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Brûler: Scanner - Tome 2
Brûler: Scanner - Tome 2
Brûler: Scanner - Tome 2
Livre électronique373 pages5 heures

Brûler: Scanner - Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Lors de la palpitante conclusion de Scanner, dans le combat de leur vie, Tate et Christina faisaient face à une race extra-terrestre impitoyable; et c’est à peine s’ils avaient survécu. Maintenant en fuite, après avoir perdu la chose même qu’il essayait de protéger — et que son père avait appelée la clé de la survie humaine, Tate doit organiser un nouveau plan tout en cherchant à emmener Christina en sécurité.

Même si son père n’est plus avec lui, sa nature prête au pire protège toujours Tate; cette fois-ci avec des indices qui mènent à une maison secrète, à un abri qui se transforme en un nouvel indice, et qui s’avère crucial pour comprendre ce qui menace vraiment la planète.

Quand Tate et Christina explorent un mystérieux carnet de notes que son père a aussi laissé derrière, ils découvrent la terrifante réalité qu’ils auraient dû connaître tout ce temps — ils sont confrontés à un ennemi qu’ils commencent à peine comprendre.

Dans un élan continu d’adrénaline, Walter Jury et Sarah Fine livrent une autre aventure qui vous fera vous accrocher à vos sièges dans cette fnale intense.
LangueFrançais
Date de sortie5 août 2016
ISBN9782897673376
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    Aperçu du livre

    Brûler - Walter Jury

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    Copyright © 2015 Walter Jury

    Titre original anglais : Burn

    Copyright © 2016 Éditions AdA Inc. pour la traduction française

    Cette publication est publiée en accord avec Penguin Group LLC, New York, NY

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

    Éditeur : François Doucet

    Traduction : Renée Thivierge

    Révision linguistique : Féminin pluriel

    Correction d’épreuves : Nancy Coulombe

    Conception de la couverture : Matthieu Fortin

    Photo de la couverture : © Shutterstock.com

    Illustration de la couverture : © 2015 Tony Sahara

    Mise en pages : Sébastien Michaud

    ISBN papier 978-2-89767-335-2

    ISBN PDF numérique 978-2-89767-336-9

    ISBN ePub 978-2-89767-337-6

    Première impression : 2016

    Dépôt légal : 2016

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    Éditions AdA Inc.

    1385, boul. Lionel-Boulet

    Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada

    Téléphone : 450 929-0296

    Télécopieur : 450 929-0220

    www.ada-inc.com

    info@ada-inc.com

    Diffusion

    Canada : Éditions AdA Inc.

    France : D.G. Diffusion

    Z.I. des Bogues

    31750 Escalquens — France

    Téléphone : 05.61.00.09.99

    Suisse : Transat — 23.42.77.40

    Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

    Imprimé au Canada

    Participation de la SODEC.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Jury, Walter

    [Burn. Français]

    Brûler

    (Scanner ; tome 2)

    Traduction de : Burn.

    ISBN 978-2-89767-335-2

    I. Fine, Sarah. II. Thivierge, Renée, 1942- . III. Titre. IV. Titre : Burn. Français.

    PS3610.U79B8714 2016 813’.6 C2016-940777-2

    Conversion au format ePub par:

    Lab Urbain

    www.laburbain.com

    Louanges pour Scanner

    « Un livre à sensations fortes à haut indice d’octane… L’approche cinématographique et l’action constante en font un roman plaisant et captivant. »

    — Publishers Weekly

    « Poursuites en voitures, explosions et action à foison — génial. »

    — Kirkus Reviews

    « Avec ce suspense de la fin, les lecteurs réclameront à grands cris le prochain épisode de cette fascinante série. »

    — Booklist

    « Ce livre de science-fiction se lit à la vitesse d’une locomotive… Vous ne pourrez le déposer avant la toute dernière page. »

    — Examiner.com

    « Essentiellement un livre à sensations fortes… Explosions massives, fusillades mortelles et fuites éprouvantes rendent cette lecture des plus excitante. »

    — VOYA

    « Scanner est rempli d’action et nous offre des sensations fortes ininterrompues. Je n’ai pu le mettre de côté. »

    — Morgan Rhodes, auteure à succès du New York Times pour la série Falling Kingdoms

    À maman et papa — Nana et Babba, comme les appellent leurs petits-enfants !

    — W. J.

