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Cordiallement, E.
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Livre électronique326 pages5 heures

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À propos de ce livre électronique

Les romans de fantaisies sont une source intarissable de rves pour bien des lecteurs. Plusieurs se plaisent dailleurs simaginer dans leurs mondes favoris. Cest le cas dAlexandra, une jeune femme tout sauf ordinaire. Une trange tempte la projette dans ses romans prfrs o elle devra vendre chrement sa peau. Elle y rencontrera une bande daventuriers sympathiques, des cratures magiques, ainsi quun mystre auquel elle devra faire face. Pourra-elle se rsoudre refaire sa vie dans cet trange lieu peupl delfes, de dragons, de monstres et de sorciers? Sans compter que comme dans toute bonne aventure fantaisiste, des mchants rodent dans lombre Mais est-elle prte connatre la vrit sur elle-mme? Seul le temps (et lhistoire) le dira. Comment ragira-elle en ralisant que le prix de ses rves est si lev?
LangueFrançais
ÉditeurXlibris US
Date de sortie29 août 2016
ISBN9781524539221
Cordiallement, E.
Auteur

Lydie Eustache

Lydie est née dans la banlieue de Montréal, Canada. Sa fascination pour les mondes parallèles a commencé quand elle avait 4 ans, quand son père utilisa la physique quantique pour lui expliquer pourquoi les chaussettes disparaissaient constamment dans la sécheuse. Lydie a commencé à écrire des histoires à un jeune âge et a commencé à lire avant l'âge de 5 ans. Elle aimait tellement ça, en fait, qu'elle lisait souvent le Seigneur des Anneaux secrètement en classe au lieu d'écouter l'enseignant. En conséquence, elle a passé la majeure partie de sa vie scolaire en détention, à copier le dictionnaire. Pendant son temps libre, elle aime la lecture, le dessin, la peinture, la confection de costumes médiévaux, les jeux de rôle, l'observation des oiseaux et faire des applications inutiles sur son téléphone Android.

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    Aperçu du livre

    Cordiallement, E. - Lydie Eustache

    CORDIALLEMENT, E.

    LYDIE EUSTACHE

    Copyright © 2016 par Lydie Eustache.

    ISBN:         format de poche          978-1-5245-3923-8

                       livres électronique       978-1-5245-3922-1

    Tous les droits sont réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen, électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l’enregistrement, ou par voie de stockage d’information et de recherche documentaire sans l’autorisation écrite du propriétaire du droit d’auteur.

    Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les incidents sont soit le produit de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés fictivement, et toute ressemblance à des personnes réelles, vivantes ou mortes, des événements ou des lieux est purement fortuite.

    Toutes personnes représentées en images fournies par Thinkstock sont des modèles, et ces images sont utilisées uniquement à des fins d’illustration.

    Stocks d’images © Thinkstock.

    Information d’imprimerie disponible sur la dernière page.

    _____________________________________________________

    Copyright © 2016 by Lydie Eustache.

    ISBN:        Softcover         978-1-5245-3923-8

                      eBook              978-1-5245-3922-1

    All rights reserved. No part of this book may be reproduced or transmitted

    in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording, or by any information storage and retrieval system,

    without permission in writing from the copyright owner.

    This is a work of fiction. Names, characters, places and incidents either are the

    product of the author’s imagination or are used fictitiously, and any resemblance

    to any actual persons, living or dead, events, or locales is entirely coincidental.

    Any people depicted in stock imagery provided by Thinkstock are models,

    and such images are being used for illustrative purposes only.

    Certain stock imagery © Thinkstock.

    Rev. date: 08/29/2016

    Xlibris

    1-888-795-4274

    www.Xlibris.com

    735712

    Contents

    Prélude

    Prologue

    Chapitre 1 Une Forêt

    Chapitre 2 Les Aventuriers

    Chapitre 3 La Tour

    Chapitre 4 Kephren

    Chapitre 5 Nortbar

    Chapitre 6 Lence

    Chapitre 7 Serg

    Chapitre 8 La Mission

    Chapitre 9 Leçons

    Chapitre 10 Secrets

    Chapitre 11 La Passe De L’aventurier Fou

    Chapitre 12 Vander Meil

    Chapitre 13 Shanduul

    Chapitre 14 La Fuite

    Chapitre 15 Quand Est-Ce Qu’on Arrive?

