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La Liste
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Livre électronique198 pages2 heures

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À propos de ce livre électronique

Graziella accepte une offre de travail à Abou Dhabi et signe le contrat à Saint-Pétersbourg, où on lui procure en couverture la promotion de produits cosmétiques pour s’infiltrer dans les familles de la haute société à Tunis. Des espions d’Espagne, de France, de Grande-Bretagne, de Russie et des Etats-Unis utilisent The Onion Router, le réseau des hackers, pour la suivre, alors qu’elle fait des recherches sur les familles de scientifiques sur Facebook. Une moucharde anglo-indienne essaie de la prévenir du danger, mais échoue. Deux victimes meurent : une franc-tireur et un espion britannique. Au dénouement, l’ouverture annuelle des Nations-Unies s’annonce chaude avec des accusations croisées entre Américains, Russes et Européens, demandes d’asile international et manifestations dans les universités des Etats-Unis en faveur des demandeurs d’asile.

LangueFrançais
ÉditeurMartin Baker
Date de sortie7 juin 2019
ISBN9780463475638
La Liste
Auteur

Martin Baker

Journalist. Writer and storyteller. I help startups to build their identity. My novels are the result of my living abroad and cross-cultural interacting in different continents. I write about what I see, what I feel on the air, what ́s humming on my surroundings.

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    Aperçu du livre

    La Liste - Martin Baker

    La Liste

    Par Martin Baker, Smashwords Copyright 2019

    Traductrice: Nathalie Noel-Godeau

    Déssinatrice de couverture: Lorena Cañamero López

    Le journalisme c’est ce que personne ne veut publier, le reste c’est des relations publiques.

    George Orwell

    CHAPITRE 1

    Jour 1, Palma de Majorque

    Sergio sortit de la salle de bains, boutonna ses manchettes et regarda vers la terrasse de la chambre pour apercevoir la ligne droite dessinée par la mer. Il ramassa les deux revolvers qui reposaient sur le lit défait, ferma la valise avec les armes dedans et passa un appel. Le soleil matinal s’infiltrait placide et direct, ses rayons chauffaient légèrement les carreaux de céramique en face de la terrasse. Il raccrocha, s’assit deux minutes pour mettre de l’ordre dans ses pensées, ferma les yeux, les rouvrit et soupira. Il se leva, et sortit emportant avec lui ses valises et les effets personnels de ces derniers jours.

    Il n’arrivait toujours pas à comprendre ce qu’il faisait dans cet hôtel, en attente d’instructions comme un franc-tireur depuis plusieurs jours, alors qu’il aurait dû finir la correction de sa dernière collection de textes légaux en matière d’héritage d’Espagnols dans le cas de décès à l’étranger. Evariste, l’éditeur du Ministère, adorait travailler avec lui parce qu’il rapportait toujours des anecdotes rafraîchissantes de ses séjours à l’étranger et il les lui racontait en direct, des choses qu’aucun spectateur n’aurait crues si elles avaient été racontées devant la caméra mais que les protagonistes porteraient devant les juges si elles sortaient publiquement au grand jour. Les perles qui plaisaient le plus à Evariste étaient les histoires d’ambassadeurs, qui cocufiés par leurs femmes, devaient apparaître ensemble et heureux avec leur consort lors de la réception du Douze Octobre; les compagnies d’assurance qui refusaient de payer le coût de la chirurgie «fracture du poignet» de l’épouse du diplomate, parce que quelque part dans la facture quelqu’un avait laissé échapper «liposuccion», un mot qui n’avait rien à voir avec le poignet mais tout avec la culotte de cheval de la conjointe; les ambassadeurs qui engageaient leurs enfants temporairement pendant les vacances en utilisant les cartes d’identité d’autres candidats pour éviter d’être découverts et qui les rémunéraient en monnaie locale pour ne pas laisser de trace au Fisc. Il y en avait aussi qui essayaient de se procurer une commission supplémentaire en ouvrant le catalogue des F18 devant l’ambassadeur du Pakistan, au cas où cette dernière échauffourée contre les Indiens au Cachemire se solderait par l’achat compulsif d’avions militaires; et il ne manquait pas non plus de petites histoires sur les fonds réservés investis dans la modernisation de l’armoire de la fille de Son Excellence, au lieu d’avoir été utilisés à graisser la patte de l’espion du voisin, qui se faisait aimer parce que plus que par dévouement à son chef, ce qu’il souhaitait c’était s’acheter une belle maison en Thaïlande où personne ne connaîtrait son passé quand il prendrait sa retraite.