    UN

    D ans mon univers, les choses sont compliquées. Du moins, elles le sont en ce moment. Je viens juste de détruire un Walmart. À tout moment, mon pire ennemi va sortir en trombe par la porte du grand magasin, déterminé à me traquer. Je suis debout sur le côté de la route, exposé et vulnérable, à moins d’un kilomètre de là, alors il lui faudra peu de temps. Et le truc pour lequel je me suis tant battu a disparu .

    Les trois derniers jours ont si radicalement réorganisé ma compréhension de moi-même et de cette planète que je ne suis pas certain de pouvoir caser une autre dure vérité dans ma tête. Les choses que je comprends culbutent déjà l’une sur l’autre dans mon cerveau.

    Ma mère est en train de subir une chirurgie. Pour une blessure par balle. Elle ne peut pas m’aider.

    En ce moment, Race Lavin, le type contre qui elle essayait de me protéger — qui fait aussi partie d’une race d’extra-terrestres appelée les H2 — est probablement en train de reprendre connaissance dans le rayon de la quincaillerie.

    Ses hommes se sont emparés de l’invention de mon père, le scanneur qui montre la différence entre les H2 et les humains, le dispositif qui, d’après ce que mon père m’a dit, était la clé de notre survie, l’objet pour lequel il est mort. Et son meilleur ami, George, le type sur qui je comptais pour m’aider à rassembler les pièces du puzzle, est à quelques mètres de moi, affaissé sur le volant de sa voiture. Son sang est répandu sur le siège. Une autre vie perdue dans notre guerre secrète.

    — Tate, je pense que nous devons partir. J’entends des sirènes.

    Les doigts effilés de Christina encerclent mon poignet.

    Je cligne des yeux. Des mèches de ses cheveux blond foncé flottent autour de son visage pâle de peur, où peut se lire la détermination.

    — Je ne sais pas où…

    Je ne sais pas où aller. Ma mère a dit que je devrais la rencontrer à l’hôpital, mais ça me paraît imprudent.

    Rien ne semble sécuritaire.

    La prise de Christina se resserre.

    — Mais il faut que nous partions. Je ne suis pas certaine que l’endroit où nous allons est important en ce moment. Tant que nous sommes loin d’ici.

    Je jette un dernier coup d’œil vers la voiture criblée de balles de George. J’aurais cru qu’elle aurait été blindée, puisqu’il travaille pour Black Box, un fabricant d’armes privé. Mais même si c’était le cas, elle n’était pas de taille pour les munitions de gros calibre que les agents de Race ont tirées à partir de leur hélicoptère noir brillant. Ce qui signifie qu’ils pourraient aussi transpercer comme du papier notre bagnole actuelle — une berline empruntée à Rufus Bishop et à son clan consanguin d’humains suprémacistes. Il y a déjà un trou de balle dans le panneau arrière de la voiture, cadeau d’adieu des Bishop en échange de la mort accidentelle d’Aaron, le fils aîné de Rufus.

    Je me suis fait beaucoup d’ennemis cette semaine. Extra-terrestres et humains.

    Ma seule alliée est en train de me tirer pour retourner vers notre voiture. J’ai tant de choses à comprendre, tant de choses à faire, mais lorsque sa main se glisse dans la mienne, je prends conscience que je dois établir des priorités. Et la protéger se trouve au sommet de la liste. Je me mets en mouvement et je cours à côté d’elle. Nous sautons dans la voiture et nous prenons la route en direction du nord.

    — Allons-nous retourner à New York ? demande-t-elle.

    — Je ne sais pas, dis-je d’une voix rauque. Il faut que j’entre dans le laboratoire de mon père et que je découvre ce sur quoi il était en train de travailler, mais j’ai l’impression que les agents de l’Axe seront là à attendre que j’apparaisse.

    Historiquement, la direction centrale des H2 a tendance à supprimer brutalement tout ce qui constitue une menace pour leurs secrets, et j’en suis certainement une, même sans le scanneur. Juste avant que je ne l’étrangle, Race a clairement indiqué que l’appareil n’était pas la seule chose qu’il cherchait. Il voulait que je l’aide à entrer dans le laboratoire de mon père. Comme. Si.

    — Le téléphone de ton père.

    Sa voix m’arrache de mes pensées bouillonnantes.

    — Quoi ?

    Christina touche le côté de mon visage.