    Chapitre 16 Kierian Eltregrin

    Epilogue

    PRÉLUDE

    N iché au creux d’une haute montagne escarpée, dans une grande salle taillée à même les parois d’une immense caverne, quatre formes encapuchonnées de noir conspiraient à voix basse. Les comparses étaient assis autour d’une longue table faite entièrement de l’obsidienne la plus pure qui soit. La pierre noire semblait lugubrement absorbée toute la lumière environnante. Étrangement, la pièce ne semblait pas avoir d’issue…

    "Ça ne peut pas continuer comme ça! Le Roi du Veldebrende nous met constamment des bâtons dans les roues! » S’exclama l’un deux de sa voix doucereuse.

    "Ses agents viennent mettre leurs sales petits nez de fouineurs dans nos affaires et ils empêchent le commerce de bien rouler! », continua le deuxième, d’un ton geignard qui fit grimacer ses compagnons.

    "Ils ont encore intercepté un de mes chargements près de Shtam il y a deux jours. Ces maudits agents du Bouclier sont partout! Leurs espions traînent dans tous les coins et on ne peut pas faire un pas sans qu’ils le sachent!», poursuivit-il.

    "Du calme, j’ai un plan », dit le troisième larron d’un ton autoritaire.

    De sa voix grave et posé, il entreprit donc d’exposer son idée à ses compères. Ceux-ci approuvèrent la proposition avec beaucoup d’enthousiasme. Sauf le quatrième, qui se contenta de s’adosser confortablement à son siège avec un subtil sourire en coin, dissimulé sous sa lourde capuche noir. Mais intérieurement, il se délectait d’avance du chaos et de la souffrance que SON plan engendrerait. Bientôt, Artian lui appartiendrait entièrement! Quelques pions bien placer lui permettrait enfin d’accomplir sa destinée. Tant que sa marionnette suivait ses ordres, tout se passerait bien…

    **********************

    Loin sous la surface, au fond d’un immense lac, une conscience s’éveillait. Quelque chose n’allait pas. Il passa en revue toute les images qu’il avait vues durant son long sommeil, jusqu’à ce qu’il trouve celle qui l’avait réveillé. Comment cette bande d’imbéciles peuvent-ils être assez idiots pour croire que c’est un bon plan? Ils vont tout détruire avec leur folie!

    Il devait intervenir avant qu’il ne soit trop tard. Les siècles de sommeil n’avaient en rien diminué son incroyable capacité intellectuelle. Il jongla mentalement avec une multitude d’idées en l’espace d’une fraction de seconde avant d’en choisir une, avec un mystérieux sourire en coin. C’était LA solution parfaite. Tout était déjà en place et il ne manquait qu’à donner un petit coup de pouce au destin, histoire de provoquer l’impossible et réparer certain petits détails qui ne l’avaient pas réveiller plus tôt. Ces évènements-là n’étaient pas officiellement de son ressort, mais ça lui permettrait tout de même d’intervenir. Alors qu’il calculait tout ce dont il avait besoin pour mettre SON plan à exécution, un léger doute s’empara de lui. Il le chassa rapidement de ses pensées: les besoins du plus grand nombre doivent passer avant le bonheur d’un seul. Un jour elle comprendra et elle pourra passer par-dessus la douleur et les mauvais souvenirs. Elle comprendra que le jeu en valait la chandelle. Bien sûr qu’il n’aimait pas l’idée de mettre une personne innocente dans une fâcheuse position, mais il n’avait pas le choix. Ce n’était pas la première fois, après tout… Sans compter que ça la sauverait d’un destin encore bien pire dont il ne pourrait pas la protéger. Il mit ses remords de côté pour se concentrer sur sa tâche.

