrirent sur le trottoir. Sara lui saisit le bras avec vigueur, à la grande surprise de Laventure. Ce dernier s’arrêta net, la regardant avec perplexité, et lui dit sur un ton nerveux :

    — Mais qu’est-ce qui vous prend ? Nous perdons notre temps en restant ici.

    — Je veux bien vous faire confiance, mais il me faudra plus qu’un simple regard pour que je monte dans votre voiture. Dites-moi ce que vous savez à propos de ce qu’il y a dans ces boîtes.

    Pierre se contenta d’abord de soupirer en guise de réponse.


    Chapitre 4


    MALÉASSE TORGULE

    Maléasse Torgule était le maître incontesté des assassins travaillant à la solde des enfers. Il descendait de la longue lignée des Torgule, qui dominaient la ligue des assassins depuis des centaines d’années, dans le monde des dieux, et qui avaient été défaits par Égo et les anciens, lors de la dernière Grande Guerre. Son physique et ses manières étaient identiques à ceux de ses ancêtres.

    Sa véritable apparence était des plus répugnantes. Il était plutôt grand et filiforme et avait de longs bras se terminant par des mains si larges que le bout de ses doigts lui arrivait presque aux cuisses. Il n’était pas musclé, son besoin de force excessive pallié par la rapidité et, surtout, la magie des ombres qu’il possédait. Il avait en effet la faculté de prendre l’apparence de quiconque ou de tout simplement de planer comme une ombre. Quand il se présentait devant son maître, il avait le haut du corps toujours nu, mais portait un pantalon en peau de brebis noir.

    Torgule ne ressentait jamais le froid ni la chaleur, comme s’il était mort de l’intérieur. Un ceinturon de cuir aux teintes de gris, pareilles à la couleur de sa peau, retenait son pantalon à sa taille. Son visage arborait des yeux aussi gros que ses oreilles pointues lui transperçant la figure. Son nez avait la même forme que celui d’un porc. Ce dernier lui permettait d’avoir un odorat extraordinaire : Torgule pouvait repérer n’importe quelle odeur à des kilomètres à la ronde.

    Juste en dessous de son appendice nasal, une énorme bouche, commençant près d’une oreille et se terminant à l’autre, montrait deux rangées de dents pointues et acérées comme celles du requin, donnant peu de place à sa fermeture. Par conséquent, une ligne de salive gluante dégoulinait sur son menton proéminent chaque fois qu’il essayait de prononcer un mot. Mais quand il se changeait en humain, tous ses handicaps physiques et sa laideur disparaissaient.

    À l’aide d’un de ses énormes doigts, Maléasse appuya sur un bouton de communication pour appeler ses hommes de main. Sug et Vats pénétrèrent dans la pièce où leur maître siégeait. Ils traversèrent la matière comme des fantômes errants. En fait, Sug et Vats n’avaient plus leur apparence humaine, mais bien celle de deux démons ; deux brumes flottant en direction de Torgule. Ces ombres s’avançant au milieu de la pièce s’arrêtèrent tout près du bureau.

    — Vous nous avez appelés, maître ? demandèrent les fidèles d’une seule voix.

    — Mes amis, nous allons partir en mission sous l’ordre du seigneur du mal. Il veut que nous retrouvions les perles à tout prix.

    — Mais ne venez-vous pas de demander à ce Pierre Laventure de les retrouver pour vous ? demanda Sug.

    — Effectivement… répondit Maléasse en faisant une pause.

    Il eut soudain le souvenir d’une décision précipitée, prise par lui des centaines d’années plus tôt sans qu’il en ait averti Égo, son seigneur tout-puissant : Torgule avait alors été châtié, si bien qu’il s’en souvenait parfaitement encore. Agissait-il à nouveau trop promptement ? Torgule avala de travers et poursuivit en évitant d’en dire plus sur le sujet.

    — Nous allons lui tendre un piège. Nous suivrons Laventure jusqu’à ce qu’il mette la main sur les perles magiques. Quand il aura trouvé les trésors, nous le tuerons. Et nous éliminerons tous ceux qui se mettront en travers de notre route.

    — Mais pourquoi vouloir le tuer si vous lui avez demandé de retrouver les perles ? osa Vats.

    — Bougres d’idiots ! Vous ne sentez donc pas la présence d’Élora, la déesse de la lumière ?

    — Non ! répondirent les deux serviteurs en chœur.

    — C’est pour cela que je suis celui qui dirige cette mission. En suivant cet humain, j’ai le pressentiment que nous allons aussi trouver beaucoup plus que les perles, voyez-vous. Le maître des ténèbres sera content de nous et nous récompensera ! termina Maléasse en levant le poing en guise de victoire.

    Mais il savait très bien que ce stratagème venait de lui, et non de son maître ; Égo n’avait pas le pouvoir

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1