    Evariste devait s’arracher les cheveux dans son petit bureau des sous-sols du Ministère de la rue Santa Cruz, avec la chaleur qui s’insinuait sûrement déjà par les trottoirs madrilènes, pensait Sergio. Il n’avait pas donné signe de vie à Evariste depuis un certain temps et le livre aurait dû entrer sous rotatives depuis au moins quelques semaines bien qu’il ne se souvînt pas de la date qu’ils lui avaient réservée.

    Ce n’était pas le diplomate typique de sa génération. Dans sa jeunesse il avait fait partie d’une fournée qui se croyait tout permis, de ceux qui épousaient le parti politique de service et à qui peu importait qui était au pouvoir. Il appartenait à une promotion qui s’était réveillée de son mariage artificiel avec la politique quand les printemps arabes, les explosions sociales et les indignés au chômage, sans casse-croûte ni logement, sortirent dans les rues à tout casser pourvu qu’on les entende. Tandis que les magasins de proximité cessaient de faire crédit aux voisins en difficulté parce que sinon eux aussi couleraient, les compagnons de promotion de Sergio bronzaient en terre étrangère et mettaient leurs enfants dans des écoles internationales où ils passaient d’année scolaire en année scolaire sans grand contretemps, et luttaient contre vents et marées pour que les concours internes du Ministère ne les laissât pas en rade deux ou trois ans à Madrid sans les avantages des indemnités de déplacement.

    Sergio avait partagé quelques privilèges sociaux mais jamais ceux de naissance, de sorte que d’une certaine manière il faisait partie des deux tendances à l’intérieur de l’école diplomatique: les pistonnés supersoniques et les tout simplement pistonnés.

    Il ferma la porte de la chambre et prit l’ascenseur pour descendre. Il paya à la réception de l’hôtel, se dirigea vers la porte tournante et avant d’y entrer, il se retourna pour contempler le vestibule et vérifier en passant s’il était observé, si quelqu’un baissait les yeux rapidement pour consulter un guide touristique ou feignait d’admirer une lampe. Il fit ce qu’il fallait, faire semblant, sourit légèrement, chaussa ses lunettes de soleil et sortit au dehors. Il attendit qu’un couple prit le premier taxi à l’arrêt, céda le suivant à des retraitées en vacances qui le remercièrent énormément, et il n’attendit que quelques secondes l’arrivée du prochain sur la passerelle ombragée de l’hôtel. «La valise est petite, je la garde avec moi, merci» dit-il au chauffeur de taxi quand celui-ci voulut ouvrir le hayon et la mettre dans le coffre.

    CHAPITRE 2

    Jour 1, Abou Dhabi

    L’écran de l’ordinateur portable était fixé sur le profil LinkedIn de cette femme. Michael Maxwell restait la main figée sur la souris, il ne bougeait que pour cligner des yeux une ou deux fois à la minute, il était présent physiquement mais mentalement il se trouvait dans une autre ville, un autre pays, un autre continent, une autre réalité. Il avait perdu la piste de cette femme dont le curriculum anodin ne reflétait ni son rôle négociateur international ni le tournant que pourrait prendre la page de l’histoire si elle décidait de dénoncer, ou bien si son identité était découverte ou encore si elle était capturée la main dans le sac. Il lui avait parlé à plusieurs reprises mais ils avaient suffisamment échangé pour qu’il se rendît compte du diamant à l’état brut qu’il avait en face de lui.

    Soit il l’entraînait dans son équipe, soit quelqu’un se chargerait de la recruter et elle finirait par intégrer la scène internationale, les lumières des relations extérieures, les entrailles de l’espionnage. Il se lamentait de ne pas l’avoir engagée avant, mais Londres est ainsi, on ne donne le feu vert que si l’on est sûr à cent pour cent de l’intégrité du nouveau potentiel, et dans ce cas il était arrivé trop tard, parce que d’un seul coup, elle n’assistait plus aux conférences ni aux foires internationales ayant lieu entre Abou Dhabi et Dubaï.