    — Ça bourdonne dans ta poche, Tate, dit-elle tranquillement. Pourquoi ne me laisses-tu pas conduire ? Toi, tu dois réfléchir, et moi, je peux m’occuper de cette partie.

    Je sors de l’autoroute de l’État. J’entre dans un lotissement, puis je me gare en face d’une piscine communautaire. Nous changeons de place, et je me penche pour l’embrasser sur la joue.

    — Sans toi, j’aurais de sérieux problèmes, dis-je, et je regrette aussitôt mes paroles.

    Elle ne devrait même pas être avec moi. Sa plus grande inquiétude devrait être de passer l’examen final de chimie demain, mais en ce moment, manquer une semaine entière d’école est le moindre de ses soucis.

    Je regarde mes mains et je me sers de l’ongle de mon pouce pour gratter quelques taches rouges. C’est la troisième fois en autant de jours que je porte le sang de quelqu’un qui m’est cher. Cette fois, c’est celui de George, mais la dernière fois… Je regarde ma petite amie. Le bandage blanc est visible sous ses épais cheveux ondulés. Il couvre l’éraflure recousue survenue à la suite des tirs des agents de l’Axe. Elle ne s’est même pas rétablie de sa commotion cérébrale d’il y a deux jours. Elle n’en a pas eu la chance, car depuis, nous n’avons cessé de nous enfuir et de nous battre presque à chaque instant.

    — Christina… tu as vraiment besoin de voir un médecin au sujet de ta tête — tu te souviens de ce que t’a dit David Bishop ? Il faut que tu passes un scan. Peut-être que tu devrais…

    — N’y pense même pas, Tate. Je me sens bien. Et par l’expression sur ton visage, je peux voir que tu t’apprêtes à jouer les nobles pour me renvoyer à la maison, mais ce n’est pas ce qui va se passer. Je suis avec toi dans cette histoire, et voilà. Utilise ton cerveau pour autre chose, comme voir qui essaie de te joindre.

    Elle fronce les sourcils.

    — Ou qui essaie de joindre ton père, je suppose, murmure-t-elle.

    Je sors de ma poche l’élégant téléphone indétectable de papa.

    — Quelqu’un a envoyé un texto.

    — Qui est-ce ?

    Je regarde l’icône, une enveloppe noire sur l’écran. Et le nom à côté se lit « Raymond A. Spruance ». Je touche l’enveloppe noire, et une boîte apparaît et demande un mot de passe.

    — Est-ce l’un des Cinquante ? demande-t-elle, l’air nerveux.

    Les Cinquante sont un groupe de familles humaines qui comprennent très bien la menace que représente l’Axe — ils se défendent contre cette élite extra-terrestre depuis que les H2 se sont écrasés dans les océans avec leurs vaisseaux il y a de cela quatre cents ans. Si je me fie à Race Lavin, ces réfugiés s’étaient échappés de quelque chose d’assez terrifiant. Pourtant, je ne m’y fierai pas. Mais mon père, qui faisait partie du conseil d’administration des Cinquante, m’a averti d’être prudent avec eux, et il avait tout à fait raison. Jusqu’à présent, deux d’entre eux — Rufus Bishop et l’ancien patron de mon père, Brayton Alexander — ont essayé de nous tuer.

    — Je ne sais pas, mais le nom…

    Je le regarde fixement tout en fouillant dans mes souvenirs.

    — Ça n’a rien à voir avec les Cinquante. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Raymond A. Spruance était un célèbre amiral.

    Mon cœur bat plus vite. Un texte secret crypté d’un amiral mort depuis longtemps — un homme que mon père m’avait fait étudier en profondeur.

    — Et si ce message venait de mon père ? murmuré-je.

    — Tate…

    Par la façon dont elle prononce mon nom, je peux dire qu’elle s’inquiète que je sois en train de perdre la raison.

    — Non, écoute. C’est exactement le genre de chose qu’il ferait.

    Pendant des années, il m’a fait étudier l’histoire militaire. Ainsi que la chimie, la physique, la balistique, le jiu-jitsu et une foule d’autres trucs. Je pensais qu’il était tout simplement un dur à cuire, mais il me préparait pour ce que je suis en train de vivre, et maintenant, il faut que j’utilise ce que je sais.

    — Et s’il avait mis en place une sorte de système de messagerie au cas où il lui arriverait quelque chose ?