    PROLOGUE

    L a soirée venait à peine de commencer. Par la fenêtre entrouverte, j’entendis le son d’un avion couvrir momentanément les bruits du trafic incessant de la grande métropole. À croire que le monde entier conspire pour m’empêcher de lire ou quoi? Je vous en prie, ne vous méprenez pas sur moi : je suis une jeune femme timide, calme et pas du tout paranoïaque, mais la journée avait été particulièrement rude au boulot et j’étais à bout de nerf. Me rendre au travail n’avait pas été une partie de plaisir non plus, prise dans le trafic et les travaux routiers. Mon retour à la maison avait été encore pire! Enfin, je dis maison alors que je devrais plutôt dire : petit logement de 3 pièces qui tombe en ruine et que je paye ridiculement cher, situé dans le pire quartier de la ville. C’est comme ma voiture en fait. Je devrais plutôt dire : vieille bagnole toute rouillée qui a lâché alors que je rentrais calmement du boulot et que je n’avais pas encore fini de payer. J’ai dû prendre l’autobus pour faire le reste du trajet car je n’avais pas les moyens de me permettre de prendre un taxi ou encore le service de raccompagnement offert par la fourrière municipale. Pour couronner le tout, un homme étrange, habillé tout en noir avec des lunettes fumées et qui semblait sorti tout droit d’un film policier m’avait suivi une bonne partie de l’après-midi. C’était probablement un employé des services sociaux qui venait vérifier que je me comportais toujours comme une citoyenne modèle… Ou un policier qui venait me dire qu’il avait découvert de nouveaux détails sur ma famille. Comme mon vrai nom, par exemple. A moins que ce ne soit un pervers. Tant qu’a y être, ça pouvait même être un extraterrestre qui cherchait a m’enlever… Moi et mon imagination trop débordante! Je n’avais malheureusement pas besoin de beaucoup avant qu’elle ne prenne le dessus. Ou bien cet homme ne me suivait pas réellement et par pur hasard, il prenait le même trajet que moi…et il s’était perdu aux mêmes endroits que moi. Mon sens de l’orientation n’était pas mon point fort et je me trompais souvent de chemin, alors ça me semblait un peu tirer par les cheveux comme explication. Mais l’homme ne m’avait ni regardée, ni approchée, alors je n’avais pas vraiment de raison de m’inquiéter…enfin, je l’espérais. J’ai quand même décidé de ne pas prendre de chance et j’ai fait de mon mieux pour perdre l’embêtant personnage, au cas où… Définitivement, j’avais vraiment, vraiment besoin de me changer les idées!

    En arrivant chez moi, j’avais commandé une pizza au bacon, mis la cafetière en marche et je m’étais confortablement installée sur mon vieux divan tout rapiécé avec un roman de fantaisie que je venais tout juste d’acheter, écrit par mon auteur favori : Eli P. Le scénario rêvé pour se détendre….. Jusqu’à ce que tout devienne trop bruyant pour lire! Je ne sais pas ce qui pouvait se passer de spécial en ville en ce mercredi soir d’avril mais tout le monde semblait s’être passé le mot pour parader avec leur grosse voiture juste devant chez moi. Et maintenant, un énorme Boeing qui passait au ras des toits ! Tout en pestant à voix basse contre les idiots qui avaient inventé des autos et des avions aussi bruyants, j’ai déposé mon bouquin sur la table basse devant moi et je me suis levée pour me diriger rageusement vers la petite fenêtre du salon. En la fermant, je réduirais ainsi de moitié les sons enquiquineurs et j’arriverais peut-être ainsi à me concentrer sur ma lecture. Enfin, espérons-le. C’est à ce moment que j’ai remarqué un autre bruit, beaucoup plus subtil : il avait commencé à pleuvoir. Mais ça va mouiller mon tapis!

    Je devais fermer la fenêtre au plus vite! Trois mètres seulement m’en séparaient, ce qui représente tout au plus une dizaine de pas. Dix pas, avec des petites jambes comme les miennes ça se fait en quelques secondes seulement. Mais ces quelques secondes furent suffisantes pour que l’impensable se produise. Entre les rideaux rouge cerise, le ciel était maintenant illuminé par des centaines d’éclairs aveuglants. Le tonnerre se mit à gronder de façon menaçante et d’énormes grêlons vinrent percuter violemment la façade du bâtiment. Craintive, je fis un pas vers l’arrière en réfléchissant à toute vitesse. Peut-être que je ferais mieux de me réfugier dans une pièce où il n’y a pas de fenêtre?