    Cela ne faisait aucun doute que dès lors, chaque fois que son visage inconnu apparaîtrait dans une nouvelle du journal télévisé, cela signifierait qu’on l’aurait envoyée là-bas pour une raison, peu importait que ce fût en tant que bénévole de Médecins sans Frontières distribuant de la nourriture pour lutter contre la famine de la corne d’Afrique, ou comme citoyenne engagée donnant son sang pour les victimes de l’attaque terroriste de la salle du Bataclan à Paris.

    -Thé ?

    La voix lui parvint de la porte, il ne s’était pas rendu compte que Mahmooda le regardait appuyée au chambranle en aluminium de la porte. Qui avait bien pu avoir l’idée de faire les cadres en aluminium et les portes en verre avec des gonds en plastique si elles ne fermaient pas bien ? Cela devait ressembler à une agence de relations publiques du XXIème siècle, à une image 4.0 pour ce qui pouvait arriver, mais Michael était plus vieux jeu et il regrettait les panneaux de bois de l’ancien bâtiment de l’agence-mère au centre de la City.

    - Oui, j’arrive tout de suite.

    Mahmooda sourit, la bouche tordue, et fit demi-tour. Michael n’aimait pas cette femme envieuse, son désir de pouvoir et son imagination si limitée. La porte en verre continua à battre un peu, elle ne s’ajustait pas bien sur son axe et elle se tordait de par son poids.

    Michael ouvrit et referma la main posée sur la souris de l’ordinateur à deux reprises pour fléchir ses doigts, ferma tous les onglets de recherche et ferma la session. Il ne se leva pas avant que toutes les lumières du portable ne fussent éteintes. Il baissa l’écran et connecta la sécurité. Un click lui indiqua que tout était sécurisé. Il palpa la surface inférieure de la table à la recherche de quelque chose, il décolla un petit interrupteur et le mit dans sa poche droite.

    Quasiment tous les jours, la réunion avait lieu dans la petite cuisine de l’agence. Pour les expats, presque tous des Britanniques – une paire de Hollandais et un Français éduqué en Grande-Bretagne en sus-, le rendez-vous quotidien n’était pas aussi bon que ça parce qu’ils ne pouvaient pas s’exprimer comme ils l’auraient voulu, un moindre mal comparé à la vie de rêve dont ils jouissaient au Moyen-Orient: 365 jours de soleil à l’année et le privilège de boire de l’alcool à la terrasse de leurs maisons ou villas, comme on les appelle là-bas, loin des beuveries détestables qui dévalorisaient le centre historique de tant de villes européennes.

    CHAPITRE 3

    Deux semaines plus tôt, vol Saint-Pétersbourg (Russie)-Abou Dhabi

    L´atmosphère était lourde à l’intérieur de l’avion d’Etihad, du moins c’est ce que ressentait Graziela entre somnolente et fébrile sous la couverture doublée dont elle se couvrait et qui glissait indéfectiblement de ses genoux au sol laissant ses pieds froids à découvert. Elle était déchaussée, ne portait que ses chaussettes basses d’entraînement et une sensation de froideur dans la plante des pieds et ses orteils remontait vers son cou-de-pied. Elle n’avait pas envie de bouger. Il faudrait qu’elle cherche ses bottines à l’atterrissage, elle les perdait toujours à force de coups de pied nonchalants qu’elle leur donnait à chaque fois qu’elle se tournait d’un côté ou de l’autre. Ses chaussures finissaient généralement sous le siège du passager de devant, mais cette fois-ci les bottines étaient trop hautes pour qu’elles puissent se glisser entre le sol et les ancrages, elle pouvait les apercevoir près de la paroi, sous le hublot qui se trouvait entre le passager de devant et elle. C’était la première fois qu’elle visitait la Russie. Elle avait beaucoup aimé Saint-Pétersbourg et sa visite au musée ferait grincer les dents de jalousie à tous ces snobs culturels, un peu comme les bobos français, ces bourgeois bohèmes de caste culturelle et écologiste mais sans grand contenu personnel, qui pullulent dans toutes les grandes villes, déguisés en spécialistes de leurs propres vies. Ce serait pire si cette caste pleine de ressentiment et sans contenu vital savait que sa visite avait été d’affaires à niveau international.