    — Envoyé à son propre téléphone ?

    — Qui sait à quel autre endroit ce message s’est aussi rendu ?

    — Mais, Tate, comment le système aurait-il su que quelque chose est arrivé à ton père ? Et… il est mort lundi. Nous sommes maintenant jeudi. Même si on dirait que ça fait beaucoup plus longtemps, ajoute-t-elle tranquillement.

    — Je sais. Mais quelque chose aurait pu le déclencher. Peut-être parce qu’il ne s’est pas connecté au cours des soixante-douze dernières heures. Ou qu’il y a eu une intrusion dans ses systèmes, ou que quelqu’un de non autorisé a essayé de pénétrer dans son laboratoire ? Race m’a dit carrément que l’Axe voulait y entrer.

    Je fixe la boîte pour composer le mot de passe.

    — Elle ne s’ouvrira que pour les personnes qui connaissent le mot de passe.

    — Le sais-tu ?

    — Non, mais c’est exactement ce que je veux dire. Je parie qu’il n’en a parlé à personne.

    Ou peut-être l’a-t-il fait. Les derniers mots qu’il m’a dits étaient « Quand le temps viendra… c‘est Josephus. » Il y a huit petites sections dans la boîte — c’est la longueur du mot de passe. Mes doigts tremblent un peu alors que je tape « Josephus ».

    L’écran s’éclaire en rouge, et le quadrant supérieur gauche tourne au noir.

    — Merde.

    J’incline la tête et j’essaie de faire ralentir mon rythme cardiaque. Il faut que je réfléchisse. Ce n’est pas un hasard s’il a envoyé un message sous le nom de Spruance. Je tape « 07031886 » — la date de naissance de l’amiral Raymond A. Spruance.

    L’écran s’éclaire de nouveau en rouge, et le quadrant inférieur gauche devient noir. Je suppose que mes chances de réussite diminuent. Si je n’arrive pas à trouver une solution, ce message pourrait disparaître, et il est important. Il doit l’être.

    Je prends une longue respiration entre mes lèvres pincées, et je pense à Spruance. Son surnom était Electric Brain. Je tape lentement « Electric ». Un autre éclair rouge, et le quadrant supérieur droit s’assombrit.

    — Merde !

    Qu’est-ce qui m’arrive ? Je viens de brûler trois chances sur quatre d’obtenir ce message, le tout en moins d’une minute. Je suis censé penser comme mon père, mais à la place, je pense comme… moi. Mon père m’a fait étudier au moins une centaine de batailles majeures qui ont eu lieu à travers les siècles. Il était un admirateur de Spruance, en particulier parce que le type demeurait cool au beau milieu du chaos, et mon père accordait beaucoup de valeur à cette aptitude. Spruance a été impliqué dans la bataille de Midway et il a ensuite obtenu une médaille militaire, et papa m’a effectivement fait mémoriser la citation, parce qu’il disait que ces qualités aideraient un homme à passer à travers n’importe quelle situation. Elle avait loué Spruance pour son endurance et sa ténacité. Et ce mot de passe a huit caractères.

    Je retiens mon souffle et je tape « ténacité ».

    L’écran s’éclaire en vert. Un message apparaît :

    Brisé par elle, je le serai peut-être aussi ; m’incliner devant elle, je ne le ferai jamais.

    Et, juste au cas : Margaret Dean, je t’ai toujours aimée.

    — Qu’est-ce qui est écrit ? demande Christina, et son front se plisse alors que je le lui dis. Es-tu certain que ça vient de ton père ?

    J’avale la boule dans ma gorge.

    — Ouais. La première partie est une citation. C’est d’Abraham Lincoln.

    Et mon Dieu, on dirait que mon père avait prédit sa propre mort. Surtout parce que…

    — Margaret Dean était la femme de Raymond Spruance. Je crois que mon père faisait référence à ma mère. Je me demande si elle a aussi reçu le message.

    Ça va lui déchirer le cœur si elle y a accès, et elle est tellement intelligente que je gage qu’elle est capable de le déchiffrer.

    — Qu’est-ce qu’il essayait de te dire ?

    Papa planifiait toujours. « Quatre longueurs d’avance », avait dit Rufus Bishop.

    — Christina, je pense que nous devons aller au Kentucky.

    Elle rigole.

    — Quoi ?