    Le seul endroit dans mon appartement où je pourrais être en sécurité était ma minuscule salle de bain. Je me suis donc retournée sur un coup sec et j’ai fait un pas en direction de la porte. Un bruit assourdissant se fit alors entendre et sans autre avertissement, je fus violemment projetée au sol. Hébétée, j’ai remarqué avec surprise une impressionnante quantité d’éclats de vitre qui jonchaient le tapis autour de moi. Mais qu’est-ce qui ce passe ! Je me suis retournée pour regarder en direction de la fenêtre. Celle-ci venait d’éclater en mille morceaux, comme si elle avait été soufflée par une violente explosion. D’ailleurs, une bonne partie du mur gisait également par terre. Totalement incrédule, j’ai contemplé les dégâts pendant un court instant avant de remarquer autre chose. Des centaines de petites lumières bleues entraient par le trou béant laissé par la déflagration. On aurait dit des lucioles transgéniques gorgées d’électricité. Elles foncèrent aussitôt sur moi à une vitesse ahurissante, pendant que je restais paralysée sur place, sous le choc. En un éclair, elles atteignirent l’endroit où j’étais et elles se mirent à tourbillonner autour de moi en se rapprochant de plus en plus. L’air devenait rapidement chargé d’électricité statique et mes cheveux se dressait sur ma tête comme s’ils étaient animé d’une vie propre. Un picotement intense raidissait ma nuque et courait le long de mes nerfs. J’aurais bien voulu crier de peur, mais ma gorge ne m’obéissait plus et pas le moindre chuintement n’en sorti. Des larmes glaciales coulèrent sur mes joues, s’évaporant rapidement comme par magie. Avant que je n’aie le temps de faire quoi que ce soit, le monde sembla exploser en un gigantesque feu d’artifice multicolore. J’eus l’impression d’être projetée dans les airs comme une vulgaire poupée de chiffon avant de tomber pendant ce qui me sembla être une éternité. Je ne sentais qu’un étrange vent froid m’envelopper de sa mortelle caresse jusqu’à que je percute subitement une surface chaude, humide…. et légèrement moelleuse. Mon corps tout entier fut parcouru par une vague de douleur fulgurante avant que les ténèbres de l’inconscience ne m’offrent un trop court répit.

    CHAPITRE 1

    UNE FORÊT

    J ’ai repris graduellement connaissance, après une durée de temps indéterminé. J’étais couchée sur le ventre, sur un épais tapis chaud et légèrement humide. Tout mon être me faisait souffrir et je fus incapable d’ouvrir les yeux pendant quelques instants. J’étais encore étourdie par le choc et ma tête était remplie d’un épais brouillard lancinant. J’ai pris une grande inspiration pour mieux calmer mon cœur qui battait la chamade. Mes poumons s’emplirent alors d’une multitude d’odeurs inhabituelles. Les brins de tapis rudes chatouillaient mon nez et avaient tendance à gratouiller l’intérieur de mes narines. De doux arômes sucrés flottaient dans l’air, accompagnés par le parfum entêtant des fleurs exotiques. Les battements de mon cœur résonnaient dans mes tympans, occultant tous les autres bruits mais quelques bonnes grandes respirations me permirent de me calmer suffisamment pour enfin percevoir les sons environnants. Les bruits de la grande ville avaient fait place au doux bruissement des feuilles d’arbres ainsi qu’au chant mélodieux des oiseaux. Des volatiles qui pépiaient d’ailleurs d’indignation devant ma subite intrusion… Un affreux doute s’empara soudainement de moi. J’ouvris un œil encore engourdi pour me rassurer. Et mon doute se confirma : j’étais étendue sur le sol verdoyant d’une luxuriante forêt, mon ventre reposant sur un épais tapis de mousse verte parsemée de petites fleurs blanches. Au-dessus de moi, un soleil éclatant brillait dans un ciel d’un bleu intense. Aucun nuage n’était visible à l’horizon, mais des traces évidentes de la tempête avaient défiguré le paysage. Le sol sous moi était détrempé et de nombreuses branches étaient brisées. De fines gouttelettes de pluie tombaient encore des feuilles et elles captaient les rayons du soleil, projetant ainsi une multitude de petits arcs-en-ciel autour d’elles avant de venir s’écraser lourdement sur le gazon.