    La conversation avec sa nouvelle cheffe à l’agence de Saint-Pétersbourg avait été très sui generis, pour la qualifier d’une certaine manière. Elle n’aurait jamais pensé que l’offre qu’on lui avait faite par courrier électronique pourrait se réaliser. De fait, elle avait dit qu’elle prenait quelques journées de libre pour faire «du tourisme» et crâner devant ses amis avant de chercher un autre travail. Jusqu’à ce moment, sa vie avait été celle du cochon, comme le disait une ancienne collègue de travail: se lever, manger, bosser un peu, se coucher et rebelote. Elle ne s’en plaignait pas parce qu’elle avait toujours eu une vie plus ou moins facile.

    Elle ne réussit pas à s’endormir pendant le vol. Les yeux fermés, se sentant bercée par le léger mouvement de l’appareil, elle visualisa mentalement la liste des plats du menu aérien et la laissa s’insinuer dans sa liste de pensées et lui ouvrir l’appétit. Quelle faim. Comment serait le pudding au chocolat anglais du dessert, pensa-t-elle. La bonne odeur des mets fraîchement réchauffés lui arrivait du chariot que poussait l’hôtesse. Elle entendit les roues qui avançaient puis s’arrêtaient à nouveau deux pieds plus loin. Elle pensa à remonter son siège incliné, ouvrir la tablette et saliver un peu, comme le chien de Pavlov au bruit de la clochette. Elle ne voulait pas paraitre trop inquiète, mais découvrir le menu c’était comme découvrir l’IPhone, une expérience unique pour l’utilisateur, comme l’expliquait Steve Jobs pour justifier que le public s’amourachât de ses produits Apple. Le seul téléphone intelligent que Graziela avait eu jusqu’alors était précisément un IPhone et en ce qui concernait les lignes aériennes, ces dernières années elle ne volait plus qu’avec les compagnies du Golfe car le menu était toujours à la hauteur. Ce qui compte c’est l’expérience, se disait-elle avant de fermer les yeux en pensant à la soustraction sur son compte courant en acquittant son billet. Cela en vaut la peine, disait-elle, surtout afin que les compagnies occidentales se rendent compte que nous, les voyageurs, ne sommes pas du bétail. Elle se souvenait encore de ce voyage Amsterdam-Madrid au cours duquel les hôtesses lançaient les sandwichs au fromage huileux emballés de plastique transparent aux tablettes des passagers.

    Au vu des plaintes des clients et devant l’incapacité de lutter contre la combativité des lignes arabes, presque toutes les lignes occidentales équilibrèrent leurs comptes en sortant une filiale à bas coût sans service de pain rassis ni hôtesses amères, s’adressant à un public de low cost qui croyait payer moins pour voyager en avion au lieu du train, jusqu’à ce qu’on leur facture la valise pour le double de leur billet aller-retour. Un autre type d’expérience qu’elle n’avait aucune curiosité de goûter. Certaines lignes européennes s’étaient modernisées en injectant un jet d’euros pour retapisser les fauteuils en cuir afin d’améliorer l’expérience de voler, mais même comme ça elles n’étaient pas convaincantes, alors les lignes aériennes historiques perdaient leur identité dans des fusions de secours pour sauver ce qu’il en restait.

    Les yeux mi-clos, Graziela effaça la pensée du sandwich au fromage huileux, abandonna celle du pudding au chocolat dans le grenier de son esprit et tenta de reproduire le scénario, les personnages et les voix de cette réunion à l’agence Flamingo de Saint-Pétersbourg.

    Elle décida de remonter mentalement quelques heures de plus et de commencer par son arrivée à la ville, l’atterrissage à minuit passé à l’aéroport de Pulkovo et le contrôle aux frontières. Elle s’imaginait avant d’arriver que personne n’allait lui sourire parce que ce n’était pas l’Amérique, mais elle avait toujours cru que la froideur avait des limites, même dans les films il y avait un moment pour faire sourire le spectateur. La réalité fut pire, de sorte qu’elle sortit en marchant rapidement pour vite l’oublier. Cependant, le taxi lui réservait une inoubliable expérience

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