    — Chaque fois que papa m’a fait étudier une personne en particulier, comme un général ou un président ou n’importe qui d’autre, il me disait de retourner aux sources, parce que si je comprenais d’où venait un homme, je pourrais comprendre ce qui avait formé ses pensées.

    — Et Spruance est né dans le Kentucky ?

    — Non. Il est né dans le Maryland. Mais cette citation est de Lincoln, et papa ne faisait jamais rien par accident. Il essaie de me dire — et peut-être aussi à ma mère — de le rencontrer…

    Je serre les poings.

    — Il essaie de nous dire de nous rendre dans la ville natale de Lincoln. Qui se trouve à être Hodgenville, au Kentucky.

    Je programme le GPS du téléphone.

    — Ça devrait nous prendre environ huit heures pour y arriver.

    — Il faut mettre de l’essence.

    Je jure.

    — Nous ne pouvons pas nous servir de ma carte de débit. L’Axe saura exactement où nous sommes.

    Elle sourit d’un air mauvais.

    — Bonne chose que j’aie piqué un peu d’argent au professeur.

    Elle sort son portefeuille de la poche de son pantalon et me le tend. C’est un truc de cuir coûteux où CW est gravé. Charles Willetts. Un ami de ma mère qui s’est révélé être un ennemi, même si j’ignore encore de quel côté il se situe. Il ne s’est pas scanné, et je me demande s’il a fait exprès d’éviter de le faire. Il était censé être un H2, mais il voulait empêcher les H2 d’obtenir le scanneur. Il souhaitait plutôt le remettre à George, même s’ils étaient apparemment dans des camps opposés.

    Je jette un coup d’œil à l’intérieur du portefeuille.

    — Il y a au moins cent dollars. Ça va nous permettre de nous rendre là-bas.

    Je lève la tête.

    — T’a-t-il fait du mal ?

    Sa bouche se serre.

    — Juste un peu. Après ton départ, Tate, il… il est devenu vraiment bizarre.

    Elle frémit.

    — Il a tiré sur le col de ma robe en disant qu’il avait besoin de toucher à ma peau.

    Je lui prends la main et je souhaite pouvoir trouver Willetts et tuer ce vieil homme louche.

    — Quand quelqu’un a frappé à sa porte, dit-elle en me serrant les doigts, il a été distrait, et j’ai saisi l’arme et je l’ai frappé. J’ai pris son portefeuille et ses clés, et je me suis enfuie.

    — Comment as-tu pu sortir ?

    — Même façon que toi, à en juger par la bosse que tu as creusée dans le toit du VUS dans le parc de stationnement. C’était vraiment fou, toutes ces ambulances et ces trucs, un hélicoptère qui atterrissait sur la pelouse devant la Rotonde de l’université, alors je me suis faufilée à travers le chaos.

    Et elle aurait pu aller n’importe où. Elle pourrait être à mi-chemin vers New York maintenant. Pourtant, elle est venue directement vers moi. Je lui caresse la main.

    — Tu es incroyable.

    Et je l’aime. Je le lui ai dit la nuit dernière, mais elle était profondément endormie. Je tiens à le lui redire, mais je veux aussi que ce soit le bon moment. De préférence quand nous ne serons pas en train de nous enfuir pour sauver nos vies.

    Christina allume la radio et se règle sur le poste où elle trouve sa musique pop à saveur de cerise. Je m’appuie contre mon siège et je me permets le luxe de la regarder fixement pendant qu’elle chante avec la musique. Nous voilà en voiture en direction d’une petite ville du centre du Kentucky, qui est, je l’espère, l’emplacement de l’une des maisons secrètes de mon père. Mais si je comprends vraiment qui était mon père, ce n’est pas juste un endroit pour se cacher. Il y a une raison derrière ce genre de message, une raison qui nous envoie vers cet endroit en particulier. Ce n’est pas New York et ce n’est pas son laboratoire, mais j’espère qu’à notre arrivée, quelques réponses nous attendront.

    DEUX

    D e la sueur me pique la nuque alors que le soleil de l’après-midi tape sur nous. Christina se déplace doucement ; elle s’efforce de ne pas faire de bruit. Nous sommes accroupis derrière l’un des nombreux buissons d’aronia de cette vaste cour. Nous avons marché jusqu’ici à partir de la route de gravier pendant presque un kilomètre.