    Après quelques minutes passées à observer mon environnement, j’ai pris conscience que quelque chose clochait: les dégâts ne se limitaient qu’à un rayon d’environ 10 pieds autour de moi. Sans compter que la forêt la plus près de chez moi se situait à des kilomètres de distance ! Une tornade n’aurait jamais pu me transporter aussi loin! Et je n’aurais surtout pas survécu à la balade…. Et il y aurait des débris de maisons ou autres choses. Ça commençait à faire beaucoup de et… Ne sachant pas quoi faire d’autre, j’ai continué à regarder les alentours, dans l’espoir de trouver un indice qui m’aiderait à comprendre ce qui s’était passé. Après une brève inspection, j’ai remarqué que les arbres avaient des formes et des couleurs plutôt inhabituelles. Je me suis péniblement assise pour mieux les voir. Ma tête m’élançait douloureusement, rendant le mouvement particulièrement difficile. J’ai fermé les yeux quelques secondes, histoire de chasser furieusement les étourdissements qui manquèrent me faire vomir. Dès que j’ai eu repris le contrôle de mon estomac, j’ai réouvert les yeux pour continuer mon exploration visuelle. On aurait dit que je me trouvais dans une forêt de feuillus sortit tout droit d’un conte de fées….. Ou d’un roman de science-fiction. Des feuilles vert sombre, rouge foncé et argenté s’étendaient gracieusement autour de troncs minces largement pourvus de petites branches. L’écorce des arbres avaient de chaudes teintes rougeâtres et dorées qui contrastaient avec les longues feuilles délicates. Les petites fleurs qui parsemaient le tapis de mousse semblaient faites de cristal et elles brillaient intensément sous le soleil. Il faisait plutôt chaud pour une journée d’avril… Des lianes argentées, recouvertes de grosses fleurs bleu saphir pendaient élégamment aux arbres. De petits oiseaux rouge flamme gros comme des mésanges étaient perchés sur des branches basses et me contemplaient avec curiosité. Même à la télévision ou sur internet, je n’avais jamais vu d’arbres, de plantes ou d’oiseaux semblables. Ma tête se mit à tourner et un nouveau doute s’empara de moi: et si la tempête m’avait transportée dans un autre monde? Du calme Dorothée, c’est impossible. On est dans la réalité, pas dans un roman de fantaisie et je ne vis pas en Arkansas!

    J’ai chassé vivement ces doutes de mon esprit pour me concentrer sur le moment présent. Mon corps meurtri réclamait mon attention à grand cris et j’entrepris donc de faire l’inventaire de mes blessures. Les nombreuses petites douleurs dans mon dos suggéraient que plusieurs éclats de verre s’y étaient logés. Certains semblaient avoir pénétré profondément dans mes chairs et entravaient légèrement mes mouvements. J’avais quelques coupures sur mes mains et mes bras mais rien de bien profond. Tout mes muscles étaient endolories, sûrement à cause de ma chute et mes nerfs étaient encore parcouru par d’occasionnels soubresaut étranges que je ne comprenait pas. Ma tête me faisait encore un mal de chien mais ma vision se clarifiait rapidement et mon estomac se replaçait enfin. Pour ce qu’il en était des dommages matérielles, mes jeans et mon chandail noir étaient déchirés à plusieurs endroits, j’avais perdu un soulier et mes bas n’étaient plus d’un blanc éclatant en raison de la boue qui y séchait lentement. Un nombre impressionnant de feuilles mortes et de brindilles s’étaient emmêlées dans mes longues boucles acajou. Elles m’arrivent en bas du dos, alors ça me promettait des heures de plaisirs en perspective pour les nettoyer…. Surtout sans brosse à cheveux. Mon fin visage ovale devait être sale aussi mais je ne pouvais que l’imaginer, n’ayant aucun miroir avec moi.

    Deuxième chose à faire sur ma liste de priorité : vérifier à quelle distance je me trouvais de la civilisation. La forêt me cachait impitoyablement la vue mais plusieurs arbres autour avaient des branches assez basses pour que je puisse y grimper. Du haut des airs, je verrais beaucoup plus loin. Je devais juste en trouver un qui soit plus grand que les autres pour éviter que ma vue ne soit bloquée par un quelconque obstacle. Un spécimen en particulier attira mon attention. Son tronc doré étais plus épais et il devait monter à plus de 60 pieds dans les airs (à vue de nez). Son feuillage rouge vin veiné de vert émeraude était moins dense près du sommet ce qui m’offrirait un excellent point d’observation. Je me suis relevée péniblement en me tenant à un arbuste épineux qui se trouvait sur ma droite. Mauvaise idée : les épines argentées entaillèrent cruellement la paume de ma main, ce qui me fit regretter amèrement mon geste. Pestant à voix haute contre le mauvais sort qui s’acharnait sur moi, j’ai finalement réussi à me remettre debout. Au loin, je pouvais voir un immense arbre noir dépourvu de feuille qui aurait fait un meilleur perchoir, mais il me semblait trop éloigné pour m’être utile. J’ai avancé en chancelant vers le gros arbre que j’avais choisi. J’ai agrippé le plus fermement possible deux branches qui poussaient au niveau de ma tête et j’ai mis mon pied gauche sur une autre qui poussait presque au ras du sol. Je me suis ainsi hissée tant bien que mal vers le sommet. La douleur était presque insoutenable mais je n’avais pas d’autre choix: ma survie en dépendait! Des larmes coulaient involontairement sur mes joues endolories et j’ai dû faire plusieurs pauses au cour de ma lente ascension.

    Après ce qui me sembla être une éternité, je suis enfin parvenue à la cime. Mon soulagement fut malheureusement de courte durée : autour, une forêt particulièrement dense s’étendait à perte de vue et ce dans toutes les directions! Tout au fond du paysage, une épaisse ligne sombre que je ne pouvais identifier soulignait un ciel bleu azur dépourvu de nuages. Le soleil se trouvait à son zénith, ce qui fait que je n’avais aucune idée où était le Nord. De toute façon, je n’avais aucune idée dans quelle direction se trouvait la ville la plus proche. Quelques minutes supplémentaires s’écoulèrent avant que je ne remarque une éclaircie qui pourrait être une clairière plus loin sur ma gauche. Juste à côté se trouvait un immense arbre noir. Il devait mesurer plus de 100 pieds! Ça vaut le coup d’essayer de grimper dans celui-là. Je verrai sûrement mieux. Quelque peu rassurée, je suis descendue avec précaution de mon perchoir.

    J’ai regagné la terre ferme avec un soupir de soulagement, en prenant garde de ne pas perdre de vue la direction de mon repère. Rendue au sol, je me suis effondrée contre le tronc doré, les jambes flageolantes et le souffle court. Il m’a fallu un bon 10 minutes d’auto-motivation intense pour que j’arrive enfin à me remettre debout. Je suis partie vers ma cible en boitillant douloureusement. Tout en marchant, j’ai continué à observer attentivement mon environnement, à la recherche d’un détail qui me serait le moindrement familier. Peine perdue, je ne reconnaissais aucune variété de plantes. Tout ressemblait à ce qu’on retrouve normalement dans une forêt d’Amérique du Nord…… Mais seulement vaguement. Les couleurs me semblaient irréelles et je me suis demandé si ma vision avait été affectée par la chute. Peut-être que je me suis cognée la tête en retombant et que j’ai une commotion cérébrale ! Ça expliquerait beaucoup de choses… Mon imagination n’arrête pas de me jouer des tours. J’aurais juré avoir vu des fées, il y a un instant… Ça devait être des papillons. Je me suis secouée la tête doucement et j’ai passé une main tremblante dans mes cheveux pour vérifier que tout était en ordre et que je n’avais pas de bosse ou de blessure, mais tout semblait normal de ce côté-là. J’ai chassé de mes pensées les idées alarmistes qui menaçaient de me faire perdre l’esprit pour me concentrer sur ce que je faisais. L’endroit avait beau être magnifiquement exotique, avec ces allures incompréhensible de conte de fées, il n’en restait pas moins inquiétant. Qui sait quel genre de bêtes sauvages traînaient dans le coin….