    Devant nous, il y a une cabane. Une vraie cabane. Des planches pourries, des fenêtres fissurées et brisées, la porte avant qui pend sur ses charnières. Aucun signe de vie, ce qui ne veut pas dire que nous ne sommes pas prudents. Lorsque nous sommes entrés dans la ville en voiture, nous nous sommes rendus directement à la maison natale de Lincoln, mais dès que j’ai vu l’enseigne du parc national, je savais que ce n’était pas un endroit où mon père situerait une maison secrète ou tout type de lieu de rencontre. Nous nous sommes donc dirigés vers la mairie de Hodgenville et nous avons examiné les registres des propriétés. Nous n’avons trouvé nulle part le nom de mon père. Ni celui de ma mère. Ou le mien. Mais il y avait un nom que j’ai reconnu : Raymond A. Spruance avait acheté une propriété à la périphérie de la ville il y a environ deux ans, et nous y voici.

    — Es-tu certain que c’est le bon endroit ? murmure Christina.

    Je lui jette un coup d’œil. Elle a l’air morte de fatigue, et je suis sûr qu’elle a envie d’une douche chaude, d’un bon repas et d’un long sommeil. Je sais que c’est mon cas.

    — Si ce ne l’est pas, nous retournerons à cet hôtel devant lequel nous sommes passés en ville, d’accord ? Mais il faut d’abord examiner les lieux. Allons. Je ne pense pas qu’il y ait qui que ce soit ici.

    Nous sortons de derrière les buissons et nous traversons la cour, puis nous montons prudemment l’escalier branlant jusqu’à l’ombre de la véranda. Je prends la tête alors que nous contournons la porte et entrons dans la cabane. Le sol est poussiéreux et dénudé… à part une vieille chaussette dans un coin. Je me dirige vers elle, et quand je vois la note musicale brodée sur la cheville, je commence à rire.

    — Qu’est-ce qui se passe ? demande Christina en arrivant vers moi.

    Je pointe du doigt la note de musique sur la chaussette.

    — Savais-tu qu’il y a eu un compositeur célèbre du nom de Frederic Archer ?

    Ses bras glissent autour de ma taille.

    — Donc, cet endroit appartient vraiment à ton père ?

    — Ouais, il le faut, dis-je, ma voix tendue.

    Je me tiens juste au-dessus de la chaussette et je regarde autour de moi pour voir ce que me montre ce point d’observation. Il n’y a pas de meubles dans cet endroit ; c’est une pièce ouverte avec deux portes fermées à l’arrière, qui mènent peut-être à une chambre et à une cuisine. Il n’y a rien d’écrit sur les murs, et au plafond — oh, un instant —, il y a un clou rouillé enfoncé dans la planche de bois juste au-dessus de ma tête. Je lève le bras et je le tourne pour l’enlever, et ma respiration s’accélère.

    Il ne se passe rien. Je regarde le clou tordu dont l’oxyde de fer a teint mes doigts en orange. Il était juste au-dessus de ma tête. Juste au-dessus de la chaussette. Je repousse le truc déchiré avec mon pied, et je découvre un petit trou dans le plancher. Je me mets à genoux à côté, puis, suivant mon instinct, j’insère le clou dans le trou. Il s’accroche, et une intense vibration s’élance dans mon bras. Christina s’agrippe à mon épaule pendant que la maison tremble et que la porte derrière moi se déverrouille et s’entrouvre. Je l’ouvre à temps pour voir le plancher de la pièce s’ouvrir en coulissant, révélant un escalier métallique qui descend dans l’obscurité.

    Je me lève, je fixe le clou à nouveau dans son trou dans le plafond pour une future utilisation, et je prends la main de Christina.

    — Cet endroit appartient certainement à mon père.

    Et c’est à la fois impressionnant et déchirant.

    — Allons-y.

    Ensemble, nous descendons les escaliers, et nos paumes rasent les murs de béton frais. Je sens une autre vibration avant de l’entendre, et je lève les yeux pour voir le plancher coulissant se refermer au-dessus de l’ouverture de l’escalier, ce qui nous plonge dans l’obscurité totale. Christina touche mon épaule, et j’enroule mon bras autour d’elle.

    — Ça va. Garde une main devant toi pour ne pas te cogner sur un mur.

    À tâtons, dans l’obscurité noire comme de l’encre, nous descendons quelques marches et nous atteignons l’extrémité. Ma main effleure une porte de métal, et je tâtonne jusqu’à ce que j’atteigne un clavier, qui s’allume dès que je le touche.

    — S’il te plaît, dis-moi que tu connais le mot de passe, dit Christina.

    — C’est possible.

    Mon cœur bat un rythme nerveux dans ma poitrine pendant que je tape « Josephus ».

    Il émet une tonalité et laisse échapper une petite décharge électrique. J’arrache ma main avec un cri et je secoue la douleur de mes doigts.

    — Je suppose que ce n’était pas ça, marmonné-je, tellement frustré que je sens des picotements le long de mes membres.

    Bon sang. Une autre impasse. Papa n’aurait pas gaspillé son dernier souffle sur ce nom, sur ce message, s’il n’avait pas été important. Alors, qu’est-ce qu’il a pu vouloir dire ? Je serre les dents. C’est peu important en ce moment, parce que je me suis piégé — avec ma petite amie — dans le sous-sol d’une cabane au milieu de nulle part. Ce qui importe maintenant, c’est de trouver quel est effectivement le mot de passe.

    J’essaie « ténacité ». Décharge. « Spruance ». Décharge. « Scanneur »…

    — Merde !

    Je recule. Les picotements douloureux envahissent mes doigts.

    Le souffle de Christina est chaud dans mon oreille.

    — Va moins vite. Prends quelques minutes pour y penser. Nous allons bien. Personne ne nous pourchasse pour le moment. Tout va bien pour nous.

    Ses bras sont serrés autour de ma taille alors qu’elle essaie de me soutenir.

    — As-tu essayé les mots de passe qu’il utilisait dans le passé ?

    Je cligne des yeux vers le détestable clavier. Je peux presque entendre le rire sombre de mon père. La décharge n’est pas néfaste, juste agaçante et douloureuse. Comme les critiques de mon père. Je pousse un soupir, puis je tape lentement le second prénom de ma mère, un de ses favoris, malgré le risque évident de sécurité. Et… pas de décharge. La porte fait un bruit sec et s’ouvre. Plusieurs lampes et plafonniers illuminent l’espace, activés par le mouvement, je suppose.

    — Ouah ! marmonne Christina, faisant parfaitement écho à mes sentiments alors que nous entrons dans un appartement.

    Cet endroit ressemble exactement à notre appartement de New York, les fenêtres en moins. Mêmes meubles. Même agencement. Quelques-unes des mêmes photos de famille. Tout ce qui manque, ce sont mes affaires, éparpillées sur la table basse. Je ferme la porte de métal derrière nous et je me dirige vers la cuisine. Et bien sûr, quand j’ouvre le réfrigérateur, je vois plusieurs repas numéro dix. Deux cent vingt-cinq grammes de soupe aux haricots pinto avec du jambon maigre. Quatre craquelins de blé. Cinquante grammes d’ananas, de banane et de mangue séchés. Cinquante grammes de noix mélangées.

    — Tu as faim ? dis-je à Christina en retirant deux plats du frigo.

    — Merci, dit-elle en les prenant. Vas-tu me dire comment tu fais avec tout ceci ? C’est tellement étrange.

    Je hausse les épaules.

    — Pas pour mon père. Si je ne me trompe pas, il aura un laboratoire ici aussi. Je dois aller jeter un coup d’œil, mais nous allons manger d’abord. On dirait que tu es prête à t’écrouler.

    Nous nous assoyons à la table, et je prends ma place habituelle. Je pense à la dernière fois que je l’ai fait. La dernière fois que j’ai vu mon père tel qu’il était toujours, bien peigné et sans un faux pli, et énervé après moi. Nous avions pris notre petit déjeuner avec George, et ils parlaient des estimations de population et comment les calculs de mon père montraient que les chiffres changeaient plus rapidement que prévu. Maintenant, je sais qu’il voulait dire que, chaque jour, il y avait plus de H2 et moins d’humains. Mais il y avait aussi des anomalies — quatorze. Et en réfléchissant à la façon dont la peau de George avait brillé orange sous la lumière du scanneur au lieu de rouge ou bleu comme tous les autres, je me demande s’il faisait partie de ces anomalies. J’aurais aimé savoir ce que ça signifie.

    Après avoir terminé, je tente d’appeler ma mère, mais son téléphone se rend directement à

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