    J’ai marché péniblement pendant une heure ou deux avant de prendre une pause. Je me suis assise sur le tronc vermoulu d’un arbre mort qui se trouvait en plein milieu de mon chemin. Je commençais à avoir faim et soif mais je n’avais croisé aucun cours d’eau ni de chose comestible jusqu’à présent. Enfin, que je reconnaissais assez pour savoir que c’était comestible. J’étais assise depuis environ 5 minutes quand j’ai remarqué un mouvement suspect à travers le boisé sur ma droite. Inquiète, j’ai plissé mes yeux gris pour mieux voir ce que c’était, prête à m’enfuir si je voyais surgir un loup ou un ours. Ou pire encore. Je n’ai pas eu besoin de scruter la forêt bien longtemps pour apercevoir le responsable de ma frayeur : une espèce de gros écureuil blanc aux longues oreilles qui sautait allégrement d’une branche à l’autre. Je me suis sentie un peu stupide de m’affoler pour si peu. J’ai continué à le regarder batifoler dans les feuilles pendant encore quelques minutes, histoire de laisser mes pieds se reposer un peu. La petite bête fut bientôt rejointe par un compagnon de son espèce et ils se mirent à jouer ensemble comme deux enfants turbulents. Plusieurs oiseaux colorés vinrent également s’installer à proximité pour observer cette attendrissante scène bucolique. J’ai ainsi pu voir de très près d’autres petites mésanges de feu. Il y avait aussi une espèce de gros jaseur couleur saphir, deux grands pics avec de très longues crêtes, de petits colibris avec une longue queue fourchue et un cardinal d’un bleu éclatant… Toute cette scène avait quelque chose d’irréel et de fascinant. J’en ai même oublié pendant un instant mes soucis pour me laisser aller complètement à la simplicité de ce moment de bonheur. C’est si beau que j’ai l’impression de rêver.

    Je fus brusquement tirée de ma rêverie par un cri strident venant du haut des airs. Tous les oiseaux qui se trouvaient à proximité s’envolèrent à tire d’ailes en pépiant de frayeur. Un énorme faucon albinos fondit en piqué à travers les branches, ralenti quelque peu avant d’arriver au sol d’où il repartit presque aussitôt en tenant fermement entre ses puissantes serres un gros mulot que je n’avais pas remarqué auparavant. Je suis restée pétrifiée de stupeur devant ce changement radical d’atmosphère. Le faucon lui, a disparu aussi soudainement qu’il était apparu, emportant avec lui son précieux repas. Dur retour à la réalité: dans la nature, on peut toujours trouver une bestiole plus grosse que soit qui a un petit creux! Sur cette note douce-amère, j’ai repris ma route, en redoublant de vigilance après cette impitoyable leçon. J’ai donc continué à avancer résolument en direction de ma balise. Plus je m’en approchais, plus une excitation fébrile commençait à s’emparer de moi. Je faisais de moins en moins attention à ce qui m’entourait tant j’étais contente d’arriver enfin au but que je m’étais fixé. J’ai fini par m’enfarger dans une grosse racine qui se dressait sur mon chemin. Je me suis retrouvée subito presto sur le dos avec les quatre fers en l’air, heureuse de n’avoir comme témoin de ma maladresse qu’une bande d’oiseaux nonchalants. Je les ai fusillés du regard avant de me remettre debout (une fois de plus) et j’ai repris ma route avec plus de précaution.

    La forêt semblait devenir un peu moins dense et j’arrivais à avancer plus facilement. J’ai finalement atteint le gros arbre noir sans plus d’incident. J’ai découvert avec surprise que l’éclaircie qui se situait à coté était due à la présence d’un lac de bonne dimension. De froid reflet argenté dansaient joyeusement à sa surface, m’appelant avec la voix entêtante d’une sirène. De l’eau, enfin!! Sans pensée aux microbes, bactéries et autres joyeusetés du genre, je m’y suis précipitée sans attendre pour y boire goulûment. Mes mains étant particulièrement sales, je me suis laissé tomber à genoux et je me suis penchée sur le bord. J’ai posé mes mains au sol et j’ai bu comme un chat. L’eau était fraîche et avait le goût pur des sources de montagne. J’avais

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